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Bach in ourselves

Mardi 20 janvier 2009, Washington DC.

Un homme s’assit dans le métro à Washington et se mit à jouer du violon; c’était un matin froid de janvier. Il joua six morceaux de Bach pendant environ 45 minutes. On a calculé que pendant ce temps, à une heure d’affluence, plusieurs milliers de voyageurs avaient traversé la station, la plupart d’entre eux pour se rendre à leur travail.

Il y avait pourtant parmi eux quelques enfants. En fait en les voyant on comprenait que sans doute leur parent les avaient scolarisés près de leur lieu de travail : les uns portaient leur cartable, les autres un porte-documents.
Les plus petits bénéficiaient sans doute d'une garderie d'entreprise.
Quelques-uns de ceux en âge de marcher, saisis par la mélodie, s'arrêtaient. Le parent correspondant, le plus souvent retenait un soupir, écoutait le temps de trois ou quatre portées, puis fouillait selon la façon dont il était genré dans son sac à main ou bien une poche de pantalon, déposait une pièce dans l'étui ouvert devant le musicien, et entraînait son moutard vers leur sérieuse destination.
Comme si le fait de payer devait clore l'épisode.

Un des enfants tout en se laissant faire, se dévissa le cou pour suivre des yeux l'homme au violon le plus longtemps possible. Au tournant du couloir, sans émettre un mot, il rentra sa tête dans les épaules et reprit un pas docile. Déjà le geste de l'adulte qui plus tard s'en irait travailler.

Le musicien jouait divinement bien. Mais parmi les voyageurs, peu semblaient le voir, sans parler de l'écouter. Beaucoup regardaient leur montre avant le bout de couloir, comme s'ils avaient pris l'habitude sur ce parcours de se chronométrer et que cette extrêmité était un point de passage déterminant et déterminé.

Certains cependant, marquaient un temps d'arrêt, et comme les parents des enfants attentifs, versaient leur obole, généralement plus rapidement, même si d'eux-mêmes venait la décision.

L'homme ne remerciait jamais. Il était tout entier concentré dans les chants qu'il jouait et faisait à ce point corps avec son instrument qu'on les aurait cru nés ensemble.

Une femme entre deux âges, silhouette intacte et conservée, tailleur professionnel discret, bottes Bossi au talon affiné, à première vue l'équipement parfait de qui gagnerait, soudain s'était arrêtée.

On a alors pu remarquer que sa tenue n'était pas si conventionnelle que l'allure générale ne l'avait laissée supposer. Un maquillage léger, des cheveux teints en châtain clair, la coupe droite entre mi-longue et courte de tant d'autres dames en mitan d'espérance. Mais gentiment décoiffés. Et les lunettes à cheval sur la tête mises un peu à l'endiablée comme qui n'a pas déjà l'habitude de devoir en porter. Au lieu du sac à main élégant présumé, une gibecière bleu-vert qu'on devinait pesante. Et pas non plus le réglementaire - chez les autres - porte-documents fin de cuir sombre. La besace était son tout.

Elle s'était approchée. Avait déposé le sac à ses pieds, comme quelqu'un qui s'apprête à rester. Deux morceaux plus tard s'en fut contre le mur, à quelques pas discrets et cependant proches, du musicien qui poursuivait comme si rien, plus rien, ne pouvait l'arrêter.

Ce qu'il fit pourtant.

Je vais être en retard pour lui, ce soir, avait-t-il alors articulé comme s'il poursuivait avec la femme une conversation déjà entamée.

Elle eut de ses yeux pailles un sourire bienveillant :

- Yehudi, vous savez, c'est ce soir, pas avant. 

Il eut l'air amusé, et comme surpris qu'on l'ait identifié.

- Vous me voyez ? demanda-t-il après une légère, oh si légère hésitation.

- Je m'entends bien avec les fantômes, j'ai failli en être un, pas longtemps après les années quatre-vingt.

Alors le violoniste dont on remarquait le grand âge une fois son instrument posé, avoua comme un gamin une bêtise

- Vous comprenez, je ne voulais pas manquer l'investiture. L'espoir était éteint depuis si longtemps.

Puis : - C'est curieux, j'imaginais qu'on m'entendrait, mais pas qu'on me verrait.

Il ramassa toute la monnaie ; léger ébahissement que ceux du siècle suivant puissent encore apprécier.

Le violon rangé, ils quittèrent les lieux, bras dessus bras dessous, bien décidés ainsi fortunés à profiter ensemble de cette étrange journée, en attendant d'aller assister à l'arrivée officielle en fonction du nouveau président.

Le flot des indifférents, des pressés, des stressés, lui, n'avait pas bougé, qu'ils aient ou non décidé qu'après leurs heures ils en seraient.

Plus tard le vieil homme avoua, comme on le fait d'un secret que pourtant on aurait dû garder :

- J'ai été envoyé également pour veiller. Les présidents des Etats-Unis sont si souvent menacés. Il lui faut au moins le temps de changer quelques choses. Il va compter.

