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Boire un petit coup c'est doux

ce vendredi, dans l'après-midi, à Paris


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J'avais fin juin gagné un bon d'achat de 30 euros en participant au jury du prix biblioblog. Ça n'avait pas été simple de départager les bouquins, aucun n'était mauvais, les genres si différents, tout départage me semblait une flagrante injustice. Mais bon.

Entre La Rochelle et Neufchâteau en passant par Bruxelles, et les inévitables corvées et fatigues du retour, ainsi qu'un brin de travail, c'est seulement dans l'après-midi que j'ai trouvé le temps de me déplacer, en compagnie d'un Stéphanot maussade (arraché sauvagement à son écran et son clavier) que l'achat de 2 mangas a doucement déridé, jusqu'à la librairie des Buveurs d'Encre non loin du canal de l'Ourcq. 

Les 30 euros, déjà bien entamés par la mangatitude, n'ont pas fait long feu, mais me voilà dûment équipée  pour les vacances que je ne prendrai pas vraiment (1) de trois livres apétissants :

- de Dominique Manotti "Nos fantastiques années fric" (Rivages/Noir - 2001) ;

- d'Edgar Keret (2) "Crise d'asthme" traduit de l'hébreu par Rosie Pinhas-Delpuech (Babel - 2002) ;

- de Kjartan Fløgstad "Pyramiden" traduit du néo-norvégien (3) par Céline Romand Monnier (Actes Sud - 2007 et 2009 pour la traduction).

Comme je n'en ai fini ni avec "Le rouge et le noir", ni avec "Les mémoires d'Outre-Tombe" (je les lis lentement depuis 29 ans), ni avec les devoirs de vacances confiés par l'Attrape-coeur, ni avec quelques lectures de coeur et de poésie, je pense que cette petite provision me tiendra bien jusqu'à la Noël (4).



(1) Ceci n'est pas la marque d'une plainte mais celle d'un sentiment de privilège : me consacrant à des activités qui me vont, je n'en éprouve plus le réel besoin. Juste certains jours trop de fatigue. Et puis j'ai déjà beaucoup bougé ces temps derniers.

(2) le brillant co-réalisateur des "Méduses" que j'avais tant aimées.

(3) Si un passant pouvait m'éclairer sur le "néo" je n'aurais rien contre

(4) On a les illusions qu'on peut.

[photo : sur le canal de l'Ourcq, juste après, comme un avant (ou un arrière) goût de vacances pour ceux qui]


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Collection de bizarreries d'un petit jeudi

Ce jeudi, Clichy et Paris

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Tout a commencé par un rocher Suchard. Hélas au lait, je n'en mange pas. Cependant j'ai aimé comme il me fut offert : un jeune et beau facteur qui non seulement monta jusqu'à notre étage me livrer un paquet de produits commandés (1), mais qui profitant de mon instant d'hésitation (Mais que peut bien contenir cette boîte ?) car elle était inhabituelle, me le tendit soudain.


- Vous le voulez ? me fit-il. C'est une de mes clientes. Elle m'en offre à chaque fois (geste de : et je ne sais pas quoi en faire, moi).

Je venais de passer un dimanche de rêve, quatre jours plus tôt, je croyais à nouveau à un bonheur possible, j'ai pu sourire en grand.

Et l'homme en fut content.

Plus tard j'allais à un cours de danse. Sis presque sur les grands boulevards. Et effectivement ce jour en particulier il y eut tant de choses, ♪ ♫ tant de choses à voir ♪ ♫.

D'abord deux clochards qui à l'ombre d'une agence du Crédit Lyonnais, sur une couverture confortablement installés, non loin des distributeurs de billets, jouaient aux échecs. Sérieux et très concentrés. Ils en oubliaient de faire la manche et c'est ça je crois qui m'a étonnée. La beauté classique aussi, de leur échiquier en joli bois des îles (ou pas).

Puis devant un théâtre des personnes attablées.PICT0010

La table bien sûr appartenait au café voisin. Elle en était cependant si écartée qu'elle donnait bien davantage l'impression de dépendre du premier.




