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Cinquante ans

Clichy, rues, vendredi 26 juin 2009 au matin.

PICT0003 Depuis que j'ai cessé "l'usine" j'évite avec soin de prendre le métro ou le train aux heures de pointes qu'elles soient du soir ou du matin.

Ce n'est pas que par confort. C'est aussi afin de ne pas rajouter à l'encombrement de ceux qui ne choisissent pas et dont j'ai pu m'extraire de la masse à grand-peine.

C'est comme une sorte de respect qu'à mes anciens collègues d'infortune je dois.

Parfois cependant, un train ou un de ces rendez-vous qui sont inévitables se prend à ces heures là.

C'était vendredi le cas.

Et dans les rues qui mènent au métro, Stéphanot et moi croisions de nombreux passant, qui s'y rendaient ou en venaient, ou marchaient hâtivement d'un autre point A (domiciliaire) à un autre point B (professionnel).

Plus qu'un autre jour, beaucoup parlaient à leur téléfonino. Et presque tou(te)s leur confiait le Sésame ouvre-toi de ce matin-là :
"Cinquante ans" semblait le mot de passe, précédé ou non d'un "Oui", suivi en option d'un "Tu te rends compte ?".

Et la gravité collective, dont je prenais ma petite part à cause de tant et tant d'heures dansées, divertissait mes chagrins (je les collectionne si bien).

[photo : rue de Clichy, reflet d'après pluie, 16 juin 2009]


Combien ils comptent pour nous parfois

tonight, cuisine

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De cet être-là je m'étais depuis longtemps, croyais-je, désintéressée. Il avait glissé sans danser des lieux de concerts ou sommets de classements musicaux, vers les unes de caniveaux-magazines, des apparitions furtives qu'on voyait ici ou là, nous laissaient entrevoir un spectre blanc aux cheveux teints, et comme il est étrange de se dire soudain qu'à présent il en est un, vraiment.



Comme il est étrange de l'écrire alors que ce matin j'avais déposé un touite où je constatais la similitude de ma vie actuelle avec mes 16 ou 17 ans. Et s'y retrouver balancée en plein.

Parce que ce Michaël J., dont je n'étais pas fan (1) mais solide admiratrice, à cette époque avait compté. Ses musiques étaient la bande son de la vie quotidienne, qu'on le veuille ou non, on l'entendait partout et nos amours et nos déroutes et nos plus beaux slows aussi c'était sur ambiances Michaël J. Ses clips, depuis si copiés, innovaient. Et je trouvais qu'il dansait, certes pas aussi subtilement que Fred Astaire (la preuve), mais drôlement bien.

Ça donnait envie d'essayer. Alors que Fred et Cyd, trop parfaits, inaccessibles, paralysaient.

J'avais commencé la danse dans mes dernières années de lycée. Modern Jazz qu'on disait. Michaël n'y était pour rien. En revanche, que je m'accroche, malgré mon peu de qualités naturelles pour l'exercice, que j'en maintienne une pratique malgré les classes prépa, que je poursuive par la suite et sans interruption (sauf grossesses et quelques aléas) jusqu'à maintenant - et encore cet après-midi -, lui est sans doute pour partie dû, et de ce fait mon corps de rêve <- mais non, c'était pour rire. 

Il avait insufflé et je crois pour une entière génération un rythme, un tempo, une façon, une envie et celle de se dire, ben moi aussi (2) je peux danser.

Et ses concerts comme ceux de Madonna, valaient pour la danse bien plus que le chant, des chorégraphies simples, mais spectaculaires et qu'on pouvait à notre tour maladroitement tenter quand eux les effectuaient avec toute perfection.

J'ai du mal à croire qu'il soit mort, le jeune homme noir (3) bondissant. Et j'en ai encore plus à concevoir que j'ai survécu et jusque-là tenu.

Merci pour la danse et jadis un peu la musique aussi.



(1) Je suis incapable d'être fan de qui que ce soit, probablement un gêne qui manque, avec celui qu'il faudrait pour croire en une divinité.

(2) Les chorégraphies étaient faciles, les airs et les rythmes de ceux qui restaient.

