Marathon de Madrid
C'est pas mistral gagnant

La conjuration des premières fois

Ici et maintenant


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(texte non relu et en plus bâclé)

J'ai toujours trouvé grand charme aux premières fois et aux mots nouveaux (1). Non pas ceux de l'enfance, si nombreux dans chaque journée mais disons ceux de ma vie d'adulte à laquelle ils signifiaient que le jour parcouru n'avait pas été vain :

j'ai exploré un nouveau pan de mes capacités, appris du neuf, bref, je vis.

Passé un certain âge les premières fois se raréfient. C'est qu'on a acquis du vocabulaire. Arpenté une bonne partie du champs des possibles et peu d'appétence pour l'étendre aux domaines effrayants (2).

Alors un mot utile (3) qu'on découvre devient un ravissement.

Une première fois, un bonheur plus ou moins grand selon le sujet (la première fois où j'emprunte un Vélib ne vaut pas autant que la première fois où tu m'embrasseras), ou si l'heure est grave un moment de forte intensité dont peut-être on sera fier après.

Je n'oublierai jamais la première fois où nous avons parlé de V. même si j'en reste, plus d'une semaine après douloureusement secouée.

Et c'est bien là le curieux souci de mon début d'année (4). Trop de premières fois surprenantes s'y trouvent cumulées dont les effets entrent en résonance et me font osciller entre euphorie et épouvante.

Il y a la première fois (de ma vie d'adulte) où je suis désendettée, la première fois où je n'ai plus besoin de perdre ma vie à la gagner et son associée, la première fois où je peux être moi-même à plein temps, quelques belles premières fois liées à de jolies rencontres - dont une j'en suis persuadée est le début d'une longue amitié -, la première fois où j'assiste à un concert des Bank Robbers, la première fois où je n'ai pas de difficultés de fins de mois (ça ne saurait durer), la première fois où je tombe sous le charme (d'Atiq Rahimi), la première fois que l'Amour n'a plus de place dans ma vie - je mets une majuscule exprès, car d'amour au sens large je suis pourvue avec bonheur -, la première fois que j'apprécie les lundi.
Bref tout plein.

Pas étonnant que j'y perde mon latin et toute séduction : me voici réduite à l'état d'un brouillon qui jour après jour se gribouille.

Rétrécie aussi à l'état d'autoficteur. Pour de mauvaises raisons insues de mon plein gré mais si fortes qu'il est impossible de résister. Pour la première fois placée devant un texte incontournable que j'aimerais tant, pourtant, éviter.

Comme on disait jadis, alea jacta est.
(mais n'empêche ça fait trop, mais n'empêche c'est rude à encaisser)

[photo :  plus tard si ça peut Non loin de la BNF, lundi après-midi par grand vent]


(1) dans notre langue maternelle. Pour les autres on peut supposer qu'un apprentissage volontaire en fourni par lots.
(2) Je pense en particulier aux maladies graves et aux soins inédits qui en ricochent.
(3) On peut toujours en découvrir pleins dans des domaines techniques mais qui serviront peu (ou jamais).
(4) 2009

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