L'effet Bouissoux
Le chagrin du gain

Pourquoi il ne faudrait jamais écouter les garçons de café (ni encaisser les chèques de Jean-Paul Sartre)

un dimanche, un café luxueux

billet à venir

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Un plombier intempestif quoiqu'ô combien espéré, me fait arriver en retard au rendez-vous organisé.

Pas beaucoup en retard.

Seulement un peu (et j'avais prévenu dés lors que j'avais compris ce qui allait arriver).

Suffisamment pour qu'en arrivant aux abords du luxueux café parisien où le point de retrouvailles était fixé, je ne voie personne que je connaissais.

Le café comporte une terrasse, longue et bien située. Elle fut jadis dédaignée l'hiver. Mais à présent les fumeurs s'y pressent soigneusement réchauffés par des rôtissoires  (1). Je n'y vois pas mes amis et m'approche donc de la partie intérieure où je pense les trouver puisque d'un salon on m'a parlé.

J'y arrive en même temps qu'un groupe de 3 personnes, jeunes et bien fringuées. L'accueil par un serveur longiligne au parfait uniforme,  se fait global et reste poli mais ferme et froid : 
" A cette heure-ci à l'intérieur, on mange encore, on ne boit pas."

Les trois sapés rebroussent chemin sans rechigner.

Je suppose que mes amis ont reçu le même salut, et qu'ils se sont mis dehors, que passant trop vite je les aurais manqués, à moins qu'échaudés ils n'aient choisi de porter leur clientèle vers un local plus accueillant.

Je ressors et longe à nouveau la terrasse, avec attention cette fois. Ils n'y sont pas, je me le confirme.

C'est quand je saisis mon téléfonino afin de tenter d'appeler que j'aperçois la trace d'un message (2). Les copains sont à l'intérieur et qui m'attendent.

Je reviens à la charge. Dûment munie du mot de passe "salon bleu", je parviens cette fois à franchir le barrage filtrant, malgré mon vieux caban et qu'aux pieds j'ai des godasses de Stéphanot qu'il avait dédaignées et que je finis d'user (elles sont si confortables). Je suis entièrement démarquée sauf peut-être le jean (mais qui le sait ?) ; j'aurais dû faire un effort d'habillage plus soutenu que me contenter d'enfiler le jean-sans-trous plutôt que l'avec.

Les amis sont là qui n'ont rien mangé ni même encore commandé à boire. D'autres tables alentours ne présentent pas le moindre relief de repas. Les gens sirotent en papotant avant de repartir à l'assaut du musée voisin à moins que d'un autre, à peine plus loin.

Il ne faut donc pas écouter les garçons de café (parisiens) même stylés.

Quant au chèque de Jean-Paul Sartre il aurait mieux valu de ne pas l'encaisser. Mais ni l'un ni l'autre ni leur histoire ne m'appartiennent, vous n'en trouverez donc rien de plus là. Si ce n'est mention de la générosité d'un homme que la notoriété n'avait semble-t-il pas abîmé (3).




(1) Je ne sais pas comment appeler ces sortes de chauffages  extérieurs qu'on a vu depuis le début du mois  fleurir un peu partout.

(2) Ma sonnerie qui n'en est pas une, est volontairement très discrète. Tant et si bien que 2 fois sur 3 je ne l'entends pas.

(3) Comme quoi ça arrive.

[photo : non loin du Louvre, intérieur jour]

Pour ceux qui se demandent encore le lien entre l'un et l'autre

s'il fonctionne,
cet extrait de l'Etre et le néant

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