(3) A l'attention des jeunes générations : si, si, il était noir, pas blanc et il avait un beau visage, harmonieux et équilibré.

[photo : place de concert, Parc des Princes, 1988, 21 ans et je suis là, étonnée]

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I'm afraid I'm a ghost

dimanche, fin d'après-midi

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Je viens d'écrire en m'y reprenant à deux fois une nocturne et une pas, un texte commandé où j'ai mis tout mon coeur.

Ça me laisse essorée comme jamais, vidée sur pied, tel un chanteur après concert, sauf que le trac y est : celui qui sort de scène en est tout libéré, celui qui vient d'envoyer ses mots au destinataire qui le demandait (1) ne fait qu'y entrer en attendant l'espoir d'un retour attentif.

Cet épuisement particulier en même temps me rassure. L'expérience (si, si, je peux dire ça, après 5 ans, pourquoi pas) m'a appris qu'il était souvent l'indice d'avoir été juste, tapé dans la bonne case de l'énergie, été au bout de ce qu'on pouvait.

De même si l'on retrouve un texte, si longtemps après, qu'on l'a oublié, qu'on commence à le lire comme s'il venait d'ailleurs et qu'il nous attrape, jusqu'au moment où l'on comprend qu'on l'avait soi produit, c'est signe que ce jour-là on avait bien travaillé, bien écrit.

En attendant et le train aussi, je m'appuie à l'un des poteaux du quai, trop décalquée même pour m'asseoir, sachant que lorsqu'il arrivera il me faudra lever.

Je laisse mon esprit lessivé flotter. Et le corps une fois contre le métal calé ne fait plus un geste.

Arrivent deux types de genre collègues, et bien qu'on soit dimanche. Leur conversation est animée et concerne effectivement le travail et des gens qui y sont. Me tournant le dos, regardant vers le quai, ils ignorent si parfaitement ma présence qu'ils viennent quasiment se coller contre mon tuteur d'occasion et moi.

Je sais que je n'ai plus d'énergie, que je n'émets plus rien, mais à ce point. Vérifie à tout hasard en regardant mes mains que je ne vois pas le quai au travers, sait-on jamais, des fois qu'un nouveau rejet soit en cours et que je m'en sois retournée à l'état spectral d'il y a trois années.

Non, c'est bon, je me vois, même si pour le rejet je n'ai pas vraiment tort (mais à cette heure je ne le sais pas).

Pour autant je n'ai pas la force de me décaler alors qu'il le faudrait si je ne veux pas me prendre un coup de coude lors d'un geste de ponctuation ou me faire écraser les pieds lorsque le train arrivant ils vont enfin bouger. Seulement si je lâche mon appui, je risque de tomber. Je fais le choix sage de moindre énergie et plus un seul mouvement.

Et eux, impavides, inconscients de mon existence poursuivent activement leur conversation, laquelle porte sur des points fort confidentiels de leur activité. Serais-je un concurrent que je m'en régalerai. En forme, je me ferais un plaisir de soudain le souligner par une remarque humorisée qui les ferait tressauter. Mais si j'étais en forme, peut-être qu'ils m'auraient décelée ? Ne l'étant pas, mais dés lors involontaire espionne, je me tais.

Vient enfin le train. Ils sont montés dedans avec un bel ensemble, cessant de bavarder après regard de connivence - on n'est pas seuls, on se tait - alors que de la porte d'autres qu'eux s'approchaient. L'envie de rire m'a sauvée qui m'a permis de trouver la force que grimper à mon tour.

S'ils savaient ce que désormais sur leur compte je sais ...


(1) Un envoi diffus, non réclamé, juste tenté, à destination large ne fera pas le même effet.


[photo : en gare de Clichy Levallois, 23 juin 2009 juste avant Pantin]

(billet esquissé le 22 puis lâché, oublié, et repris (le 25))


Le Susan Boyle du saut (en hauteur)

Samedi, à Clichy

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Il pleut. Dehors nous sommes peu.
Des voitures filent sur la rue, toujours fort fréquentée. Les rares piétons se hâtent.

En face droite diagonale, un petit homme, dégarni et replet, veston cintré visiblement fait d'un tissu peu étanche, sort du métro, constate la densité de la chute de l'eau, qu'un feu de signalisation en amont vient de passer rouge, et décide soudain de couper au plus court.

