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Holmes sweet Holmes

yesterday (all my trouble seem now so far away), dans la ville où se passent et mes morts et mes vies

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January 2009, London

Bientôt 3 ans que le mystère me taraude. Il s'est atténué tous ces derniers mois, il y a eu un livre, puis un film, et Simone et quelques autres qui m'ont fourni chacun de bons indices ou deux.

Mais reste un vide intersidéral que je ne suis pas assez grande pour abriter.
Je dois comprendre davantage pour le sortir enfin, en partie l'habiter et surtout me sauver. Rien n'est peut-être pire que se sentir coupable de ce qu'on ignore avoir fait.

Il fait froid. Je marche sans un dieu jusqu'à Baker Street. Je sais que le 221 bis n'existe pas. Qu'il a été rajouté à l'étage pour complaire aux touristes. Mais je viens quand même mentalement consulter. L'homme qui m'accompagne, sain d'esprit (ou pas mais pour de tout autres choses) n'y comprend mais. Il patiente cependant. Et je tremble en rentrant (de froid ? d'autre(s) chose(s) ?)
(merci à lui de m'avoir supportée)

 

April 2009, not in Paris

Des rangements m'ont fortuitement offert la confirmation de quelque chose que je craignais. Un livre retrouvé. Entre temps j'ai conquis ma liberté. Passé deux mois dans un brouillard absolu sans sortir du grand sommeil. Toute l'énergie pour parvenir à négocier ma libération d'une vie juste banale mais qui m'assassinait.
(merci à Mireille)

Parfois se taire revient à mentir. Je me décide donc à parler. J'y perdrais (peut-être ? sans doute ? qui sait ? ou pas ?) un Ami.

Le problème est chez moi : parler m'est presque impossible. Il comprend heureusement ce que je ne peux articuler. Il comprend d'autant mieux qu'il y a répétition, qu'il sait donc, lui, ce qui manquait.

En quelques minutes le mystère est levé.

Je ne dis pas que c'est exactement facile à encaisser.

Mais c'est le moment chez Grand-Ma Agatha où monsieur Poirot rassemble tout son monde au salon (je sais à présent qu'il n'est aucun hasard quant à sa nationalité) et livre le produit de ses congitations. Ici c'est plus subtil, il n'y a ni coupable ni cadavre (c'était moi ; malencontreuse idée, je me suis relevée). Mais ça va quand même mieux quand tout est expliqué (ô êtres humains trop compliqués).

Il me plaît à penser que ma démarche de janvier a ainsi porté ses fruits. M'apportant enfin la délivrance de ce qui me minait. Et comme je n'ai aucun dieu que je puisse remercier (quant à l'Ami, c'est déjà presque fait),
(merci à toi, l'Ami)
on dira donc que c'est Sir Holmes, Sherlock Holmes, qui a tout résolu, trois mois à peine après que je l'ai consulté.

Et ce n'est pas moins vraisemblable que ce qui s'est passé.



(photo : la lumière enfin, mais tant de reflets, quelle heure est-il, où est la réalité ?)


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Pourquoi il est préférable de ne pas être fan de foot avant de devenir amateur d'opéra

Samedi dernier, au Châtelet



Je préfère Verdi et ses hydravions (1) à Massenet et sa subtilité, mais il ne faut pas croire, l'air de Manon (2) et ses hautes altitudes neigeuses et cristallines suivies de silences trompeurs, je les connaissais. Je ne fais pas partie de ces ploucs qui applaudissent en intempestif, non mais !

Est-ce parce que la chanteuse formidable se battait contre un mauvais rhume qui lui mettait des graves enroués et que j'avais peur pour elle ? 

Est-ce parce que j'étais émue au tréfonds des tripes, tout cerveau savant débranché ?

Toujours est-il qu'au premier col (2bis), franchi comme Pantani l'Alpes d'Huez (3), bouche bée, stupéfaite, sidérée, extatique, envolée, j'ai applaudi à tout rompre comme tous et n'importe qui, parce qu'un but en reprise de volée arrière venait soudain d'être marqué à la 89ème minute du match décisif, qu'un homme avait marché sur la lune, que le mur de Berlin était rompu, Obama élu et Mandela libéré. Et si le parterre avait été rempli d'eau au lieu que d'êtres humains du balcon perché j'aurais plongé.

