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Le syndrome du quai 9 3/4

Aujourd'hui, Paris, Xème arrondissement

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(billet non relu ; have to go)

Il y a deux ans j'ai eu deux travails. L'un que je craignais de perdre, l'autre dont je souhaitais qu'il ne dure pas.

L'un où j'allais avec les pieds de plombs, l'autre  où je filais avec des ailes aux talons mais l'angoisse aux tripes comme jamais.

Le lieu du second travail avait une annexe efficace, chaleureuse et amicale.

Pour aller de l'un à l'autre, et aussi parfois pour me rendre du travail 2 au travail 1, j'empruntais souvent un passage pavé et piéton. Généralement paisible, il m'offrait la possibilité de préparer mon esprit au changement de planète que constituait le second cas.

A présent, je ne passe plus aussi souvent par là.

En vélo aujourd'hui j'effectuais un beau trajet Sud-Nord. J'avais cependant négligé deux aspects de cette légère expédition :

1/ Il était midi passé et mon organisme affaibli par l'une des étapes de la matinée exigeait son dû alimentaire ;

2/ Cette ville possède un relief que de mon temps de piéton je n'imaginais pas. Paris ne manque pas de relief. Je n'en doutais guère mais de mon temps de simple passante n'imaginais pas à quel point. Pour schématiser, car il existe à ce principe des exceptions notables, : du sud au nord, en gros, ça grimpe.

Le coup de pompe, à Vélib m'a rattrapée à hauteur de Strasbourg Saint-Denis. Je me souvenais d'un traiteur délicieux de "comestibles étrangers" (sic) sis à proximité où j'avais alors mes habitudes.  J'ai donc gracieusement (1) à une station proche déposé la bicyclette qui m'avait (trans)portée et suis allée y acheter mon urgente pitance, ainsi que quelques délicieuses denrées à rapporter à ma famille.   

Le passage s'ouvrait en face, j'ai espéré y trouver un coin où me caler pour déguster le plat de pâtes fraîches que j'avais acheté pour consommation immédiate et nécessaire. Je m'y suis rendue sans tarder.

Il fait un coude en son bout vers la gauche. Ç'avait été mon chemin habituel. Mais aujourd'hui, croisée par une femme élégante et pressée qui l'empruntait, je découvris une allée pavée qui s'ouvrait presque au même niveau sur la droite du côté opposé.

Elle n'était pas récente, tout l'attestait : les immeubles, les grilles qui la bordaient sur les premiers mètres, l'allure même des pavés.

Et pourtant sur les 200 fois (et quelques) au cours desquelles j'avais en 2005 emprunté le passage principal, jamais, jamais je ne l'avais remarquée.

J'ai dévoré mes pâtes afin de prendre des forces, puis le coeur battant l'ai à mon tour suivi. Un chemin ancien qui soudain se révèle, ne pouvait que conduire aux mystères résolus.

Hélas il n'en fut rien. Au bout, j'ai simplement retrouvé la rue, une rue classique et normale et déjà connue.

C'est cependant sur ce court parcours qu'une des réflexions que je poursuis (au sens littéral) depuis quelques temps a franchi une solide étape (2).

Alors qui sait  ... 

(1) C'est qu'à présent je maîtrise (cette note est à destination plus particulière de Madama Abricot).

(2) Essentiellement en raison de l'absence de voiture qui permettait de se concentrer sur ses propres pensées et non sur ses pas (ne rêvons pas).

[photo : passage des Petites Ecuries, récemment]

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Quand le cauchemar des uns ferait le bonheur des autres

Ligne 14, ces jours-ci

Il est noir et jeune. Parle français sans accent. Rien de particulier.

Mais il fait la manche, en se glissant tout au long de la rame sans compartiments. Il cause peu, n'assène pas un long discours. Seulement quelques mots d'où il ressort que l'argent qu'il réclame serait pour "revenir au pays".

Dans le même temps d'autres, désespérés, se cachent ; ou s'y font renvoyer.

Le monde est décidément bien mal fait, si ce n'est pas la vie même.

Dans l'immédiat je me demande combien de temps il tiendra avec cet argument sans qu'aucun quidam ne lui conseille, moqueur, d'aller voir Vous-Savez-Qui (1) pour se faire renvoyer gratis en charter transplaner. J'en connais un que ça a tenté. Mais qui sans doute ému par une détresse qui pouvait être réelle, n'a pas osé.

