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Place capitale de la douleur

Cantine de l'usine, un midi, il y a quelques temps déjà

      

Elles ne sont plus toutes jeunes, mais pas assez âgées pour goûter aux jours heureux des pré-retraités. On les sent plus amies que collègues. Peut-être ne travaillent-elles plus dans le même service et ne se retrouvent-elles que de loin en loin, le temps d'un déjeuner.

D'ailleurs elles échangent des nouvelles comme qui ne s'est pas vu depuis un moment. Il est bien sûr question de santé, passage en revue des proches de chacunes et de leurs connaissances communes.

On pourrait presque établir des statistiques entre problèmes cardio-vasculaires, cancers divers et variés sans parler des dépressions avérées, ni de ceux et celles qui combinent plusieurs options.

C'est leur ton, à la fois fataliste, bienveillant, philosophe et plein d'une humaine compassion qui a attiré mon attention. Pour certains de ceux dont elles parlent, leur peine est réelle. Mais elles ne l'étalent pas. Si je tombais gravement malade, j'aimerais être entourée de telles personnes, je n'ai hélas plus parmi mes tout proches, fors Stéphanot le solide, que des panicards pesants ou des personnes au déni indifférent.  Qui pourrait aider s'est déjà éloigné (de façon préventive ?) ou n'a plus ou pas de temps disponible.

Elles en viennent au bout du compte à parler de leur cas personnel. En bonne salarié d'usine usée à ses postes successifs, l'une souffre du dos et d'un poignet. L'autre parle de chevilles qui enflent (au sens littéral) et de vue qui baisse.

Alors sa commensale, rassurante, conclut :

- Tant qu'on a mal à un endroit différent chaque jour, c'est qu'on est en bonne santé !

Je pense très fort, tant qu'on a aussi les moyens de s'en soigner. Depuis quelques années les soins non urgents tendent à devenir des frais qu'on repousse jusqu'à n'en plus pouvoir, car le médecin consulté en premier orientera presque toujours vers une investigation technique ou une autre dont les prix sont élevés et les remboursements souvent tardifs.

Je leur souhaite donc mentalement une bonne santé pas trop douloureuse le plus longtemps qu'elles pourront et file déposer mon plateau tant que mon dos fatigué accepte encore cet effort.

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Difficile témoignage

sur un grand boulevard de proche banlieue, il y a une semaine à une demi-heure près

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Avant les cris et les éclats de voix, c'est l'immobilité des passants qui me met sur le qui-vive alors que fatiguée, éperdue dans mes pensées je glissais de la boulangerie vers la banque où il faut bien aller.

Il fait bon et malgré leur peu de confort, trois ou quelques tables donnant sur la large rue très chargée à cette heure, des consommateurs remplissent les terrasses de chaque café.

Comme j'avais traversé au feu rouge précédent je me trouve du côté calme du trottoir.

C'est de l'autre qu'ils sont, deux hommes, grands et épais, qui se balancent l'un vers l'autre des jets de bombes que je suppose plus ou moins lacrymogènes et qui ne semblent pas leur faire grand effet. Ils voisinent dans leur gesticulations une table du café le plus proche, occupée par un homme et une femme, elle aussi grande et forte et semble-t-il enceinte ou alors très grosse, laquelle s'est levée et tente de séparer les deux premiers types dont l'un recule. L'autre s'en prend soudain à celui qui était assis et peut-être avait dit quelque chose, je suis trop loin pour entendre autre chose que les glapissements de la femme.

Les gens alentour sont silencieux, interdits. Tout se passe bien plus vite que les mots ici.

Il s'en prend donc au type assis, et le frappe à la tête, peut-être avec la petite bombe métallique, peut-être avec autre chose.  Il marque une hésitation (surpris lui-même ?) avance d'un pas, recule de deux, part en courant vers une petite voiture grise posée en franche double file à quelques 10 ou 20 mètres de là.  Mon cerveau enregistre qu'elle est immatriculée dans un département voisin que je connais bien.