Goooooooooaaaaaaaaaaaaal !

C'était juste pas passé par les neurones, mais directement des oreilles aux mains qui claquaient, je me suis levée, n'en savais plus rien et je dois dire pareil pour mes voisins.

Et puis Elle a fait signe Stop, arrêtez, je n'ai pas terminé, on s'est tu, on a souri, et elle est repartie de plus belle, rien n'avait interrompu l'élan, rien n'aurait pu le faire, ni la grâce nous quitter.

Je ne suis pas fan, non, seulement les miracles me font toujours pleurer. Dans quelques champs du monde qu'ils daignent se pointer.



(1) http://www.finis-africae.net/index.php?post=846
(2) Cours-la-reine, as far as I know
(2bis) Quelques contre-ré ? Dit-on ainsi ?
(3) Quelle comparaison délicate, oui je sais.

Les tâches ménagères

Ces jours-ci, maison

Puisqu'à présent je ne perds plus de temps en "usine" et que mes forces sont revenues, je commence peu à peu à reconquérir la maison que les objets profitant de la relative indifférence des autres membres de l'équipage avaient fini par coloniser à nos dépends.
Les livres chez nous ont leur indépendance, je sais qu'ils sont heureux. Mais pour tous les autres, je vais peu à peu devenir exigeante : qu'ils réintègrent les lieux prévus pour eux (je vois quelques pulls qui protestent).

Je tâche d'enrôler Stéphanot dans cette toute nouvelle stratégie domestique, son aide serait précieuse pour ceux qui le concernent et dont je n'ai pas plus que ça l'intention de me mêler. A bientôt 14 ans il a en effet droit à son intimité.

Seulement lui qui compte passer ses congés de printemps à glander avec acharnement ne l'entend pas de cette oreille.

- Je fais déjà beaucoup dans la maison, affirme-t-il avec le plus grand sérieux.

C'est vrai qu'il aide parfois et plutôt gentiment mais le "beaucoup" me semble singulier.

- A bon, mais quoi ? demandé-je un peu surprise.

et lui, sans hésiter :

- Je vous fais rire, je mets du bonheur et puis ... et puis ...

Je le regarde interloquée. Il cherche l'inspiration, la trouve :

- Je fais fonctionner la télé.

Je n'ai rien pu répliquer.

(plog)


Parents mélomanes, planquez vos Tintin !

samedi soir au Châtelet

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Perchée en une place adaptée à mon budget, je n'avais croisé aucun programme sur le trajet escarpé qui y menait.

J'étais en confiance. Natalie Dessay et Myung-Whun Chung, leur présence laissait espérer un grand moment. Quant aux barytons Stéphane Degout et Laurent Naouri, si je ne les connaissais que de nom, on m'assurait qu'ils étaient très bien. Ce qui fut confirmé.

J'avais passé la journée sous l'emprise d'un trac léger. Mon empathie a les frontières floues. Quand j'aime ou admire quelqu'un j'ai peur à sa place alors que mon propre sort, plus particulièrement depuis trois ans me laisse impavide.

Ignorante de ce qui suivrait, je me laissais porter un morceau après l'autre. Elégant, raffiné, l'orchestre me rappelait Fred Astaire dans sa façon de danser jouer. En deuxième partie son interprétation de l'ouverture de "La forza del destino" me laissera subjuguée (1). 

A peine après que le vin [eût] dissipé la tristesse, Natalie Dessay entona un air dont les premières mesures me semblèrent familière. J'étais restée sur l'émotion du titre précédent ; quelques pensées de traîne me laissèrent inattentive un très court instant. Seulement une vieille mémoire enfantine en profita pour dresser l'oreille, identifier avant ma part consciente l'air des bijoux, bien interprété ce soir-là mais l'air des bijoux quand même, et me secouer d'un vaste rire intérieur que toute mon énergie eut peine à contenir (mais j'y parvins).