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Depuis Yves

Certains vendredi, à Paris

La tripoteuse de tête est rentrée de vacances. On se revoit donc, dans le moelleux de son cabinet. Tout est doux chez elle, les tapis, le fauteuil, son sourire, ses yeux. Pas sa voix. Elle a le phrasé râpeux. Toujours au bord de la quinte de toux ; comme si elle avait tant et tant fumé.

Ce qu'au fond j'ignore. Elle sait beaucoup plus de moi que moi d'elle, même si elle parle aussi parfois pour tenter d'éclairer mon chemin fracassé.  On n'y peut pas grand chose, ce qui est advenu est pour une part irréversible : des morts et des maladies, un enchaînement de circonstances qui a fait comme un piège.

Mais je vois grâce à elle où je pose mes pieds. J'évite moins mal les ornières depuis que je fais l'effort d'aller lui parler,  meurs moins souvent.  Sais qui appeler quand  je retombe  au fond. A l'usine, ils font tout pour, moins zéro cinq ça leur ferait. Ceux qui me fournissaient jadis de quoi résister ont tous disparu, ou presque, sauf un. Effrayés, happés ailleurs, inconscients ou indifférents. C'est comme devoir se battre en état de famine.

 

Elle a su deviner ce que je ne sais pas dire, parce que j'ai peur de tuer. Respecter mon absence de colère. Cette incapacité que j'ai d'attaquer - comme un gène prédateur manquant -. Comprendre la malédiction d'écrire quand on est né(e)s loin du point d'encre. La violence des vannes trop tard levées. Le barrage, submergé.


Je pense qu'on fera route au moins jusqu'au livre achevé hélas nécessaire ou au prochain miracle, il y en aura sans doute si je passe cet hiver, ma vie en est tissée  et de malédictions (ça manque un peu d'éléments calmes). Le doux devient vital après la sale saison des catastrophes et des cauchemars. Et ce doux ferme qu'elle a, en vue de relevailles.


Merci à qui m'a indiqué le chemin de ce refuge et qui m'autorise enfin à parler de cinéma, de Marilyn et d'Ariane, d'Yves, Agnès, Orson et Arnaud.

Merci à Simone qui travaille si bien.



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Rencontre du troisième type (il manque un féminin à ce mot)

Un peu plus haut dans la soirée, Paris



1. Le temps professionnel s'est prolongé au café. Certaines rencontres publiques dont on n'attend qu'un bon moment, instructif et intéressant méritent vraiment leur nom.

2. Au café quelqu'un qu'on connaît. Comme si tout était prévu et très précisément combiné.

3. Prise par la conversation, je rate au retour en métro ma station, entame à regret les longs couloirs du changement suivant ;  le regret portant sur la fin forcée de ce qu'on se disait et non sur la distance à devoir parcourir. J'y tombe nez-à-nez avec une amie, que j'étais vraiment ravie de croiser :  depuis plusieurs jours je voulais lui écrire sans parvenir à en trouver l'énergie et le moment sans peine où je pourrais le faire avec des mots légers.


Tous les enchaînements de ces derniers jours me poussent vers le même front. Mon paquetage est fait. Je vais embarquer.
N'empêche, je n'y vais vraiment pas la fleur au fusil et j'ai peur, très peur, d'éventuels dégâts pour les autres induits.

Pendant ce temps le vaste monde va de mal en pis. L'année civile qui s'amorce est de tous les dangers.

A titre personnel je n'ai donc plus le choix, il me faut foncer et replonger dans cette furieuse piscine où j'avais failli me noyer et dont l'eau est si froide quoique fort peu chlorée.

Plog.

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Ces anciens pas qu'on ne regrette pas

hier, dirait-on, dans Paris, assurément


 

Je fus prise lundi d'un mauvais coup de blues. Poussée par des vents contraires, j'aurais sans doute été jusqu'à faire un tour du côté de mes balades de jeunesse. Mais elles concernaient la banlieue et c'était jour d'usine. Autrement dit, temps contraint et plein Paris.
Alors entre midi et deux, profitant du redoux, je suis allée errer là où logeait Wytejczk, du moins vers sa dernière adresse connue de moi, avant qu'il ne sorte de ma vie, en silence, comme ça.

Longtemps que je n'avais pas mis les pieds par là ;  depuis ce qui s'est passé, ce qui ne se passe plus, ce qui (pour moi) ne passe pas, je me suis fixée comme ligne de conduite d'éviter d'aller là sans raison mais d'éviter tout aussi bien d'éviter d'y passer si j'en ai.
L'idée est de rendre cette rue aussi banale que possible, qu'elle ne devienne ni lieu de pèlerinage ni endroit d'évitement. Qu'elle redevienne aussi neutre pour moi que tant d'autres de la capitale où logent ou logeaient des amis. L'occasion certes de songer à eux en passant sous leurs fenêtres, mais pas d'un chagrin ni même d'un tracas. 

