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Comportements étonnants

Ces trois derniers jours histoire de limiter la taille de ce billet. Et dans Paris (c'est mieux ainsi)

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Lydie Avril du Premier, attachée de presse redoutable des éditions Oh fonds ! avait expliqué à la passante que notre attroupement joyeux avait attirée,
combien était passionnant le livre de Veronica Trapez, que bien sûr elle défendait.
La dame, conquise, s'était laissée tenter.

Elle avait donc demandé une dédicace à Veronica, qui la lui avait accordée volontiers puis, future lectrice, avait ouvert le livre, pour savoir ce qui l'attendait. Elle ne vit que pages blanches à part celle de garde. Surprise elle se tourna vers Philippe, qui lui expliqua qu'il s'agissait là d'un nouveau concept destiné à aider le lecteur à développer son imagination, mais qu'écrire des pages blanches n'était pas aussi simple qu'on pouvait le croire.

J'ignore la suite, j'étais partie dissimuler le fou rire faramineux qui me saisissait devant l'air de la victime, visiblement oublieuse de la date, et qui commençait cependant à se douter qu'il y avait anguille sous poche.

 

 

Au même moment ou peu après : il sortait du travail, un homme des plus sérieux, costard-cravate, imper et porte-documents. Vit le buffet qui s'étalait.
Posa sa serviette, délicatement au pied d'une table, évalua d'un oeil connaisseur la qualité des denrées et des plats proposés, se servit posément.

Dégusta  ...

Puis reprit  sa sacoche, salua et partit  comme il était venu et sans demander ni son reste ni pourquoi on était là. Paris est une ville merveilleuse où au coin des rues les gens font la fête et offrent généreusement boire et manger.

 

 

Le lendemain, j'assistai à une séance d'interview-slam-signatures de l'homme dont je serais fan si je savais l'être  ; étant donné que je ne sais pas, je l'aime comme un grand cousin, un peu jeune, proche et lointain. Connaissant ma capacité à faire sonner les portiques de sécurité quand je suis fatrisvée et la sur-surveillance en ce supermarché de produits électroniques et culturels, j'avais pris ce soin préalable de vider ma musette de quelques-uns de ses bouquins. C'était sans compter un petit livre de poèmes qui m'accompagne depuis la Foire du Livre de Bruxelles . Alors que je quittais la salle principale pour passer aux toilettes passage également équipé de portiques et d'une personne présente à guetter, s'il fût une dame pourvue d'une soucoupe on aurait pu croire que., je fis glorieusement sonner l'appareil. Un rapide examen de mes sacs permis d'en extraire le coupable, heureusement dûment estampillé de sa septentrionale provenance. Le préposé aux stridulences me pria de le déposer sur un comptoir voisin. Il me le rendit (1) à mon retour d'escale technique, mon neurone subsistant s'inquiéta soudain de complications potentielles à la sortie réelle, alors je posai la question, Mais pourquoi il sonne ?

Oh c'est à cause de ça, me dit-il gentiment en m'indiquant le petit à-plat métallique colimaçonné qu'on trouve dans pas mal d'objets vendus dans les supermarchés. Mais celui-ci n'était pas collé, juste glissé entre deux pages comme une concession à contre-coeur aux contingences sécuritaires.

- Je l'aurais bien jeté, ajouta-t-il, mais ... il vous sert de marque-pages.

Il me servait de rien du tout, je n'en étais pas si loin dans ma lecture et puis la poésie je la lis au hasard de l'ouverture des feuilles. Son respect m'a émue. Au lieu d'un vigile vile ou bien méprisant, j'avais un élégant. J'en étais étonnée. Aurais-je des préjugés ?

D'un commun accord nous nous sommes débarrassés de l'objet sonnant qui faisait trébucher, et je suis sortie sans encombres.