Une fraction de seconde mais suffisante pour le rendre fort, Haddock et Tintin avaient partagé ma loge, Milou s'était installé sur mes genoux, la cantratrice n'était plus la même et Irma cherchait partout, désespérée quelques précieux bijoux.

M'étant pris les pieds dans cette faille bande-dessinato-temporaire, je ne fus que peu capable de profiter de l'air comme il était chanté, alors qu'il n'est pas sans beauté et que les notes aiguës glissaient en fraiche cascade.

De grâce, parents mélomanes qui espérez transmettre le goût de l'art lyrique à vos charmants enfants, cachez soigneusement en étape préalable vos Tintin de jeunesse. Ils risquent, trop bien lus et relus (2), d'entraîner d'étranges effets secondaires ma foi embarrassants pour peu que votre enthousiasme pour le chant ait effectivement possédé quelque pouvoir communiquant.


[photo : in situ, avant la représentation]

 


(1) J'ai un lien particulier avec Verdi et Bach pour en avoir beaucoup entendu enfant, l'un sans savoir, l'autre en l'aimant. A volte mon cerveau me les met en fond sonore avec autant de réalité que si j'étais au concert. Parfois ça aide à survivre, voire paradoxalement à se concentrer pour travailler. Parfois c'est très gênant. Car la vie n'est pas un film. Hélas (ou tant mieux ?) pour moi. Mais il y a aussi de longs moments de grand silence froid. Ou d'écoute volontaire des sons de l'extérieur.

(2) Enfant des années soixante et ado des soixante-dix, j'ai été biberonnée aux Astérix et aux Tintin, qui étaient de traditionnels cadeaux de Noël et d'anniversaires ou de remerciement d'invitations. Ils étaient d'excellentes lectures et relectures aux jours fièvreux chez moi fréquents. Le résultat est là aussi une sorte d'imprégnation indélébile.

esquisse du 11/04/09, complété le 13/04/09

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Des expressions illustrées par les auteurs mêmes

Ce soir à Montmartre

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Quand j'ai croisé l'an passé Siri Hustvedt j'ai compris immédiatement ce que signifiait exactement l'expression "une beauté renversante". Et si je n'ai point chu ce fut grâce à un regard malicieux d'A.M. Homes qui était bien placée pour comprendre.

Quand aujourd'hui nous des libraires et amis de l'Attrape-Coeur avons rencontré Tatiana Arfel pour "L'attente du soir", livre qui a fait frémir de bonheur tous ceux qui pour l'instant l'ont lu, j'ai compris physiquement ce que signifiait "sauter de joie", même si par un effort solide je me suis abstenue de joindre le geste au ressenti.
J'ai de vagues bouffées de dignité, parfois.

En effet sauf guerre civile, fusion ou fission du noyau nucléaire, réchauffement de la planète de plus de 10°C en 5 ans, tornade blanche ou plus sombre, crue millénaire de la Seine et autres dégâts des eaux, nous savons désormais que des livres il y en aura d'autres, qu'elle est un écrivain un vrai et que dans un avenir que je lui souhaite le moins lointain possible, elle pourra vivre du produit financier de son travail d'écrire.

Et le bonheur de me sentir parmi la poignée de privilégiés qui le sait déjà, me ferait volontiers sauter ou danser de joie.
Hé oui, notre belle époque commerciale et formatée laisse encore du champ pour les créations vivantes de sens. 

Courage et continue, Tatiana
(nous n'attendons que ça).

(et quelle belle soirée, que même Eliette a honorée de sa brève présence dans le café où hélas (pour nous) elle n'est plus)



[photo : in situ pendant la minute nécessaire des paparazzi, pour Sylvie de l'Attrape-Coeur et Tatiana Arfel]


Pour Pierre Etaix

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J'avais lu l'info en décembre dernier mais n'avais hélas pas capté le cruel du problème.

