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Quand le succès monte

Avril 2007, théâtre du Rond-Point, hier nuit, aux César

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Je ne voulais pas suivre les César, non. Je n'aime pas les récompenses médiatisées, jusqu'à présent elles m'avaient toujours semblé obéir davantage aux lois obscures d'un système qu'à celles qui pouvaient faire qu'on avait d'un artiste un travail particulièrement admiré.
De plus cette année, je voulais tenter de n'y surtout pas penser.

Et puis voilà que c'est quelqu'un que j'apprécie profondément qui s'est trouvée couronnée du titre glorieux de meilleure actrice. Et je me suis surprise à crier Hourrah !

Effet de crise qui obligerait à un retour vers le haut niveau et la qualité ? En cette saison 2008/2009, le nobel de littérature, le Goncourt et les César font place à de vrais bons, incontestables et qu'on peut admirer.
Et même aimer.

note pour billet ultérieur (total des billets esquissés mais non rédigés = 6 ; + celui-là = 7 ; sans compter ceux "Côté papier" (je voudrais vous parler sans attendre du "Square des héros" d'Eva Kavian, qui est bon pour le moral de fort belle façon, de mon coup de coeur absolu et sans condition pour "L'attente du soir" de Tatiana Arfel et des livres tout récents de Philippe Jaenada et Olivier Adam que j'ai tant aimés)) :
raconter ici même l'histoire du poireau de madame Moreau

[photo personnelle, prière de ne pas repiquer sans demander avant, 27 avril 2007, bar du théâtre du Rond Point, ce qui explique les bouteilles au fond]



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Et la mobylette sépara

hier (deux fois) en banlieue dans les deux cas

JF et la moto_1974_edited


Une mobylette pétaradante, assez rare dans le quartier, m'a tirée hier d'une sieste inévitable et que je souhaitais ne pas prolonger.

Ce devait être un vieux modèle et le son m'a renvoyée des années en arrière et plus loin de Paris, mais pas si loin non plus.

C'était une de ces banlieues pavillonaires qui s'étalait à l'orée de cette région où l'on trouvait plus facilement qu'ailleurs à correctement s'employer. Le chômage pointait à peine son nez.

De voiture, chaque foyer était équipé. L'organisation des lieux en rendait l'usage quasi inévitable. Les lieux de travail étaient éloignés, la gare aussi (20 minutes d'un bon pas, 25 plus calmement), les plus proches commerces, une boulangerie, un marchand de journaux, une teinturerie et un petit supermarché étaient à un solide quart d'heure et l'on risquait sauf pour le pain d'en revenir chargés. Pour autant les familles disposaient rarement d'un second véhicule. A l'école (15 minutes, sinon 20) on allait à pied.

Quand les enfants grandissaient, un Noël, un anniversaire ou les deux regroupés permettaient l'achat d'une bicyclette et ce qui paraissait l'accession à une indépendance circulatoire formidable. Au collège on allait en vélo, que plus souvent qu'à son tour on se faisait piquer (chouraver était en ce temps le terme consacré).

Je ne sais plus à la suite de quelle transaction ou opportunité parmi son entourage, mon père avait acquis une vieille Simca 1000 en seconde voiture. Nous étions d'un coup promus au rang de bourgeois et j'avoue que le secours de ma mère pour aller au conservatoire (près de la gare mais au delà, j'en rêve encore parfois) était fort bienvenu, ainsi qu'aux jours d'hiver et de pluie et aux périodes de recrudescence d'activités de certains "amis".  Se passer brièvement d'un vélo évitait de devoir s'en passer pour toujours par après.

Pour autant le moyen de locomotion le plus répandu des teen-agers restait le vélo.  On s'organisait même parfois de belles balades et quelques confrontations de nos capacités. J'étais la seule à réussir la côte de l'église en mini-vélo (1). Enfantine fierté.

La fracture est apparue insidieusement à l'orée des années de lycée. C'était en effet un cadeau traditionnel de BEPC.