 

Le lendemain du lendemain c'est à dire ce soir-même, alors que je filais d'un pas rapide mais mou (2) vers une librairie amie où l'on m'attendait pour une fort sympathique festivité (3),  perdue dans ma fatigue, égarée dans mes pensées, j'ai vaguement entrevu un motard qui tendait quelque chose à un garçon mais qui se trouvait hors de mon champs de vision et aussitôt l'objet saisi filait en disant d'une voix d'enfant que Stéphanot n'a déjà plus (tout à fait) (4) :

- Merci beaucoup Papa.

Le pilote déjà casqué, démarra aussitôt et emprunta la petite rue que mon chemin suivait. Mais pas moi lui des yeux qui soudain pensais à appeler mon propre fils pour le prévenir d'où j'étais. La festivité en effet n'était pas planifiée.

Ce n'est qu'une fois le téléfonino replié, conversation terminée et destination en vue, que j'ai reconnu qui j'avais croisé et que je savais la voix de ce garçon-là et que c'était en plus fort logique de les voir là.

Je n'avais mis qu'un bon quart d'heure à les identifier, à retardement parfait. Le comportement surprenant venait de moi cette fois.

Les journées d'usine et les chagrins profonds ne me réussissent pas.

      

      

   


 

(1) Il avait intérêt, je suis pas le genre de fille qui se laisse chouraver un recueil de poésie.

(2) J'en cause un peu ici au début du billet, c'est un souci que j'ai.

(3) Je passe mon temps à faire la fête dans les (meilleures) librairies de Paris et sa petite couronne, c'est un fait probablement inavouable mais totalement assumé.

(4) N'exagérons rien, il n'en est pas encore à  voisiner Fabien.

 


[photo : la station Vélib la mieux encadrée de Paris, rue d'Hauteville, Xème]

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"Carla sur le rivage" ...

mardi 1er avril 2008, à l'Astrée, au bord du soir et puis après

 

Notez, je vous prie, que j’aurais résisté longtemps avant de finalement céder sur un malheureux coup de tête hier soir dimanche, aux alentours de minuit.

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Je ne voulais rien lire, rien du tout sur Carla, ça ne m'intéressait pas.

Seulement l'attachée de presse avait dit, Vous verrez, ne partez pas avec tant de préjugés, lisez donc au moins la scène où hébergée par Johnny H, elle croise le fantôme de Pierre B, comme c'est émouvant, vous en serez poignée.

Je préfère être émue et que ce soit poignant, seulement voilà dimanche soir,  au plus fort du blues récurrent, j'ai finalement cédé à sa vile tentation.

De Carla même après lecture, je n'ai pas d'opinion arrêtée, et j'aimerais bien n'en avoir aucune et qu'on me fiche enfin la paix au sujet de quelqu'un dont je préfèrerais ne pas me soucier.

En revanche, je suis aussitôt tombée sous le charme du style fluide et tendre de Veronica Trapez.

Je me suis empressée de chercher  par  g**gle  où elle  dédicaçait.  Je n'avais  qu'une envie, c'était la rencontrer.

Ce fut fait hier soir,  le livre à peine sorti,  et c'était à l'Astrée.

Une formidable et belle soirée.

Avec Veronica je n'ai pas trop parlé, que voulez-vous elle m'intimidait, et je ne suis pas à hauteur d'auteur. J'ai pu lui dire, cependant combien j'avais aimé son traitement sensible du sujet.

Surprise un peu d'apprendre qu'elle n'aimait pas le chou, même parfumé au hibou de girofle. Et qu'aux lecteurs de Montreuil (Seine Saint Denis) elle préférait ceux de Longjumeau (Essonne).  Enfin, chacun ses choix.

Heureuse grâce à elle de faire également connaissance d'Euken Zuzutola poète basque un peu leste si l'on en croît son traducteur du moins ce qu'il en fait en fin français, et en compagnie duquel, ce soir-là elle signait.

