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Talking about what's happening to Roman Polanski

Ces jours-ci, dans mon pays et ailleurs aussi

  

Depuis dimanche, ça discute fort sur touiteur, facebook, ou les messageries. Je n'ai pas trop le courage de ré-entamer le débat ici concernant le bien ou le mal fondé de la ré-incarcération du réalisateur, plus de 30 ans après les faits qui lui sont reprochés.

Je fais clairement partie de ceux qui l'estiment injuste et infondée.Pour autant je trouve que les arguments avancés par l'actuel ministre de la culture, sur le thème On ne devrait pas faire ça à un si grand cinéaste et À un homme qui a tant souffert, sont à peu près très foireux.

On ne devrait faire ça à personne - la différence étant que si c'est monsieur tout le monde qui se fait ainsi coincer on n'en saura rien -, et si tous ceux qui ont souffert de par la faute d'autres Hommes devaient à leur tour faire souffrir leur prochain, on ne serait pas sortis de l'auberge et le monde serait encore pire qu'il ne l'est.

Puis j'ai dormi (un peu, il y a eu au moins une nuit), repensé à certaines choses pénibles de ma propre vie. Conversé avec un ami que son passé personnel amène à avoir un avis légèrement et sainement divergent.

Je continue à trouver intellectuellement irrecevable, surtout d'un point de vue ministériel, l'argument de type Cet homme a beaucoup souffert pardonnons-lui autant.

Cependant.

Même si ce que j'ai traversé ressemble à la fréquentation d'une école maternelle à côté des tragédies successives qu'a traversées le réalisateur à l'université de la vie, je sais quand même l'effet fait quand par l'action d'autres personnes on se retrouve anéantis, quand ce(ux) à quoi on tenait le plus au monde disparaî(ssen)t d'un seul coup.

J'ai connu la perte absolue des repères, l'envie d'en finir puisque d'une certaine façon c'est déjà fait. Je sais un peu, et sans doute guère plus, mais n'empêche un peu, dans quel état on peut être lorsque ce que l'on subit dépasse l'entendement.

Et qu'après ça, sauf rencontre miraculeuse (1), dans le cas où l'on survit, on reste destabilisés pendant de longues années, à ne plus savoir ce qui est admissible de ce qui ne l'est pas. Puisque ce à quoi on pouvait croire a été pulvérisé, on en vient parfois à se demander si ce ne sont pas les autres avec leur brutalité, leur absence soudaine d'humanité qui sont la normalité et nous-mêmes qui sommes trop gentils, coupables de naïveté et très inadaptés.

On finit aussi par chercher du réconfort dans chaque recoin possible. Certains jours il s'agit seulement de se prouver qu'on est encore vivants. Peut-être suis-je chanceuse d'être une femme après tout.

Il devient difficile de répondre à ce que les autres, l'entourage, le monde quotidien attendent de nous. Laminés, on n'a plus rien à offrir ou bien on y parvient ponctuellement mais sans pouvoir assurer sur la longueur - je pense par exemple à de nouvelles amitiés -.

On doit s'éloigner de certains qu'on ne fréquentait pas par choix mais par sens du devoir et qu'on savait supporter jusqu'alors, malgré des souffrances et des divergences. Leur toxicité pour nous devient insupportable autant qu'un tissu rêche sur une peau brûlée.

Alors oui, devenir à son tour dysfonctionnels d'avoir trop enduré, c'est ce qui arrive quasiment à chaque fois.

Ça n'excuse rien. Sinon tous nos ancêtres se seraient depuis bien avant nous entretués et personne ne serait là pour le déplorer.

Ça explique. En partie.

C'est tout.

(1) J'ai eu ma chance, elle a eu lieu, voire elles ont eu lieu, car plusieurs autres personnes formidables sont venues m'aider. D'où que je sois à présent capable d'écrire et d'en parler. Il y a deux ans presque jour pour jour, je n'aurais pas été en état de le faire.