Sa victime est repliée sur elle-même, se tient la tête, la femme est penchée vers lui. Il se redresse peu après un linge (qu'elle lui a passé ?) sur l'oreille droite et qu'il applique d'un geste raide à l'endroit de la blessure. Il n'émet rien, pas un bruit, aucun geste que strictement ceux pour se mouvoir. Son visage : le masque du boxeur KO, pour autant que je voie ses traits.

A la voiture celui qui a porté le coup hésite une nouvelle fois, puis il voit les trois autres qui se sont rassemblés, levés et avancent, pas menaçants, non, lentement, on s'occupe d'abord du blessé le reste on verra plus tard, la femme émet des sons (désolation ? imprécations ? pleurs ?), le blesseur grimpe dans sa voiture, démarre, se glisse dans le flux roulant et disparait.

Les trois autres en font autant peu après, avec moins de facilité : en double-file leur véhicule faisait quand même un peu semblant d'être garé, il y a un embryon de manoeuvre à faire. Celui-ci est immatriculé d'un autre département voisin, différent du premier.

A partir du moment où l'agresseur le plus violent était hors champs, les passants se sont presque tous remis en mouvement. On ne perçoit plus qu'un écho d'agitation inhabituelle vers le café qu'ils viennent de quitter (sans payer ?).

J'allais à la banque, j'y vais. Je serais incapable de mettre une durée sur la scène à laquelle j'ai assistée. Il me semble que du café un seul homme a eu le temps de tenter un geste de dispersion des impétrants au début, quand debout deux d'entre eux s'aspergeaient de leurs bombes et que la femme tentait elle aussi de s'interposer.

D'ailleurs quand je repasse devant le troquet pour rentrer chez moi, c'est mon chemin logique, je crois le reconnaître qui sort du café en disant à celle qui en est peut être la patronne,

"Je ne retrouve plus mes lunettes, qu'est-ce que j'en ai fait ?"

Il parle sans animosité comme le type qui avait posé ses lunettes un instant pour éviter de la pluie ou la buée. Exactement comme qui viendrait de faire un bricolage fatiguant et délicat.

Elle contemple d'un air las et fataliste une théière, un verre et une tasse, consommations délaissées, probablement impayées.

Et la flaque de sang, au pied de la table.

[photo : in situ]

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La fin du livre

en options au titre : insidieuse ; des femmes

(si la lecture de cette dernière option vous fait pousser un soupir de soulagement, passez votre chemin, ce blog ne vous conviendra guère)

aujourd'hui vers midi

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Nous descendons au sous-sol sombre par un escalier en colimaçon. C'est comme ça deux fois par an.

Pour les femmes seulement. Et qui sont mères de famille. Sinon c'est une seule fois.

Nous y allons souvent à plusieurs. Ensemble, c'est mieux. (1) .On peut ainsi parler entre nous tant qu'on nous fait attendre. Le silence n'est pas requis. La patience parfois si.

Il s'agit en fait d'une annexe de l'usine.

Nous devons venir y chercher selon la saison et notre situation [de famille] cadeaux de Noël pour nos enfants ou "livre des femmes".  C'est le comité d'entreprise qui prend en charge ces traditions dont je ne sais de quand elles datent, mais dont j'ai eu le temps d'observer les changements.

Il s'agissait au siècle dernier d'un livre, un livre et bon vieux bouquin à choisir parmi une liste où généralement je trouvais mon bonheur. J'hésitais même parfois entre deux ou trois titres.

Bien sûr j'aurais préféré que les entreprises quelles qu'elles soient ne se mêlent pas de fête des femmes ni la société non plus mais bien plutôt qu'elles aient, que nous ayons une place tellement normale et des salaires tellement équitables que penser un jour, un seul jour par an à nous consoler des autres soit purement inutile.

