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La belle bataille du bâtard (second du nom)

Hier soir au Comptoir des Mots


Pict0016Celine Minard lit son texte (1) avec grand détachement, ce qui démultiplie encore sa truculence.
J'avais ri en lisant (2), je ris en écoutant.

C'est la première lecture avec tableaux portatifs à laquelle j'assiste. C'est peut-être la première au monde (qui sait ?).

J'aime décidément le français bousculé et m'aperçois que j'avais par ailleurs un petit préjugé qui l'est alors aussi. J'imaginais sans l'ombre d'un souci qu'une femme était bien l'auteure de ces lignes. En revanche qu'elle ne soit pas physiquement du format des grands et forts me surprend. Comme si la violence libérée et fendarde ne pouvait être le fait que d'humains baraqués.

Tout faux.

C'est d'énergie qu'il s'agit. Et d'humour (noir). Pas de calibre.



(1) Bastard Battle

(2) Je préfère prévenir : si vous n'aimez ni Rabelais ni le Rocky Horror Picture Show, vous n'en ferez pas autant. Relisez Baudelaire et faites de beaux rêves.


[photo : avant la battle]

merci à ceux et celles qui ont permis cette soirée.

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C'est loin Courcouronnes (6 mois et 7 jours)

Ce matin, de ma boîte à lettres et livres à la cuisine

 

Pict0002

Réveillée par un rêve qui déjà travaillait, je me suis jetée sur l'ordinateur sans même prendre le temps d'isoler mon petit-déjeuner.

Une matinée de travail comme peu sont favorables. Reste le doute, toujours solide, d'être sur le bon ou un mauvais chemin. Mais des obstacles se sont calmés dans la direction où j'allais.

Je ne consens à faire une pause qu'à réception d'un message qui me rappelle ainsi qu'il est temps de répondre, à lui ainsi qu'aux autres.

Il ne porte hélas pas de fort bonnes nouvelles, même si aucune catastrophe n'est annoncée là. Je me sens si impuissante, malgré moi trop loin pour être de vrai secours et malheureuse de l'être. Sans doute que quelque chose m'indique au fond de moi, qu'il s'en faudrait de peu pour que ça ne soit pas le cas.

L'impuissance, celle-là sans espoir, se combine à une forme de colère (1), à la lecture des billets de Pierre Assouline (Toute une vie à l'encan) et de François Bon (Le gâchis Gracq). Seulement simple lectrice, je ne sais pas dire mieux qu'eux combien ça me fait mal, cette dispersion qui semble inéluctable et dont on suit mois après mois la progression avec l'envie de hurler Arrêtez ça, mais arrêtez. Logique folle du monde marchand et d'une absence de descendants.

Je ne suis ni mystique, ni adepte d'aucun rite, mais quelque chose de très profond m'appelle au respect de nos frères humains morts et qu'il porte pour nous autres la sauvegarde de la suite (2). D'un type qui étalerait sa vie pour gagner en notoriété, je ne me soucierai guère, mais comment peut-on à ce point violer, même à titre posthume, l'intimité d'un des plus grands discrets ? Et l'offrir aux plus riches qui pourront s'en vanter ?

Puisse parmi eux exister de vrais admirateurs de celui qui est mort. Puisse la BNF se montrer à la hauteur du leg des manuscrits.

 

(1) (pour Hélène) : comme quoi j'en éprouve parfois
(2) Pour l'instant c'est mal barré.

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Esquisse de tentative d'épuisement d'un lieu inexistant : la motivation

A la mi-matinée, sans quitter ma cuisine, ni même ma chaise sauf pour prendre un café

 

Pict0005

Depuis le temps que je m'y refusais, j'ai fini par céder.

      


Il aura fallu pour ça plusieurs échanges de mails avec un ami qui le découvrait mais dont la vie professionnelle y justifie la présence, un billet chez François Bon (et un second (re)découvert par ricochet), et que je sois à la fois en double deuil (2) et en congés.

Un immense besoin de me changer les idées.