L'idée de le croiser ne m'effraie pas. Au contraire, j'aimerais que l'existence m'offre enfin l'opportunité de lever le mystère ou d'en stopper la portée. Aucune idée de ce que je dirais ou ferais, même si je sais au fond de moi que le serrer dans mes bras est la seule chose qui compterait : n'explique pas, si tu as mal, mais au moins reviens, un peu, plus loin de moi sans doute, mais sans rejet. Et pardon si j'ai fait quoi que ce soit qui t'a blessé ou importuné. Je peux très bien vivre sans toi, je ne veux pas peser, mais tu me manques, tu sais.

L'inverse est peut-être faux. De la période où je croyais sans arrêt le voir, dés qu'une silhouette, une allure évoquait la sienne, je retiens le doute solide qu'une fois il s'est réellement agi de lui et que me voyant de loin il avait esquivé et que voyant le mouvement contournant qu'il entreprenait, j'avais respecté son choix en passant à l'arrière d'un kiosque à journaux. De toutes façons j'étais pressée, et à l'époque une revoyure n'aurait pas été sans explications requises ou hasardées, ni émotions qui peut-être à nouveau m'auraient fracassée.

A présent je suis calme. Rescapée de la collection de malheurs subie, calme comme qui revient de loin et a décidé d'attendre la suite sans passer au mot fin en mode anticipé. Calme comme quelqu'un qui devine que quelque chose s'est produit qui nous a dépassés. Calme comme un frère rendu ennemi qui est un frère quand même. Ou une soeur plus jeune et que le monde des grands laisse désemparée, mais qui les suit cependant entre atavisme et affinités.

Seulement ce lundi-là rien ne s'était passé. Perdue dans mes pensées, j'avais failli oublier de lever le nez vers les fenêtres du logis qu'à une époque je fréquentais. In extremis je l'avais fait.
Pour seulement m'apercevoir que ma stratégie d'accoutumance aux lieux neutralisés n'était pas dépourvue d'efficacité. Si j'avais toujours le code dans les doigts - après, était-il encore valable qu'est-ce que j'en savais - et l'agencement précis des pièces, des meubles, du frigo et des livres, j'étais en train d'oublier l'étage et les fenêtres appariées.
Un peu de flou, enfin. 

Il était grand temps de retourner marner, même si aucune urgence véritable ne m'attendait. J'ai repris le travail un brin rassérénée persuadée d'enfin guérir mais qu'on se retrouverait. 



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Le cumul des perplexités

Ici et maintenant

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résumé du billet que je n'aurais pas le temps d'écrire :

Plus ça va, moins je comprends.

[photo : kitchen view ; on this very morning des mystères s'épaississants]


rajouti du 13/01/09 au soir : j'avais écrit ceci hier sur un sujet précis. Une autre encore plus forte m'est survenue aujourd'hui. Prémonition ?

J'aimerais bien à présent que ma vie close ce billet et passe à un autre qui serait "Résolutions" (des énigmes et non pas "bonnes de début d'année", quoi que ça n'empêche pas).



J'avais un frère, je l'ignorais

Entre jeudi et tard cette nuit, dans ma banlieue, parfois dans Paris

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Il y a parfois des romans dont on sait avant même de les avoir ouverts qu'ils vont tout changer.

On ne connaît pourtant pas ou très vaguement leur sujet.
Généralement on suit leur auteur depuis plusieurs années. On sait déjà qu'on a pour son travail une sensibilité.

Ces livres ont leurs facultés propres. S'y ajoute qu'il surviennent à point nommé.

Un peu comme un poison ou un médicament dont on sait que pris au réveil ou au contraire le soir il feront beaucoup plus d'effet.

Le dernier pour moi était aussi en janvier.

2003.


Et curieusement sa fin et celle de celui-ci sont en fraternité et ressemblent au doux réveillon de 31 décembre qu'il m'a été donné de vivre cette année : on est quelques humains à se vouloir du bien et s'accorder une trêve, on sait les lendemains promis difficiles, mais on se serre les coudes en cet instant privilégié qu'on souhaite savourer. Malgré les menaces de soi et du monde.


L'un m'a jetée dans l'écriture, celui-ci me balance là où je refusais stoïquement de m'aventurer. J'ai soudain un jeune frère pourvu de grâce et de grandes capacités de travail et de maturité qui vient de me dire, Vas-y, il faut y aller, c'est possible tu sais. Et il écrit pour moi et défriche le chemin, puis reprend le sien propre et me souffle, le reste c'est ta vie, personne d'autre ne peut, vas-y.

Il n'est pas le premier a avoir tenté de m'entraîner vers ces falaises qu'il me faut vaincre ou parvenir à contourner pour accéder enfin à d'autres paysages qui seuls pourront me sauver. Quelqu'un déjà m'a pris la main et accompagnée comme il le pouvait, mais je n'ai pas pu tenir et me suis effondrée, épuisée, incapable de faire un pas de plus, terrorisée par les conséquences possibles.
La chute guette sans arrêt les chemins escarpés. Et la peur épouvantable d'entraîner ceux qu'on aime ou qui nous ont aimé(e).

Entre temps j'ai repris des forces, malgré quelques vents secondaires d'arrière-garde ridicules et mauvais.