Mais malgré les bibliothèques je suis toujours à cours d'argent pour assouvir ma soif de lecture alors j'en oubliais bien vite mes beaux principes et acceptais sans faire ma princesse ce livre offert quoique passablement pré-selectionné.

Passées en effet quelques années heureuses, où le choix présentait me ravissait, sont venus en effet insidieusement se glisser quelques ouvrages probablement réclamés par un plus grand nombre que les pauvres poètes de l'internet dont je ne faisais pas encore partie (l'internet pour n'importe qui était encore à inventer, il ne concernait alors qu'un début d'élite et ceux qui y travaillaient) et qui portaient sur la cuisine, le tricot ou le jardinage. Non que je méprise aucune de ces activités mais pour ce qui est de la lecture, les ouvrages en manquent généralement et de style et de suspens.

Arriva en parallèle une période "Best-sellers", non que j'ai rien contre eux, mais pour ce qui est de la découverte, ils sont d'un faible coefficient. On a tellement entendu parler d'eux que l'intrigue s'il y en a une nous est déjà connue. Et s'il n'y en a pas, on le sait déjà. Et même pourquoi.

Je trouvais toujours de quoi me contenter, un livre d'art, ou bien d'Histoire, la vie de personnages illustres. Grâce à la sélection d'une certaine année, je sais tout de Louise Michel (ou du moins : je suis censée). Puis là aussi ça s'est gâté. Des personnages illustres, on a ripé vers les célèbres. Ça m'a amusée cinq minutes deux ans : le temps d'acquérir une biographie d'Yves Montand puis une de Simone Signoret (ou l'inverse). L'intérêt pour ce genre c'est chez moi vite émoussé. Sauf concernant mes proches, ceux avec lesquels j'ai un lien affectif direct et chaleureux, je m'intéresserai toujours davantage chez les gens qui qu'ils soient au produit de leur travail qu'aux circonstances de leur vie.

La seconde leur appartient, le premier nous est destiné.

Dans le même temps, ceux qui décidaient du choix à proposer eurent l'idée de diversifier vers d'autres formes de "choses" culturelles. On vit ainsi apparaître des CD dans la sélection. Puis des abonnements à certains magazines. Des places de cinéma, ou bien de concerts.

Les livres peu à peu sont passés à portion congrue. Avec un choix incapable de satisfaire ni les vraies lectrices au palais affiné qui avaient déjà lus les 3 ou 4 titres d'un peu de subtilité parmi les proposés, ni les occasionnelles qui le trouvaient à l'opposé trop exigeant.

Je m'efforçais de résister, le livre des femmes devait être un livre, sinon à quoi bon ?

Cette année, hélas, rien de rien ne me tentait. J'ai piteusement capitulé et opté pour le chèque cadeau Fn*c, 25 euros qui me permettront peut-être de faire déveloper ma prochaine pellicule argentique que je m'accorderai. Je suis allée ce midi le chercher.

Mais depuis ce moment, le remord sous forme d'une sorte de billet plat aux couleurs attrayante pèse dans mon sac à main. N'ai-je pas moi aussi contribué à la fin [insidieuse] du livre [des femmes] ?

(Vivement qu'on soit assez payées et que cette mesure de discrimination positive devienne inutile.)

[photo : ce que j'ai pu trouver de moins pas ressemblant]

(1) autocensure pour cause de malencontreuse similitude avec un slogan politique en partie usurpé et trop proche, bien trop proche du titre d'un livre qui m'a un jour consolée. A quand bientôt celui qui osera voler "Tous pour un et un pour tous" (2) (pendant qu'on y est) ?

(2) ou l'inverse, je sais jamais.


Dimanche 20 avril 2025 (deuxième partie)

dimanche 20 avril 2025, jardin d'une belle maison vers Melun

Pict0016 (version sans doute un peu provisoire mais pas le temps de relire, pour l'instant je dois filer)

(le début est ici)

crédit photo : Etienne Dupriez - avril 2007 -

Je souris face à la sagacité du petit bonhomme, mais ne réponds rien. J'aimerais qu'il lui reste quand il les retrouvera, une envie de poser la question à ses parents.