Et du temps un peu mou puisque je m'étais prescrit pour reprendre des forces, et comme personne ne m'a invitée à aucun bref séjour romantique à Lisbonne, Venise, Florence, Londres ou Berlin (3), une petite journée Finzi-Contini urgente et nécessaire.

C'était donc le moment idéal pour craquer et cesser de répondre à qui me sollicitait, que Non, pas facebook, non, et que j'avais déjà un myspace, un fotolog, deux flickr, une collection de blogs thématisés, un twitter, et des participations dans un blog touristique en anglais, les petits cailloux et ricochets de Kozlika, et le petit journal du tiers-livre.

Sans parler d'une inscription sur copains d'avant (qui m'a permis, je dois l'avouer, de belles retrouvailles).

 


Pour vivre heureux vivons cachés démultipliés, mais n'empêche il y a des limites. Surtout pour quelqu'un dont certaines journées se déroulent hors de toute connexion et qui ne parvient plus à faire le tri en rentrant parmi les vrais messages, les pénibles publicités et les sollicitations bienvenues ou non.

S'ajoute à mes réticences que le monde des réseaux à l'anglo-saxone m'est profondément étranger. J'ai des amis, des vrais, dans la vie concrète et déplore le peu de temps à leur consacrer (4). Ce n'est donc pas pour leur en voler encore davantage, ni non plus à ma (petite) famille.

Ceux qui me manquent ou m'ont manqué, sont des bien-aimés, morts, disparus ou perdus de vue et les personnes ne sont en rien interchangeables. Des nouveaux venus sont venus et viendront, que j'espère être encore capable d'aimer aussi fort, mais jamais ils ne remplaceront ; il s'agit d'affection, pas d'organisation.

La rudesse des rapports humains sur les lieux de travail, m'a appris à disjoindre autant que possible liens affectifs et professionnels. La confusion entretenue dans le monde entrepreneurial entre "amis", clients, connaissances, hiérarchiques et grouillots égaux, tourne toujours à l'avantage des mêmes.

L'amour et l'amitié m'ont mise en danger. Je sais pourtant que j'y repiquerai, que c'est dans ma nature même, je ne sais pas (sur) vivre sans aimer.

En revanche, pour la part laborieuse, sauf cas de force majeure, on ne m'y reprendra pas. J'ai fait tant et tant et tant d'heures supplémentaires gratuites, non compensées après, et par ailleurs de secrets bénévolats, heureux et volontaires, mais pour me retrouver ensuite seule face à mes fins de mois, que la leçon finalement s'est inscrite en moi.

Ces réseaux sociaux virtuels propagent la confusion avec application. Je m'en méfie donc.

Seulement tout le monde s'y rend. Chacun pour l'une ou l'autre raison. Et si l'on ne veut pas se couper de qui l'on fréquentait, on finit bien par suivre.

C'est le syndrome du troquet vidé que renforce l'attraction de l'humain pour la nouveauté : vous avez vos habitudes dans un café charmant, pas nécessairement beau, ni fort achalandé. Mais vous tissez des liens à force avec vos commensaux et les uns et les autres vous devenez réguliers.

Puis ouvre à peine plus loin un bel établissement, spacieux, reluisant, la musique à fond, un prix plus élevé, mais admirez le confort. Et un ou deux commensent à y aller. Et qui en entraînent d'autres.

Vous les aimiez bien les copains. N'avez pas envie de ne plus les voir. Leurs rires, surtout, viennent à vous manquer. Et cette solidarité qu'entre vous il y avait. Alors un jour vous franchissez aussi le seuil du lieu à la mode, mal à l'aise à cause du bruit et d'un vague sentiment d'avoir lâché les siens, ceux qui tenaient le vieux troquet, mais soulagés des retrouvailles. Et déjà d'elles joyeux.

N'empêche je vous préviens, si la musique me casse les oreilles et que le Picon Bière est au prix du bourbon, je ne viendrai pas si souvent.