Devant un autre théâtre une affiche un peu curieuse constituée seulement PICT0006 de descendants (dont l'un que je croyais  pilote automobile). À l'heure où le fils ainé de personnes que j'aime s'apprête à publier son premier roman, j'y vois comme un signe (mais de quoi, au fond ? D'un monopole ou de belles vocations ?)


Passèrent alors deux femmes, dont je ne saurais mesurer la beauté, grandes échalantes et blondes elles auraient sans doute plu à celui que je rebute. Mais leur démarche était sans grâce, et relativement molle. Ce qui était avant tout remarquable était leur ressemblance extrême, leur gemmellité, mais que d'une façon étonnante elles avaient conservée comme l'ont les enfants (2).PICT0008

PICT0009 Pour parachever la collection, il y eut également ce spectacle exotique d'un 4x4 en pleine crevaison, devant le club de sport, ce qui donnait envie de rire quant aux capacités réelles du véhicule à traverser les chemins creux, quand la rue du faubourg Poissonnière suffisait à lui être fatale.

J'aurais tant aimé partager ces distractions avec une régionale de l'arrondissement ou l'un de ses anciens amants, hélas ni l'un ni l'autre n'étaient présents.

[photo : in situ, toutes]




(1) lesquels mériteraient un autre billet dans la série, je ne suis pas au monde vraiment adaptée.

(2) J'entends par là que souvent la vie attaque de façon différente les jumeaux et que passé un certain âge ils se trouvent différents car autrement marqués.

billet esquissé le 30 juillet, au retour de cette fameuse journée, mais mis en ligne (et complété) le 11/08/09


Solidarité citadine

Ce midi vers Montparnasse

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En débouchant du métro, je tombe sur un amas d'objets, cartons, sac et valises, ressemblance certaine avec dans mon quartier certains tas de veille au soir d'encombrants. Sauf qu'on n'est pas le soir, et que les affaires si elles semblent avoir été balancées là dans un certain désordre sont propres et pas cassées.


A leur côté une vieille femme, menue, vêtue d'une veste hivernale comme qui aurait dû partir précipitamment et aurait emporté ce qu'elle avait de plus utile tout au long d'une année. Digne mais un peu raide, elle fait penser à qui serait rescapée d'un accident. Si elle s'était trouvée avec ce triste déballage au pied d'un immeuble, j'aurais aussitôt regardé en l'air pour voir d'où les objets avaient été lancés, comme suite à un incendie, une expulsion sauvage ou quelque chose de ce genre. Mais elle se tient à l'écart de tout bâtiment.

A l'instant où je parviens en haut des escaliers, une femme plus jeune lui parle avec énergie et qui lui pose une main protectrice sur l'épaule, me rappelant le geste du secouriste envers le guitariste accablé

Puisqu'elle semble en de bonnes mains, je file vers mon rendez-vous, un peu perplexe quant aux circonstances qui ont pu la mener là avec tout son barda, en quantité telle qu'elle ne peut matériellement l'y avoir elle-même porté, ni même déposé au sortir d'un taxi - ou alors d'un taxi-brousse, assez rares à Paris ! -.

Après avoir traversé, je me trouve avec à nouveau l'étrange entassement dans mon champ visuel. La femme secourable est désormais en compagnie de deux autres, autour de la vieille dame qui n'a pas bougé.

Une solution temporaire sera sans doute trouvée. Quel drame financier ou familial aura donc conduit à une telle situation ?

Ma propre vie reprendra vite le dessus et au chaud de mes propres soucis "de riche" je passerai une journée formidable. Ce n'est qu'en développant mes photos sur le soir que je retrouverai celle-ci et mon élan embryonnaire de compassion, si vite délégué (1).

En très peu de temps quelqu'un dans la détresse s'était trouvée entourée par trois personnes spontanément prêtes à l'aider (2). Paris n'est pas une ville si dure qu'on ne le croit.

(1) Je pense que s'il n'y avait eu personne à ses côtés je me serais arrêtée, mais que j'aurais été fort peu efficace. Quels secours appeler pour quelqu'un en apparente bonne santé, mais qu'on dirait mise dehors par un propriétaire inflexible ou une parentèle excédée ?