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dimanche 27 septembre 2009

Heure vague et indéterminée : Réveil si naturel que j'ignore ce qui l'a provoqué, fin d'un rêve - mais dans ce cas aussitôt "vécu" aussitôt oublié, jusqu'à son thème même -, mouvement dans la maisonnée, rayon de soleil ? Je prends la pillule en premier, certaine ainsi de ne pas oublier. Depuis quelques temps et malgré une tristesse, je suis libérée de ma funeste première pensée du matin. Je préfère commencer la journée par la lecture d'un poème.

Alors que je tends la main vers le bouquin, mon telefonino m'indique l'arrivée d'un message.

Il est 8h09.

8h10 : Je lis "Les sentinelles" de Bruno Tessarech, c'est notre lecture mensuelle du cercle des lecteurs de l'Attrape-Cœurs, me rendors, mais le livre n'y est pour rien, plutôt le message qui m'a rassurée tout en me fournissant matière à réflexion. Réfléchir m'a rendormie.

9h38 : Après re-réveil et ablutions d'usage, je suis devant l'ordi, un café au lait, un croissant frais et un verre de jus de fruit.

Quelques touites en réponse à ceux des amis. Façon de dire "Bonjour".

10h30 : J'ai découvert par totale sérendipité que le nom complet que je comptais utiliser pour  un personnage d'une fiction que j'écris correspond à un vivant vrai. Il n'est pas commun c'est le moins qu'on puisse dire. Ça m'obligera donc à en changer, sinon je risque de me sentir gênée. Jolie discussion sur touiteur avec Lomalarch à ce sujet. C'est qu'il a failli gamin avoir une dame de cantine qui s'appelait Thénardier.

10h38 : Je commence à établir la liste de tout ce qu'il faudrait que je dépote dans cette journée, en particulier d'écrire. Ça sera juste impossible à tenir.

10h40 : Je prépare mon sac de piscine, vite fait.

10h45 : Téléchargement de photos de la veille et de l'avant-veille. Méditation sur le sujet du message matinal, thème Hitchcock, les hommes, les femmes, la culture et la sophistication. J'hésite à me mettre à répondre avant de partir nager.

11h48 : J'enfourche au bout de la rue un vélib pour aller à la piscine.
11h54 : Je le dépose à la station juste en face de celle-ci, dernier plot disponible (ouf).

12h04 : Nager

12h57 : Vélib du retour.

13h01 : Poser ce dernier à la station près de la rue. Conseiller un usager occasionnel un peu perdu. Lui indiquer au moment du choix que celui que je viens de poser, le 15, ne comportait pas de défaut majeur. Il m'écoute et l'emprunte.

Après coup je pense à une blague potentielle (1).

13h11 : J'ouvre ma notule dominicale déposée par Philippe Didion avec une ponctualité qui l'honore dans la boîte à message de tous ses abonnés.

13h12 : J'apprends par une brève du Monde que Polanski en Suisse a été arrêté ... pour cette vieille affaire de mœurs datant d'il y a 40 ans. J'éprouve une grande colère.

Du coup tout au long de l'après-midi et même pour un dernier tard dans la soirée, sur touiteur, facebook, messageries, discussions multiples avec les amis et lecture d'articles pour étayer.

Curieusement les femmes soutiennent (le réalisateur) quand les hommes en sont plutôt à déplorer quoique pas toujours mais en ajoutant "en même temps avec ce qu'il a fait".

Ann publiera en fin d'après-midi un touite qui résume précisément ma pensée  

"right or wrong, past catching up like that, wow, nightmare..."

Je me jette sur la lecture des blogs amis afin de faire diversion à ma colère, d'autant plus forte qu'elle est totalement impuissante. J'ai beau me dire qu'il en a vu d'autres et possède sans doute d'excellents avocats, contrairement à d'autres personnes elles aussi accusées d'activités sexuelles condamnables (ici ou ).

16h13 : Je parviens enfin à lire les Notules.

Ce que j'ai fait entre 17h et 18h15 ne regarde (presque) que moi.

 

 

 

(1) indiquer le plus sérieusement du monde un qui serait tout grinçant et pénible à traîner. En aurais-je jamais l'impulsion, même si l'idée ?