   


(1) Oui, bon, je sais le titre, mais c'était plus fort que moi.

(2) On peut être chagrinés même quand les personnes concernées n'étaient pas de nos proches.

(3) Remarquez, Sienne, je dirais pas non.

(4) Depuis quelle sombre éternité n'ai-je plus invité personne le samedi à dîner, moi qui aimais tant cuisiner pour la fête.

 


[photo : cette idée, sans arrêt, du monde entier à portée sans même bouger]


In excelsis deo (1)


Le point de départ n'est pas drôle, tant il est souvent rude de constater la (menace de) réalisation de nos logiques prédictions, mais le billet d'Hervé Le Tellier dans son "papier de verre", pour la check-list du Monde, ce matin, si :


Hervé Le Tellier
Deux skinheads voulaient assassiner Obama, persuadés de la suprématie de la race blanche. Leur simple existence prouve l'ineptie de leur théorie.

 


Et tellement juste. Merci à lui.


(1) titre sauvagement plus ou moins schouravé à Alain Korkos dans sa rubrique d'Arrêt sur Images, datant déjà d'il y a quelques temps (lien pour les abonnés = Obama au plus haut des cieux  ; que les autres veuillent bien m'excuser)

PS : Si quelqu'un sait où l'on pourrait éventuellement lier ces "papiers de verre" comme c'est possible désormais pour les Indégivrables de Xavier Gorce, dont l'opus du jour n'est d'ailleurs pas sans lien, je serais ravie (pour l'instant, pas trouvé).

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Tonton Tony

Hier (le 26) à Albuquerque, si l'on en croit Hubert Artus sur Rue89 et la très réactive wikipédia (1)

   


Je l'apprends par le Tiers-Livre , les veilleurs sont (toujours ? souvent ?) les mêmes, voilà que ce que je n'ignorais pas devoir survenir sans grand délai (je l'avais su salement malade (2)) est advenu, voilà que c'était hier, voilà qu'on a l'air malin, nous à survivre en sachant que Jim Chee, ni Joe Leaphorn n'en feront d'autres, voilà qu'on est orphelins d'un grand oncle qu'on aimait bien.

Moi qui des polars aime le voyage et le militantisme, je le plaçais tout là-haut auprès de Maj Sjöwall et Per Wahlö (ce n'est pas la même région, je sais), parmi mes préférés de l'âme.

Je dois sa découverte à mon ami Pierre et elle fut un gag : il m'avait signalé que chez Rivages existaient d'extraordinaires polars qui se déroulaient en pays Navajo, que oui vraiment tu vas aimer.

Je savais pouvoir lui faire confiance. Peu fortunée de façon chronique et parce qu'alors (3) sa notoriété n'avait pas (déjà) atteint les bibliothèques, j'avais dû attendre un mois favorable et une première occasion pour m'y précipiter.   

Elle s'appela "La mouche sur le mur", les V.O. en ce temps-là étaient rares et chères. Je pris le livre les yeux fermés au point de ne pas vérifier un seul instant autre chose que le nom de son auteur que j'avais soigneusement mémorisé.

Au bout d'une quarantaine de pages, j'attrapais un doute solide : de navajo, point. Un privé comme tant d'autres. Et qui se lisait bien.

Mais où donc étaient les indiens ?

Enquête menée auprès de Pierre ("C'est pas mal ton type, là, sauf qu'il parle pas d'indiens, ni de réserve, ni de philosophie, c'est vraiment lui ?") et de mon amie Sylviane (4), il s'avéra que j'avais déniché d'emblée le seul de la série qui les négligeait.

Après un grand éclat de rire, je me suis rattrapée. J'ai par après guetté les suivants, au point de me passionner pour les amours de Jim, ce qui je le vois étonne grandement certain(e)s.

J'ai basculé en V.O. dés que ce fut possible. Puis en ai fait comme des Agatha Christie une sorte de magma fondateur, confondant les titres, la chronologie et les situations, mais les connaissants par coeur en même temps. Je me suis même passionnée pour les peintures de sable, les cérémonies de soins, et la mythologie (ou doit-on dire cosmogonie ?) locale. Ceux qui s'étonnaient, trois lignes plus haut sont bouche-bée, je le sais.