(2) Alors que s'il s'agissait d'une étrangère sans papier, cela aurait pu leur attirer des ennuis puisqu'à présent les lois sont inhumaines ainsi.

[photo : in situ]


Ça tombe bien c'était un courrier confidentiel et comme légèrement urgent

Dimanche soir, à mon retour

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C'est une grande enveloppe de la poste. La perte ou le vol de mon portefeuille étant encore frais, je me prends bêtement à espérer que c'est quelque élément qui aura été poussé dans une boîte et qu'on m'aura renvoyé. Béate je suis née, béate je resterai.


A l'intérieur de l'enveloppe, une seconde.La grande est oblitérée du 23, la plus petite du 20. Juillet 2009, c'est déjà ça.

Il y a au dos de cette dernière une écriture manuscrite qui dit "Ouvert par suite d'une erreur du service postal" et une étiquette comportant les noms et adresses de personnes qui habitent le même immeuble que nous. Sans doute nos voisins du dessous qui, retraités, ne viennent que rarement à Paris et font donc suivre sur leur lieu de résidence le plus fréquent leur courrier clichois. La lettre, elle, est en date du 17 juillet et me demande de confirmer un changement de numéro de compte, remplir une autorisation de prélèvement, et qu'il conviendrait de le faire rapidement. Le RIB n'y est pas en entier, seuls l'agence - compte est mentionné ainsi que le nom de l'établissement bancaire, et nos voisins sont d'honnêtes gens, mais néanmoins et rétrospectivement c'est un brin inquiétant. 

Pour ce qui est d'une réponse rapide de ma part, c'est de toutes façons tout à fait compromis.

[photo : le sujet du billet]


Surprenant Stéphanot (bis)

A l'instant, in our kitchen

     


(agité, inquiet) : - Je ne retrouve pas le Überblatt 8

(rassurante (se voulant)) : - Tu es certain que tu l'avais acheté ?

(péremptoire) : - Oui, je suis presque sûr mais je le retrouve pas.

(secourable (espérant être)) : - Dans ce qui resterait de tes bagages de La Rochelle ?

(sûr de lui, et d'autant plus triste) : - Je sais bien qu'il n'y est pas. 

un temps, puis

(solennel) : - Les mangas c'est sacré je sais où ils sont rangés.


Choses qui surprennent quand on rentre au pays

Ce lundi, à Clichy


On pourrait supposer qu'en 10 jours peu de choses au creux de l'été auront changé. Il n'en est rien.

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C'est l'un des chantiers près de la maison (1) qui a si bien pris tournure que la palissade n'y est déjà plus.




   

C'est un arbre qu'on avait quitté magnifique et majestueux et qui entre temps s'est fait amputer probablement juste avant d'être tué.

Qui menaçait-il ? Que s'est-il passé ? CIMG2176


  














Ce sont de longs hangars que la SNCF n'utilisait plus et qui avaient commencé à être CIMG2178 démantelés, qui le sont totalement à présent. N'en reste pas même la structure, rasée. Et l'on voit tout très loin.







A l'intérieur de la maison, ce sont les chaussettes qui avaient spontanément en mon absence entamé une transhumance d'été, mais j'y ai mis bon ordre (ça au moins, je pouvais).CIMG2171








Est-il possible de renoncer sans lutter à une promesse de bonheur ?


(1) on en comptait trois cette année.

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Surprenant Stéphanot

Aujourd'hui, chez nous

 

Avec exactement un mois de retard, le garçon reçoit son cadeau d'anniversaire : un ordinateur un peu digne de ce nom. Le précédent était une reconstruction d'après double récup, pas étonnant qu'après 3 4 années de bons et loyaux services il n'en puisse plus. Buggant de partout. S'éteignant de façon intempestive et aléatoire.

L'expédition se passe plutôt bien, malgré l'étrange façon dont le client peut être traité à la Fn*c. Non pas que ça soit mal, mais juste curieux. Comme s'ils ne souhaitaient surtout pas vendre. Ayant déjà expérimenté en mai leurs talents à l'esquive (cf le (1) de ce billet),  je n'ai pas été outre mesure surprise. Mais la franchise du jeune homme à qui nous demandions un ordinateur bien adapté aux jeux vidéo et qui répond "Chez Surc*uf, vous auriez plus de choix", m'a un peu épatée. Stéphanot en acheteur avisé a répliqué "Oui mais là on n'aura pas le temps d'y aller".

