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About Paul - 1 -

Samedi soir, dans le métro qui ne marchait pas (ligne 13) ou peu, puis qui marchait mal (ligne 9), il y a des soirs comme ça, en plus qu'on était pressés puisqu'on allait à un concert rock



Moi (mère de famille, 40 et plus, attristée d'un décès que m'apprend à cet instant mon téléfonino (1)) : - Tu sais qui c'est, Paul Newman ?

Stéphanot (fils, 13 ans) : - Euh ... un acteur ? Mais pourquoi ?

Moi : - Je me demandais juste s'il était connu de ta génération. En fait il vient de mourir.

Stéphanot : - Ah (2). Et il jouait dans quoi ?

Je tente en vain quelques titres mais qu'il ne connaît pas.

Stéphanot, sa curiosité éveillée : - Et il ressemblait à quoi ?

Moi : - A mon oncle Nicolas, en Italie.

Stéphanot qui ne l'a vu qu'une seule fois quand il était petit : - Je vois pas bien qui c'est ton Tonton Nicolas.

Je fais un brin de généalogie, le père de ... et de ... (il ne voit toujours pas), le grand-père de ... et de ... et de ...
Ça évoque un peu, au moins. Une de mes cousines, sa fille et sa propre fille étaient venues jusqu'à Paris l'an passé et il se souvient d'elles. Mais ça ne suffit pas.

Stéphanot : - Quand même je sais pas. Et il est comment, il ressemble à quoi ?

Moi (sourire bête) : - A Paul Newman.

Stéphanot : - Plog (3).

La mort n'est pas drôle, surtout d'un type dont on peut croire qu'il fut "a decent guy". En attendant, nous avons ri. Parce que la mort, c'est la vie aussi.


[pas de photo : je me vois mal envoyer un mail à mon oncle pour lui demander la permission d'en publier ici une de lui (en plus pour un tel prétexte - Tu comprends, Zio, c'est pour montrer combien Paul N. te ressemblait ... ) et il n'est pas dans mes habitudes de publier sans demander]

(1) plutôt perfectionné (un jour, peut-être, je raconterai pourquoi)
(2) sur le ton de : Ma pauv' daronne si on doit se chagriner pour chaque vieux qui clapote, on n'a pas terminé. C'est dard.
(3) Pour ceux venus trop tard, ou qui n'auraient pas suivi, petite session de rattrapage.

Lire la suite "About Paul - 1 -" »


Il ne sera pas imaginable ce week-end de glander

Vous habitez Paris ou proche, espériez passer au calme ce premier week-end d'automne, histoire de récupérer de la rentrée. Je vous dis que le moment serait fort mal choisi et vous en confie au moins trois raisons. Publiées dans l'ordre chronologique, n'y voir aucune hiérarchisation, elle ne se situent pas du tout sur le même plan, mais simplement presque au même moment :


1/ Soutien des communes aux familles d'élèves "sans papiers".

Longtemps que je ne parviens plus à militer au côté de RESF comme je le devrais. Parce que perdus soi-même on a du mal à trouver temps et énergie pour aider les autres. Parce que j'ai beau n'être personne, j'ai un agenda très (trop) chargé et que j'ai beau travailler de plus en plus, je gagne de moins en moins. Bref, je me débrouille mal. Et puis parfois on se sent de trop et on ne sait plus quoi faire.
Ça n'empêche pas que pataugeant dans mon impuissance, je reste attentive au travail de ce réseau et que j'aide comme je peux.

Donc samedi qui vient, si l'est de Paris vous convient, vous êtes les bienvenus à l'un ou l'autre des parrainages républicains qui auront lieu. C'est l'occasion de montrer par le nombre que nous ne sommes pas indifférents au sort de ceux que la politique actuelle tend à renvoyer vers des "chez eux" qui n'en sont pas.

Des précisions sur les heures et lieux de rendez-vous par là :

parrainages républicains le samedi 27 septembre 2008



2/ BD et rock'n'roll

C'est au Gibus, c'est un festival et je sais de source sûre que les groupes sont très bien

festival Bulles Zik samedi 27 septembre au Gibus Club


3/ Lectures et littérature

On avait commencé l'an passé à l'initiative de Marc Le Monnier et grâce au café Les Marcheurs de Planète. Devant le bonheur que c'était, on continue.

Cette année c'est Julio Cortazar qui ouvre le bal. On va boire des coups, causer beaucoup de lui et lire certains de ses textes. Je m'y suis mise pour "Axolotl", ce qui devrait faire plaisir à quelqu'un, mais ça ne sera qu'1/6 des lectures, donc le déplacement en vaudra la peine.

