Alfred, la prochaine fois
20 avril 2009
que tu veux faire un film, avec moi comme sujet,
je t'en prie, préviens moi. J'ai trop morflé, tu sais.
Mangé trop de vertiges, effrayé trop d'oiseaux
monté bien trop de marches, moi qui en savais trop. Mais pourtant pas assez, pour ensauver ma peau, malgré de secourables étrangers dans un train rencontrés.
Nous passâmes eux et moi un si bon voyage.
Restait hélas le soupçon de ma culpabilité. Qu'avais-je bien pu faire pour être ainsi quittée ?
Tu disparaissais chaque fois que quelqu'un
commençait à penser à la couleur de tes yeux, la voir d'un peu trop près et l'or qui scintillait. De notoriété publique, seulement je l'ignorais.
J'en ai perdu le nord pour m'en trouver à l'ouest.
Quand le rideau enfin s'est déchiré, notre ami commun
aurait pu m'appeler Arthur, qui m'avait offert un canot de sauvetage et se désolait que j'ai tant tardé à enfin y monter.
Au bout du compte je le confesse, sans l'ombre d'un doute, nous nous sommes tant aimé(e)s, que je ne saurais regretter
tant de dangers ou de risques affrontés.
Merci à celui qui a tant aidé.
[photo : pour l'essentiel vrac d'une errance heureuse, lundi 20 avril 2009]
addenda du 24 avril 2009, 19 heures 51 : A nouveau, un joli Zahir. Il n'est pas totalement fortuit, mais néanmoins sa coordination m'impressionne.
Par pudeur, par peur de venir trop près, parce qu'il était mon ami et que je souhaitais qu'il le soit à égalité - moi ne sachant pas davantage sur lui que lui sur moi - et pour une autre raison que j'ignorais alors, j'étais incapable de lire ceux de ses livres qui précédaient les deux qui nous avaient fait nous rencontrer. Un élément nouveau et important est survenu qui est venu tout chambouler. A présent je peux donc le lire. Ravie. Je devine que je me sentirai un peu moins seule après. Même si.
Ces photos ont été prises lundi, au gré d'un de mes trajets de ce jour enchanté et qui restera pour moi comme celui du retour à la vie (merci les amis + ma commensale patiente du mardi midi).
Un des livres commandés au gré de l'inspiration (1) et des possibilités (beaucoup sont épuisés) est arrivé bizarrement dans l'après-midi, le bizarrement portant sur l'horaire, i.e. bien après l'heure ordinaire du courrier de la poste quand elle daigne se rappeler qu'elle n'est pas qu'un banquier.
Je le trouve dans ma boîte aux lettres à l'instant en rentrant.
Je l'ouvre au hasard comme on le fait d'un livre espéré, mais dont on sait pertinemment qu'on ne pourra le lire en entier à présent car d'autres sont en lice et de plus urgents (lecture prévue en café, jury de lecteurs, rendez-vous en librairie ...). Et tombe sur ceci
"Quelques photos prises à Paris en juillet 1996
L'hôtel s'appelle Danemark,
c'est un hôtel bleu touareg dans la ville de Paris où le ciel de juillet à midi est un peu gris."
(in "Poèmes et lettres d'amour" Francis Dannemark, Cadex éditions page 26).
(1) Je me soupçonne d'être en train de m'organiser pour choper des doublons - et avoir ainsi un excellent prétexte pour les offrir ensuite ? -
Et en guise de remerciement à Pierre C. qui m'a offert l'idée de ce billet, une petite chanson tout à fait appropriée (extraite de "L'homme qui en savait trop") :