Je trouve un peu risquée sa course par la chaussée trempée et en chaussures de ville.
Et surprenante aussi : en face se tient désormais le sombre bâtiment du nouveau conservatoire dont le trottoir voisin est tout du long pourvu de barrières. On sait que beaucoup d'enfants bientôt y circuleront, la voirie a veillé. Les seuls accès se font à chaque extrêmité à hauteur des passages protégés ... que le passant pressé s'est refusé à aller emprunter.

Sans ralentir ni accélérer sa foulée, sans particulière prise d'élan, voilà le bonhomme bedonnant qui main en appui, un geste posé, précis, étonnant de naturel, franchit d'un bon sans effort apparent l'obstacle quand même un peu conséquent, se réceptionne sans faille, et se glisse, par une porte que je n'avais pas vue, à l'intérieur du bâtiment.

Malgré mon équipement qui commence à tremper, je reste un instant interdite, sidérée. Rien dans son aspect ne laissait soupçonner une telle condition physique, si aisée à mobiliser. Et dans des circonstances assez peu favorables. A peine était-il passé que les voitures par le vert libérées à nouveau circulaient. Une gerbe d'eau soulevée me remet d'ailleurs en mouvement. On m'attend, j'aimerais autant arriver autrement qu'en pleuvant.

Comme il a disparu très vite, j'ai presque l'impression que j'ai dû rêver. Mais pourquoi aurais-je rêvé qu'un homme petit, sous la pluie, à Clichy comme un athlète sautait ?


[photo : même endroit, en reflet, et jour moins pluvieux]

début du billet le 20/06/09, suite et fin le 23.

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Sa vie sexuelle (et comment nous nous sommes empressées de rigoler)

Hier au soir, rues de Montmartre

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- Je n'ai jamais fait l'amour.

Le café à la mode diffuse une musique forte, les commensaux sont donc obligés d'élever la voix pour se parler. 

Seulement le fond sonore comporte des silences et les paroles alors se retrouvent comme criées.

Passantes heureuses en leur retour d'une bonne soirée et d'un dîner de fins gourmets (1), nous entendons donc soudain cette phrase isolée, clamée par une voix jeune, naturelle et déterminée qui en faisait usage au cours d'une argumentation ; le ton employé est celui qu'on mettrait pour annoncer "Moi qui vous parle, je n'ai jamais piloté de F1 et pourtant si ça devait m'arriver je respecterais les feux rouges". Seulement comme nous marchons et plutôt d'un bon pas, nous n'entendons que cela :

- Je n'ai jamais fait l'amour.

Et rien de ce qui suit ni avait précédé.

L'affirmation ne présentait pas l'ombre d'un regret, nous éclatons donc de rire sans le moindre remord. S'y ajoute celui de l'évocation d'une belle proclamation faite un jour par l'amie qui m'accompagne au sujet du livre de Jean-Philippe Toussaint qu'elle avait adoré.

Je pense qu'à ce genre de sens joyeux dérivé le titre de mon travail en cours pourrait bien se prêter et son calembour intime s'en trouver dévoilé si tant est qu'un jour quelqu'un puisse l'adorer.  M'en voilà toute encouragée.

L'amie confiée au bon vieux métro, c'est en sifflotant (intérieurement) que je remonterai vers la place du Tertre qui n'est plus à cette heure qu'un parking à tables de restaurants tassées, puis le Lapin Agile, irréel, trop soigné. Un homme me dépassera et ouvrira avec une clef magnétique qu'en main il tiendra un parking ultra-moderne qu'un ancien mur abrite. J'aurai soudain envie d'appeler l'ami dont un message gentil mais maladroit "au bord du soir" m'a ramenée vers la peine. Je n'oserai pas.CIMG2074
Cheminer dans un pur décor de cinéma ne doit pas faire oublier que passé minuit on peut déranger les humains bien-aimés qui ont besoin d'un vrai sommeil pour pouvoir avancer. Sans compter qu'il sera peut-être précisément occupé à l'activité dont la jeune femme dans sa propre existence affirmait l'absence.