Vient écouter qui veut, la seule contrainte puisqu'on est au café, étant de payer ce qu'on boit.

dimanche 28 septembre 2008, de 17 à 19 heures
au café Les Marcheurs de Planète
(métro Voltaire ou bien Bastille)

73 Rue de la Roquette
75011 Paris
tel 01-43-48-90-98


Cela dit si vous n'avez le temps que pour une seule chose, privilégiez le 1. Certains sont dans l'urgence. Nous pas.

Et que cela ne vous empêche pas de vous inscrire pour lire Proust.
Ça commence samedi.




Seven songs

C'est Johann du Magnolia-livre qui m'a mise dedans, et comme dans la grande tradition de L'Hôtel des Blogueurs je ne saurais rien lui refuser, je profite d'un intertice pour finir par m'y coller :

Le thème était le suivant (je reprends de chez lui V.O. et V.F.) :
List seven songs you are into right now. No matter what the genre, whether they have words, or even if they’re not any good, but they must be songs you’re really enjoying now, shaping your spring. Post these instructions in your blog along with your 7 songs. Then tag 7 other people to see what they’re listening to. / Listez sept chansons que vous aimez en ce moment. Peu importe son genre, ou si elles ont des paroles, ou même si elles sont bonnes ou non, mais elles doivent absolument être des chansons que vous aimez vraiment en ce moment. Postez ces instructions sur votre blog avec vos 7 chansons. Puis taguez 7 autres personnes pour voir ce qu’ils écoutent.

Alors j’ai décidé plutôt de partir non pas tant sur chansons que j’aime en ce moment mais plutôt sur « airs qui me trottent dans la tête et si possible ceux avec paroles ». Ça vaut pour ces 8 ou 10 derniers jours. Je m’aperçois en constituant ma liste que j’ai du mal à isoler une seule chanson à chaque fois. Qu’elles vont souvent par lots plutôt indissociables. C’est aussi que j'écoute souvent la musique par albums entiers plus que par airs séparés.

 

# 1 : de Jacques Brel, « Le prochain amour »

Bruxelles est en effet repassé par là et de Marieke qui ne m'a jamais lâché, je suis passée au Tram 33, puis à Seul et Sans exigences (moins connus, mais dont les paroles hélas me siéent)


# 2 : de Jean-Jacques Goldman, "sans toi"

C'est affligeant mais c'est comme ça. J'assume (pas le choix)

 


# 3 : de Vivaldi un des Gloria (Domine deus, opus je n'ai pas le temps de chercher la référence, là, mais si vous voulez, je peux vous le chanter)

   

Normal c'est la pièce que j'étudie en cours de chant

 

# 4 : de j'ignore qui (je chercherai) mais à la fois dans l'interprétation de Billie Holiday et celle de Stacey Kent "Comes loves (nothing can be done)". Elles sont différentes. Les deux m'émeuvent. Billie Holiday dont je n'ai que tout récemment récupéré l'usage (elle me faisait ces dernières années, bien trop d'effet).

   


# 5 : de tous plein de musiciens, la B.O. du film "Un conte de noël". Autant l'oeuvre me pose de solides problèmes au point d'être incapable de savoir ce que j'en pense, autant son accompagnement musical me réjouit sans réserve (je parviens bien à dissocier les airs des scènes qu'ils ont pu illustrer (ouf)) avec un éclectisme qui me va comme un gant et une grande cohérence dans la diversité. Je l'écoute généralement de A à Z sans privilégier un morceau par rapport à un autre.

   


# 6 : de Bach, la messe en si dans son ensemble

C'est l'oeuvre qu'on travaille à la chorale


#7 : de Bally Sagoo "Roop tera mastana"

parce que c'est la musique de notre chorégraphie du cours de danse pour ce mois. Et que la danse étant au départ l'activité pour laquelle j'étais la moins faite au monde (1), mais que c'est comme nager ou faire l'amour, j'adore ça, j'ai intérêt à connaître les airs par coeur et de l'intérieur si je veux au sein du groupe ne pas trop déparer (ni désespérer notre prof. qui ne mérite pas ça)

    


# bonus track : Led Zep, Stairway to heaven

   


Enfin j'essaie à tout crin de m'ôter de la cervelle un certain air de Rigoletto, vous savez, vers la fin.
Et puis en bonus tracks quasi permanent pour perfusion en cas de blues, des airs en veux-tu en voilà d'Eros Ramazzotti et du groupe Abba (quand même parmi les seuls à écrire une chanson d'amour vaincu qui donne la pêche (Waterloo n'était que ça)). On a les perfusions qu'on peut. J'aimerais beaucoup avoir moins souvent en tête de ces derniers "The winner takes it all".