Il faut y aller, j'irai. Je dois retraverser ma première mort pour retrouver la vie. Let it be.

Merci Olivier(s).


[photo : Saint Malo, kayak orange]

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Comme si exprimer nos craintes les faisaient arriver

hier matin, ligne 13

non relu

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Je n'aurais sans doute pas dû écrire notre soulagement collectif du mardi, le jeudi s'ouvrait à peine que ce qu'on avait craint survint.


L'ironie du sort si cruelle parfois, le sort l'étant lui-même souvent, et d'ailleurs plus particulièrement ce matin-là pour la principale victime de son accident, voulut que je partisse plus tôt qu'à l'ordinaire dans l'idée de n'arriver pas trop tard à l'usine.

De leur côté les trains, aux renseignements qu'on avait, continuaient à circuler en sous-nombre. Et la température extérieure rendait le vélib dissuasif.

Plusieurs rames passèrent sans que je pusse monter, peut-être faudrait-il écrire "on" car je n'étais pas seule, qui dépourvue d'un physique de 3/4 aile comme de la moindre envie de tuer un innocent prochain, étions restés à quai au sens littéral.

Notre nombre  grossissait. 

Arriva une rame qui longtemps stationna. En désespoir de cause je prévins une collègue par téléfonino que mon trajet pour arriver était mal enmanché.

Ensuite ce fut l'annonce redoutée, tant par ce qu'elle ne dissimule pas, que par la désorganisation induite qu'on lui connaît en tant d'habitués.

"Par suite d'un accident voyageur à Pernety (1), le trafic est interrompu entre Montparnasse et Châtillon Montrouge, fortement perturbé sur le reste de la ligne".

A la rame suivante, surfant sur le mécontement d'un de mes voisins de quai qui tint à tout prix à monter, je parvins à me glisser parmi les sardines du wagon.

Au moins là je n'avais pas froid.

Le métro avança pas à pas. Trois stations plus tard, alors que ce compte-goutte puis une station prolongée me faisaient prendre conscience que le vélib serait une froide mais raisonnable solution, j'étais déjà compressée trop loin de la porte pour pouvoir sortir. Un homme cependant sur ma gauche s'y risqua, de type trapu et qui parvint en force à se faufiler. Seulement le temps que je parvienne à retrouver mon sac, confié comme il se doit à la capacité de portance par compression de l'entassement, la foule sur lui s'était refermée ; d'autant plus compacte qu'il avait forcé.

Pu cependant mettre à profit le faible espace que sur mon côté gauche il avait très temporairement dégagé afin de saisir mon téléfonino et appeler une seconde fois mon lieu de travail pour un message qui put paraître étrange, et fit sourire mes voisins.  Je sentis qu'une  femme à ma droite m'aurait bien imitée. Seulement la façon dont elle était placée rendait impossible tout  accès à ses  poches ou son sac à main.

- Je suis à La Fourche, cette fois, mais nous sommes coincés  et sortir, je ne peux pas.

On m'assura de la plus grande compréhension. J'appris plus tard qu'un autre de mes collègues mais qui venait du sud et avait pu changer à Montparnasse avant la fin des haricots et du traffic, avait rencontré le même problème. Je ne pus pas ranger mon téléphone et dus rester un temps le bras un peu levé avant de parvenir par contorsions serpentines à le faire redescendre collé contre mon corps. Mon sac était quelque part en bas et mes pieds auraient pu très bien ne plus toucher terre. J'étais portée.

Je crois que nous restâmes 15 minutes ainsi, aucune annonce fort celle de la station. On entendit des cris. Une dispute avait éclatée vers la tête de la rame. J'espérais qu'il s'agissait seulement de personnes qui craquaient et que personne n'était en train de s'en prendre au conducteur, malheureux représentant sur place d'un service rendu défaillant.

Les cris s'apaisèrent. Il y eut une attente vide puis la rame démarra.

A Place Clichy je parvins cette fois à suivre un mouvement vers le quai et par la 2 puis la 3 pus effectuer sans encombre le reste de mon trajet.

J'arrivais à 10 heures 10 (2). J'avais mis une heure trente environ à effectuer un trajet qui prend théoriquement 40  minutes  au plus.

Record de tous mes temps battu (3). Et collègues  goguenards venus sans bus  intermédiaires de banlieues  très lointaines et arrivés avant. Je me mis au travail la tête tournante et solidement équipée dés le restant de matinée que l'effort physique de l'entière journée avait été fourni et s'encaissait. Consciente une fois de plus d'être de ceux qui survivaient.


[photo : in situ mais incomplète ; on n'y voit pas à quel point les rames sont surpeuplées, ni que les personnes qui attendent sur le quai ne sont qu'un premier lot de celles qui n'ont pas pu monter]


(1) En l'écrivant j'ai un doute quant à l'annonce exacte car il me semble soudain que c'était "entre Pernety et  (Plaisance ?)", ce qui serait quand même étrange puisqu'à l'ordinaire c'est d'un quai que l'humain choit.