C'est que j'y étais si bien, moi, là-bas où je ne mettrais sans doute jamais physiquement les pieds. Et je sais bien un peu pourquoi : les tiraillements permanents que ressent Jim entre son éducation, ce qu'on lui a enseigné et par ailleurs sa pratique professionnelle et son monde contemporain ressemblaient tant à ce décalage que je subissais d'entre la mienne, ma périphérie d'origine, et celui où par la force des choses économiques je me trouvais à évoluer.

Jim me consolait du monde.

Joe me faisait rêver à un père bon possible. J'aimais croire à la façon dont il aimait sa femme.

Ce qui ne gâtait rien : les intrigues étaient parfaitement huilées, pas d'embrouille, tout lecteur attentif pouvait s'y retrouver. C'est un confort que j'aime, même si atteinte par une trop grande expérience, au fil des ans je suis devenue de ceux que la résolution du mystère dans l'ensemble indiffère.

Etrangement, Tony Hillerman est pour moi aussi une noce. Un mariage de bons amis, une tablée internationale. Je fatigue de mon anglais une jeune femme, épouse ou fiancée d'un ami du marié qui est américaine.

Gentille, elle me fait à un moment donné un compliment sur mon expression dans sa langue. Je m'étonne un peu, mon parler, pas assez soutenu par des voyages manquants, est passablement rouillé. Mais lui avoue qu'en revanche, je vais toujours voir les films au ciné en V.O. (5), et surtout je lis beaucoup en américain, ah oui, fait-elle, soudain encore plus intéressée, mais qui ? En ce moment je dévore tous les Hillerman que je peux trouver.

Et j'ai eu droit au plus beau sourire qu'on m'ait jamais fait avant Virginia Woolf (6) et Siri Hudsvedt,

- But he was my teacher.

Et nous sommes parties à discuter de l'homme et de son travail tout le temps qui restait. Ce fut un des plus beaux mariages auxquels il m'ait été donné d'assister.

J'ai juste un peu oublié, parmi tous ceux de nos amis qui se sont épousés un peu autour des mêmes années, qui étaient les mariés. Seule m'est restée dans le souvenir cette conversation-là.

Le sentiment, ce soir, d'avoir perdu un viel oncle préféré que je fréquentais régulièrement depuis 18 années. De ceux d'avant, il est un des rares que j'aime toujours autant.

Merci Zio Tony and have a nice last sacred dance.

 

(1)  faut-il s'en réjouir ou bien s'en méfier, de cette rapidité ?)

(2) au contraire de Frédéric Fajardie que j'ai eu le sentiment de voir en pleine forme la veille encore et dont l'annonce du décès m'avait frappée de stupéfaction. Je suis définitivement de ceux qui aux chagrins préfèrent être préparés.

(3) à la mémoire 1990 ou 91, au plus 1992 ou 93.

(4) libraire

(5) Je n'étais pas encore dans ma phase "films-improbables-où-il-ne-se-passe-rien-dans-des-pays-déserts", j'allais voir des films américains, parfois même presque blockbusters.

(6) ni voir ni présomption ni causeries hugoliennes, c'est juste codé par nécessité.

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Je n'ai pas cent ans mais je suis assez vieille

... pour avoir été assez grande pour pouvoir en parler quand Jacques Brel mourait.

(billet initialement entamé pour le 09 octobre, je n'ai en somme que 15 jours de retard)

Partenza_torino_agosto_settembre_19

Je me souviens bien que j'aimais le Grand Jacques, ne possédais pas de disques de lui à cette époque-là, il faut voir quand je relis mes carnets de bord à quel point l'argent était compté et par exemple le drame que ça avait été de me faire voler mes stylos (plumes) dans mon sac lors d'un intercours où en salle je l'avais laissé.

Donc pas de disques.