(1) je parle de Lord Voldemort, tout le monde aura compris


Ça m'apprendra (ma nouvelle collection)

Là, tout de suite, maintenant

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Ça m'apprendra d'aimer trop les livres et d'être trop fauchée et de n'avoir pas su aller vers un métier où ils circulaient.

Ça m'apprendra à avoir de mauvaises fréquentations, qui savent à l'avance, et me disent et me rendent impatiente de lire à mon tour.

Mais moi, je n'ai pas accès.

Ça m'apprendra à commander un livre d'occasion sur l'internet, trop soulagée de quelques euros piteusement économisés sans me méfier que la date de sa parution n'est pas déjà vraiment arrivée, car trop, tellement contente de l'avoir trouvée.

Voilà que j'ai encore gagné.

Un livre dédicacé.

Mais pas pour moi.  Pour une autre qui ne s'en est pas soucié. Ou l'a lu mais écarté (1).

Je vais commencer à pouvoir ouvrir une section spéciale sur l'une de mes bibliothèques rudimentaires et suédoises, ça sera le coin "dédicaces naufragées". Ce volume y rejoindra une autre d'une autre, déjà ancienne "Pour Marie-Françoise Leclerc, très cordialement", et dont j'ai toujours supposé, sans doute à cause du prénom délicatement désuet et parce que je n'imagine pas qu'il soit un livre qu'on quitte, qu'elle n'avait pas volontairement choisi de s'en séparer.

Et quelques autres, aux pages de garde par précaution mais sans elle déchirées. Dont un pour lequel j'avais un peu aidé ; sans en être au bout du compte dotée. Le cruel non-sens était alors triple, pour les auteurs (que j'aime) de voir ainsi leur travail méprisé, pour moi (oubliée et si peu fortunée que je n'avais pas les moyens, c'était un "beau-livre", de me l'offrir neuf) et pour la personne sans doute sur-occupée ou sur-chargée qui l'avait reçu et que ça encombrait.   

Heureusement que d'autres envois, arrivés beaux et propres et sans traces de leur précédents passants sont tombés pour moi ce matin par le même courrier et vont pouvoir me consoler.

Et qu'une fois le livre ouvert, si le temps (enfin) le permet, à la paix délicieuse de mon étroit balcon, j'oublierai aussitôt que je n'en étais pas la pure destinataire.

    

(1) J'ai commencé à le feuilleter, il s'agit de : "Conversation avec le maître" de Cécile Wajsbrot

et je pense, chère madame Rosita que je ne connais pas, que l'avoir négligé est une grave erreur.

(je sais, je sais, plus de 700 romans en cette entrée, il est humainement impossible de tous simplement les feuilleter et d'une certaine façon c'est grâce à vous si je peux aujourd'hui le lire sinon j'aurais encore dû poireauter, mais il s'agit d'un travail de Cécile Wajsbrot qui n'est peut-être pas médiatique et chic mais n'est pas rien pour autant si vous êtes du métier vous ne pouvez l'ignorer)

complément du même jour 18 h 20 : Ce livre n'est néanmoins pas passé inaperçu par exemple à Télérama, à son sujet cette critique élogieuse :

"La solitude partagée et les affres de la création orchestrées avec brio" par Martine Laval.

Voilà qui est rassurant.

[photo : mon courrier déplié, ce matin même, le livre du dessous, d'Olga Tokarczuk aussi promet, quant au CD de Souleymane Diamanka, je ne vous en parle même pas, un pur bonheur de poésie que j'ai déjà dans les oreilles à l'instant où j'écris ceci]

PS pour Akynou en réponse à ton commentaire sur un autre billet mais concernant en fait ce sujet, je pense que je fais effectivement te faire une petite liste, cette petite mésaventure me fait trop de peine.

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Bonheurs puissants du vélibant

un soir du début d'août, à Paris, fort tard.

Les_velibs_la_nuit_par_berlioz_1185 photo par Berlioz avec sa permission (merci encore).

La soirée s'était prolongée, douce et confortable, malgré le temps si froid (pour la saison s'entend) seulement j'étais fort loin de chez moi, et venue en métro directement du bureau.