(2) Véronique si tu me lis je t'assure que c'est vrai.

(3) Il y a eu des précédents non moins glorieux (!) mais dont je m'étais mieux sortie à tous les sens du terme : parvenant à m'extraire au plus tôt et terminant à pied. Le trajet total d'un bon pas me prend 50 à 55  minutes. Ce qui me laisse penser que si j'écris moins bien, je marche plus vite qu'Henry Miller (cf. un passage Place Clichy / Clichy dans notre rue, avec mention du temps de parcours dans "Jours tranquilles à Clichy"). On a les satisfactions qu'on peut.


Faible femme

ce soir après avoir lu le journal

Au fond sur ce blog, et contrairement aux apparences de certains jours sombres, je parle peu de moi.
N'ai aucune intention de le faire plus que ça. L'époque où je vis, le lieu privilégié où il m'est donné de le faire, les personnes que j'aime ou que je rencontre ou simplement croise sont intéressante. Moi pas.
Je ne fais pas partie des femmes exceptionnelles.
Ma santé n'est pas dramatiquement mauvaise, elle a ses aléas. Plus que quelqu'un de pleine santé, j'ai appris à serrer les dents et même si quelque sale cumul m'a rendue en danger (mais c'est très récent, trois ans seulement), aller bosser alors qu'on ne tient pas bien debout et quand même assurer, je sais fort bien ce que c'est.

J'ai deux enfants. En suis heureuse et heureuse qu'ils soient là. Pour autant je ne crois pas qu'il soit indispensable pour une femme d'être mère, ni d'ailleurs pour quiconque d'être parents. C'est une responsabilité. Les petits nouveaux qui viennent ont besoin d'être choyés et pas seulement élevés comme en batterie. Longtemps plus tard, on ne cesse pas, on ne cesse jamais, d'être parents (sauf accidents).
Avec leur père nous étions amoureux et leur venue semblait naturelle même si nous avions et avons toujours peur d'un avenir sombre et qu'ils nous en veuillent un jour de les avoir nés.
Cette planète-ci est bien mal barrée.
En attendant, nous étions deux, et très honorés de les accueillir et affectueux.

On a fait ce qu'on peut.

Mon emploi permettait à l'époque des congés maternités de longue durée. Ce n'était ni mal vu ni encouragé. C'était considéré comme normal.
Ceci m'a entre autre permis de les allaiter, puis les sevrer en douceur, de consacrer du temps, malgré la fatigue, à l'éveil de leurs premiers mois. Je ne prétends pas pour autant que l'allaitement maternel soit la panacée. J'en ai bavé, guidée simplement par la constatation que pour eux ça semblait parfait, goulus et repus qu'ils se montraient, et l'idée que tout ça était fait pour, même si dans mon petit cas particulier non sans quelques difficultés.

J'ai certes mis ma vie personnelle et professionnelle entre parenthèse pendant ce temps-là. Je ne regrette pas. Il me semble bon que ce choix ait été possible sans que pour autant je perde mon emploi.

Ils étaient sortis des mois fragiles. On pouvait les confier sans crainte à quelqu'un d'autre qui si il ou elle était attentif avait déjà face à lui un petit être suffisamment expressif pour rendre compréhensible un mal-être, une douleur, une faim, une nécessité ou partager quelques rires.

Je reprenais le travail en ayant retrouvé mon corps et la plupart de mes capacités. Pour être vraiment tout à fait remise, mais de façon naturelle, sans rien forcer, en laissant l'organisme se refaire une santé il m'aura fallu à chaque fois une année. Mon emploi n'étant pas fait d'intenses efforts physiques, j'avais déjà repris le chemin du gagne-pain avant de me "retrouver" et en étant je pense opérationnelle.
Les accouchements n'avaient pas présenté de problèmes particuliers. Le second avait été entièrement naturel (1).

Quand nous sommes rentrés de l'hôpital, je devais rester souvent allongée. Ce n'est pas parce que je m'écoutais. J'étais pourtant en ce temps-là du genre dure à cuire et, bosseuse née (2), je suis portée à m'activer. Mais j'avais besoin de récupération comme, j'imagine, après un marathon et n'avais pas trop de toute mon énergie restante et mon attention pour aider le petit nouveau à atterrir, l'accueillir avec respect. Ce n'est pas facile d'arriver ici. Les sons sont si forts, la lumière violente, l'air sec et coupant. Le respirer, on apprend vite, mais c'est si fatiguant.
Au bout de quelques jours que j'avais ressenti comme très spécifiques, le temps que le corps du petit hôte et le mien achèvent d'achever vraiment leur séparation et de faire le deuil de l'ancienne fusion, je pense que leur père aurait, au lait près dont je détenais seule les capacités d'intime fabrication, pu prendre le relais.
Ce n'était à l'époque pas exactement encouragé par la société, le congé paternité n'existait pas et peut-être qu'un certain nombre d'hommes qui pourraient à présent en théorie le prendre n'osent pas de peur que n'en pâtisse leur emploi (s'ils en ont un).
Du coup c'est moi qui ai assumé la présence première plusieurs mois durant. C'est sans doute dommage, sans doute un peu réduit.