 

 

 

 

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Les bonnes idées de Martine Sonnet

D'abord et avant tout il y a eu Atelier 62 et oui il était nécessaire de parler de ces vies-là dans ces années-là, si ce n'est pas nous, la génération des enfants qui ont eu accès aux mots, au papier puis à l'internet, qui nous y mettons, qui le fera ?

Puis il y a eu Montparnasse Monde, cette tentative d'épuisement d'une gare de Paris, et dont la lecture a fait que désormais ce lieu est pour moi habité, je n'y passe plus sans penser à l'un ou l'autre détail, en remarquer de nouveaux, et finalement trouver un certain charme à son côté bétoné qui m'a semblé si longtemps si laid.

Sur son site apparaissent régulièrement les revues de questions, qui renouvellent ce genre si spécifique aux blogs de Qui a bien pu débarquer chez moi et pourquoi ? Vouloir m'y essayer m'a permis de découvrir certaines choses sur Traces et trajets que je ne soupçonnais pas.

Récemment nous avons été gâtés de Cinq jours ouvrables façon Libé. Bon sang mais c'est bien sûr !, et comme ça va bien aux blogs.

J'avais commencé à mon tour dans l'allégresse un billet, mais la semaine choisie fut trop riche en trop intimes péripéties. Je ne pouvais ni en faire abstraction ni les publier. Cela dit, je conserve l'idée, quitte à retenter ma chance lors d'une semaine plus neutre, ou en inventer une où les activités seraient du même type que celles qui eurent lieu mais avec le pas de côté nécessaire à protéger suffisamment de confidentialité pour que ceux qui m'entourent ne puissent se sentir blessés ou dévoilés.

Et voilà qu'aujourd'hui c'est grâce à elle que je me rappelle que le 27 septembre n'est pas un jour comme les autres (1). Je l'avais su mais j'avais oublié et surtout pas bien fait gaffe qu'on était le 27 ; grand privilège de ma nouvelle vie je peux m'octroyer le luxe de ne penser pas trop à la date qu'on est.

Je ne peux que me dire, Allez zou au boulot ! En plus que si je veux tenir 40 ans je risque d'avoir à peine le temps.

Et comme je ne me sens pas de taille à rivaliser sur le chemin des imposants aînés, je vais jouer façon XXIème siècle c'est à dire en live-blogging comme on dit. Une sorte de touiteur mais sur un seul billet qui bougera peu à peu au cours de la journée (2).

Ce qui est drôle c'est que pour une fois aujourd'hui je n'ai rien de prévu du tout. Et comme mon existence m'a pour l'instant imposé de me spécialiser dans l'écriture du Rien (3), ça tombe très bien.

Merci encore, Martine, pour les bonnes idées. C'est en travaillant sur de bons thèmes qu'on finit par faire des progrès.


(1) Un jour dans l’année de Christa Wolf.

(2) Ne pas le prendre comme une idée originale, l'ami Xave l'a déjà et  fort bien fait.

(3) De façon très étrange et très inéluctable.



La même erreur que l'autre

Seulement ces jours derniers pour ce qui est de comprendre, et de là où je lis
Lors de ma période noire, il y a 4 ans de ça, j'ai perdu peu ou prou de vue un bon nombre d'amis.

Le plus dur ce fut les intimes. On se confie à eux avec moins de retenue, et voilà que trop de noir les fait paniquer.

C'est humain.

Ça peut hélas fort mal tomber.

Mais il y eut aussi les autres, les bons, les grands, amis et copains. Ceux qu'on aime bien fort mais que pour différentes raisons on connaît moins. De moins près. Qu'on a peur de déranger ou de peiner. Ceux à qui en période douce on est les premiers à penser pour partager un bon texte, une chouette photo, une info amusante ou même instructive, mais à qui on ne se verrait pas téléphoner pour annoncer soudain Mon père se meurt, je ne vais pas bien, je ne sais plus où trouver des forces.

À tous ceux-là, j'avais quasiment cessé d'écrire ou avec eux d'échanger. Ce qui survenait était trop dur pour papoter comme si de rien n'était. C'était aussi trop dur pour en parler. Je m'efforçais de répondre brièvement s'ils demandaient des nouvelles, sans entrer trop dans les détails. Et souvent pour dire en substance : Ça ne va pas fort en ce moment, je te rappelle dés que je m'en sors.