Un vélib m'attendra près de la Femis et je rentrerai en pente douce jusqu'au bout de ma rue.

 

Certains soirs ma vie est un long film tranquille et je piaffe, dois-je l'avouer, d'une suite plus mouvementée. Il est temps de refaire place, travail et sentiments ; avant la prochaine marée de tourments.
 

(1) Ô français si bel outil mais défavorable aux dames, le logique "fines gourmettes" il aurait l'air de quoi ? Que peut-on faire contre ça, quand être femme et écrire peut donner écrit-vaine ?


[photo 1 : même quartier, autre soir - 21 mai -, autre café]

[photo 2 : même quartier, même soir, rues voisines et désertes, versant non touristé]



L'art habile d'exfiltrer une corvée

Ligne 13, hier

Les métros fonctionnent, l'affluence forte est celle supportable d'une fin d'après-midi quand la fréquence y est. Contre les strapontins repliés, nous sommes plutôt coincés, mais sans empêchement de pouvoir respirer. Pour une fois je ne suis pas chargée. Ma voisine si. Sacs et paquets, boutiques de fringues, boîte à chaussures. Voilà quelqu'un de prévoyant qui fait les soldes avant leur temps.

Une fois installée, elle extirpe son téléfonino. Légèrement ça m'exaspère : j'ai toute indulgence pour les appels entrants, j'en reçois moi-même ; ainsi que pour ceux qu'on passe lorsque tout est bloqué et qu'il convient de prévenir qu'on sera retardés. Mais appeler pour papoter comme si l'on était seul(e), me semble toujours impudique et peu respectueux des voyageurs environnants. Sans doute sommes-nous tous censés avoir un appareil à musique dans les oreilles qu'on écouterait perpétuellement.
Je lui en veux, quand elle n'y est pour rien, de ne pas pouvoir déployer un minimum de mon Canard afin de lire plus loin que la page sur laquelle j'étais calée quand dans la rame je suis entrée. Je sais qu'inévitablement et puisque je ne pourrai me concentrer sur rien d'autre, je vais me gaver sa conversation dont je n'aurais que faire. Si seulement il y avait une chance pour que ce soit un peu marrant.

Ça ne l'est pas. J'ai hérité d'une jeune adulte qui appelle ses vieux parents. Elle se géolocalise à peu près honnêtement, mais en minimisant légèrement la progression, puis ajoute "Ils m'ont mise en retard mais je me dépêche, je passe maintenant" avec un point d'interrogation implicite dans le ton.

Je me demande vaguement quels paquets "ils" peut désigner et me reproche intérieurement d'avoir mauvais esprit.

En bonne Bécassine béate, je me dis aussi qu'elle fait bien de prévenir avec une marge sage de sécurité sur la ligne 13 on ne sait jamais. Et si l'on atteint Liège mieux vaut dire qu'on vient de quitter Place Clichy plutôt que d'annoncer Saint Lazare avant d'y être arrivés.

Cependant voilà que ma voisine enchaîne : - Ah, vous sortez ?

Mais son ton sort d'une (mauvaise) série télé. Et son attitude, entièrement relâchée ne dénote ni surprise ni regret.

Elle insiste : - Tu crois que ça ferait trop juste pour moi pour passer ?

J'ai rêvé ou ai-je entendu l'espoir d'un oui ? Après un passage reporté du coup à la semaine d'après, elle raccroche rapidement avec un petit sourire, tout se passe comme prévu, et elle descend à la station où sans doute dés le départ elle comptait bien quitter par ses petites emplettes tout à fait bien lestée.

Je me demande si son interlocuteur était dupe et me sens globalement dans ce monde mal armée.






Léger travail de correction

hier et aujourd'hui, kitchen workplace

Pour quelqu'un qui m'en avait demandé si gentiment une version en papier ou plutôt celle d'un autre billet mais qui pointait sur celui-ci, j'ai relu non sans déception mon billet
Le jour d'après trois ans plus tard.

Il avait été rédigé dans une forme d'urgence induite par la lecture de celui de Samantdi.
L'émotion y était mais pas la qualité. J'ai apporté quelques corrections à la marge, mais reste déçue d'un récit qui hésite entre sa part intériorisée et son côté relaté, carnet de bord ou journal de voyage, "Aujourd'hui nous sommes allés visiter tel musée.", qui porte normalement une autre utilité et implique assez peu.