Que seraient-ils devenus s'ils s'étaient sentis très vite expulsés en concurrence extrême avec un métier passant avant tout le reste et eux petite partie jugée indispensable mais tolérée à dose limitée d'une existence en plan de carrière ? Je préfère ne pas le savoir, mais les voir à présent, l'une adulte et l'autre adolescent, heureux de vivre dés lors qu'aucune catastrophe en cours n'assombrit leurs jours, me confirme que j'ai au moins bien fait de ne pas courir le risque sur eux d'essayer.


Peut-être qu'il n'y a pas de lien entre cette question et cette constatation. Dans le doute je suis, en attendant, plutôt fière d'avoir copieusement manqué d'ambition. Pourquoi suis-je persuadée que les petits conçus puis traités comme annexes d'un plan de carrière ont plus de risque d'être de ceux qui adultes provoqueront des canicules à faire crever les vieux, en commençant par leurs propres et si performants géniteurs et parents (3) ?

Mais je suis plus que jamais inquiète quant aux jeunes et futures mères à venir. Auront-elles encore l'accès à un tel choix ? Celui de laisser un temps passer l'enfant en premier, sans pour autant renoncer à leur part active au monde extérieur.
Plus que jamais, ce n'est pas gagné.



(1) Ni voir ni prétention ni conseil, question de circonstances.
(2) Ce n'est pas bien. Ce n'est pas mal. Ce n'est pas un défaut. Ce n'est pas une qualité. C'est comme ça. Née dépourvue de case "glander" et dans un milieu où ça n'existait pas. Se détendre par moments, oui, c'est nécessaire au corps sinon à l'esprit, mais avec parcimonie.
(3) Air des temps : ce ne sont pas et de moins en moins nécessairement les mêmes personnes - constatation neutre, n'y voir aucun jugement -.

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Fifty fifty

Ici et maintenant (à peine un peu après)


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Quatre ans plus tôt, dans 20 minutes un entrefilet. C'est un vendredi, je vais à "l'usine", n'ai pas encore obtenu le temps vraiment partiel qui plus tard sera d'un tel secours face à l'adversité. Secouée, j'envoie dés mon arrivée un mail à l'amie. Parlant de tout autre chose, mais c'est à elle que j'ai pensé.
Sa réponse une fois de plus me fera passer dans une dimension ultérieure de nos vies parallèles.
Sans doute ce qui désormais me manque.

Que serait-il advenu si comme à présent la messagerie à l'époque nous avait été interdite (c'était un temps plus tolérant tant qu'on n'abusait pas) ? J'aurais pensé à elle, sans cependant pouvoir le lui dire car je n'aurais pour autant pas téléphoné - je me connais -. J'aurais su, mais plus tard ; été sans doute moins impliquée dans la suite à donner.

Nos grands tournants tiennent à peu de choses souvent.

J'y pense à mon premier réveil. Puis comme chaque jour non contraint depuis la mi-décembre replonge presque aussitôt dans un sommeil profond. N'en resteront que deux rêves. Le fiston faisant admirer à son père une carte qui m'est destinée et dont je découvre comme si en même temps qu'eux, surprise, le nom de l'expéditeur. Dans la cuisine, l'évier à changer. Plus moderne. L'eau chaude fonctionne. Serais-je de retour après un long séjour (à l'étranger ?).
Un texto que je reçois à un moment festif, prévu ce soir-même dans la réalité. L'émotion heureuse, là aussi la surprise, me bouleverse et me sort du sommeil.

A temps pour prévenir Stéphanot avant qu'il ne file au collège : non, aller à Décathlon reconstituer sa garde-robe à sa nouvelle stature l'après-midi même n'est pas une bonne idée. Il y a urgence et le mercredi est le jour favorable, mais je viens de comprendre qu'aujourd'hui est celui de début des soldes.  La cohue nous épuiserait et gênerait nos choix (1). D'un commun accord, nous reportons.

J'aborde ma cuisine à l'heure de la lumière magique. Cette heure du matin où le soleil aux jours de beau, donne en plein et l'illumine en miracle dans un orangé des plus chaleureux. Je me prépare un café-filtre, toujours trop léger, en regardant la lumière. Fais l'effort pour ici d'une ou deux photos. Sinon la confierait à ma seule mémoire.

Les chantiers qui nous entourent semblent en intempéries. A y voir de plus près, l'un d'eux fonctionne. Celui à qui l'on devra la fin du soleil du soir, autre versant de l'appartement.

Un message ami, attentif mais pressé. Je saurais dire au ton, indépendamment des propos et de leur longueur si les personnes qui m'écrivent sont en congés ou non ou au bureau mais un jour calme et pas trop contraint. Je sens ici le presse-citron et j'apprécie l'effort, moi qui ai toujours tendance à reporter mes réponses à des heures calmes qui ne viennent jamais.