Comme j'avais un job prenant, que c'était une fin d'année et qu'en entreprise beaucoup de choses peuvent être alors à boucler, je suppose qu'ils pouvaient envisager sans s'inquiéter un simple surmenage.

Avec certains le lien c'est retissé aussitôt après. Avec d'autres, ceux dont les vies sont sur-actives aussi, ce fut comme d'être emportés par deux courants divergents. Ils n'ont pas disparu entièrement, mais le "de loin en loin" a remplacé le contact au moins messager, et presque quotidien.

Par ailleurs une des intimes qui a disparu en deux temps - elle ne prenait plus de nouvelles qu'avec des pincettes alors que nous étions très proches avant, puis plus tard est "montée" à Paris et s'est ensuite offusquée du peu de cas que nous avions fait de sa personne -, m'avait en vrac reproché ça, mon mutisme - hé oui un enfant malade, une menace de maladie grave, des ennuis de boulot et deux ruptures après, je n'étais plus rieuse -, mes mauvaises fréquentations - que je ne fréquentais plus justement, à cause de tout ça, mais elle l'ignorait - qui me rendaient distante. Bref, elle avait pris mon silence (relatif) comme une marque de mépris et de désintérêt à son encontre au lieu de l'expression d'une souffrance et d'un mal-être. Ce que pourtant c'était.

Au message d'un ami qui revient ces jours-ci, je m'aperçois que j'ai commis  le même type d'erreur qu'elle.

Je croyais la désaffection d'icelui due à trop de travail et trop peu d'intérêt pour la personne sombre que j'étais devenue. N'avais pas insisté, plus qu'un peu triste mais résignée. La seule différence est que je n'ai jamais eu la prétention de lui en vouloir. Ça ne me serait même pas venu à l'idée de le lui reprocher.

À le lire je comprends mais un peu tard, que si lui aussi s'était fait silencieux ou si peu loquace, c'était simplement parce qu'il en bavait, que sa propre vie comportait des tumultes, subis plus que générés ; bref qu'au lieu de mon propre silence respectueux d'un éloignement que je croyais volontaire, il aurait bien eu besoin que j'insiste un peu pour le sortir du sien, m'inquiéter de son sort, qu'il aurait peut-être été soulagé de pouvoir parler à quelqu'un de bienveillant et prêt à l'écouter.

Et je suis contente de retrouver quelqu'un que j'aime beaucoup, mais attristée d'avoir fait partie de ceux que lui-même à pu croire éloignés.

Apprend-on jamais de nos propres expériences ?

Peut-être serait-il sage dans les mois à venir de recontacter tranquillement quelques-uns que j'aimais.





Ceux qui sont là juste quand il faut

hier et aujourd'hui

PICT0012 C'est une lettre illustrée reçue ce matin alors que j'étais en plein désarroi, une amie dans la nuit qui rate son métro pour moi qui ne vais pas, et me dit ce qui aidera, c'est il y a trois ans de ça un homme qui me connait à peine et m'intercepte "Oh vous, ça va pas ..." (dit gentiment), c'est un type qui prend soin alors qu'il n'attend rien de moi, d'où un cruel malentendu à son corps défendant mais d'être sauvée du dangereux chagrin précédent, c'est le médecin qui saisit que si le salarié qui vient désespéré le consulter retourne à son travail il va tuer ou se tuer après qu'on lui en ait trop infligé, ce sont deux hommes jeunes qui se lancent au bonheur des lecteurs dans une aventure à contre-courant de l'économie pesante du présent, c'est un billet sur un blog ami  (1) qui me rappelle à quoi parfois ça tient d'aller dans le mur ou bien.

[photo : Frédéric Martin et Benoît Virot hier soir à l'Attrape-Cœurs pour "Paris insolite" et pour faire sourire celui à qui j'ai dit, par exemple sur mon blog je ne raconte pas mes soirées à l'Attrape-Cœurs, non, jamais ;-)]

(1) chez Alice du fromage