(to be continued - à suivre ...) 





[photo millésime 1974, publiée avec l'accord du figurant, un peu plus âgé à présent !]

(1) En vérité j'étais la seule assez dingue pour la tenter si mal équipée. Les copains avaient des demi-courses avec dérailleurs et les copines, sagement, renonçaient.
 

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Des doux le doute (quasi) permanent

Ce matin, parmi mes liens, hier soir une conversation


Alors qu'ils concernent des domaines très différents, voilà que deux liens, ou plutôt un billet de blog et un message d'information, me font même écho ainsi qu'hier soir une conversation.

C'est une amie qui a croisé dans sa vie professionnelle une de ces personnes que je qualifierais d'incompétente péremptoire. Vous en avez tous vus au cours de votre vie active : ceux et celles qui soit de façon permanente soit ponctuellement sur une décision, un projet, ont cafouillé et font glorieusement peser la faute sur un ou des autres sans hésiter à balancer au nez des principaux intéressés leurs soi-disant(es ?) erreurs.
Et je pense qu'on est un paquet parmi ceux qui écrivent, car ce n'est pas un hasard sans doute si l'on se sent (plus) à l'aise avec les mots posés qu'avec les mots dits, à avoir subi ça : savoir au fond que l'autre parle faux, mais sous le feu roulant de ses accusations être pris d'un doute qui nous paralyse.

Combien de fois n'ai-je été victime de ça, l'autre qui affirme en toute mauvaise foi, et moi qui du coup ne sais plus. Il est si sûr de lui. Et si j'avais oublié quelque chose, commis une erreur dans le travail donné, cru avoir terminé ou envoyé un élément mais qui au fond manquait ?
Après coup, vérifier ce qui peut l'être. Et s'apercevoir que l'autre avait monté la pure fiction qui l'arrangeait.

Un ami nous raconte une autorisation accordée oralement, puis oubliée, et un coup de fil plus tard tempétueux de l'accordeur oublieux, Mais comment avez-vous osé ? et jusqu'aux insultes. Mais heureusement le furieux n'était lui pas de mauvaise foi, et sa mémoire lui revint sans qu'il y eût combat.

Un article me rappelle une discussion datant d'il y a plusieurs années, un homme qui certes avait commis des erreurs dans son passé mais que pour convenir à un politicien de son pays qui en possédait les médias ceux-ci avaient présenté comme un monstre sanguinaire. Il était entre autre présenté comme ayant tiré sur un adolescent devenu ensuite paraplégique. Or j'avais lu un livre soigneusement documenté avec citation des actes du procès. Le jour de cet échange de balles encaissées et perdues, le coupable était ailleurs et à moins de capacités quantiques particulières, il ne pouvait matériellement pas être l'auteur du tir. S'il y avait un lien entre le fait-divers et lui, il ne pouvait en aucun cas s'agir de celui-là.
Or dans la discussion que j'avais, mon interlocutrice, confiante en ce qu'elle avait lu dans les journaux de son pays, m'affirma que non, c'était lui qui avait tiré, que c'était un crime, qu'il fallait payer.
Je me souviens du gouffre de doute soudain, même s'il ne changeait en rien ma position finale, établie sur une question plus générale d'asile politique accordé puis remis en cause. Mais j'ai douté de ce que je savais. Alors même que j'avais lu des copies de documents officiels attestants du contraire. S'ajoutait que j'aimais beaucoup la personne avec laquelle je discutais et qu'elle était de bonne foi (c'était les médias locaux qui entre pression politique et emballement (1) n'y étaient pas).

Il y a enfin la disparition douloureuse d'une amitié qui m'était fondatrice. Malgré parmi le peu de paroles prononcées, certaines qui disaient que je n'avais rien fait, j'ai mis deux années et il a fallu un bien curieux secours extérieur, pour me sortir du doute terrible d'une culpabilité que je croyais porter. Une culpabilité dont, et pour cause, j'avais beau chercher dans chaque recoin de ma mémoire, je ne trouvais pas la clef. Et cette épouvante d'avoir pu faire du mal à quelqu'un qu'on aimait - tout en ne sachant pas quoi ni pourquoi -.