Jusqu'alors et depuis 26 ans que j'ai quitté la banlieue de mes parents, ce genre de situations me plongeait dans un embarras insatisfaisant.

Le taxi, pour moi, est exclu sauf à ne pouvoir vraiment pas m'en sortir sans, ou à le partager à plusieurs.

J'avais donc jusqu'à tout récemment le choix entre :

- abandonner le meilleur de la soirée afin d'attraper métros et correspondances ;

- rester mais rentrer à pied (1) ;

- peser sur quelqu'un qui devait faire un détour pour me raccompagner.

Au printemps dernier (2) les métros ont commencé à circuler le week-ends jusqu'à des heures tardives, celles qui m'avaient dans ma jeunesse tant manquées. Curieusement j'ai eu assez peu l'occasion d'en profiter, comme si la possibilité offerte avait amoindri les situations potentielles.

C'était déjà un bon progrès.

Mais ce sont les Vélibs vélos municipaux qui ont tout changé. 

Je m'en suis rendue compte en ce soir d'août là.
La pluie, présente par intermittences tout au long de la journée, avait enfin cessé. Quittant le lieu des festivités à la fin de celles-ci et non pas avant à la fin du service des conducteurs de transports en commun, je n'avais eu qu'à faire délicatement glisser mon pass Navigo ma carte d'abonnement (3) sur l'une des bornes où une bicyclette était fixée, dans ce quartier elles ne manquaient pas ni les stations non plus, saluer tranquillement l'amie qui m'accompagnait et non en coup de vent parce qu'une rame arrivait, et m'envoler pédaler tranquillement vers mon domicile, à peine consciente qu'en début du trajet du bas du XVIème vers le Trocadéro, ça grimpait.

Qu'en soit cause le mois ou le jour précis, la circulation était clairsemée. A aucun moment je n'avais été gênée. Un point vers la Porte Maillot dont j'appréhendais la traversée était dûment muni d'une piste cyclable. Et bien que savourant la balade j'avais mis nettement moins de temps que je n'en aurais fait par mes lignes souterraines habituelles.

A l'arrivée, des places étaient disponibles. Et mon vélo de passage y fut volontiers accepté. J'ai parcouru les quelques rues qui séparaient ma maison de la plus proche station avec une sensation de légèreté que je n'avais pas éprouvé depuis au moins 2 ans. C'étaient plus de 20 ans d'absence d'aisance due au manque d'argent qui venaient de s'estomper. En quelques coups de pédales.

Ne me restaient que deux regrets. Ne pas pouvoir partager ce bonheur avec Wytejczk, toujours aux abonnés cruellement absents. Ne pas pouvoir lire en chemin.

Le Vélibant L'utilisateur de vélos communaux parisiens ne peut en effet devenir lecteur qu'une fois arrivé à destination, quand l'usager du métro sauf ligne 13 en bondage excessif, peut bouquiner tout le temps. Je sens venir à moi de sévères arbitrages. A moins que l'hiver à venir ne soit climatiquement à l'aune de cet été absent.

   

(1) Je l'avais fait ce soir-là en quittant à grand regret à la fois trop tôt (les amis, pour la plupart en professions indépendantes ou salariés mais du jounal et qui donc pouvaient se permettre d'être le lendemain absents,  étaient bien partis pour festoyer toute la nuit et j'aurais tant aimé les accompagner) et trop tard (j'avais loupé les derniers métros) la terrasse de Libé ;

(2) Ou était-ce avant ? J'éprouve un doute soudain.

(3) Je m'aperçois que ce billet, si je me laisse aller, va se retrouver truffé de dénominations plus ou moins commerciales que nous autres parisiens employons désormais comme noms communs, ces parigotsnéologismes qui moi même m'agacent (mais que comme tout le monde ici ou presque j'emploie). En même temps ne pas les utiliser et les remplacer par des périphrases alourdit et donne au texte un petit air désuet et loin de l'air du temps dont je tente de témoigner.

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Aujourd'hui

      

Aujourd'hui il m'est arrivé un splendide gag intérieur, une Amélie Poulainerie jolie quoiqu'involontaire, un souci de parking alors qu'en voiture je ne circule pas, un grand lot d'heures grises, un livre par la poste et par ailleurs deux places pour un concert prochain (1).