Mais je pensais bien quand même trouver dans ces carnets trace d'un discret hommage et la mention de son décès. J'avais dû au moins être attristée.

Je prends le temps ce soir d'aller y voir. L'entrée du 9 octobre 1978 est au contraire affligeante de surinvestissement scolaire et de banalité, j'avais osé écrire :

"Journée de cours sans interrogations [écrites pas métaphysiques : note de la dame plus âgée que je suis devenue] ni autre fait notable à part trois choses :

- mon rhume (en amélioration cependant) [j'étais tout le temps sans arrêt en permanence anginée ou enrhumée]

- annonce de la réunion pour les parents de la 2ème C7 [ma classe d'alors]

- annonce d'une version latine en classe jeudi"

suivent des considérations sur les cours et l'état d'avancement de mon travail scolaire et que j'ai reçu le magazine "Onze" auquel j'étais, luxe suprême (1), abonnée.

De la mort de Jacques Brel, je ne peux dire qu'une chose, ce jour-là à Bobigny centre ville, pas si loin d'où je vivais, le temps était "doux et lourd".

La lecture des pages voisines, dans l'espoir que la nouvelle m'ayant atteinte à retardement j'en ai causé plus loin, ne dit hélas rien de lui, mais montre pourtant que j'étais un peu attentive à ceux des bruits du monde qui nous parvenaient. Et que je n'hésitais pas à faire (déjà) de l'humour sur les sujets qu'il fallait pas. Ce qui donne un curieux

"Pape mort ==> pas de télé"

ou bien quelques jours plus tard un post scriptum cryptique

" - un pape polonais
- la mort de la femme du chef de bureau de papa
"

J'émets des avis bien plus fermes que ceux qui peuvent être les miens à présent sur des films vus (à la télé, par exemple "La Party" le jeudi 19 octobre 1978 sur FR3) ou des livres lus.

Parfois je me laisse un peu aller, d'une façon que l'auteur de Ce que je fais de mes jours (deuxième saison) mais de la première aussi, n'aurait peut-être pas reniée :

"Souvent avant de m'endormir, il m'arrive de penser à diverses choses (assez sérieuses) que je compte consigner ici et que j'oublie. Pendant, donc que j'y pense je signale que la veille je me suis dit qu'il faudrait que je l'écrive, le signale (nb. : c'est surtout quand j'ai lu Rousseau avant de m'endormir (2)). Après ces explications confuses, la journée [...]" (3)

Donc rien sur Jacques pour ma plus grande honte, en plus que dans une page précédente Claude François qui ne m'intéressait pas spécialement a droit à une pensée (entre parenthèse quand même) "quand on le voit [à la télé] on a du mal à réaliser qu'il est mort".

Finalement, l'autre Jacques (4) ne mesure pas sa chance, j'avais pour lui noté mon émotion.

 

Poursuivant par déception mon investigation, je tombe alors sur quelques belles consolations :

- une lucidité épatante au sujet de la télé

"Je me rends compte du temps régulier passé devant la TV. Ce qui me console est que certains jours j'arrive très bien à m'en passer en particulier quand Elise (5) n'est pas là pour l'allumer."

- le récit détaillé sur 7 pages écrites serrées des anecdotes dont un de mes oncles italiens de passage à Paris nous avait régalés.

L'une d'elle est un cadeau immense pour l'un de mes chantiers. Les autres me consolent : la fatalité  du name-dropping involontaire, c'est une tare familiale, à présent je le sais. Avec un côté comique qui éclot à retardement : les grands pontes qu'il mentionnait dont j'ignore si la présence impressionnait ou non mon père, et dont les noms alors retranscrits phonétiquement en élève ignorante mais appliquée ne m'évoquaient rien, à présent je sais qui ils sont, et je me dis, sacré Tonton.