J'ai peur que du doute on ne sorte pas. Qu'il soit de tempérament ou acquis ou renforcé par une éducation brimante (l'enfant a toujours tort et l'adulte raison) qui était de mise encore au mitan du siècle précédent, je crains qu'une fois acquis cette sorte d'automatisme qui nous fait chercher l'erreur en nous, le vacillement en notre jugement, on ne puisse plus s'en départir.

Et cette société du "moi d'abord", du "moi je" ou du "C'est comme ça, ça se discute pas" dans laquelle nous vivons n'a pas de place pour les "moi peut-être" ou "je suis pas tout à fait sûre, mais pourtant il me semblait".

Je crois pourtant qu'à remettre en cause par nos façons de questionner et de refuser les trop faciles certitudes, non seulement pour nous-même mais pour ce qui nous entoure, nous faisons oeuvre utile. Et que si nous sommes trop faibles, paisibles ou doux pour atteindre à des positions rendant un pouvoir possible, notre rôle assainissant n'est pas à négliger.

La victoire des certitudes n'est jamais qu'un regret.



(1) cf. en France l'affaire d'Outreau, triste et parfaite illustration du phénomène

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Le fou monétaire international

tout à l'heure, ligne 1

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J'ai su dés en montant que je n'y échapperai pas : il y avait, soigneusement calée derrière lui sur la vitre du métro une carte de France des années 50 ou 60, au nord cruellement tronqué.

Un voyageur était assis à côté de lui qu'on sentait entre mal à l'aise et exaspéré. Restait une place vide à la gauche de l'homme repérable.

J'ai su que le petit dieu des rencontres, frustré par ma vie retirée de ce mois dernier, avait décidé de me faire une farce. Il est pote avec celui des livres, n'a de pouvoir qu'indirect, et m'a à la bonne, j'ignore pourquoi mais lui suis infiniment reconnaissante de tous les bonheurs qu'il m'a offert. Des bonheurs et des bizarreries.

Par ailleurs la perte de confiance m'a rendue sans crainte : que peut-il en effet à part me trouver face à quelqu'un de réellement armé m'arriver de pire moralement que ce que j'ai déjà vécu ? Quel mal peut me faire un pur inconnu quand quelques bien-aimés m'ont désespérée ? Et si en ce moment je serais bien incapable de me battre, mes capacités de calmer les autres ou de fuir ne sont je crois pas trop entamées.

Il a su lui aussi, l'homme, qu'il tenait la bonne et consentante victime à son délire inoffensif. Je me suis appliquée à ne rien laisser paraître de ma légère prescience de l'instant, ai sorti le livre que je savais pertinemment inutile, et il a engagé comme prévu la conversation.

- Vous allez m'aider à les apprendre, me dit-il d'entrée en me montrant des photocopies agrafées présentant une liste de pays et les monnaies y afférant.

Je ne perdis pas non plus de temps en civilités :

- Ah tiens, celle-là je ne connaissais pas, dis-je en indiquant celle de Bahreïn qui sur son document n'était pas le dinar.

- Moi non plus, avoua-t-il, visiblement content de la conversation qui s'amorçait.

Il en commenta quelques-unes, moi également. M'expliqua que l'île de Man était un paradis fiscal, les salauds, puis repérant qu'une famille, en face, père, mère et jeune adulte si visiblement fils des deux premiers que c'en était attendrissant, s'intéressait à sa carte, s'adressa à eux et en fit un bref historique.

Voyant qu'ils étaient anglo-saxons il leur demanda s'ils venaient d'Angleterre.

- Americans, répondit le jeune moins méfiant que ses parents.

Alors mon voisin se lança en français dans une déclaration d'amour au peuple américain, pas les présidents, pas tous hein, mais les gens du peuple comme vous, à l'issu de laquelle il sera cérémonieusement la main du garçon non sans m'avoir présenté comme sa cousine italienne, vous comprenez 5 ans qu'on ne s'est pas vus. Remarquez la semaine dernière, c'est mon neveu que j'ai retrouvé.