Oui, j'aimerais ça.

   


(1) obligée parfois de réfléchir pour me souvenir où sont mes pieds, si loin là-bas tout en bas et qui n'obéissent si pas, sans parler des vertèbres, coulées dans un béton douloureux.

 

(liens complétés ultérieurement trop pas le temps). Le bleu est involontaire, je verrai ça plus tard. Pardon

 


C'est bizarre

Tout à l'heure en rentrant,

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- C'est bizarre de se dire qu'on ne reverra pas Le Capitaine avant bien longtemps.

- C'est bizarre de se dire que pendant que ce soir je dégustais ma première gorgée de bière, le fils d'une amie rendait peut-être son dernier soupir ; que je n'y pouvais strictement rien, que c'était ainsi.

 

- C'est bizarre de parler à un ami qui face à la confusion d'une visiteuse explique en riant que non, son frère et lui ne sont pas jumeaux, qu'ils ont même plusieurs années d'écart et de lire juste après dans le métro :

"Non ce n'est pas Paul mais il s'en est fallu d'un cheveu. Les deux frères se ressemblent tellement. Même stature [...], même moustache en brosse, même voix qui s'entend à des kilomètres. Rien de plus, rien de moins. Quelqu'un qui ne les aurait pas connus s'exclamerait : ils sont jumeaux ?

- Pas du tout, ils ont quatre ans de différence.

- Incroyable ! Et ... qui est l'aîné ?"

Colette Cambier, "Un jeudi à Ostende", page 100.

Joli Zahir, non ?

 

- C'est bizarre en sortant du même métro de voir un type menotté, entouré de policiers, coffre d'une voiture qu'on peut supposer sienne (ou par lui volée) ouvert, et qui proteste (mais sans insulter), quelques badauds attroupés, et de ne rien se dire d'autre que :

- en voilà un qui ce soir ne dormira pas chez lui ;

- finalement on n'est pas encore dans une dictature (sinon les gens en pareil cas s'empresseraient de filer) ;

- c'est la deuxième en deux jours, soit je suis toujours là quand ça se passe, soit ça n'arrête pas.

- C'est bizarre en France de se dire qu'on va mourir de froid alors qu'on n'est qu'en septembre (et qu'on a un toit).

 

- C'est bizarre de voir le supermarché où au temps des enfants petits et musiciens on a passé tant de minutes comptées entre deux allers-retours au conservatoire être en train de se faire entièrement chambouler. Se dire encore quelque chose de ton temps qui disparaît. Que bientôt il n'y aura plus aucune preuve que nous avons ensemble existé. Et pour moi plus aucun repère de souvenir (tiens, l'allée où mon téléphone avait sonné quand tu m'avais appelée pour m'annoncer que ça y était, tu avais ...).

 

- C'est bizarre, au même jour où l'on s'est enfin débarrassé des textos spammants de notre opérateur par une options qu'il convenait de chercher dans un coin pour la désactiver, et où pour une triste raison on tressaute au moindre appel (de tout type) d'être victime de faux SMS d'une (forcément) belle Sandra qui tenterait de m'aguicher. A croire que mon opérateur cherche bassement à se venger de mon barrage efficace.

Pas de bol "Sandra" je suis une femme et pas du genre à me laisser séduire par n'importe quoi. Non mais.

   

- C'est bizarre de se dire, exactement comme l'an passé, finalement c'est pas plus mal de n'avoir pas eu le temps de ranger les chaussures d'hiver (variante : les vêtements).

   

- C'est bizarre de retrouver 3 ans après, parce que ranger quand même un peu on essaie, mais sans l'avoir cherché, le doux tissu qui aurait dû servir de bandeau aux géants, et qu'on avait réservé pour t'offrir ainsi qu'à Florence un chemisier unique comme un souvenir discret.


- C'est bizarre d'avoir rêvé qu'on s'installait à Marseille, précisément aux jours où la Belgique reprend en moi sa place favorite.

 

- C'est bizarre d'être tellement traumatisée par le rejet de qui m'avait écrit "Gilda, tu n'encombres jamais", que je ne peux plus vous écrire sans arrière-pensées. Ce qui en ces jours où les mauvaises nouvelles se vendangent à la pelle, équivaut à me bloquer.

