Une formulation fatale
25 juillet 2007
un de ces jours-ci, dans l'après-midi, vers le en bas des Champs Elysées
note en chantier
J'avance perdue dans mes pensées, je cherche vaguement un Vélib', me doute assez qu'à proximité de l'Elysée je n'en trouverai guère, espère rapidement passer en marchant vite dans un quartier plus hospitalier.
Au devant d'un théâtre, j'entrevois un portrait, hélas pour tous familier, celui d'Ingrid Bétancourt enlevée depuis tant d'années en même temps que Clara Rojas qui l'accompagnait.
J'ai une brêve et impuissante pensée, depuis mon engagement victorieux (1) de deux ans plus tôt, essorée par ses conséquences personnelles pour moi malheureuses ou effets induits incompréhensibles, je ne suis plus capable d'aider pour aucune cause, ou si peu (2). Je n'ai pas perdu toute capacité d'indignation ni de compassion, mais celle d'action si, comme si m'avait assassinée qui j'avais aidé.
Je me sens amputée d'une grande part de moi-même, et qui était probablement trop généreuse pour le monde tel qu'il est et ses humains si incertains. Et si je ne regrette en rien d'avoir participé alors de tout mon coeur et mon temps disponible, pour ceux qui viennent après je n'ai plus la force de ne pas laisser tomber.
Brouillée par ces pensées sombres, j'ai cessé de marcher. Les mots voisinant l'image parviennent alors à mon cerveau :
"contre la mort d'Ingrid Bétancourt".
Mon coeur saute un ou deux battements, elle serait décédée ? Ils protestent contre sa mort ? Et Clara Rojas, qu'est-elle devenue ?
Mon neurone irréductible, secondé par son cousin qui me sussure que ces derniers temps, malgré mes vacillements j'ai plutôt bien suivi l'actualité générale, et qu'il n'en fut question à aucun moment, a cependant continué de fonctionner, et lit le reste et comprend. Il s'agit simplement d'un message de soutien, à la formulation mal mesurée.
Me revient le souvenir des "Copains d'abord", belle chanson (3) de Georges Brassens que Reporters sans Frontières voulait faire entonner pour la fête de la musique 2005 en soutien à Florence Aubenas et Hussein Hanoun, ce qui pour qui connaît les paroles et pas uniquement le refrain ne manquait pas de maladresse. Heureusement les événements avaient rendu cette initiative inutile.
Je me prends à espérer qu'il en soit bientôt de même pour ces panneaux affichés, qu'ils perdent leur usage et toute ambiguïté, enfin décrochés pour cause d'otages libérés, sain(e)s et saufs et sauvé(e)s, puis à songer non sans affliction qu'il n'est pas si simple d'être rescapé(e)(s).
(1) Peut-on dire ça comme ça ? Qui s'était fini bien en tout cas.
(2) Je tente toujours quand ça peut d'envoyer des messages de protestations aux indications de RESF, mais j'avoue que parfois l'énergie me manque.
(3) Il n'en a jamais écrit de moches, d'ailleurs, c'est comme Léo Ferré ;-) (cf. les commentaires et le billet "Grand jeu de l'été : l'invité mystère" chez Emmanuelle )
[photo : in situ au passage]
PS : demain c'est promis, je vous parle d'Harry Potter, qu'on rigole enfin un peu, quoiqu'après avoir lu Chondre sur le sujet, je ne sais que je ne saurais faire mieux pour vous faire marrer.
Complément du 08/08/07 : On aimerait parfois que certaines informations peut-être prématurées ou du moins non encore confirmables soient vraies :
pour info, concernant Ingrid Bétancourt et Clara Rojas, un blog de soutien existe par là.