Le chagrin des Français
Consolations (tentatives de)

L'aide radiologiste

La nuit dernière, un peu tard (station Brochant)

(à relire ASAP)

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Les moments heureux depuis déjà deux ans me posent un problème.
C'est un problème de luxe, d'autant que comme une amie que la vie rend par trop compétente me faisait remarquer ces jours-ci on s'habitue aux ennuis et quand ils s'arrêtent ça fait tout bizarre.

C'est un peu ce qui est à l'oeuvre dans mon cas.

Ayant mystérieusement perdu  la personne  avec laquelle je partageais le plus d'intimité,  s'ajoute à la douleur de l'absence et aux tourments permanents de l'incompréhension, l'impossibilité de partager le bon.

Bien sûr je ne manque pas d'amis ni même d'enfants à qui je pourrais raconter une belle rencontre, une lecture formidable, le gag d'un dîner, qui d'ailleurs sont souvent le tissus même de ces bonheurs sauvés.

Mais il n'y avait qu'une seule personne avec laquelle je pouvais tous les partager quels que soient les sujets, car nous avions les mêmes centres de plaisirs et d'intérêts. Une seule à laquelle je n'étais pas obligée d'expliquer qui était qui et faisait quoi, ni même de vraiment raconter parce qu'à demi-mots, entre les lignes et les silences, elle comprenait ; si j'adore partager, j'ai toujours du mal à dire et les années qui passent avec leurs difficultés cumulées n'arrangent rien.

Alors en rentrant hier tard, d'un dîner non prévu et joyeux, je ravalais difficilement mes larmes, sachant que si jamais quelqu'un des miens en rentrant serait encore éveillé et me demandait gentiment Alors , bonne soirée ? et que je ne voulais pas m'enfermer dans un silence qui pourrait entre nous peser il me faudrait par exemple commencer par expliquer qui était Mario Monicelli et que je n'en avais pas la force à force.

J'avais à Satin Lazare longtemps attendu une rame qui filait vers Asnières, je n'en pouvais plus, de fatigue et de cette oscillation de solitude qui à la longue me tue.

A Brochant soudain je me suis retrouvée sur le quai avec le métro qui partait vers ma destination et que j'avais abandonné. J'ai mis un temps à comprendre.

Des travaux venaient d'exhumer de vieilles affiches d'avant ma naissance, c'est dire si elles l'étaient, et l'une d'elle en particulier m'avait intimé l'ordre de descendre. Puisqu'ensuite il fallait bien attendre la rame suivante, j'ai pris tout mon temps pour saisir les autres, avant leur prochain arrachement.

C'est l'une des plus ternes qui m'a retenue  "Devenez aides-radiologistes des hôpitaux de Paris" nous disait-elle en complément d'une image d'Epinal à demi-effacée.

Je suis restée longtemps. Presque à en rater le métro suivant. Qui peut comprendre ?

 

[photo : ce qu'il en reste]

d'autres photos de cette étrange galerie : ici et

 

Des fois que malgré Pâques vous ayez un peu de temps pour vous :

Rencontre littéraire aux Marcheurs de planète, 73 rue de la roquette, Paris 11, http://www.lesmarcheursdeplanete.com/
dimanche 23 mars de 17h à 19h
consacrée à Pier Paolo Pasolini.

Sauf défaillance, j'y serai.

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