Grâce à l'expo Jacques Tati à la Cinémathèque, et qui m'a fait soudain m'intéresser au travail de Pierre Etaix (que pourtant je connaissais d'antan) j'en comprends seulement aujourd'hui l'ampleur.

Par suite d'un imbroglio dont notre société où les rapports entre les êtres humains sont de plus en plus soumis aux relations juridiques a le secret, Pierre Etaix (1)  se trouve privé de l'usage de ses films qu'il serait pour certains urgent de restaurer et la société qui en possède les droits pour autant ne les diffuse pas (ou : ne peut pas).

Je ne suis pas compétente pour me mêler d'un débat dont les subtilités me semblent assez tordues, je laisse cette part aux juristes (des détails par là sur le site lesfilmsdetaix). En revanche il me paraît humainement foireux qu'une oeuvre de cinéma (ou de musique ou d'écriture) quelle qu'elle soit se trouve en pratique et du vivant de son principal créateur confisquée et que non seulement son auteur mais le public en soi privé.

Un prochain jugement est annoncé pour mai. Je pense que plus on sera de signataires par ici, plus Pierre Etaix aura de chance de retrouver la maîtrise du sort de son travail et nous de (re)voir ses films (charité, soi-même, ordonnée, bien, commencer ...).



(1) et aussi Jean-Claude Carrière, mais pour ce dernier, plus jeune et j'imagine en meilleure situation financière, je m'inquiète moins.


[photo : comme je ne tenais pas à en rajouter dans la catégorie on se sert gratuitement là où l'on de devrait pas, j'ai tenté un dessin d'après un détail d'un des siens (le chien des Arpel dans "Mon Oncle" de Jacques Tati), comme ça ça donne une vague idée]

PS : un article (entre autres) sur le site de France 2
un site de soutien sur myspace


N'oubliez pas Nouara

ce soir, théâtre du Rond-Point

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N'oubliez pas Nouara Naghouche, c'est un nom qui ne devrait pas tarder à devenir à tous familier.
Son énergie incroyable, son talent  sidérant, sa présence sur scène : celle d'une grande.

Son one-woman show laisse le public pantois, qui hésite entre rire et pleurer. Entre les situations réelles qui l'ont inspirée. Et ce qu'elle en fait. Comique désespéré. Fort. Inoubliable.

Les souvenirs d'enfance et de jeunesse qu'elle m'a fait remonter. Peu de différences au fond entre les différentes vagues d'immigration et les différents pourtours de la Méditerranée où les femmes ne sont pas à la noce (ou y sont trop fortement poussées).

Je ne trouve pas les mots à hauteur du bonheur qu'il y a de découvrir "quelqu'un".
D'émotions ma semaine a été trop forte et j'en suis éreintée. Et toujours cette loi étrange qui fait que les événements extrêmement favorables constituent une fatigue aussi. Encaisser après 26 ans qu'elle durait une libération d'une contrainte qui plombait fait presque autant que du dur vaciller.

Et ce message d'Illaria que je n'oublierai jamais. Si proche de ce à quoi j'ai moi-même trois ans avant de si peu échappé.

Alors je l'écris maladroitement, mais je le crie ici :

Nouara Naghouche (1), n'oubliez pas.


(1) Jusqu'au 11 avril 2009 au théêtre du Rond Point (et bientôt aux Molières ?)

[photo : théâtre du Rond Point, affiche pour le DVD du spectacle "Sacrifices"]


Encore raté pour cette année

Mercredi 1er avril 2009,


Je m'étais promis de terminer cette année enfin le petit travail récapitulatif entamé il y a déjà 3 ans au sujet des personnage du roman de Stendhal "Le rouge et le noir".
Je n'avais en effet alors traité que la première partie de celui-ci.

Une cavalcade de circonstances dénouées favorablement mais qui ne l'auront pas fait dans l'instant, ne m'a pas permis de tenir ce délai.

Ce n'est que partie remise. Sauf nouveau (tra)cas de force majeure, me voilà enfin maître de mon temps.

à bientôt pour cette suite et pardon à ceux qui attendaient.