Grand-père
On ne devrait jamais quitter Montauban

Noël avec Robert

Ou comment mes voisins ont cette nuit (probablement) maudit un blogueur retraité qu'ils ne connaissent même pas

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Bastille, ce soir, puis dans ma salle de bains

      

A force de ne plus croire à rien, et surtout plus à personne, voilà que tout arrive y compris un Noël en cadeau dont je n'aurais pas même pensé rêver.

Voilà qu'un ami des prosélytes, pour cette saison pourvu d'abonnement avait une place à proposer dont libre de lourd réveillon, j'ai pu bénéficier (1).

Alors oui d'accord, je préfère Verdi, mais un Wagner offert, surtout mis en scène par Robert (2) ça ne se refuse pas.

Ce fut somptueux, entre une distribution que j'ai trouvée parfaite (3), un Seiji Osawa déchaîné dont c'était la dernière (4) et mon ignorance qui m'a permis de découvrir un Wagner novateur pour moi inconnu.

Et qui si l'on faisait abstraction des oripeaux lourds de dieux, malédictions et damnations possibles, parlait de la création artistique, de ses affres, des coeurs partagés, des précurseurs et des vieux cons, de trop de sainteté qui rend les oeuvres vides quoique les pélerins satisfaits.

Le petit kitch (5) inspira même le facétieux ténor qui mit un pied dessus pour tester des coutures l'absence apparente, mais sa partenaire impavide n'a interrompu ni son chant ni son pas.

Et le choeur des pélerins, Oh le choeur.

A en pulvériser jusqu'aux chagrins d'amour. Comme si à l'instant du chant ne restait plus sur terre que la beauté.

Dans l'allégresse induite, j'ai failli en rentrant passer chez Wytejczk lui souhaiter Joyeux Noël, en suis sur ma lancée rentrée en vélib d'entre chez lui et chez moi, comme autrefois ou plutôt comme pas puisqu'en son temps de proximité les vélos municipaux n'existaient pas et que je me contentais du sien qu'il me prêtait parfois.

Le deuxième effet Chant-des-pélerins ne s'est pas fait attendre : en me douchant d'avant dormir, ce que je fais à présent (pioncer), je me suis surprise en train de chanter, et même assez fort, presque un tue-tête chuchoté. Vous qui riez, sachez que ça ne m'était plus arrivé depuis 22 mois, 2 jours, 9 heures et 40 minutes, voire probablement 22 mois 3 jours et 2 heures 15 si l'on tient compte du fait qu'à la veille de ma première mort, j'avais à peu près pigé qu'on me flinguerait le lendemain. N'étant qu'un(e) extra-terrestre égaré(e) et rien d'une divinité, j'ai la résurrection lente.

Les voisins auront apprécié.

   

   

(1) Grand merci à lui. En revanche je ne remercie pas la voisine de devant qui expliquait tout à mesure à son vieux papa, et lui dépapiota un bonbon ?, une pastille ? un médicament ? en début de deuxième acte, les tousseurs professionnels (il faut l'être pour choisir à ce point les précis moments de bravoure), la vieille bourgeoise ignare du rang derrière qui non contente de nous abreuver aux fins d'entractes de commentaires acidulés sur ses ami(e)s et connaissances, oubliait régulièrement qu'elle n'était pas devant sa télé. Elle a eu de la chance que je sois trop occupée à écouter pour tuer, parce que son "Oh mais c'est la messe de minuit !" à voix haute pendant le choeur des pélerins a failli m'en décrocher. Je suis un être paisible et remarquablement civilisé mais qui me fait tomber d'une concentration de grâce, risque de croiser mon Hyde et de ne plus pouvoir en témoigner après. Le dernier Séraphin Lampion qui a sonné chez moi alors que j'écrivais et encombre depuis mon congélateur (6) pourrait en témoigner.

(2) Carsen ; pardon de cette familiarité mais justement son travail me fait me sentir "chez moi" jusqu'à présent quelle que soit l'oeuvre.

(3) Stephen Gould , Eva-Maria Westbroek, Franz-Josef Selig, Béatrice Uria-Monzon ... (pour ne citer qu'eux)

(4) merci Madama Abricot pour l'info. Désolée de vous avoir quittée si rapidement mais c'était à cause de ces contraintes là et même si je n'avais aucune intention d'expérimenter certaine technique un peu trop acrobatique en tenue de soirée ;-) , bon il ne fallait pas que je traîne en plus que j'avais encore à vivre une rencontre fortuite (la seconde de la soirée).

(5) qu'on se le dise, alors que Maria Callas se ménageait toujours un petit chic dans la tenue, Robert Carsen apporte toujours un petit kitch en clin d'oeil, pour Lohengrin ce fut ce cygne évident, pour Tannhäuser les drappés traînant des cantatrices chauves nues réchauffées.

(6) Je rigole, le congélateur est bien trop petit ; d'ailleurs si vous avez une idée ...

[photo : Der  Ô Tannenbaum des Bastilleopernhaus, Montag, den 24. Dezember 2007]

PS : J'aimerais beaucoup savoir qui est la doublure silhouette de Vénus au début, histoire de ne (surtout) pas la présenter à mon mari. Serait-ce Marie-Cerise Risacher, seul nom féminin à figurer dans la liste des figurants parmi les mimes et danseurs ?

          

Quelques messages personnels, c'est Noël après tout :    

          

   

Le titre est un triple private joke double boucle piquée, destiné :

1/ A faire bisquer Kozlika comme une chipie que je suis ;

2/ A faire sourire Claire si elle passait par là, ce qui me rassurerait ; Claire redis-moi que je suis amoureuse de Robert, même s'il s'agit d'un autre, j'aimais tant ça (mais surtout ne le lui dit pas) ;

3/ A rien parce que de toutes façons la personne à qui le troisième degré est destiné ne passera pas y lire, à moins qu'elle se soit biturée de Noël, et qu'en s'alcoolisant les remords lui aient fait craindre soudain pour ma vie ; qu'elle soit alors venue y vérifier par ici ; Alleluia.
Ça aurait pu signifier quelque chose comme "on fait ce qu'on peut avec les pères qu'on a". Cela dit si je ne dois qu'une seule chose à mon père en dehors des éléments dus à la mécanique génétique transmissive, c'est bien l'opéra qu'il aimait à l'italienne c'est-à-dire sans chichis ni tralala. Donc ce soir j'éprouverais presque envers lui un micron de reconnaissance.

   

Spéciale dédicace pour monsieur Ka l'honorable pré-retraité KA qui n'aurait certainement pas dédaigné certains originaux des peinturlures dont des reproductions soignées ornaient le décor de la dernière scène.

Seiji Osawa n'était pas le seul (à) être déchaîné en ce soir de Noël, Chondre aussi (dans un certes tout autre métier, celui de blogueur régulier). Merci Chondre, j'ai trop bien ri.

Last but not least : Merci à l'inspirateur de Stéphanot pour ne m'en avoir pas voulu de le planter là le soir même de Noël.

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