Je leur ai fait non discrètement tout en riant et en tentant de leur faire comprendre qu'il n'y avait pas de danger, puis j'ai recentré l'homme sur son "travail" d'apprentissage.

Pour la Grèce était marqué euro il déplora que la fille qui lui avait préparé le papier n'ait pas pensé à inscrire les monnaies d'avant, quand même l'euro sera bien pour les générations futures, mais vous vous rendez compte, avec ça, l'inflation qu'on a eu.

- Tant mieux pour eux, ai-je dis, soucieuse qu'il ne se mette pas à boucler sur ses malheurs.

Il embraya sur d'autres listes qu'il avait et qui ressemblaient furieusement à des copies, elles étaient notées et un nom féminin en tête y figurait, qu'il aurait récupérées, mais en quelle occasion.

Et pourquoi la carte était-elle tronquée ?

J'étais entre-temps arrivée, je l'avais prévenu que j'avais à descendre et le saluais en lui rappelant de ne pas oublier sa carte accrochée derrière. Il sembla touché de l'attention et me dit - Oh surtout ne changez pas !

Avec le net sentiment d'avoir d'une certaine façon retrouvé une de mes fonctions, je glissais en passant Have a nice stay aux Américains qui semblaient bien un peu perplexes de cet étrange interlocuteur qu'ils s'étaient soudain trouvés. Combien de personnes errantes de corps ou de pensées n'ai-je écoutées au fil des ans avant d'être moi-même éteinte par trop de chagrins et de difficultés.

Disponibilité en bonne voie d'être retrouvée. Je remerciais mentalement l'original de ce soir, au délire encore logique et au demeurant charmant. Il venait de me montrer que je n'avais pas perdu toutes mes capacités.

[photo : Bastille, juste avant ; les personnes qui y figurent n'ont rien à voir avec le récit]



L'art trop développé du copier-coller

Dernières nouvelles (ajouté le 19/02/09 8h25) : le billet de Blandine Longre a produit son effet, elle a obtenu réponse, excuses et promesse de rectification de la part des éditions 10/18. Voilà qui est rassurant. J'avoue que ça m'étonnait d'une telle maison, et l'abus et le silence.

Tous les détails dans son propre post à ce sujet 

J'en profite pour signaler le billet d'humeur de Pascale Arguedas (mentionné en commentaires mais sans doute plus visible comme ça) au sujet des emprunts sauvages effectués sur des contenus proposés sur l'internet ce qui ne veut pas dire qu'ils soient libres de droit et réutilisables à merci.

addenda du 20/02/09 : et pour les courageux que le droit ne rebute pas (mais rassurez-vous il explique fort bien, c'est juste qu'en tant qu'être humain au moins autant affective que cérébrale j'ai parfois du mal avec la logique particulière ou le vocabulaire de la chose juridique), un billet tout frais cueilli de maître Eolas sur le sujet des droits d'auteurs dont j'apprécie beaucoup la conclusion - mais je l'aurais mis en ligne de toutes façons car il est très éclairant -.




Entre leur collection "Domaine étranger" et "Grands détectives", je dois aux éditions 10/18 de grands bonheurs de lecture.

On n'est hélas jamais tant déçus que par ceux qu'on a pu aimer : voilà qu'un quatrième de couverture celui de "Doppler" d'Erlend Loe n'est qu'un copier-coller compressé d'une chronique sur ce même livre paru il y a trois ans sur Sitartmag et écrit par Blandine Longre. Ironie du sort, il a été remis en ligne récemment, pour saluer la parution alors prochaine du poche, sans savoir que celui-ci à sa façon consacrerait la qualité du billet.

