Les malheurs de Sophie
17 juillet 2007
(et les miens aussi)
Ce matin, aujourd'hui, dans mon bureau-cuisine
L'ironie de mon sort étant d'une vitalité telle que je me surprends parfois à souhaiter continuer uniquement pour voir ce qu'elle saura m'inventer, voici qu'au moment même où je m'offrais enfin quelque nom de domaine destinés à un avenir auquel je ne sais croire mais qui sauverait mon présent d'âme soeur assassinée, je reçois un gros livre.
Splendide volume tout rosé, assorti au petit bouquin jeunesse (1) qui, double ironie (2), par hasard (3) l'accompagnait. Avec l'une des pages en braille, que je ne sais pas lire mais qui me parle au mieux, tant les ruptures me sont étrangères. Je n'ai jamais quitté personne fors comportement devenu agressif (4) ou invasif dangereux.
En revanche j'en connais long sur celles qu'on subit, puisque vis-à-vis de mes amours comme de mes ami(e)s je finis toujours par être la fille de trop. Celle qui se tait quand il faudrait causer. Celle qui parle ou se confie quand il conviendrait de garder le silence. Celle qui en a trop vu pour éviter d'effrayer en racontant calmement ce qui est. Celle qui certains soirs ne sait plus s'amuser.
Et qui écrit (ou lit) sans arrêt.
(Ce qui n'arrange rien).
Me voilà donc plongée, toute concernée, dans les analyses multiples et de tous côtés d'un message de rupture qui se voulait, j'imagine, du genre élégant ; "quand on est homme du monde ..." écrit l'une des participantes à cette oeuvre de salut public et privé.
Femme de banlieue sur-occupée, je n'ai pas encore eu le temps de voir ou d'écouter CD ou DVD, j'ai en revanche dévoré les petits livrets inclus dans le gros ouvrage, suis tombée en arrêt devant certaines photos (celle de la poupée de Bunraku par exemple, et celle d'Ariane Ascaride abattue comme je l'ai été), et l'une d'entre elle en particulier dont je suis si contente qu'elle ait pu exister.
merci à Sophie Calle et à toutes celles (et ceux aussi) qui l'ont aidée.
Le travail entrepris aide les autres en retour.
[photo : le colis à peine ouvert]
(1) "Le livre qui dit tout" de Guus Kuijer
(2) au vu du titre, puisque je ne l'ai pas encore lu.
(3) ou presque
(4) surtout envers quelqu'un que j'affectionne ; me concernant directement il en faut vraiment beaucoup pour que je rompe. Je n'ai pas la peur facile.
Oui, bon, je sais, le titre de ce billet est d'une facilité affligeante ; mais comprenez-moi, c'était tellement, tellement, tentant.
PS : je n'ai pas bien saisi le sens de la phrase de clôture, "Il s'agit d'une lettre. Pas d'un homme ..." Serait-ce pour placer une distance de fiction ?