 

- C'est bizarre d'avoir égaré une partition de la messe en Si. Pourtant elles sont épaisses et chez moi la musique bien rangée (contrairement au reste).

 

- C'est bizarre de t'aimer toujours, comme une soeur jumelle dont on ne pourrait jamais réellement être séparée, tout en ayant conscience que n'importe qui estimerait sans doute à raison que c'est un bon bourre-pif que tu mériterais.

- C'est bizarre de ne pas retrouver dans sa bibliothèque de sons le CD de Billie Holiday qu'on était persuadé d'y avoir sauvegarder, mais Goldman à la place.

 

- C'est bizarre fors la mort qui est grave, de n'être plus capable de rien hiérarchiser. Est-ce qu'au moins quelque chose compte ?

 

- C'est bizarre d'être secouée de sanglots en écrivant au point de devoir à arrêter pour reprendre les yeux secs et aussi à respirer, en éprouvant pour autant une forme d'infinie reconnaissance pour vous qui m'avez poussée dans cette voie escarpée. Je sais le quitte ou double et que si je m'en sors, alors je serai enfin sauvée. Pas persuadée, seule, d'y arriver.

- C'est bizarre d'être capable d'écrire en dormant. Même mal.

 

[photo : le supermarché en travaux]

 


Incapable d'écrire


Je ne l'aurais croisé vraiment qu'une seule fois, deux peut-être. Un homme jeune, sympathique, plein de projets et d'idées de choses à créer et qui parlait avec passion et méthode de ses métiers (1). Puis père de famille et les films en perspective.
Seulement la maladie, qui épargne les vieillards haineux et autres tyrans sanguinaires, lui est tombée dessus. Plusieurs années qu'il se lutte sans jamais baisser les bras.
J'avais de ses nouvelles par sa mère, qui est une amie.
Les hauts et les bas, comme toujours dans ces cas-là.

J'apprends que soudain son état s'est aggravé.

A dix ans d'ici j'aurais pu vous parler de ses films, de son travail, de tout ce à quoi il aurait participé. Mais il était trop tôt, il aura été séché juste quand il s'élançait après une formation fructueuse.
De lui je ne peux rien dire (2), à part un titre ou deux.
Cette injustice que c'est. A hurler.

Il est cependant impossible en cette après-midi de penser à d'autres qu'eux, lui-même, sa jeune femme, leur enfant et mon amie. Je suis donc incapable d'écrire, comme je suis incapable d'aider, sinon en étant prête à écouter quand viendra l'heure qui s'y prêtera.

En attendant, se taire.
Pleurer.
N'avoir pas même un dieu à engueuler (3) ou bêtement à prier afin que la souffrance daigne ne pas se déchaîner de façon excessive.
Espérer pour eux tous la sérénité comme une issue possible.


(1) dont (assistant) réalisateur et compositeur de musiques de films.
(2) du moins rien qui ne soit trop personnel et privé pour en faire mention.
(3) Espèce d'imbécile, t'as vu ce que tu fais ! Pourquoi briser tes propres promesses ?

Lire la suite "Incapable d'écrire" »


Les dix minutes disparues

Dimanche dernier matin, on the way to my beloved swimming pool

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Elle ferme à 13 heures, autrement dit un peu avant et chaque fois c'est la course pour arriver à temps dans l'idée de nager au moins 45 minutes. Non pas que je me lève tard, mais que le petit déjeuner du dimanche est de ceux qu'on ne hâte pas (1) et puis j'essaie toujours à ces jours non empêchés de répondre avec régularité aux messages reçus (2). J'enfile ensuite mes habits du dimanche qui contrairement à la tradition sont au contraire les premières loques venues, dans un sac maillot, bonnet (obligatoire - groumph -) lunettes et serviettes de bain, produits de savonnage, accessoires d'entraînement et c'est parti.

Ce jour-là j'étais seule (3) dans les temps :

étant donné un départ de l'immeuble à 11 h 41 et un trajet piéton d'une durée de 10 minutes, estimez l'heure d'arrivée.

Je n'ai pas traîné, pas pris de photo, pas répondu en route à un appel téléphonique qui aurait ralenti mon pas, ni non plus fait de détour, ni essuyé d'intempérie. Non rien.

Mon heure de départ était concordante sur ordinateur, micro-onde (4), montre et téléfonino. 42 au plus tard, si l'on compte de "sortie d'ascenseur".

Mais quand je me suis pointée au guichet pour faire valider mon ticket, il était 12 h 01.