Blandine le prend avec humour, lisez son billet, Plagiaires anonymes,
mais moi qui ai tant de peine à trouver le temps et l'énergie de chroniquer tous les livres lus et que j'ai aimés, car c'est un vrai travail même si tout à l'idée de partager, on l'offre sur l'internet à la lecture bien volontiers, j'éprouve de la colère quant à un usage commercial, abusif et détourné de son texte initial.

Pourtant, victime récurrente et ravie de l'effet Zahir, pratiquant souvent à mon insu le plagiat par anticipation et sans état d'âmes le don de phrases et d'expressions aux copains, à qui j'en emprunte parfois en retour, témoin à plusieurs reprises de stupéfactions croisées (1), je n'ai rien contre la libre circulation des mots et des idées, mais contre l'exploitation sans vergogne d'un travail avéré, si.

J'espère pouvoir vous communiquer bientôt une suite favorable à la requête de l'amie soudain promue éditrice fantôme, pour l'instant à ma connaissance laissée sans réponse.


(1) dont la plus récente au sujet du nom d'un personnage dans un livre que j'ai aimé et qu'un commentateur compétent a pris pour un hommage à un autre alors que son auteur ignorait tout de cette concordance.

complément au 18/02/09 : à ce sujet un article de Grégoire Leménager sur bibliobs.com


Maternelle naïveté

Ce matin, cuisine


Nous savourons Stéphanot et moi une journée précieuse et qui serait pour moi un fort joli bonheur si je ne devais sans arrêt l'arracher au sommeil et ses relances aussi insistantes que celles d'un créancier. Je suis en radoub, il est en congés, l'autre partie de la famille est en vacances ou à son bureau et nous voilà donc au calme, vacant chacun à nos activités de repos et partageant un repas, quelques pauses, une attention à la fatigue de l'autre, parfois quelque corvée.

Alors que dans notre cuisine où j'ai mes quartiers, il passe prendre son petit déjeuner, le voilà qui me confie d'un ton de nostalgie :
- J'aime pas quand je suis en vacances et pas papa.

Me vient aussitôt l'image des temps que le père et le fils partagent certaines fois, un goût commun pour les jeux, des parties de cartes aux revanches infinies, des films télévisés dont les narrations élémentaires et la violence me semblent d'une absolue et rédhibitoire stupidité, bref ce qu'ils font parfois "entre hommes" et que je ne partage pas.

Je ne me sens hélas pas assez vaillante pour suivre une belote coinchée, mais la pensée m'effleure de le lui proposer, à titre exceptionnel et de consolation. J'hésite quand même un peu, j'ai aimé jouer quand j'avais son âge, parties endiablées, l'été aux pensions de familles italiennes avec d'autres enfants dont les parents siestaient. Scopa, scala quaranta, jeux aux cartes imagées si belles pour moi qui les découvrais. Seulement cet intérêt avec l'âge adulte m'est vraiment passé. Et puis perdre ou gagner m'a toujours laissé plutôt indifférente. J'aimais en fait le temps partagé, les rires, les fausses engueulades, la complicité.

J'hésite donc, et hasarde une question compatissante en attendant :

- Tu aurais voulu avec lui faire une ou deux parties ?

Mais l'adolescent alors ricane,

- C'est pas ça mais quand je suis en vacances et que lui il y est pas et qu'il a la flemme c'est moi qu'il envoie chercher le pain.

Plog. Vivrais-je cent ans qu'on m'y prendra encore. Ma naïveté pourtant fort malmenée depuis de longues années est incommensurable. Et l'expérience ne semble presque rien y changer.

Cela dit, le pain était délicieux, croustillant et frais.

Et nous avons bien ri (il savait que j'allais marcher, d'où sans doute son accord afin que je publie ce bon tour (verbal) qu'il m'a joué).



La sixième a-t-elle un sens ?


PICT0003 A l'invitation de Café-Crème qui lui-même la tenait de La pêche à la baleine , je viens d'aller rechercher dans les archives de mes photos, le sixième dossier le plus récent et d’en extraire la sixième photo la plus récente.

