Velib' : la confirmation de ma malédiction
Velib' et lundi : malédiction et sortilèges

Les Laze du comte d'Orgel

aujourd'hui au Père Lachaise et puis un peu après

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J'aurais tellement voulu que Wytejczk puisse nous rejoindre au rendez-vous collectif de ce dimanche d'été qui venait de s'achever, qu'au moment de rentrer je m'en sentis incapable.

Besoin de marcher, de penser une fois de plus à ce qui avait bien pu arriver, de voir le Père Lachaise, voisin, à la belle saison, ce que je croyais n'avoir jamais fait.

Le hasard des pas pensifs me conduisit au chevet de Raymond Radiguet. Depuis les mois que j'arpente ces lieux où mon père il y a trois ans a été incinéré, c'était la première fois que je croisais l'endroit de l'auteur du "Diable au corps"  et "Du bal ..." " du bal ..." , du bal de qui déjà ?

Influencée par un récent article d'un blog que j'aime à lire     j'ai songé "Bal des Laze" et après j'étais foutue. Impossible de me souvenir du titre de l'ouvrage qui pourtant m'avait tant marquée.

Je sais d'expérience que dans ces cas-là mieux vaut ne pas insister, que le nom reviendra par mégarde, déjouant les pièges dans lesquels le cerveau veut le canaliser.

Je continuais ma promenade, réfléchissais à d'autres sujets, m'étonnais de la vitalité des baisers à Oscar Wilde puis comme l'heure de la fermeture approchait, sortis du côté d'une librairie que je connais un peu et qui se situe dans la même rue qu'une autre qui organise lectures et rencontres où j'aime aller. 

Et qui s'appelle ... qui s'appelle ... Le nom ne venait pas et il était temps de remonter vers Gambetta.

Accablée par l'état dans lequel les épreuves cumulées et mon manque de résistance à leur encontre m'ont plongée, cette mémoire qui défaille désormais non seulement pour les choses fastidieuses mais également pour mes passions premières, je rangeais l'appareil photo, pris le métro, saisis mon bouquin du jour ; "Le paradis perdu de Mercury" de Brad Watson, et qui s'ouvrit Dieu seul sait pourquoi et encore même pas puisqu'il n'existe pas, page 254 (1)

"Le merle moqueur chante avec tant d'éclat qu'elle en devient aveugle, comme si elle traversait son chant pour entrer dans le rien."

"Merle moqueur" c'était ça ! Le nom de la librairie amie. Je tentais d'ouvrir au hasard une autre page, pleine d'espoir pour résoudre Radiguet d'aussi jolie manière. Mais le procédé refusa obstinément de récidiver.

Il me fallut donc rentrer à Clichy avant de retrouver le titre qui me tracassait,

"Le bal du comte d'Orgel".

Je me souvins du bonheur de lecture que ça avait été, malgré un style trop dense de beautés caloriques, du regret infini que cet homme fût mort si jeune avant d'avoir pu donner le meilleur de son métier.

Soulagée de l'énigme crevée, je me couchai de bonne heure et plutôt rapidement.

 

(1) j'en étais alors à la 82.

[photo : Père Lachaise, tombe de Raymond Radiguet]

 

spéciale dédicace à Nathalie Vallée et à sa fille Salomé.

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