Finalement de tout ça, la seule chose qui me semble digne d'être proposée c'est mon coup de sérieux de la nuit dernière et matin tôt :

Breveter le bonheur (ou pas)

(1) Souleymane Diamanka, amis des mots (et parisiens ou proches banlieusards ou privilégiés aux déplacements faciles), n'hésitez pas.


Le marque-page

A la bibliothèque, un jour pluvieux du mois d'août

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Il a cet air excessivement raisonnable des adolescents qui ont choisi provisoirement ou définitivement le côté exemplaire de la force. S'il a choisi son camp et renoncé à sa part rebelle, sa voix, elle, hésite encore. Elle en est à la délicate étape modulable et a visiblement déclaré son indépendance. Une phrase dans l'aigu, la suivante dans le grave.

Je compatis en me félicitant (pour une fois) qu'être une fille m'aura épargné dans la vie un désagrément. Je suis soprano stable (1).

   

Ce qui a attiré mon attention sur ce garçon pourtant discret, c'est qu'il était arrivé comme Stéphanot et moi peu après l'ouverture. Et vient de réapparaître plutôt en fin de session.

Stéphanot souhaitait rester pour lire à son aise des mangas. Dehors il pleut à verse sans discontinuer. Dans une bibliothèque je ne m'ennuie jamais.

Tout nous incitait donc à rester.

Mais le jeune homme, lui était parti, puis revenu.

Aurait-il par mégarde oublié son parapluie ?

J'avais levé le nez en le voyant entrer, je le replonge fissa dans le bouquin que je lisais pour y dissimuler un grand rire qui menace d'éclater en l'entendant avouer, d'un air concrit si désuet :

- C'est ma carte [de bibli], je l'ai mise dans un livre comme marque-page, mais je sais plus lequel.

Je suppose que la solution aura été de lui en établir une neuve si toutefois l'Informatique (le Grand Dieu Mystérieux de) dans sa grande mansuétude face aux humains imparfaits autorise ce genre de chose, mais un instant je les ai imaginé la bibliothécaire et lui, passant en revue un à un les livres des rayonnages plausibles à la recherche du volume dissimulateur et dénichant au passage d'autres marque-pages des plus troublants.

Et puis j'ai songé non sans remords aux post-its parfois compromettant qu'à l'occasion moi-même je sème. Et j'ai soudain moins ri (intérieurement).

      

(1) sauf grand âge extrême ou accident de la vie.

[photo : in situ]

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"Putain, Marie ... Je te demande quand même pas grand-chose."

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vendredi 24 août 2007, notes de cuisine.

Il aime sa femme mais la vie pèse et les rend l'un à l'autre distants comme ceux que les contraintes et l'absence ou l'excès de travail et d'argent finit par rendre indifférents à leur quotidien qu'ils n'habitent plus qu'en robots tristes.

L'enchaînement des circonstances met alors Marie, le "je" du récit et dont on sent qu'il a habité longtemps (1) celui qui l'a finalement écrit, en présence de plus malheureux qu'elle, des réfugiés de pays sans paix et qui tentent de passer d'en France vers l'Angleterre, cette étrange terre promise des clandestins désespérés.

Elle (re)trouve une raison de vivre dans le secours à leur porter.

Mais l'existence n'épargne pas ceux d'en bas qui veulent aider. Surtout si l'on est femme et mère, la société nous souhaite au creux de nos quotidiens mornes toute consacrée aux soins domestiques et consommant sagement sans rien partager.

Mes mots sont lourds (j'ai peu dormi, je n'arrivais pas à abandonner Marie, Lucas et Lise et ceux qu'ils protégeaient), les siens sont bien, au point que non seulement ils sont justes mais que je n'en ai repéré qu'un seul qui ne soit pas indispensable (2) et une unique proposition optionnelle (3).

C'est la vie, c'est nos vies, c'est ça. Il nous offre à comprendre où ça coince, et qu'on devrait bouger, se bouger, c'est subversif et sain. Et après, on se sent moins seul(e)s, moins menacé(e)s par la folie, moins démuni(e)s aussi et au moins un peu compris(e)s.

