Une formulation fatale
Bons baisers d'Ukraine - début -

Une (nouvelle) formulation fatale

Aujourd'hui, à Paris.

photo par Etienne Dupriez

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billet en chantier

Je devais me hâter. Une légère contrainte familiale m'avait fait zapper l'heure de déjeuner, j'avais pris métro puis voiture, fais un trajet chargée, un autre moins, et remontais hâtive vers mon lieu de travail salarié.

Le kiosque à journaux de la sortie du métro, néanmoins m'appelait. Je m'offre par habitude le Monde en papier au jour des livres. Y compris l'été quand le supplément est abandonné.

Je ne suis pas perpétuellement d'une cohérence extrême.

Je m'accorde le temps d'aller l'acheter, quelqu'un avant moi paie un magazine, je lis la première page en attendant mon tour.

J'attrape les larmes aux yeux.

Non, ce n'est pas cette chronique d'une mort annoncée, celle du bon vieux tour de France qu'enfant j'ai si fort aimé, pas tant pour des raisons sportives que pour l'enfermement dont il nous sauvait : une fois par an, la télé nous offrait le tour de la France comme si on y était, j'y apprenais la géographie qu'aux cours j'oubliais.

Mais aujourd'hui ce n'est pas ce qui m'émouvait. Depuis que j'ai perdu qui m'aimait, je suis moins attachée à la persistance des choses, quand celle des humains et de leurs sentiments si nécessaire se prouve si faible.

Non, c'était juste la mention d'un refus. Celui d'Ariane Mnouchkine à un poste prestigieux qu'amplement elle méritait. Ce n'était pas le travail en tant que tel qu'elle refusait mais la formulation de la dépêche qui l'en avertissait et laissait supposer que le chef de l'état, lequel effectivement signe le décret, était à l'origine de sa sélection et qu'auprès de lui elle l'avait acceptée.

Je suppose que les choses s'arrangeront après quelques précisions quant à la formulation de la nomination et que d'aucun considèreront ce refus comme de façade.

En attendant, j'ai aimé croire qu'il restait quelques personnes qui n'étaient pas ou peu corruptibles, fidèles à leurs idées, sans doute à leurs amis, et solides à nos pièges fréquents. Ce fut pour moi une bouffée d'oxygène dans un monde où je doute désormais de tout et de tous tout le temps, et que le spectacle affligeant des caciques à caser n'a fait que rendre encore plus laid.

Quoi que vous décidiez par la suite, merci madame Mnouchkine pour votre réaction première et immédiate. Vous n'imaginez pas le réconfort que c'était.

l'article :

[photo : in situ ou peu s'en faut]

 

Compléments d'informations :

dans Libé "Ariane Mnouchkine n'est pas nommée au collège de France par Nicolas Sarkozy"

et demain, si tout va bien, comme promis "Mater Harry" ...

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