Ces questions me bousculent pour le travail en cours et ce poids qui pèse de ce qu'il est possible ou non de relater dès lors que d'autres sont concernés qui ont eu également leur(s) moment(s) de faiblesse qu'ils aimeraient sans doute oublier et qu'en mettant en mots je vais cristalliser. Car si j'ai besoin de faire le travail afin d'enfin clore une partie de ma vie qui m'a vue vaciller, je ne souhaite pas pour les autres rouvrir ou sédimenter "[...] la valise où l'on range pêle-mêle photos fatiguées, feuilles froissées, frissons des histoires d'avant finies pour de bon ou à moitié." (1), n'ai ni revanche à prendre, ni leçons à donner, mais besoin de (mieux) comprendre, d'être peut-être réconfortée, de gagner le sentiment d'être suffisamment avertie des mécanismes enclenchés pour pouvoir m'en défendre s'ils se reproduisaient.

Il existe sans doute un chemin, une façon, un moyen qui permet d'exprimer ET de préserver. Je le cherche à tâtons. Il se devine étroit (très). 

(de plus la solution qui consisterait à écrire puis demander leur avis aux principaux concernés est exclue dans l'un des cas  (bien malgré moi)).


(1) in "La longue course", Francis Dannemark (ed. Le Castor Astral)
 


Présomption

mardi matin, tôt.

PICT0014 Comme ils étaient tentants et beaux les Vélibs qui m'attendaient au sortir de la piscine, tout rutilants si bien placés.
Et la station du bout de ma rue que j'avais repérée, même si juste à l'entrée d'une entreprise elle était un peu masquée.

Mon pass navigo me quitte rarement, sans problème et malgré des jambes de plus vingt ans que l'entraînement avait fatiguées, j'ai enfourché le premier qui se trouvait à la bonne taille. Après tout, rentrer en 5 minutes au lieu de 10 ou 15 pouvait également présenter un atrait.

Le hic c'est qu'arrivée (vite, bien) à la station où j'envisageais de le laisser, je me suis trouvée face aux jolies plaquettes rouges des emplacements bloqués. Elle n'était pas en service. J'y avais cru trop tôt.

J'ai donc dû pousser jusqu'aux fiables places situées sous le périph. mais qui m'ont obligées à rebrousser chemin afin de regagner mon toit.
C'était malin.

Mais je ne désespère pas, dimanche ou mardi prochain peut-être reviendrai-je de nager en vélo comme jadis en banlieue où la bicyclette était le seul moyen de déplacement pour les plus jeunes et les enfants.

[photo : in situ, presque le jour même]


Petit pouvoir (magique) inversé

Ce dimanche, par ici

PICT0001


Philippe Didion écrit ce matin dans ses notules , qui sont souvent par leurs sujets qui m'intéressent et leur humour discret et consolant de mes petits réconforts du dimanche :

"Avant un scrutin, je suis toujours persuadé que c'est grâce à moi que le camp que j'ai choisi va l'emporter et que les autres, privés de mon précieux soutien, vont se ramasser lamentablement. La politique n'est pas le seul domaine sur lequel sur lequel je m'imagine régner en maître. Un journal que je cesse d'acheter est condamné à cesser de paraître dans les plus brefs délais, un commerçant auquel je retire ma pratique ne peut que mettre la clé sous la porte, le PMU, que j'ai délaissé pour les paris sur le football, doit sentir le vent de la faillite, les compagnies pétrolières, depuis que je prends le train, sont au bord du gouffre et quand je cesserai de fumer, les buralistes descendront dans la rue."