Quant à moi, qui sponsorise l'opération, je sais bien qu'ailleurs c'est moins cher, mais dans la mesure où j'en ai les moyens, je préfère aller là où ça m'arrange, là où je sais pouvoir compter sur un service après-vente et payer en plein de fois sans frais et puis aussi, c'est irrationnel mais ça compte, là où j'ai gagné en 2003 un home cinema qui contribua à changer ma vie (1).

Ensuite il nous aura fallu patienter deux longues fois alors que l'homme allait chercher quelque chose, une clef, une référence, du plastique bulle, pour emballer l'écran qu'on avait choisi.

Au final il nous aura bien servi, et j'ai apprécié qu'il considère mon fils comme un interlocuteur à part entière et ne me fasse pas le coup du mépris plaçant d'entrée de jeu la conversation à un certain niveau technique ni trop ni trop peu. But it was kinda weird, just weird.

Donc nous avons l'engin, parvenons malgré une forte pluie soudaine et son poids à le rapatrier, mais me voilà KO, alors je dois dormir, une manie ces jours-ci.

Du coup le garçon entame seul une partie du léger travail de mise en place. Et quand je le croise à nouveau alors qu'il tente d'installer l'internet, voilà qu'il me dit qu'il en est à "Juste après l'installation du contrôle parental".

Moi : - Parce que tu as installé le contrôle parental ?

Lui : - Ben oui, fallait pas ?

L'adolescence est décidément un âge bien surprenant.

(1) Et pas à cause des films que j'y vois.



Le philosophe de Brussel Zuid

Café de gare, dimanche, "au bord du soir" aurait dit l'amie

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Le garçon de café à l'allure avenante juvénile qui vient de servir fort gentiment une petite famille, confie soudain à son collègue et alors qu'un  instant le café est désert fors mon invisible présence de la femme entre deux âges qui n'a plus d'amants depuis trop longtemps,


- Ce qui sort de la bouche des enfants, c'est souvent ce que pensent les parents.


Puis il réfléchit et ajoute :

- Enfin quand ils sont petits. Parce que passé 12, ça marche plus.


[photo : l'accueillante enseigne du Sam's café où j'accompagne parfois les autres ou bien attends mes trains]

Devoirs de vacances

Trop fatiguée pour expliquer, comprenne qui pourra. Les citations proviennent du travail de compilation impressionnant de quelqu'un dont j'ignore le nom (mais que j'aimerais remercier quand même) et qui pour chaque jour de l'année (sauf un seul, en novembre) a trouvé une citation. J'ai besoin de noter celles qui me concernent en un endroit où je les retrouverai même si je ne me connecte pas via mon ordinateur personnel. Alors ici, pourquoi pas ?


                   13 avril

 Rama Rao obtint de son chef la permission de s'absenter le lendemain.
"Bon anniversaire! s'écria celui-ci. Franchement je n'aurai pas cru que vous aviez quarante ans!"
 Sur le chemin de l'arrêt d'autobus, Rama Rao s'arràta un instant pour se regarder dans un miroir placé à l'entrée d'une boutique de coiffeur. "Je ne parais pas quarante ans" se dit-il.
 Ce matin-là, quand il était parti de chez lui, il avait oublié que son anniversaire tombait le lendemain. C'est en rédigeant une note de service qu'il s'avisa qu'on était la veille du 14 avril.

                                                 R.K. NARAYAN, plénitude à quarante ans
                                                                         quarante ans.


                                  27 juin.

                  EN TROIS MOTS LANGAGE CLAIR

   Ton grave: oui, madame. D'un oeil: il est né le 27 juin. Flûté: oui, madame, oui, madame, oui, madame. Sous l'aile épaisse de votre langue, les mots les plus innocents gardent leur sens.  Je ne vous donnerai pas mes vierges. Elles sont toute ma fortune. Il n'est pas question d'existence impossible. Etalez-vous.

                                          P. ELUARD.