Grâce à une invitation sur Facebook, je découvre avec joie, dommage qu'il y écrive peu, le blog de Robert Mc Liam Wilson. Dommage aussi qu'il soit sur Médiapart ce qui limite cruellement les échanges. Je n'ai pas les moyens de m'abonner partout (et sais n'être pas la seule dans ce cas).

Songe aux voeux en retard. Me rattraperai, tâcherai, au nouvel an chinois qui me va davantage. Inaugure mon bel agenda rouge, doux et précieux cadeau, destiné à enfin noter le travail que je fais. Il faut qu'enfin je cesse de produire sans diffuser. Avancer coûte que coûte et cesser d'enfouir les quelques rares pépites par excès de pudeur, manque de confiance, peur de blesser. Ma vie a fait de moi un pilote de rallye, je dois laisser à ceux qui peuvent la folie des plus grandes vitesses et de ses prouesses. Il faut être ambitieux et jeune pour les circuits fermés. Eviter les ravins n'est déjà pas si mal. Savoir s'orienter le meilleur exploit. S'adapter à toutes les voies.

Et cette difficulté d'admettre, mais je dois l'accepter qu'écrire que piloter c'est polluer, et pas merveilleux pour l'environnement. Ne pas utiliser la mécanique à disposition est également un crime. Envers tous ceux qui ont contribué à faire qu'elle existe, quelques siècles en amont. Envers toi qui m'as passé le volant [- Tu sais lire une carte comme personne, mais tu as toutes les qualités pour aussi piloter. - Oui mais tu as vu tous ces dégâts qu'on fait. - Tais-toi, démarre. Tu es faite pour ça. - Oui mais si j'étais faite pour être un tueur d'élite, je sais pas mais pour autant il faudrait pas ... Tu m'as alors de splendide colère claqué la porte sur les doigts. J'ai enfin démarré. Sans copilote je me plante souvent. La blessure lance très fort parfois. Comment tenir un volant sans les mains ? Je perds connaissance. Dérappe. Il faut réparer aux moyens du bord à chaque sortie de route. Et tous les matins je prie les arbres, mes amis, de me pardonner. Et les oiseaux aussi. Tout ce bruit que je fais. Croire que le chant d'un moteur puisse être harmonieux, n'est-ce pas lourdement présomptueux ?], envers certains spectateurs. Envers les suivants. Le rôle échu n'est pas un choix.

C'est comme ça.


Quoi qu'on fasse préludent les corvées : courrier de doléances à la SNCF. Pour payer le carburant, les finances sont nécessaires.

La date du jour ravive le souvenir, ainsi qu'une conversation : celles dont je me souviens sont souvent liées à une catastrophe, à un événement pas des plus réjouissant. Sont donc liés irrémédiablement et parfois de façon approximative ma naissance et l'assassinat d'un président, mon mariage et l'incendie des bureaux où j'avais travaillé 10 ans, ton anniversaire et un enlèvement.

Pour autant je l'écris aujourd'hui avec la douce satisfaction d'une pensée tendre. On s'en sortira, on s'en est sorties.



(1) La satisfaction du rabais, pour moi, n'existe pas (2). S'il y en a une c'est éventuellement de pouvoir se permettre d'acheter le nécessaire sans trop différer. Peu importe son prix. Je préfèrerais qu'il soit juste toute l'année plutôt que sur-évalué la plupart du temps et excessivement diminué d'autres jours.
(2) A moins d'un achat envisagé depuis longtemps et que je ne m'autorisais pas car en dehors de la zone abordable. Mais ça vaut plutôt pour autre chose et des outils de travail (ordinateur, appareils photos ...) que pour des vêtements.

  

[photo : Eugène se régalant du soleil de janvier, face à une boîte de mouchoirs blancs ; le micro-ondes, au fond ; guest star : our messy, chaotic but really convenient and sympathetic kitchen]


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13 + 3 + 9 + 13 - 6 (ou mardi moins six)

mardi 6 janvier 2009, essentiellement Paris

PICT0014 Les trains sur Paris Satin Lazare étant toujours engrévés, malgré certaines annonces faites à la télévision et qu'on m'a rapportées, et par crainte de devoir patienter 20 à 25 minutes sur un quai glacé, j'opte pour la ligne 13 au matin pour aller travailler.

Hélas, mais pas pour changer, incidents. A force on ne prête plus guère attention aux détails, techniques ou de signalisation ; on se contente d'être soulagés qu'il ne s'agisse pas d'un funeste "accident voyageur". Les voyageurs de ce matin devront patienter de façon perlée. Un arrêt plus long que ça ne devrait en station, un endormissement entre deux, un redémarrage temporaire jusqu'à la suivante. Une progression en hoquet. Le trajet jusqu'à Satin Lazare prend 25 minutes au lieu de 15 environ, ne me voilà pas très très tôt pour retrouver la 3.

J'ai la chance d'attraper une rame assez vite. Mais les voyageurs de l'autre quai auront visiblement dû beaucoup patienter. J'ai une pensée pour Pousse-Manette (1), conduire dans ces conditions doit être difficile, particulièrement. On doit sans arrêt craindre que quelqu'un sous la simple pression de la foule amassée se retrouve sur la voie, ou coincé entre le véhicule et la bordure du quai.

