Le signe indien (vaincre)
24 février 2008
Cette aprème en dormant, bien à contre-coeur
Trop d'absents, trop de disparitions sinon subites du moins subies ces deux trois dernières années.
Certains n'y sont pour rien. Rattrapés par la mort ils n'ont pas eu le choix.
La plupart d'auxquels je pense pour leur part sont en vie, de la santé d'une seule d'entre elles je m'inquiète concrètement. Des autres les plus récentes nouvelles glanées étaient plutôt bonnes.
Dans le sommeil étrange et désolé d'un dimanche après-midi comateux d'épuisements, mon cerveau à mon insu réfléchissait en produisant par ailleurs du rêve sombre et troublant.
Je sais que j'ai été pesante et pénible aux proches d'entre les proches quand ma fille est tombée malade, il y a deux automnes de ça.
Mais pour autant comment expliquer tant de désaffections et d'éloignements. Je me suis longtemps cru coupable de quelque chose, seulement à part certaines dangereuses potentialités dont je n'imaginais pas même faire usage (1), je ne vois finalement pas quelle menace je constituais, ni quelles offenses j'ai pu commettre.
C'est alors qu'au réveil est arrivée l'Idée, le point commun, la clef de l'énigme :
tous les absents ou les plus loins, avaient visité les Indes dans l'année qui avait précédé leur mystérieuse évaporation. Ils en étaient revenus sans exception enchantés (au sens littéral) et pourvus du solide espoir d'y retourner.
En remontant jusqu'aux années anciennes où j'étais pour les autres l'élément stable et où leur absence car je n'étais vraiment pas seule me rendait tout au plus nostalgique de bons moments partagés, j'ai compté jusqu'à neuf cas confirmant le phénomène, soit les neuf douzièmes des voyageurs que je connaissais et qui y sont allés.
J'exclus de la statistique ceux qui connaissaient le sous-continent avant qu'on fasse connaissance, surtout s'ils font pas mal de maths, peut-être que la pratique assidue des sciences exactes protège de l'étrange enchantement.
Apparemment le phénomène ne concerne que ceux qui faisaient partie de mes proches AVANT leur première expédition.
Il se développe de la façon suivante : j'entends parler avec un enthousiasme qui me ravit du périple prévu, la personne part et sur place ne donne aucune nouvelle ou au mieux une fois. A son retour, elle devient plus rare, n'excluant pas une phase de délicate remise en route et retard professionnel à écluser, je prends patience volontiers. Nous parvenons quand même à nous fixer rendez-vous (2). Elle me raconte avec les yeux brillants des épisodes et des ambiances.
Je me laisse entraîner sans retenue, contrairement à ce que mes destinations des 18 dernières années semblent prouver (3), j'adore les voyages.
Le déjeuner, dîner, goûter ou apéritif, s'achève bien trop vite. On se quitte en se promettant une revoyure prochaine.
Et celle-ci n'arrive pas. Pas de réponse au message suivant. Téléphoner je n'ose pas et sais mal trouver les heures civilisées. Eventuellement un autre rendez-vous est pris mais qui se décommande.
Et l'éloignement se produit, insidieux et comme irrémédiable. Il ne s'agit pas forcément de rupture. Des occasions de retrouvailles ultérieures se présentent et qui sont honorées. Mais l'intimité n'y est plus. Une barrière invisible semble empêcher toute confidence.
Serais-je Indo-incompatible ? Serait-ce un phénomène plus général : une paroi de verre entre ceux qui y sont allés et les non-initiés ?
Qu'est-ce qu'on leur fait fumer là-bas et qui effacerait les anciennes amitiés ?
Ressemblerais-je de façon frappante à une déesse malfaisante d'une des mythologies locales et qui à leur retour rendrait ma présence difficile à supporter ?
Faut-il que j'y parte à mon tour pour rompre le cercle silencieux ?
addenda :
Ma malédiction comporte pour l'instant une remarquable exception, je prie tous les ciels et les dieux disponibles ou Personne si c'est Personne le Tout-Puissant, pour qu'elle demeure telle aussi longtemps qu'elle le souhaitera.
Je tiens à préciser que j'exclus des silencieux l'ami qui se sentant au bord d'en faire partie a pris soin de m'en avertir, m'exonérer par avance de toute responsabilité dans sa phase de replis et aussi qu'il reviendrait dés qu'il le pourrait. De toutes façons et que je sache il n'est pas allé en Inde depuis moins d'un an.
(1) comme de mettre les photos de quelqu'un sur l'internet sans lui demander son avis.
(2) deux exceptions à ce jour :
- disparition coeur, corps et âme dans un cas dés le retour même (alors qu'il fut question à la veille du départ de présents rapportés) ;
- disparition après un second voyage à un an d'intervalle dans un autre cas.
(3) à l'exception de voyages brefs pour retrouver des personnes bien-aimées et de quelques déplacements para-professionnels,
Normandie Normandie Normandie Normandie Normandie Normandie Normandie Normandie Normandie Normandie Normandie Normandie Normandie Normandie Normandie Normandie Normandie Normandie
[photo : idée !]
spéciale dédicace à l'Exception .
addenda du 02/03/08 pour le 28/02/08 : signe indien apparemment vaincu concernant une personne. Ouf et grand merci.
Comme on disait dans nos manifs "Ce n'est qu'un début continuons le combat."