Un de ses fans de la première heure, plutôt que d'attendre en vain qu'elle lui accorde le temps privé d'un café (1), eut l'intelligence d'exprimer sa gratitude en lisant passionnément l'extrait dont je parlais. Il est au coeur du livre et en fait tout le charme. "Il" valant tant pour l'homme que pour le séduisant passage.

Enfin elle m'a signé son ouvrage pour moi toute seule et personne d'autre pareil, j'en demeure persuadée, et d'ailleurs voici ce qu'elle m'a confié : Pict0064

(1) Ça s'est vu récemment. Le blondinet plutôt pitoyable dont j'ai déjà parlé.

[photo : les deux auteurs, l'éditrice et les libraires de l'Astrée, hier soir au commencement]

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En voiture Simone

Et puis un jour, on ose relever la tête. Enfin, pour moi, cela s’est traduit comme cela : j’ai commencé à arpenter la vie en ne contemplant plus le sol, courbée que j’étais sous le poids de mon encombrant boulet, mais redressée, regardant les autres dans les yeux, et l’horizon vers lequel j’allais...

Il y avait déjà deux Anna, qui avaient pris sur leur temps pour m'aider, comme ça, sans garantie aucune. On se connaissait peu, et de moi elles n'avaient vu que le pauvre fantôme délaissé, égaré. Je ne sais pas comment elles ont fait pour savoir qui j'étais avant qu'on me blesse et qu'on pourrait bien rire ensemble et puis c'est tout si jamais je guérissais.

Il y avait eu aussi l'homme de septembre qui pris sur lui de me dire ce qui était peut-être difficile à entendre. Il a trouvé les mots précis. J'ai été sidérée et puis j'ai assumé, non sans avoir pleuré pour la plus belle histoire ratée.

Seulement passaient les mois, et ça n'allait pas. Les jours sont longs et moi je meurs (1).

En désespoir de cause, j'ai tenté d'ajouter aux devins d'ici un brin d'au-delà. Comme Virginia Woolf ne répondait pas, j'ai finalement appelé Simone Signoret. C'est difficile d'utiliser un téléphone lorsqu'on avait si longuement pratiqué avec Angelina la transmission de pensée, n'empêche cet effort je l'ai fait.

La mort revenait rôder, il était temps d'en finir

avec le sentiment d'être de trop tout le temps tout en n'existant pas et de mourir sans cesse au loin d'Angelina.

Je lui ai expliqué, Brad arrivé, Jolie partie,  après un festival du film de femmes à Créteil,  les deux Anna et le sage Septembre, mais dont les efforts conjugués ne suffisaient pas. Les fameux photographes venus à la rescousse et Ariane Ascaride qui aidait en silence au gré de ses voyages.

Alors c'est elle, Simone, qui a parlé, elle m'a raconté Ivo et Monroe et combien ce fut difficile, pour elle, à l'époque. Une mine d'idées pour apaiser et aussi me secouer, m'aider à réagir, m'y obliger. Elle était en fait surtout fort consolante.

Et Marilyn, elle vous a manqué ?

Son sourire entendu j'ai retrouvé des forces. Mon sentier escarpé n'était pas si rude et quand même un peu bien fréquenté. Je suis détombée malade, puis ai repris seule le travail qu'Angelina et moi avions entamé, donné beaucoup à lire à l'un ou l'autre photographe, à Anna, à Anna, à Fabien et ses copains .

A l'homme d'automne qui éditait, je n'ai pas osé, ni non plus à Viviane pour qui au fond je m'inquiétais et que je craignais bien trop d'importuner.

Ceux qui lisaient étaient (plutôt) contents.

Alors seulement j'ai levé les yeux vers un horizon qui n'était pas vide. Persuadée que quelque part, au delà du réel et des strictes apparences, Angelina m'attendrait. Car Brad ou pas, c'était quelqu'un. Et je l'aimais.



(1) pardon Guillaume.

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