J'ai donc perdu 10 minutes. Au sens littéral. Dans quel espace-temps se sont-elles glissées ?

Etais-je à ce point larguée dans mes pensées, un nouveau chantier d'écriture qui m'épuise et m'effraie (5), que j'ai marché au train involontaire d'une personne très âgée ?

Je ne le crois pas, même si, oui, larguée.

Et l'horloge de la piscine était en phase avec celles de mes différents équipements, tellement perplexe j'ai vérifié jusqu'à l'horodatage de l'appareil photo.

Si l'un de vous m'a croisée quelque part dimanche 14 septembre entre 11 h 41 et 12 h 01, je serais ravie de l'apprendre, j'ai peur d'avoir pendant dix minutes de ces vingt-là (6), entièrement cessé d'exister. Pour me rematérialiser au bord d'un guichet de piscine.
Il y a pire atterrissage.



(1) cf. le blog simply breakfast découvert grâce à Satsuki

(2) Ne riez pas je vous assure que je tente en permanence de résorber un retard devenu chronique quand autrefois je savais parfaitement assurer et pour un nombre à peine moindre de mots reçus (je veux dire, l'augmentation à elle seule ne justifie pas d'être irrégulière et submergée).

(3) Quand il est courageux, Stéphanot m'accompagne et j'ai alors droit à un vrai entraînement.

(4) pousse manette, j'avais oublié de te dire que chez nous le micro-onde servait surtout à ça !

(5) mais que je crois incontournable, urgent et salutaire. Enfin par moments.

A d'autres je me dis que je vais au casse-pipe ; ou droit dans plusieurs murs solidement alignés. Que si je dois y aller seule, c'est de la folie.

(6) Furent-elles au moins consécutives ?

 

[photo : en arrivant vers la piscine, août 2008]

 


Charité désordonnée (mais d'une belle efficacité)

Un lundi midi, non loin de Quatre-septembre. Ou était-ce un mardi ?

 

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Il est assis au bord d'une banque, à l'arrondi du pointu que le bâtiment forme. Je me hâte vers l'usine, craignant d'être en retard. Le vois bien, face à moi, un peu loin cependant, mais suffisamment proche pour que je perçoive qu'il est de ceux que la rue n'a pas encore réduit à néant. Il est assis tranquillement, et comme méditatif, derrière sa petite soucoupe. Il m'alpague pas les passants.

En face mais dans son dos (si la façade n'existait pas qui les cache l'un à l'autre) un homme, jeune, pressé, costard, cravate, déjeuner hâtif qu'il avale en marchand, quelque chose comme une salade. J'ai le temps de penser qu'à sa place depuis pas mal de mètres, ma cravate serait tâchée. Il n'est pas gras, ça se comprendra.

Il fait grand soleil. Et pas froid.

Qu'est-ce qui a fait tourner la tête au marcheur, vers l'homme assis ? Une rue transversale qu'on franchit là ?
Je l'ignore.

Mais il le voit, et très vite, sans l'ombre d'une hésitation fait les trois pas qui les séparent et lui remet la salade et le couvert, avec une mimique de désolé, déjà entamé, et aussitôt il file.

L'autre est héberlué, il n'a je crois même pas eu le temps de remercier, c'est allé vite comme un don du ciel.

Je n'oublierai jamais son sourire, juste avant de manger.

 

[photo : le même endroit, un autre jour]


En vrac en cette rentrée

Paris, banlieue, tout mélangé

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- Il passe d'un air dégagé, short, tee-shirt, tongs aux pieds. Aucun sac. A la main (droite) une raquette.

(à Paris sur un grand boulevard qui n'était pas des grands boulevards)

   

- "Une radio débitait des informations, une litanie indéchiffrable, il reconnut quelques syllabes, Mitterrand, oui, il avait bien entendu; Mitterrand président, une foule en liesse à Bastille, il s'accorda une petite chance d'être vivant, la tronche massacrée, François Mitterrand, il s'accrochait au bruit, aux éclats de voix, [...], surtout ne pas lâcher, puis il entendit que Bob Marley était mort, et tout disparut."

Chantal Pelletier "Montmartre, Mont des Martyrs"

Ce passage lu le 11 septembre, me remet en mémoire l'étrange phénomène des dates superposées. Pas tant qu'il soit étrange, en fait, que nous qui parfois avons du mal à composer. J'ai ainsi plusieurs 11 septembre (celui de 2001, comment l'éviter, mais la mort d'Allende 28 ans plus tôt, et il y a 30 ans celui d'une de mes tantes d'Italie) et quelques 6 mai (un mariage, un incendie). En revanche un seul 17 février mais qui s'en fallut de peu de n'être que dernier.