"A l'abri de rien" d'Olivier Adam

(éditions de l'Olivier)

       

(1) il me semble qu'elle rôdait déjà dans "Douanes" une nouvelle du recueil "Lille 2004" et qui voisinait sans déparer "Les Arpenteurs" de Marie Desplechin ; Jallal y était déjà, mais il manquait d'ailes L. J'ai le souvenir d'un autre texte aussi où jouait un rôle le chantier du tunnel sous la Manche mais je ne suis pas parvenue à remettre la main dessus ou à retrouver dans quel livre il était. A moins qu'il ne s'agisse d'une nouvelle éditée dans un magazine (mais lequel et quand ?)

Je suis persuadée que les personnages longtemps portés sont de meilleure qualité. Ils ont la profondeur, la subtilité, l'humanité et les failles d'une longue fréquentation.

(2) un "comme" page 24

(3) "jusqu'à nous engloutir" page 37. Or mon long chemin de traverse vers l'écriture je l'ai commencé en tant que dégraisseuse, et si je ne sais toujours pas l'appliquer à mon propre travail, j'ai conservé de cette époque une sorte de déformation professionnelle de voir presque imprimé d'une autre couleur tout ce dont on pourrait se passer. Si ce livre était du chocolat noir, il serait à 99 %. C'est extraordinaire.

(attention, je ne dis pas qu'à certains types de sujets et de traitements, une comédie par exemple, une relative luxuriance dans le style n'est pas la bienvenue, mais ici on s'approche d'une sorte de perfection sans frime ni sécheresse).

[photo : au nord de Carteret, samedi 18 août 2007, pas de lien direct avec le livre mais un lien d'ambiance, bord de mer, vieille église abandonnée, silhouettes un peu perdues dans une immensité, ciel assez peu bleuté et probablement comme une allusion à ce qui précédait - les falaises (du cap de Carteret en l'occurrence) et Portbail ne sont pas loin -]

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Un temps de rentrée

ici et maintenant mais où et quand est-ce ?

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- Etrange retour de "vacances", qui cette année se seront entendues au sens de vide et non de repos ; j'en reviens d'ailleurs plus épuisée que je n'en étais partie ;

- "On" m'a volé l'été sur lequel je comptais tant pour reprendre des forces. Comment vais-je pouvoir passer l'hiver ? A moins d'un retour en affection, d'une réapparition, que je n'espère même plus.

- Stéphanot et les cousins : peut-être matière à un billet ultérieur (j'en ai déjà une douzaine en boutures sans parler de ceux pour les autres blogs, je ne m'attendais pas à trouver un pays si dépourvu d'internet que là où j'étais - depuis 2005 l'offre d'internet public diminue au lieu de s'accroître, si j'étais capable de quitter Paris, d'avoir assez de santé et de trouver quelqu'un de suffisamment aguerri techniquement pour me seconder, j'irai là-bas ouvrir une laverie automatique-cyber café-librairie et je ferai rapidement fortune -) s'il est d'accord. C'était l'un des seuls rayons de soleil de la dizaine de jours écoulés.

- J'avais des projets de courrier, après tout il me reste d'eux leur adresse postale : Wytejczk et les siens, quelques autres ami(e)s perdu(e)s. Et puis le très peu (1) que j'ai écrit fut au contraire précisément à ceux qui sont restés ou devenus présents. On ne peut pas aider les gens ni les aimer malgré eux. Tenter de joindre mes chers disparus ne serait que peser davantage et les éloigner définitivement (si ce n'est pas déjà fait). En même temps rester sans nouvelles et sans savoir pourquoi est insoutenable. Comment sortir d'un tel piège ? Qui pourrait intercéder afin de rapporter au moins une explication ?

Je suppose que Wytejczk va bien, j'ai vu sa photo dans un hebdomadaire et qui évoquait dans un dossier son métier de coursier. Une suite était annoncée. La semaine d'après le magazine a cessé de paraître. Disparition, dis-parution.

- Je m'en reviens avec un manuscrit tapuscrit fichier .doc quoi, qui précisément s'appelle "Sans nouvelles", mais parle de tout autre chose (encore que). Je ne sais pas quoi en faire. Le résultat est chiant et répétitif. J'ai tenté de gommer du chiant. Reste le répétitif, qui est lié au sujet. Vu l'absence d'été, les éditeurs classiques vont être plus qu'à l'ordinaire submergés de trucs de ce genre, à part écrire ou lire ou faire l'amour ou jouer aux cartes au coin du feu il n'y avait rien d'autre à faire de ces congés payés. Or je ne dois pas être la seule à n'aimer pas les cartes et avoir quelques soucis avec l'une des autres activités possibles et me rabattre de plus en plus fréquemment vers celles qui ne dépendent que de soi-même.

