Cambiamenti (changements)
11 juillet 2007
mardi 10 juillet 2007, Paris quartier central
L'absence rend-elle l'oeil davantage aiguisé ?
J'ai du mal à croire que ces boutiques ou devantures de mon quartier de travail salarié n'étaient pas déjà là avant mon départ, qu'elles ont poussé en 10 jours. Et pourtant, auparavant, je ne leur avait prêté aucune attention.
Pas plus à la vitrine interactive du marchand d'intérim, qu'à celle spécialisée Poker (l'établissement entier est consacré à ce jeu avec de surprenants produits dérivés), ni non plus au fleuriste situé un peu plus loin.
Que pouvait-il bien y avoir avant les fleurs ? Comment se fait-il que je ne m'en souvienne guère quand, si je fréquente moins ces rues qu'autrefois, j'y ai toujours certaines habitudes d'après cours de danse ; sans compter que ce fleuriste soudain se trouve sur le chemin logique entre l'usine et le traiteur russo-italien où aux mois fastes je me fournis en scamorza et en "riga sprats" (orth. approx.).
Entre le climat qui donne comme jamais une idée de rentrée (1) et ces indices concordants de dépaysement, j'ai la sensation d'avoir vécu une absence longue et que Paris a changé, quand je conservais d'elle une image figée déjà périmée à la réalité.
Je pense à la douleur inguérissable des exilés, dont ma perplexité désemparée n'est qu'un doux avant-goût. Me voilà de retour stable dans une ville [devenue] étrangère. Quelles retrouvailles seront possibles ?
(1) scolaire je veux dire ; il fait un temps de fin septembre, version été fort peu indien.
[photo : in situ, prises à midi puis au bord du soir]