   

- une douce illusion :

"A part Mimi, Aurélie et deux collègues au bureau, je suis la seule à savoir"

(une jeune femme à un homme, qui marchaient d'un bon pas, alors qu'à une terrasse ensoleillée je savourais un café)

 

- Lambert Wilson et le double Zahir (1).

En répondant au questionnaire de Milky, j'avais été embarrassée pour la question d'une célébrité croisée. Entre autre parce que je n'y fais pas bien gaffe. Mais là je sortais de la danse, l'esprit vif, le corps fatigué, et qui était juste appuyé sur un poteau à l'angle et qui téléphonait d'une voix très très posée ? C'était Lambert Wilson (2).

Dommage pour le questionnaire à peu de chose près.

J'aurais déjà oublié, car à ses charmes fort peu sensible, si le même soir en librairie, alors que la conversation était partie sur le casting potentiel pour film du livre dont on parlait, son nom n'était ressurgi à l'idée de plusieurs personnes.

Et si c'était Catherine Deneuve que j'avais croisée ?

   

- Il faut franchir le seuil des 100 pages, mais de toutes façons ce n'est jamais perdu.

(retiens-je en substance d'une conversation, avec quelqu'un qui assez souvent, dirait-on y parvient).
Ce soir-là je m'enquille une belle leçon d'humilité, mais pour une raison peu avouable. Ses conséquences m'embarrassent : le doute chez moi est tellement fort et si inépuisable ces trois dernières années.

 

- Il pleut. Pas en averse. Quand même : il pleut. L'homme est allongé sur une grille du métro ou de chauffage urbain, dont le souffle tiède console jusqu'aux passants. Il n'a qu'un pantalon, des souliers, un blouson de toile, rien d'imperméable. Il semble somnoler. Tout contre lui, presque en (rude) oreiller un ghetto blaster (3), funky music à fond. Et le bruit de la pluie qui tombe, une basse supplémentaire. Get down on it (pluie) (pluie) get down on it (pluie) (pluie) ...

Que ce ne soit pas sans beauté, n'empêche en rien un pincement au coeur, et une honte collective que j'ai du mal à assumer.

L'homme ne bouge pas, n'essaie même pas, ne tente même plus de s'abriter. Et je n'ai ni le temps ni la force de le lui proposer.

(porte de Clichy, vendredi)

   

   

 

(1) pour plus de précision sur l'effet Zahir, voir chez Joël (pas chez moi, pas le temps de chercher le lien)

(2) et je démens immédiatement le début de rumeur y afférent : non, non, nous ne fréquentons pas le même cours de danse.

(3) je n'ai rien contre l'équivalent en français si quelqu'un le connaît

[photo : bords de Seine, un samedi de septembre]

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Ceci est certes une publicité (v 1.1)

... cependant si vous voulez bien, prenez le temps, lisez.

C'était au printemps 2007, en pleine période de brouillard personnel. Tentant de ne pas me laisser engloutir et désintéresser de tout, je m'étais pour une fois organisée à l'avance, bien, tout, afin de prendre des places pour un concert de Stacey Kent, de passage à Paris ou pas loin.

Mon fils qui l'aime beaucoup devait m'accompagner, ainsi qu'un couple d'amis.

Le concert fut annulé, au tout dernier moment.

Inquiète, jouer les divas ne lui ressemble pas (elle est de ceux qui savent faire de chaque concert un temps unique avec une vraie relation envers le public (1)), j'avais en vain tenté d'en savoir plus.

A la sortie de l'album, à la reprise plutôt rapide des tournées, je m'étais dit (en bonne Bécassine Béate qui aime croire aux miracles et aux miraculés) que ce qui n'allait pas s'était arrangé.

Entre temps le remboursement des billets avait donné lieu à un léger gag personnel dont j'ai le secret (totalement incapable, même en m'efforçant, de me souvenir si j'avais avancé l'argent pour 4 ou si au contraire j'en devais). C'est ce qui nous était resté comme souvenir le plus stable de cette annulation qui s'effaçait de ma mémoire.

