Il y a photo
28 janvier 2008
ce soir, maintenant, là
J'y ai pensé aujourd'hui, alors que je déposais pour développement deux pellicules dans une boutique. Ce luxe qu'on se permet parfois, tant que c'est encore possible.
J'y ai pensé mercredi, alors qu'une amie photographe me proposait de prendre en charge des négatifs au format pour moi étrange et que j'avais recueillis dans la rue aux premières gouttes d'une pluie précédant Mendelsohn (Daniel). Elle s'y connaît en recueillements, alors depuis j'imagine que les images livreront la clef d'un beau mystère (ne rêvons pas, si on les jetait sans l'aumône d'un sac, c'est qu'elles ne devaient présenter qu'un intérêt limité).
J'y ai pensé vendredi alors qu'une autre amie, des formidables qui sont restés au moment des tourments, m'a offert autour d'une batterie dont j'avais besoin pour l'un des miens, son ancien appareil. Et qui fonctionne encore. J'ai été heureuse dimanche de le faire un peu chauffer.
Quel heureux cadeau.
J'y ai pensé l'autre dimanche lors d'une après-midi à trois pour une raison photographique. J'ai travaillé à la marge. Ça me convenait. Je me suis même sentie heureuse. Je n'étais pas seule ; je n'aimerais plus mourir.
J'y ai pensé hier, alors que Stéphanot nageait et que malgré la foule et ma place aux gradins, je tentais d'attraper les mouvements qu'il donnait. J'y ai pensé.
Et puis tout à l'heure ce billet de KMS, issu d'un autre de Philippe De Jonckheere et aussi avant, un texte d'Emmanuelle.
J'y ai pensé et repensé en lisant "Mon traître", ces instants où tout s'écroule, le peu de certitudes qu'on avait, celles concernant ceux qu'on aimait. Parce qu'à ce moment-là, j'ai trouvé moyen, dans l'effondrement et la débâcle de dire à la mort attends-moi là une image appelle. Elle n'a rien d'extraordinaire que ses circonstances mêmes. Peut-être qu'elle m'a sauvée (la mort n'est pas patiente, elle s'était éloignée).
Parce que mon père, à sa manière compliquée de ne pas vouloir y toucher ni s'accorder aucun plaisir, aimait ça, et que je l'ai toujours connu photographe scrupuleux des anciennes cousinades.
Son plus vieil appareil photo, qu'on peut voir par là, est (presque) mon seul héritage.
Parce que je sais le bonheur de la photo magique, celle qu'on n'attendait pas, pas comme ça et qui nous saisit encore même des années après. Et que je sais que Stéphanot sait (l'image de l'enfant bondissant est de lui) et que cette transmission possible m'aide un peu chaque jour.
Parce que l'ami qui m'a sauvé la vie est le même qui me mit il y a 20 ans la première fois entre les mains un réflex et que c'était formidable et cette confiance (inouïe) qu'il me faisait. C'était à l'occasion de Roland Garros où je fus assidue. J'en ai rapporté quelques photos facétieuse (1) et pas seulement sportives.
J'y ai pensé, à écrire enfin un billet, sur la photo. La place majeure qu'elle a pour moi depuis la nuit de mes temps, même si les mots me tiennent et qui en moi sont les plus forts.
Mais que pourrais-je en dire qui n'ait été dit ?
(1) mise en ligne ultérieure si je parviens à prendre le temps de les retrouver.
[photo : mon déjà presque vingtenaire Minolta Dynax 5000i et que j'use encore aux envies d'argentique]
spéciale dédicace à Milky pour une raison, à Véronique pour une autre
et à toutes les deux pour leur métier présent ou futur
(sans parler de Supmylo l'écouteur d'arbres)
Rien à voir avec ce qui précède et dans la série c'est pas drôle mais si vous entendez ça à 6 heures du mat en hiver ça peut faire rire et penser à l'hebdomadaire noix d'honneur du Canard Enchaîné :
un analyste d'un cabinet d'évaluation des entreprises aurait déclaré que désormais (je suppose à la s*ciété g*n*rale) "La capacité du Control and Investment Banking à attirer de nouveaux clients pourrait être affectée par cet incident". Je me doute bien que cette phrase était entourée de plusieurs autres qui lui offraient peut-être un écrin valide, et il y a peut-être un l'effet simplificateur d'une traduction, n'empêche ;