13 + 3 + 9 + 13 - 6 (ou mardi moins six)
06 janvier 2009
mardi 6 janvier 2009, essentiellement Paris
Les trains sur Paris Satin Lazare étant toujours engrévés, malgré certaines annonces faites à la télévision et qu'on m'a rapportées, et par crainte de devoir patienter 20 à 25 minutes sur un quai glacé, j'opte pour la ligne 13 au matin pour aller travailler.
Hélas, mais pas pour changer, incidents. A force on ne prête plus guère attention aux détails, techniques ou de signalisation ; on se contente d'être soulagés qu'il ne s'agisse pas d'un funeste "accident voyageur". Les voyageurs de ce matin devront patienter de façon perlée. Un arrêt plus long que ça ne devrait en station, un endormissement entre deux, un redémarrage temporaire jusqu'à la suivante. Une progression en hoquet. Le trajet jusqu'à Satin Lazare prend 25 minutes au lieu de 15 environ, ne me voilà pas très très tôt pour retrouver la 3.
J'ai la chance d'attraper une rame assez vite. Mais les voyageurs de l'autre quai auront visiblement dû beaucoup patienter. J'ai une pensée pour Pousse-Manette (1), conduire dans ces conditions doit être difficile, particulièrement. On doit sans arrêt craindre que quelqu'un sous la simple pression de la foule amassée se retrouve sur la voie, ou coincé entre le véhicule et la bordure du quai.
Au retour le soir et comme par sagesse (et tension très basse, la tête qui tourne au moindre mouvement), l'option Vélib m'est exclue, je décide de tenter ma chance par la ligne 9 puis la 13 à Miromesnil.
Les hauts-parleurs hélas, annoncent des soucis sur ces deux lignes-là ("par suite de divers incidents" ne tente-t-on même plus de préciser). Les écrans en entrée de station quant à eux annoncent silencieusement que la 3 ne va pas fort. Je m'en tiens donc à la 9, ressortir dans le froid pour tout autant attendre ne me dit rien qui vaille.
Et d'ailleurs la 9 finit par remplir son office et je peux même lire (2). Seulement à Miromesnil, c'est fini.
Ligne 13. Je laisse passer deux rames, sans regrets infinis : si elles n'ont pas changé d'avis elles s'en iront à La Fourche vers Saint-Denis qui n'est pas ma direction, mais dois jouer les parisiennes impitoyables pour me glisser dans la 3ème. Ça fait trois que j'attends explique obligeamment aux gens que nous comprimons ma voisine de quai qui ne tient pas plus que moi à y rester. Et, plutôt gentiment, les gens nous laissent un peu monter. De mon côté j'ai ôté mon sac à main à dos, je sais qu'à ce point là de compression il peut gêner.
Comme quelqu'un d'autre se rajoute à l'instant précis où les portes tentent de se fermer, et que je suis de taille moyenne, je me retrouve à respirer des cheveux et à coller la main qui tient le sac, par celui-ci entraînée, aux fesses d'une tierce personne indéterminée et qui si elle est femme rentrera peut-être chez elle en clamant offusquée que certains n'hésitent pas à profiter de toute situation. Mais il n'y a plus du tout moyen de bouger. Respirer devient luxe. La titulaire des cheveux réclame d'ailleurs qu'on ouvre une fenêtre, doit négocier à cause du froid, tandis que je manque d'éternuer non pas à cause de ça mais sans doute d'un élément chimique contenu dans son shampoing et du fait que l'agitation de ses paroles se transmet à sa chevelure, ce qui chatouille mon nez.
Je ne suis pas à plaindre : j'ai su garder mes pieds à la verticale de ma caracasse et dés Satin Lazare parvient par une stratégie fine digne d'une treiziste expérimentée à me glisser dés la fin du mouvement descendant contre la porte opposée à celle des quais. Avantage inouï : je peux poser mon sac à terre entre les jambes, m'appuyer sur du dur, et n'être comprimée que d'un seul côté non sans avoir eu le temps de croiser les bras afin de protéger mon opulente poitrine (3).
Ma voisine de porte, chargée de paquets de courses alimentaires est visiblement surprise par l'affluence, mais prend la mésaventure avec bonne humeur - elle s'est d'ailleurs un peu décalée spontanément afin que je puisse m'adosser -. Sans doute une inhabituée.
Les autres, je le sens bien, ne sont pas touristes. Calme résignation. On le voit tout de suite aux stations, ça descend et ça remonte sans broncher, parfaitement.
Je mets pour ma part le mode comptage des stations ON, laisse le son pour le cas où une annonce viendrait à La Fourche prévenir d'un changement de destination ou tout autre précision sur la suite du voyage et endors tout le reste.
Porte de Clichy, je me réveille et passe sans encombre du fond au quai, parmi ceux qui ne descendent pas mais ne font pas obstacle. Décidément, mes co-voyageurs étaient un bon lot.
Le contraste entre la chaleur surpeuplée et le froid extérieur me surprend alors même que je m'y étais préparée. Je m'en veux de cette trop grande fragilité, puis un peu moins quand je parviens au pied du bâtiment qui voisine le périph du côté de Clichy. La publicité qu'il porte indique sans doute une marque (4) mais surtout l'heure en alternance avec la température.
La première est tardive quand j'avais pourtant quitté tôt mon lieu de labeur salarié. La seconde confesse ses moins six degrés (5).
[photo : quai de la ligne 3, Satin Lazare, ce matin]
(1) Le gag étant que son billet du jour relate le calme immense de ces jours de grand froid ! On dira donc : sans doute pas à toute heure :-)
(2) Albert Cossery, "La maison de la mort certaine", en vue d'une lecture en fin d'après-midi du dernier dimanche de ce mois aux café "Les marcheurs de planète"
(3) J'en vois qui rient. OK par rapport à moi, Jane Birkin est une pulpeuse, n'empêche c'est pas parce qu'ils sont petits que des seins ne sont pas sensibles (et très joliment dessinés ?).
(4) Serais incapable de dire laquelle, et ne dois pas être la seule, mais surtout ne prévenez pas l'annonceur, on y perdrait l'heure qui nous est utile !
(5) Et là ce sont les Canadiens que je vois sourire, -6°c, mais c'est rien ! Ben euh oui euh mais nous ne sommes ici que des petits Franciliens que peu frigorifie.