Il conclut par un trait d'humour, le marchand de légumes ayant échappé à sa malédiction et j'ai bien ri en le lisant, moi qui suis affublée depuis quelques temps de la croyance inverse en un petit pouvoir bénéfique que j'aurais, mais plus spécialisé :

dés lors que les livres d'une personne que j'admire, aime ou apprécie me font un bien fou, voilà que pas trop plus tard après notre rencontre ou qu'il ou elle se soit enfin décidé à se faire publier, vient la reconnaissance soit généralisée jusqu'à l'ISF soit par prix interposés. Deux cas réjouissants et récent dont un qui m'a très fort amusé à cause d'une histoire de petit déjeuner injustement trop discret, sont venus s'ajouter à une liste qui comporte désormais 19 entrées, et peut-être que j'en ai oubliées. Et je ne compte pas le cinéma (2 cas), la musique (1 personne, j'espère une deuxième bientôt) et un mélange de littérature et politique (comme si le sortilège favorable avait dévié d'objet - ne me reste plus qu'à regretter les livres qui ne s'écrivent plus -) et un autre dont je suis incapable jusqu'à présent d'apprécier le travail (1) mais la personne si. 

 

Mon engagement n'est pas nécessaire, puisque bien des succès littéraires m'indiffèrent ou me laissent étonnée : je n'avais personnellement pas aimé ou pas tant que ça, alors de même que certaines victoires électorales me laissent profondément perplexe, je ne comprends pas. 

Il n'est pas non plus toujours suffisant puisque deux personnes l'un au tout sud et l'autre au nord, ce dernier s'étant sous la pression d'événements, d'éléments, extérieurs rangé des voitures écrits et ne fournissant donc plus matière à mascotter, et que pourtant j'aimerais tant aider, y échappent encore. Mes études de magie ne sont pas complète ou alors mal finies.

En revanche il est à crémaillère ; même si l'auteur disparait de ma proximité, le pouvoir favorable peut se prolonger. Contrairement à celui du créateur des Notules, mon ou leur retrait n'a aucune conséquence, un enchantement vaut pour la vie (on dirait). 

Enfin, et je m'en désole plus encore ces jours-ci, je n'ai aucun mais alors aucun pouvoir ni de près ni de loin sur les malheurs dus aux absurdités bureaucratiques de nos sociétés. Pas la moindre malédiction de neutralisation à envoyer aux décisions douanières déplorables pour en paralyser les effets. Pourtant dieu ou son absence sait combien j'aimerais parfois aider.

C'est pas tout mais pour jeudi 18 j'ai mon ubiquité à devoir travailler : 5 ou 6 belles propositions pour occuper la même soirée. Je vais donc devoir vous laisser. Prenez soin et écrivez.

  

PS : Et pour ceux qui, enchantés, auraient envie de rattraper leur retard, les notules des débuts et des années d'avant sont aussi téléchargeables sur publie.net par ici :
Notules dominicales de culture domestique, morceaux choisis (2001-2007), 242 pages, 5,50 €

On peut également s'abonner  pour recevoir un mail hebdomadaire à la très rassurante ponctualité.

 

[photo : rien à voir, juste que je l'ai prise ce matin sur mon chemin, et que cette voiture du siècle passé n'est pas sans rappeler par son allure un trophé]

(1) C'est d'ailleurs ainsi chez Satsuki que nous nous sommes rencontrés, à cause de ma solide non-appréciation d'un de ses premiers thrillers. Mais je ne suis vraiment plus une bonne cliente du genre, du suspens j'en ai trop lu, les dénouements haletants désormais m'indiffèrent.


À quelque lettre près

aujourd'hui plus qu'hier, in a no-room of one's own

P6120095

Certains jours je suis muette par ici et causante par . Difficile de dire pourquoi. 

  

Si ce n'est que ce qui s'écrit par ailleurs, et pas comme je voudrais, qui ne me satisfait pas, me rend trop fragile pour m'exprimer ici comme je le faisais. 

 
Je mue.
L'ancienne peau n'y est plus, brûlée, cramée, accidentée qu'elle fut. Mais la nouvelle ne s'est pas encore tout à fait créée.

 

Ni non plus la place que j'ai. Je n'en suis pas à m'assoir à l'envers histoire de la chercher, mais parfois c'est presque. Les pires questions qui me minaient ont trouvé quelques réponses. Je patauge à présent dans d'autres perplexités, ou leurs moins cruelles cousines.

J'aimerais que la trêve dans les malheurs dure le temps que je puisse les élucider, et reprendre confiance et forces.
Rien n'est encore gagné.


[photo prise hier, walking from a talking place to another]