Les absents (inexpliqués) ont emporté ma joie de vivre et le froid (ce qui restait de) ma libido.

Donc la question demeure : que faire de l'objet ? Est-ce seulement la peine de l'imprimer ?

Reste que je suis capable d'écrire un truc qui ressemble à un livre et peut se lire (ou lasser) de A à Z en une seule fois, même si plus personne n'attend plus rien de moi. Est-ce que je ne le savais pas déjà (2) ?

- Christian Lehmann avait raison (et pas qu'au sujet bien plus digne d'intérêt de la franchise médicale  ) tant qu'il me reste les livres, c'est que je suis encore en vie, que quelque chose du fond de moi n'est pas mort (il ne l'avait pas dit comme ça, mais j'avais perçu ainsi la question juste qu'il m'avait posée).

Effectivement, au lieu de me caillouter les poches et d'aller zoner vers la Sangsurière, je me suis dit lundi "Vivement jeudi". Parce que demain sort "A l'abri de rien" d'Olivier Adam, et que ce bouquin je le sens bien. Il va me correspondre et je vais l'admirer comme rarement un livre. Je sais aussi qu'il m'encouragera pour mes propres tentatives, c'est comme si j'avais un jeune cousin brillant qui me montrait la voie (la voix), ce que je dois m'efforcer d'atteindre. Même si je me sais trop usée pour en avoir jamais les capacités, il est bon d'avoir ainsi un objectif, de se sentir guidée et de constater que le chemin est possible au moins pour quelqu'un. Il faudra qu'un jour je raconte comment Françoise Mercier (salut à elle si elle passe par là) qui était bibliothécaire "à l'usine" m'a fait connaître son travail alors que "Je vais bien ne t'en fais pas" sortait à peine au Dilettante (3), les petits défauts que j'y trouvais au début, et qui au fil des oeuvres ont fait place à une admiration de plus en plus solide. C'est si beau de voir quelqu'un progresser.

J'apprends aussi ce matin qu'un nouveau travail de Cécile Wajsbrot "Conversations avec le maître" est annoncé. Sans compter le nouvel album de Stacey Kent, "Breakfast on the morning tram", promis pour le 10 septembre.

Je sens que ma part de difficultés qui consiste à ne pas dépenser plus d'argent que je n'en dispose ne risque pas de s'atténuer immédiatement.

- Oui je vais enfin (du moins dés que j'aurais remis la main sur le cahier où j'avais noté mes âges, quelques événements et les années) reprendre à ricocher. Dés que je le pourrai, rechercher sérieusemnt ma "Vie mode d'emploi" afin d'à nouveau pouvoir suivre le beau boulot de monsieur KA qui donne une telle saveur à la relecture du livre.

- Et ranger les vêtements d'été, petites jupes jolies et robes légères (si, si j'en ai) qui n'auront fait que changer de penderie cette année ; il faut bien que je range quelque part les 25 pulls que j'ai acheté (nb. pour mon mari s'il passe : je rigole, là, tu peux diviser par 5).

- Non, je ne vais pas m'occuper dés aujourd'hui des 26 euros et quelques cents que la sécurité sociale me réclame au titre d'une "dette" que j'aurais envers eux depuis qu'il y a plus d'un an ils auraient fait une erreur dans le remboursement de séances de kiné que j'avais. Ils n'avaient qu'à pas se tromper (si tel est vraiment le cas, je n'ai hélas pas su garder les bons papiers pour pouvoir vérifier), ou réclamer plus rapidement. Quand je pense que j'ai de moi-même cessé une cure de causette à laquelle j'avais eu droit (un peu à l'insu de mon plein gré, mais bon), entre autre parce que toute cette dépense prise en charge en vue d'un résultat aléatoire et qui tardait me posait quelques problèmes de conscience ...

- Non je ne vais pas m'occuper dés à présent de rassembler la brouette de paperasses (4) nécessaires à la réinscription de Stéphanot au conservatoire.