Au retour le soir et comme par sagesse (et tension très basse, la tête qui tourne au moindre mouvement), l'option Vélib m'est exclue, je décide de tenter ma chance par la ligne 9 puis la 13 à Miromesnil.

Les hauts-parleurs hélas, annoncent des soucis sur ces deux lignes-là ("par suite de divers incidents" ne tente-t-on même plus de préciser). Les écrans en entrée de station quant à eux annoncent silencieusement que la 3 ne va pas fort. Je m'en tiens donc à la 9, ressortir dans le froid pour tout autant attendre ne me dit rien qui vaille.

Et d'ailleurs la 9 finit par remplir son office et je peux même lire (2). Seulement à Miromesnil, c'est fini.

Ligne 13. Je laisse passer deux rames, sans regrets infinis : si elles n'ont pas changé d'avis elles s'en iront à La Fourche vers Saint-Denis qui n'est pas ma direction, mais dois jouer les parisiennes impitoyables pour me glisser dans la 3ème. Ça fait trois que j'attends explique obligeamment aux gens que nous comprimons ma voisine de quai qui ne tient pas plus que moi à y rester. Et, plutôt gentiment, les gens nous laissent un peu monter. De mon côté j'ai ôté mon sac à main à dos, je sais qu'à ce point là de compression il peut gêner.

Comme quelqu'un d'autre se rajoute à l'instant précis où les portes tentent de se fermer, et que je suis de taille moyenne, je me retrouve à respirer des cheveux et à coller la main qui tient le sac, par celui-ci entraînée, aux fesses d'une tierce personne indéterminée et qui si elle est femme rentrera peut-être chez elle en clamant offusquée que certains n'hésitent pas à profiter de toute situation. Mais il n'y a plus du tout moyen de bouger. Respirer devient luxe. La titulaire des cheveux réclame d'ailleurs qu'on ouvre une fenêtre, doit négocier à cause du froid, tandis que je manque d'éternuer non pas à cause de ça mais sans doute d'un élément chimique contenu dans son shampoing et du fait que l'agitation de ses paroles se transmet à sa chevelure, ce qui chatouille mon nez. 

Je ne suis pas à plaindre : j'ai su garder mes pieds à la verticale de ma caracasse et dés Satin Lazare parvient par une stratégie fine digne d'une treiziste expérimentée à me glisser dés la fin du mouvement descendant contre la porte opposée à celle des quais. Avantage inouï : je peux poser mon sac à terre entre les jambes, m'appuyer sur du dur, et n'être comprimée que d'un seul côté non sans avoir eu le temps de croiser les bras afin de protéger mon opulente poitrine (3).

Ma voisine de porte, chargée de paquets de courses alimentaires est visiblement surprise par l'affluence, mais prend la mésaventure avec bonne humeur - elle s'est d'ailleurs un peu décalée spontanément afin que je puisse m'adosser -. Sans doute une inhabituée.

Les autres, je le sens bien, ne sont pas touristes. Calme résignation. On le voit tout de suite aux stations, ça descend et ça remonte sans broncher, parfaitement.

Je mets pour ma part le mode comptage des stations ON, laisse le son pour le cas où une annonce viendrait à La Fourche prévenir d'un changement de destination ou tout autre précision sur la suite du voyage et endors tout le reste.

Porte de Clichy, je me réveille et passe sans encombre du fond au quai, parmi ceux qui ne descendent pas mais ne font pas obstacle. Décidément, mes co-voyageurs étaient un bon lot.


Le contraste entre la chaleur surpeuplée et le froid extérieur me surprend alors même que je m'y étais préparée. Je m'en veux de cette trop grande fragilité, puis un peu moins quand je parviens au pied du bâtiment qui voisine le périph du côté de Clichy. La publicité qu'il porte indique sans doute une marque (4) mais surtout l'heure en alternance avec la température.

La première est tardive quand j'avais pourtant quitté tôt mon lieu de labeur salarié. La seconde confesse ses moins six degrés (5).


[photo : quai de la ligne 3, Satin Lazare, ce matin]


(1) Le gag étant que son billet du jour relate le calme immense de ces jours de grand froid ! On dira donc : sans doute pas à toute heure :-) 

(2) Albert Cossery, "La maison de la mort certaine", en vue d'une lecture en fin d'après-midi du dernier dimanche de ce mois aux café "Les marcheurs de planète" 

(3) J'en vois qui rient. OK par rapport à moi, Jane Birkin est une pulpeuse, n'empêche c'est pas parce qu'ils sont petits que des seins ne sont pas sensibles (et très joliment dessinés ?). 

(4) Serais incapable de dire laquelle, et ne dois pas être la seule, mais surtout ne prévenez pas l'annonceur, on y perdrait l'heure qui nous est utile !

(5) Et là ce sont les Canadiens que je vois sourire, -6°c, mais c'est rien ! Ben euh oui euh mais nous ne sommes ici que des petits Franciliens que peu frigorifie.