Je suis très reconnaissante à l'adolescente de 15 ans que je fus de prendre soin des travaux et des état d'âme de la mère de famille d'enfants de ces âges qu'à présent je suis devenue. Je le faisais à l'époque sans penser à l'avenir, persuadée que j'étais par ma santé fragile qu'une maladie ou une autre très tôt m'enporterait. Ce n'est que plus tard, en 1983, alors qu'un premier chagrin d'amour (ou plutôt : un chagrin de premier amour) menaçait de me noyer, que j'ai écrit avec une vue d'avenir, une sorte d'autofiction (le terme n'existait pas) légèrement érotique, dans le but avoué (et qui fut atteint) de "me faire sourire 20 ans après".

 

D'où l'utilité, si toutefois le support se maintient, car les vieux cahiers au moins si on les a gardés on peut les consulter, de bloguer jours après jours, sinon pour aujourd'hui du moins pour demain, car le recul du temps est un don formidable.

 

En guise de demande de pardon, et parce que oui, on peut être vieux sans être adulte c'est la meilleure façon de l'être au fond vraiment :

 

 

(1) Je suppose que j'avais dû faire consentir mes parents à cette dépense ridicule parce que m'étant procurée j'ignore comment le numéro 1, j'avais ensuite écrit mon enthousiasme et mon mécontement (sur le mode : hé oh les gars, y a aussi des filles qui aiment le foot, non mais) et que ma lettre avait été publiée dans un des numéros suivants.

Du coup j'ai beaucoup ri (intérieurement) quand un ami m'a appris qu'un message que j'avais envoyé sans penser à mal figurait dans un des premiers numéro de la revue XXI. C'était ma rubrique "Peut-on changer ?". Mais je ne me suis pas abonnée parce que ça ne serait vraiment pas raisonnable dans notre budget. C'était ma rubrique "Même avant "La Crise de Croissance Ultra-Négative", l'ascenseur social était un chouille bloqué".

(2) aux parents de maintenant : vous voyez que les jeux vidéos ne sont pas si nocifs envers le sommeil de votre descendance, Rousseau faisait bien pire effet. Soyez rassurés.

(3) note pour Samantdi : j'étais déjà très très très très passionnée de physique à l'époque en plus que j'avais un prof génial qui s'appelait monsieur Zouzoulas. Et je vois que ça ne t'étonne pas.

(4) Prévert

(5) soeur (petite).

 

[photo personnelle prise à Torino probablement début septembre 1978 ; aucun rapport avec Jacques Brel, c'est juste pour l'ambiance du temps]

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C'est la lut-teuh fi-na-leuh


C'est une nouvelle fois chez Xavier Gorce, une nouvelle fois ses Indégivrables, et c'est tout bête mais ça me fait du bien.
Alors peut-être qu'aussi à certains d'entre les passants d'ici :

Finance Internationale

Pendant ce temps amaz*n est devenu le premier vendeur de livres aux Etats-Unis.

Il faut dire qu'au moins par ici dans certains cas ils font très fort

(PS pour Embruns si jamais il passe : voir le conseil "produits fréquemment achetés ensemble")
 

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Parfois je reprends encore un peu, un tout petit peu, confiance en l'humanité

pourquoi faut-il donc que ce soit toujours si triste et dans des circonstances si désespérées :

"Toi qui as voulu me sauver et ne me connaissais pas"

article de H. S.
(je suppose Haydée Sabéran)

sur le site de LibéLille


   

Sans avoir jamais couru de risque au départ physique, je sais un peu de ce qui est en jeu en soi lorsqu'on saute pour aider. Même en étant parfaitement conscients des peines qu'on encourt.
Je sais aussi (quand on en réchappe, même esquinté, même avec de sales séquelles) qu'au fond on ne regrette pas : c'est juste qu'on ne se serait pas supporté de continuer si on était resté sans tout tenter.
Je ne peux pas dire ni personne, pour quand on n'en réchappe pas. Ça n'a que peu à voir avec la morale ou bien la politique (fors en ce cas précis pour le déclenchement de la situation de détresse initiale), mais tout à voir avec notre humanité profonde et savoir nager (au sens littéral comme au sens figuré).

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