La voici donc, prise lundi dernier lors d'une de mes rares sorties de la période pour aller déposer un papier dans la boîte aux lettres d'une administration du quartier histoire de me forcer à prendre un peu l'air et marcher et ne pas dormir.

L'image n'a hélas que peu d'intérêt photographique, elle fait plutôt partie d'une série sous-jacente que je pourrais intituler
Ma ville change

En effet près du collège où étudia ma fille et qui fut remis à neuf juste avant son passage, on en voit à droite un des escaliers extérieurs, les habitués des lieux pourront deviner en retrait les crèches Palloy A et B (où Stéphanot effectua ses débuts en société) et tout au fond avec le toit provisoirement jaune le nouveau conservatoire où ni l'un ni l'autre n'ira puisqu'ils ont cessés leurs activités musicales et dansantes.

Sur la gauche la flèche d'une grue sur l'ancien emplacement d'un établissement de divertissement qui eut sa renommée (Le Dagobert), indique une autre mutation prochaine.
C'est vraiment la ville, un jour d'hiver, à l'instant t, les indices de son futur et les traces de mon passé.

S'ils acceptent je passerais volontiers le témoin à Milky, dont les photos m'impressionnent, et à Bladsurb à qui je dois l'idée des photos "Trois ans après" que j'édite à raison d'une par mois sur mon fotolog, l'idée étant de redonner une chance à des images qu'à l'époque on avait négligées.





[photo : Clichy la Garenne, lundi 9 février 2009, rue Palloy]


D'une sombre errance enfin la fin

Par un dimanche d'hiver, loin mais si près de là

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(billet relu et corrigé seulement le 13/02/09 à 21 h 55)


Désireux d'exprimer sa reconnaissance pour l'avoir laissé sortir puis revenir du jardin, le chat affectueux s'est mis sur mes genoux et de là sur mon ventre, j'étais sur le canapé à demi allongée après une sieste profonde que sa demande miaulée avait interrompue.

Il a alors délicatement posé sa tête entre les côtes là où la pierre noire du chagrin bloquée à l'intérieur en permanence m'étreint.

Je vis depuis trois ans comme qui aurait reçu un tir à bout portant, encaissé la balle mais n'aurait été ni tuée ni opérable. Le corps autour aurait cicatrisé, la vie repris en gris ; le moindre mouvement fait mal et me met en danger.
C'est ainsi qu'en janvier j'ai brutalement morflé pour quelque chose d'anormal mais  qu'au moi d'avant j'aurais su parer ou au moins esquiver.

Métal ou minéral c'est pris, enchassé et je dois continuer avec cette menace intime interne qui a su perdurer.

Le chat par son abandon me témoignait confiance. J'en ai été touchée, nous n'avions que depuis peu fait vraiment connaissance. J'ai repris mon sommeil et lui le sien. Sous sa chaleur quelque chose en moi s'est mis à murmurer. La pierre de la douleur entrait en résonance. Ses bords ont commencé à se désagréger, ses angles à moins couper.

Combien de temps sommes-nous ainsi restés. La confiance en miroir lentement réapparaissant, à peine l'ombre du début d'un bourgeon mais quelque chose. Et qui promettait.

L'homme attentif et bienveillant est alors entré et a souri en nous voyant ainsi. Immense effort regagner l'éveil, il me fallait rentrer, le train prévu n'attendrait pas. L'animal consciencieux a miaulé pour l'humain de son soin un bilan ; encourageant et que j'ai confirmé.

Longtemps après retour et les jours suivants, ce caillou des peines concentrées a vibré. J'ai dû m'aliter, il n'était pas neutre de le sentir s'effriter. J'en évacuais des larmes lourdes aux poussières charbonnées.
A nouveau stabilisé, mais plus petit, à présent qu'il n'est plus si contondant, il menace (un peu) moins.

Mon errance enfin va pouvoir cesser. L'antidote existe. Il faudra du temps mais je l'ai trouvé et en retour bientôt pourrai aider. 




[photo : questi alberi sono sempre qua]