Il y a un an alors que nous assistions le fiston et moi à la Fnac à un showcase, comme ils disent, et qu'exceptionnellement nous fîmes partie de ceux qui demandaient sur un album une dédicace (2), le sentiment très net qu'elle voulait me dire quelque chose, mais que ce n'était pas l'endroit, qu'il y avait trop de monde pour ça. Avoir été foudroyée par celui de quelqu'un d'autre il y a deux ans de cela et failli en être détruite, m'avait laissée longtemps incapable de capter ni même soutenir un regard, et c'était je crois la première fois, qu'à nouveau j'en "lisais" un. Persuadée alors de me faire des idées. Je m'étais empressée de faire abstraction, d'oublier, de me dire qu'à mes intuitions je ne pouvais plus me fier.

Au printemps dernier, un nouveau concert où cette fois nous avons pu aller, à 4 aussi mais pas les mêmes, pas tout à fait, dont deux jeunes gars, le mien et un futur fameux Julien, qui avaient cours le lendemain : difficile dans ces conditions de passer voir l'artiste après. Et qui à présent, par la grâce double-face du succès a tant de monde à l'attendre qu'on peut craindre d'encombrer au lieu de rendre heureux si l'on vient remercier.

Le message qui suit, envoyé en masse et que j'ai reçu cet après-midi, m'a donc attrapée par surprise.

Je ne peux pas ne pas le relayer, y compris pour quelques raisons plus intimes., ni ne pas retenir la leçon.

Thank you so much, Stacey, and please keep on going, we're here about two of us who do care a little bit more than elated listeners (that we are as well :-) ).


(1) Je pense qu'il s'agit pour elle d'un choix délibéré de continuer à tourner le plus souvent dans des salles de dimension chaleureuses, alors que de plus vastes et dont rentabilisées pourraient être remplies.

(2) Mais c'était pour offrir.

   

   


Ci-dessous le texte intégral du message reçu  (un problème de mise en page dont je ne maîtrise pas tous les paramètres même en trifouillant le html, m'ayant contraint d'enlever sa présentation initiale, ce qui pour la photo au moins est dommage) :

 

 

"Dear friends,

In Spring 2007, while in the studio recording my last album, Breakfast On The Morning Tram, I was diagnosed with breast cancer. Thanks to early diagnosis and the care and support of the doctors and nurses of the Barnet Breast Unit, I am now healthy and cancer free and have been able to continue with what I love doing most, making music.

Breast cancer affects 1 in 7 women and touches the lives of many, many more. To raise awareness of this disease and to raise money for breast cancer charities, including the Barnet Breast Unit Fund, Breast Cancer Care and Breakthrough Breast Cancer, I am giving a concert at IndigO2 in Greenwich, London on October 13th 2008. All of the profits from this concert will go to these charities.

I hope that you can support these charities by joining me and my band for this special concert as part of 'Breast Cancer Awareness Month'.

I appreciate that many of you live too far away to get to London for this concert but if you could help spread the word, I would be grateful.

"...she has charm to burn, a smile that could give you hope in February and sings like nobody's business." -- WALL STREET JOURNAL

Stacey Kent Live @ Indigo2 13th October 2008
Millenium Way
Greenwich SE10 0AX
t 0844 844 0002

Stacey Kent with Jim Tomlinson saxes, Graham Harvey piano, John Parricelli guitar, Jeremy Brown bass, Matt Skelton drums

www.theindigo2.com
tickets from £10 - £40
www.ticketmaster.co.uk
www.staceykent.com

With Love,

Stacey. x"

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En attendant que le gâteau cuise (réponses au MBQ # 9)

   

Pas un gramme de temps disponible entre rentrée, écriture, usine, retards cumulés, et ce foutu passé qui comme on disait ne passe pas. N'arrive plus à répondre aux mails. Patauge dans tout ce que je fais.


Et puis voilà que je cuis un gâteau. Pas question de me remettre au travail entre deux, je n'en ai déjà cramé que trop. Encore plus dangereux d'aller un instant s'allonger, je risque de sombrer dans un sommeil profond. Alors finalement un MBQ, voilà qui tombe à pic. Occupation optimale.
Merci Milky



MBQ # 9 : l'édition de la rentrée

  
1. Le jour où il vous est arrivé un truc qui n'arrive prétendument que dans les films ?

En fait ce serait plus simple de dire les jours où pas : ceux de classe enfant, d'études étudiantes, d'usine depuis qu'au travail. Parce que pour le reste, ma vie EST un film de cinéma. D'ailleurs le titre existe déjà ;-)

(Comment ça j'me la pète ? Hélas non)
   

2. L'habitude que vous avez prise d'un(e) ami(e) ?

Ecrire dans ma cuisine mais au fond ce serait plutôt, l'habitude que l'habitude d'une amie m'a autorisée à adopter. Parce que dans la configuration de ma vie et de mon appartement tout m'y poussait. Sans elle, qui au jour où je faisais part de mon souci de n'avoir pas trouvé d'autre solution m'avait répondu comme de la plus grande évidence "Ben, c'est ce que je fais.", est-ce que mon éducation à la con ne m'en aurait pas dissuadée ?


