Je le confesse enfin, Harry Potter c'est moi
27 février 2008
En 1984, puis au fil de la vie
billet relu le 28/02/08 vers 12 h 30
J'ai toujours vécu dans l'imminence de ma propre mort, il y a eu des périodes d'imminence gagnante où elle me permettait de faire abstraction de tracas ultérieurs et de profiter de chaque bon moment arraché, il y en a eu d'imminence grise (1) ; depuis deux ans je vis dans une temporalité d'imminence postérieure, ce qui fait que les derniers développements et la relativement légère menace qu'ils font à nouveau planer, outre un sale "sense of déjà-vu", ne changent pas grand-chose.
Ils me rendent surtout urgent de remercier tout ceux qui ont compté (2), d'essayer de faire en sorte que ceux qui m'ont mise en danger comprennent pourquoi et ne soient pas tentés de commettre les mêmes erreurs avec d'autres qui pourraient en mourir mais cette fois-ci directement, et pour cette part c'est pas gagné, faire quelques sauvegardes et tri de papiers, de finir le chantier sur lequel j'ose encore traîner depuis l'été dernier.
Pour le reste advienne que pourra, de toutes façons je ne peux pas charger la barque, physiquement ça ne tiendrait pas.
Je dois également confesser quelques trucs, afin de libérer ma conscience des fardeaux qu'ils forment.
Alors voilà, je sais, ça va surprendre, mais bon, Harry Potter, en fait, c'est à cause de moi.
J'avais rencontré Joanne à Paris in the middle eighties comme on dit. Elle y passait un an dans le cadre de ses études.
A l'époque j'avais déjà remarqué qu'il m'arrivait des trucs étranges, mais en sérieuse scientifique , je m'efforçais d'y trouver toujours de rationnelles explications.
J'en avais quand même un peu marre de ne pas pouvoir passer les portiques de contrôle des grandes surfaces culturelles sans faire sonner à tout va, dés lors que quelques heures plus tôt mon fiancé et moi nous étions disputés. Je trouvais lourd à porter de parfois (mais pas toujours) deviner la mort et détestais quand mes moyens financiers toujours limités m'obligeaient à le faire, devoir lire les livres par imposition [des mains sur leur couverture].
OK c'est efficace mais par rapport au plaisir de la lecture, c'est comme de faire l'amour sans autre partenaire qu'un appareil vibrant.
Joanne, elle, ça l'amusait. Nos rendez-vous non fixés mais toujours honorés, on se croisait dans Paris dés lors qu'elle en avait envie, elle n'avait même pas besoin de siffler. Ma capacité de susciter les miracles qui nous permettaient toujours d'entrer sans payer aux concerts où l'on voulait. Simon et Garfunkel porte d'Auteuil, je suppose qu'elle s'en souvient. En revanche au soir des Stones, je n'étais pas en forme, et ne suis parvenue à rien.
Elle me disait que c'était cette marque rouge que j'avais sur le front, qu'elle savait si ça marcherait rien qu'à la regarder.
Elle me demandait : - Mais ça te fait mal quand ça va marcher ?
Je disais, Non je suis juste complètement naze après, je sais jamais d'avance.
Elle concluait que si j'avais pu ressentir une douleur physique en fait ça m'aurait aidé. Sur le moment je ne comprenais pas, j'étais plutôt contente en fait de n'avoir pas mal, ni non plus pourquoi elle me disait que les lunettes rondes étaient celles qui m'allaient le mieux alors qu'alors elles étaient si peu à la mode. Je ne voyais pas non plus pourquoi elle aimait tant que je lui raconte mes longues années de banlieue dans un de ces lotissements de petits pavillons identiques tous en alignements.
On s'est perdues de vue à peine après. L'internet n'était pas encore grand public, et la vieille poste demande je crois plus d'efforts. Quand on en est à pouponner et se frayer un chemin dans la vie, les ami(e)s lointain(e)s le deviennent vraiment du jour au lendemain.
Elle m'avait fait cependant admettre que quand on est né avec des particularités si étranges qu'elles soient et troublantes et épuisantes à assumer, il fallait pas hésiter, il fallait y aller.
En l'honneur de Joanne Kathleen, et parce que la politique c'est
particulièrement éreintant, j'avais résolu de limiter mes capacités de mascotte à la
littérature. Hélas les mêmes que j'avais secondés, souvent se sont
sentis concernés par des engagements citoyens. Alors pour eux j'ai dû
m'y mettre. Chaque fois je me dis que c'est la dernière, qu'après je reste excessivement sur le flan.