- Ni non plus me soucier de cet abonnement mystérieux à Télérama ; j'étais finalement bien heureuse de le recevoir ce matin entre les articles littéraires, ceux de cinéma et le fait de n'avoir pas à sortir sous la pluie battante mais le cueillir en bas de chez moi ;

- En revanche quelque chose me dit qu'il vaut mieux que je ne tarde pas trop à tenter d'élucider le mystérieux achat par "service internet plus" de 26 euros (et oui la même somme) et mes 330 198 h 00 mn et 1, 9 Go consommés en connexion si j'ai bien compris en théorie et depuis le début du mois alors que depuis le 12 la maison était vide et la livebox éteinte.

- Même chose pour la machine à laver le linge, en grève perlée de l'essorage depuis quelques temps déjà et dont la garantie d'un an chute au 1er septembre ;

- Et pour le dégivrage du réfrigérateur dont la porte du coin congélateur défectueuse a provoqué une glaciation intérieure imprévue ;

- Oui je vais aller à la bibliothèque rendre livres et CD en retard sans plus tarder et lancer une lessive (non sans une invocation préalable au petit dieu de l'essorage) et peut-être manger.

  (vrai billet plus tard, donc)

Comment peut-on rentrant d'aussi peu loin (Normandie) et partie aussi brièvement (10 jours) se sentir à ce point jet-lagguée ?

   

(1) par une bizarrerie psychologique personnelle, le fait d'être déconnectée, au lieu (ce qui aurait été logique) de me ramener vers des communications traditionnelles (téléphone et lettres postales) m'a coupée de tout et de tous, comme si le reste du monde n'existait plus vraiment, que ce coin de terre brumeux, froid et humide sur lequel ma petite famille et moi nous étions naufragés.

(2) en fait pas tant que ça, ce n'est pas parce qu'on est capable d'aider les autres, et soi-même d'écrire de façon séquencée (sur blogs), qu'on peut avancer seule dans le marécage de l'écriture longue. Et puis ces bientôt 4 dernières années, depuis exactement le temps que j'essaie, ma vie n'a tellement pas voulu, j'étais au bord de croire de façon infantile et désespérée que si je cessais d'essayer peut-être que les malheurs daigneraient se calmer (sur le mode "ne réveillez pas un dragon qui dort"). 

(3) A propos, ce soir (mercredi 22 août) sur France Inter de 20 heures 05 à 21 heures l'invitée de l'émission de Brigitte Kernel "Un été d'écrivain" sera Anna Gavalda.

(4) pour cause de quotient familial préalable à établir

[photo : une caisse, braderie - vide-grenier, La Haye du Puits (Manche), dimanche 19 août 2007]

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De Stéphanot le léger souci (vestimentaire)

Hier soir

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Stéphanot grandit. C'est même en cet absence d'été son activité principale. Il est de plus à cet âge intermédiaire où les vêtements standards de petit garçon ne lui conviennent plus et pas encore ceux des plus grands, dont les tailles ne lui conviennent guère.

Et pour les chaussures, je n'en parle même pas. Le voilà qui chausse du 41 garçon. Seules les modèles de sport dispendieux lui conviennent.

Nous comptions sur les vacances pour prendre le temps de réactualiser une garde robe dont il a débordé. Hélas, les magasins abordables de notre lieu de villégiature ne lui conviennent plus.

Nous devons attendre un jour prochain, une expédition vers la plus grande ou la moins petite ville, le fin du fin du chic de l'hypermarché local, la braderie de dimanche prochain ...

En attendant les effets conjugués de sa croisance et de l'absence locale de machine à laver et de réticence maternelle à l'usage de la laverie locale pour cause de séchage hautement aléatoire cette année et d'impossibilité d'utiliser l'extérieur (mouillé), réduisent ses habits acceptables à la portion congrue.

Pour autant l'enfant souhaitait hier, honorer d'une apparence décente les amis qui nous avaient invités.

Je le vois farfouiller dans son sac, un peu fébrile, vaguement inquiet. Serait-il contraint d'enfiler ce jean qu'il aime bien mais qui tient désormais en longueur du pantalon corsaire ou du modèle golf de type Tintin des plus anciens albums ?