3. Connaissez-vous un poème par coeur ? Lequel ?

Plusieurs en fait, et même sans doute pas mal, mais en tout cas pas assez. Jamais assez.

Si je devais sélectionner celui qui revient en sorte de pilote automatique en tout premier, il s'agit de "Demain dés l'aube" de Victor Hugo, appris jadis en classe (mais en quelle année ?).

J'ai honte de ne pas connaître par coeur d'Arthur Rimbaud "Le bateau ivre". Je devrais.

 

4. Si vous étiez cinéaste, de quel livre aimeriez-vous réaliser l'adaptation ?

Celui que j'écris en ce moment même.

(réponse d'une présomption immense qui n'est pas assumée, disons plutôt que je n'ose pas dire à qui j'aimerais en déléguer la réalisation)

Avec quels acteurs pour les rôles principaux ?

Thomas Blanchard mais j'ignore pour quel personnage, c'est juste que sa prestation dans "Une épopée" m'a laissée pantoise.

Anne Consigny dans le rôle de V., je n'imagine pas mieux.

Mathieu Amalric dans le rôle de mon amant crapuleux, on réglerait comme ça quelques comptes (1).

Moi personnellement dans mon propre rôle car il s'annonce tellement peu vraisemblable que je ne vois pas hélas à qui d'autre le confier. A moins qu'à un garçon en inversant les choses. Tiens, il y a peut-être là une idée.

Et puis forcément Brad Pitt et Angelina Jolie (avec s'ils le souhaitent leurs différents enfants) parce que vu la place croissante qu'ils prennent dans ma vie ...

Stéphanot en rôle majeur. Il n'a fait que figurant (pour l'instant) mais le bougre est un acteur né.

 

5. L'objet le plus inutile qui se trouve chez vous ?

Pour ma plus grande tristesse et mon immense honte, la machine à fabriquer la pasta. Elle a souffert dés son arrivée d'un problème de prise incompatible. Le temps de s'équiper du bon adaptateur de trouver la bonne farine (entre temps archi-périmée), nous avions déménagé et elle s'est trouvée reléguée quelque part, son mode d'emploi plus ou moins égaré, et voilà.

Mais je ne désespère pas un jour d'enfin la faire marcher (20 ans après ?).

 

6. La lecture des blogs vous a-t-elle fait changer des choses dans votre vie ? (à part le temps dégagé pour cette lecture, évidemment)

Il me l'a sauvée. A cause des rencontres induites alors que j'entrais dans une période d'immenses difficultés (trop grandes pour moi en tout cas) et de ce que ces amis, pourtant plus récents par rapport à bien d'autres et qui auraient tout à fait pu se tenir distants, ont fait pour m'aider.

Je crois ceux qui bloguent comme j'apprécie, c'est à dire soit en écrivant, soit en photographiant, soit en parlant de livres, films ou musiques, ou en prenant le risque de témoigner avec sincérité de leur vie professionnelle, sont des personnes de meilleure qualité que ceux qui ne savent que passer leur temps vautrés devant leur télé dés qu'ils en ont fini avec les heures ouvrés.

 

7. Que ferez-vous cette année que vous ne faisiez pas l'année dernière ?

Cesser de pleurer.

 

8. La dernière célébrité que vous avez croisée ?

Daniel Misch ... Je ne peux pas le dire, j'avais promis  (et puis : heureux, vivre, cachés, tout ça ...);

En vrai et plus sérieusement, je suis allée écouter Manuel de Oliveira lundi soir dernier au ciné.

(Mais ce n'est peut-être pas, Milky, ce que tu entendais par "croiser" ? S'il s'agit de "voir dans la rue" fortuitement et sans qu'on se soit causé, je crois que le dernier en date était Jean-Pierre Bacri).

9. Vous n'êtes pas fou, mais...

vous avez failli mourir d'avoir tant aimé (2).

(c'est pataud, je sais)

 

 

(1) Je tiens par respect pour lui à préciser qu'au vrai de la vraie vie on ne se connaît pas, même si.

(2) Rien avoir avec un éventuel virus ou assimilé, tout avec les sentiments (profonds, stables et passionnés).