Fifty fifty
07 janvier 2009
Ici et maintenant (à peine un peu après)
Quatre ans plus tôt, dans 20 minutes un entrefilet. C'est un vendredi, je vais à "l'usine", n'ai pas encore obtenu le temps vraiment partiel qui plus tard sera d'un tel secours face à l'adversité. Secouée, j'envoie dés mon arrivée un mail à l'amie. Parlant de tout autre chose, mais c'est à elle que j'ai pensé.
Sa réponse une fois de plus me fera passer dans une dimension ultérieure de nos vies parallèles.
Sans doute ce qui désormais me manque.
Que serait-il advenu si comme à présent la messagerie à l'époque nous avait été interdite (c'était un temps plus tolérant tant qu'on n'abusait pas) ? J'aurais pensé à elle, sans cependant pouvoir le lui dire car je n'aurais pour autant pas téléphoné - je me connais -. J'aurais su, mais plus tard ; été sans doute moins impliquée dans la suite à donner.
Nos grands tournants tiennent à peu de choses souvent.
J'y pense à mon premier réveil. Puis comme chaque jour non contraint depuis la mi-décembre replonge presque aussitôt dans un sommeil profond. N'en resteront que deux rêves. Le fiston faisant admirer à son père une carte qui m'est destinée et dont je découvre comme si en même temps qu'eux, surprise, le nom de l'expéditeur. Dans la cuisine, l'évier à changer. Plus moderne. L'eau chaude fonctionne. Serais-je de retour après un long séjour (à l'étranger ?).
Un texto que je reçois à un moment festif, prévu ce soir-même dans la réalité. L'émotion heureuse, là aussi la surprise, me bouleverse et me sort du sommeil.
A temps pour prévenir Stéphanot avant qu'il ne file au collège : non, aller à Décathlon reconstituer sa garde-robe à sa nouvelle stature l'après-midi même n'est pas une bonne idée. Il y a urgence et le mercredi est le jour favorable, mais je viens de comprendre qu'aujourd'hui est celui de début des soldes. La cohue nous épuiserait et gênerait nos choix (1). D'un commun accord, nous reportons.
J'aborde ma cuisine à l'heure de la lumière magique. Cette heure du matin où le soleil aux jours de beau, donne en plein et l'illumine en miracle dans un orangé des plus chaleureux. Je me prépare un café-filtre, toujours trop léger, en regardant la lumière. Fais l'effort pour ici d'une ou deux photos. Sinon la confierait à ma seule mémoire.
Les chantiers qui nous entourent semblent en intempéries. A y voir de plus près, l'un d'eux fonctionne. Celui à qui l'on devra la fin du soleil du soir, autre versant de l'appartement.
Un message ami, attentif mais pressé. Je saurais dire au ton, indépendamment des propos et de leur longueur si les personnes qui m'écrivent sont en congés ou non ou au bureau mais un jour calme et pas trop contraint. Je sens ici le presse-citron et j'apprécie l'effort, moi qui ai toujours tendance à reporter mes réponses à des heures calmes qui ne viennent jamais.
Grâce à une invitation sur Facebook, je découvre avec joie, dommage qu'il y écrive peu, le blog de Robert Mc Liam Wilson. Dommage aussi qu'il soit sur Médiapart ce qui limite cruellement les échanges. Je n'ai pas les moyens de m'abonner partout (et sais n'être pas la seule dans ce cas).
Songe aux voeux en retard. Me rattraperai, tâcherai, au nouvel an chinois qui me va davantage. Inaugure mon bel agenda rouge, doux et précieux cadeau, destiné à enfin noter le travail que je fais. Il faut qu'enfin je cesse de produire sans diffuser. Avancer coûte que coûte et cesser d'enfouir les quelques rares pépites par excès de pudeur, manque de confiance, peur de blesser. Ma vie a fait de moi un pilote de rallye, je dois laisser à ceux qui peuvent la folie des plus grandes vitesses et de ses prouesses. Il faut être ambitieux et jeune pour les circuits fermés. Eviter les ravins n'est déjà pas si mal. Savoir s'orienter le meilleur exploit. S'adapter à toutes les voies.
Et cette difficulté d'admettre, mais je dois l'accepter qu'écrire que piloter c'est polluer, et pas merveilleux pour l'environnement. Ne pas utiliser la mécanique à disposition est également un crime. Envers tous ceux qui ont contribué à faire qu'elle existe, quelques siècles en amont. Envers toi qui m'as passé le volant [- Tu sais lire une carte comme personne, mais tu as toutes les qualités pour aussi piloter. - Oui mais tu as vu tous ces dégâts qu'on fait. - Tais-toi, démarre. Tu es faite pour ça. - Oui mais si j'étais faite pour être un tueur d'élite, je sais pas mais pour autant il faudrait pas ... Tu m'as alors de splendide colère claqué la porte sur les doigts. J'ai enfin démarré. Sans copilote je me plante souvent. La blessure lance très fort parfois. Comment tenir un volant sans les mains ? Je perds connaissance. Dérappe. Il faut réparer aux moyens du bord à chaque sortie de route. Et tous les matins je prie les arbres, mes amis, de me pardonner. Et les oiseaux aussi. Tout ce bruit que je fais. Croire que le chant d'un moteur puisse être harmonieux, n'est-ce pas lourdement présomptueux ?], envers certains spectateurs. Envers les suivants. Le rôle échu n'est pas un choix.
C'est comme ça.
Quoi qu'on fasse préludent les corvées : courrier de doléances à la SNCF. Pour payer le carburant, les finances sont nécessaires.
La date du jour ravive le souvenir, ainsi qu'une conversation : celles dont je me souviens sont souvent liées à une catastrophe, à un événement pas des plus réjouissant. Sont donc liés irrémédiablement et parfois de façon approximative ma naissance et l'assassinat d'un président, mon mariage et l'incendie des bureaux où j'avais travaillé 10 ans, ton anniversaire et un enlèvement.
Pour autant je l'écris aujourd'hui avec la douce satisfaction d'une pensée tendre. On s'en sortira, on s'en est sorties.
(1) La satisfaction du rabais, pour moi, n'existe pas (2). S'il y en a une c'est éventuellement de pouvoir se permettre d'acheter le nécessaire sans trop différer. Peu importe son prix. Je préfèrerais qu'il soit juste toute l'année plutôt que sur-évalué la plupart du temps et excessivement diminué d'autres jours.
(2) A moins d'un achat envisagé depuis longtemps et que je ne m'autorisais pas car en dehors de la zone abordable. Mais ça vaut plutôt pour autre chose et des outils de travail (ordinateur, appareils photos ...) que pour des vêtements.
[photo : Eugène se régalant du soleil de janvier, face à une boîte de mouchoirs blancs ; le micro-ondes, au fond ; guest star : our messy, chaotic but really convenient and sympathetic kitchen]
spéciale dédicace à S., providentiel (et remarquable) mécanicien. Valeureux.
Parmi les articles du blog de Robert, pour ceux que l'anglais ne rebute pas, et qui n'est pas sans lien avec ce qui précède même s'il n'est sans doute évident qu'à moi, plus particulièrement celui-là :
Dormir dans la neige by Robert Mc Liam Wilson
Autre bonheur du jour, le "Choses vues" de Dominique Fabre, qui est mon régal habituel du Matricule (des anges) et un éclat de rire en voyant en couv. la photo de ce que dans la ville à l'honneur, passante toute récente j'ai raté.