Je le vois soudain pousser un cri de victoire, se relever tenant un pantalon de survêtement sombre d'un modèle ma foi assez sobre et s'exclamer :

- C'est pas vulgaire, c'est pas sale, c'est pas troué !

Et il l'a enfilé.

[photo : aujourd'hui, lui]


Bons baisers d'Ukraine - fin -

(Le début de l'histoire se trouve ou est indiqué dans les billets qui précèdent)

Milky est dépitée. Elle vient de récupérer les clichés agrandis et finalement les trouve décevants

On voit effectivement des enfants au second plan, sur la première image certains ont encore la bouche ouverte. Sans doute ont-ils chanté ?

Le gars de permanence ce jour-là pressent sans effort que quelque chose ne va pas. Il se dit, pourvu que ça ne soit pas dans nos tirages. Les clients par ici sont difficiles parfois.

Et puis il n'y a personne après, et puis elle n'a pas l'air en colère, juste, déçue ? Dépitée ? Et puis il la trouve plutôt mignonne et ça le change des types arrogants et jamais contents.

Alors il fait le tour de son comptoir et vient aux nouvelles.

- Quelque chose ne va pas ? Les tirages sont pas bons ? demande-t-il doucement.

Elle sursaute. Perdue dans ses pensées qu'elle était.

- Oh non, non, c'est juste que. Je crois que j'espérais un peu trop de ces clichés.

Devant son air interrogateur, elle se sent tenue d'expliquer. Ce n'est pas un mauvais bougre après tout, il est venu de lui-même aux nouvelles. Et puis il est loin d'être laid.

Alors elle lui raconte. Le vieil appareil, une commande hasardeuse, par l'internet, mais qui réussit. Une pellicule coincée.

Il se souvient alors, il y a quelques semaines, d'un collègue qui avait évoqué un tirage délicat, un travail sur une pellicule ancienne et comment il s'en était sorti, un peu fier de lui. Le travail est si répétitif la plupart du temps. Et les délais promis de plus en plus serrés.

Soudain vraiment curieux et intéressé, il fait :

- Je peux voir.

Et elle lui tend les images développées. La quatrième n'est pas terrible, c'est entendu. Mais les trois autres. C'est peut-être un événement historique là-dessus.

- Le toit, là. On dirait Moscou. La place où ils fêtaient tous leur trucs.

Elle regarde de plus près.

- Oui, tiens, c'est vrai.

Mais est-ce que ça change quelque chose ? C'eût été plus étonnant, vu le contexte, une vue de Tombouctou.

Il cherche autre chose d'évocateur à dire. Mais rien en fait. Il y a bien le béret du type, qui est marrant dans le contexte. Il se souvient de kermesses d'école, qu'il était petit, qu'il fallait chanter et qu'il n'aimait pas ça.

Il rend les photos à sa propriétaire ; se veut réconfortant.

- C'est déjà beau comme ça. Que si longtemps après on retrouve des images.

Elle acquiesse tout en rangeant ses affaires.

Il regagne sa place, quand même un peu songeur, ce béret, la tête du gars, ça lui rappelle bien quelque chose. Il ne sait juste pas quoi.

Il pense à une photo célèbre. Une Doisneau, avec le pépère français et sa baguette de pain, longue comme elles étaient dans ces temps-là.

Non, et puis ça n'a pas l'air en France.  Une photo célèbre.

Dehors il pleut. En bonne parisienne elle a dû venir en vélo. Ces jours-ci ils sont partout. Elle pose son sac pour en ressortir un vêtement étanche.

Une photo célèbre, un béret.  Rodtchenko ! Non pas Rodtchenko, oui des pionniers, des photos de défilés, oui ce genre-là, mais le béret, ce n'est pas ça.

Elle a complété son équipement, et tire la porte pour sortir.

- Korda !

Il a crié si fort qu'il s'en effraie lui-même, quand elle a manqué de lâcher son sac. Elle se reprend la première,

- Alberto, vous voulez dire ? Comment voulez-vous que des photos sur un Lubitel acheté en Ukraine soient d'Alberto Korda ?

- Non, non c'est pas ça que je voulais dire. C'est juste le type, avec le bérêt, là. Vous trouvez pas qu'il ressemble à Che Guevara ?

Elle referme la porte, revient vers le comptoir. Ouvre son sac et en sort à nouveau les photos.

(La suite ne nous regarde pas).

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