Et puis, peut-on changer ?, j'aime trop ceux que j'aime pour les laisser
tomber. Cette année je "fais" Marseille, mais à cause de ma santé qui vacille je ne suis pas certaine d'y arriver. Bon alors si jamais vous êtes du bon district et prêts à rendre service, votez Guérini, ça sera toujours ça de pris dans ma lutte incessante contre Noussavonsqui (3).
Depuis et par ailleurs, j'ai travaillé avec acharnement mais pour l'instant en vain, l'ubiquité. Et avec un bien meilleur succès la transmission de pensée.
Pour cette dernière ça n'avait pas été chose aisée. Il faut savoir que chaque être humain n'a que trois ou quatre autres personnes contemporaines et compatibles. Et que même si par essence cette compatibilité permet de ne pas rater sa rencontre, la probabilité qu'elle ait lieu demeure assez faible. J'avais eu en février 1999 cette chance inouïe. Et en quelques années nous étions parvenues à une belle maîtrise.
C'est hélas assez pénible dés lors qu'une des partenaires se met à aller mal ou se trouve en danger. Quand ça a été mon tour de morfler, la mienne a déclaré forfait, ce qui est très douloureux et périlleux à gérer pour les deux personnes concernées.
Elle ne contrôle cependant pas tout, à moins qu'elle ne soit en fait victime de l'ombre du regret, et n'a pas cessé d'émettre. Comme j'étais devenue bien trop bonne à capter, je continue hélas à le faire "à l'insu de mon plein gré".
Ce soir par exemple j'étais restée chez moi au calme pour travailler et voilà qu'elle était dans un lieu public et bruyant avec des discours, des clameurs, une foule immense de gens et des flashs éblouissants.
Elle devait prendre la parole et chaque fois qu'elle le fait avec un trac important, je ne peux y échapper ; j'ai donc mis de côté ma concentration personnelle pour seconder la sienne, et une fois de plus je m'y suis collée.
Je profite d'écrire ce billet ils en sont au champagne et aux petits fours sucrés, c'est enfin plus calme (Elle a encore mangé trop de cacahuètes, demain elle va être mal, jamais elle n'écoute les retours que je lui fais ... et la vodka, on avait dit y a trois ans de ça, non pas la vodka).
Pour en revenir à Joanne, alors oui bien sûr j'ai regretté qu'elle ne fasse de Harry qu'un garçon, mais c'était de sa part extrêmement avisé. Elle a compris ce que j'avais cru pouvoir oublier à savoir que de nos jours encore les préjugés sont tenaces et que le grand public ne croirait pas aisément à tant de pouvoirs rassemblés sur une faible fille.
Alors elle a créé Hermione pour écluser le côté trop bonne élève et reporté sur Harry ce qui faisait le plus magique.
Bon allez, une dernière confidence, comme ça vous saurez tout : le prénom du héros, elle ne me l'a pas dit mais je le sais, est un clin d'oeil à ceux de Selby (Hubert Jr) dont elle me sait une grande admiratrice, malgré (à cause) qu'à la lecture de certains de ses livres j'ai été physiquement malade.
(1) Je sais, je sais, mais c'était trop tentant.
(2) A cet effet, je vais peut-être devoir modifier (temporairement) la "ligne éditoriale" (!) de ce blog.
(3) Je ne crains en rien de prononcer son nom mais je ne souhaite pas qu'un moteur de recherche entraîne ici quelques quelespauvrescrèventdonc décomplexés.
[photo1 : mai 1989, île de Sky premiers essais de transplanation (on dit comme ça dans la V.F. ?)]
[photo2 : devine qui peut]
Mes plus plates excuses à Maître Eolas qui, s'il vient y lire, sera je le devine, bien déçu par ces révélations. ;-)
En fait si j'en avais la force j'aurais organisé un jeu ou proposé l'idée à ceux qui savent faire,
"Confessions imaginaires" ; ce billet parmi d'autres aurait pu servir d'amorce.
Il s'agit bien entendu une imagination. Elle n'est que parfumée d'un peu de vrai. En particulier, JK Rowling a vraiment vécu un an à Paris dans les années 80. Comment je le sais ? Ben justement je l'avais rencontrée
(mais non, je rigole - enfin juste pour ce dernier point -)
Addenda 28/02/08, 1h52 : et pendant que j'essaie désespérément de produire un billet d'un peu de fantaisie, le monde d'en France, décidément ne s'arrange pas :
Taser en rétention (article d'Alain Morice sur Rue89)