Il me confirme sans le savoir la justesse de mon silence, en regardant sa soeur d'un air entendu et moi d'un coin d'oeil provocateur (Ah c'est comme ça, tu ne veux rien dire, mais je saurai quand même, na !) :

- On demandera aux parents en rentrant.

Puis il revient à la charge quand de toutes façons je m'apprêtais à raconter :

- Et pour Papa, pour la photo, alors ? Comment tu peux savoir la date comme ça ?

Patiemment et en souriant, je reprends le fil du récit :

- Précisément parce que ce n'était pas un dimanche comme les autres. Ces élections dont je vous parlais elles étaient importantes, vous savez. Cinq ans avant, les gens avaient fait n'importe quoi. La politique ne les intéressait plus, ils étaient un peu tous déçus, persuadés que tout était joué alors beaucoup n'avaient pas voté, ou voté pour des petits partis. On s'était retrouvés au second tour avec un parti de haine et de dictature face à un autre qui ne représentait qu'une partie des tendances du pays. Bref on avait eu peur.

Je lis une foule de questions dans le regard de la petite, deuxième tour, dictature ... Son frère la fait taire d'un regard, mais j'y réponds malgré qu'elles restent muettes :

- La dictature c'est quand on perd la liberté de penser et de dire ce qu'on pense sous peine de se retrouver en prison. C'est par exemple quand les journaux, je veux dire les sites n'ont pas le droit de nous dire ce qu'ils savent où alors seulement une petite partie.  Le second tour c'est parce qu'à l'époque le plus souvent un seul scrutin, je veux dire un seul vote ne permettait pas de départager les candidats. Alors on en faisait un premier, on gardait les deux pour qui les électeurs avaient le plus voter et 15 jours plus tard on votait pour l'un ou l'autre de ce choix restreint.

Là je vois que c'est le garçon qui s'apprête à me demander :

- Et si on n'aimait ni l'un ni l'autre ?

Mais comme il se retient, je passe moi aussi à la suite.

- Et donc ce dimanche là pour la première fois depuis très longtemps les gens étaient presque tous allé voter, ils l'avaient fait très sérieusement et en même temps un peu joyeux et anxieux (pour certains qui avaient peur que ça recommence), et je me souviens très très bien de cette ambiance là.

Comme justement on avait un peu tous peur, les amis que j'aimais bien et moi, on s'était retrouvés dans un Parc pour passer ensemble un morceau d'après-midi.  Pas être tout seuls face à notre peur. C'était une bonne idée de mon amie Fulie.

Comme il faisait très très beau, j'avais un peu poussé Stéphanot à venir avec moi. Il aurait préféré rester jouer sur son ordinateur ou sa PS2.

Là, le petit-fils, technique :

- La PS2, mais pourtant en 2007, c'était déjà la 3 !

moi, doucement triste :

- Elle coûtait cher, on pouvait pas. Il se contentait de la 2.

Alors la fille de ma fille, silencieuse jusque-là, la photographie et la vie de son oncle ne l'intéressant guère intervient :

- Même si c'était la 3, c'était trop y a longtemps !

Puis comme si elle me faisait un cours :

- Tu sais Mamie, on en est à la 17 à présent.

Pour ne pas la décevoir, je prends un air vaguement admiratif et proteste comme à l'ordinaire :

- Pas Mamie, non, s'il te plaît. Soit Grand-Mère soit mon prénom.

Le petit-fils qui craint qu'on ne s'éloigne, et que son adolescente de cousine ne s'énerve, intervient :

- Et Papa, alors ? Il était venu avec toi ?

Je reprends rapidement :

- Oui mais il n'était pas content, il disait qu'il s'ennuyait, qu'on ne parlait que de nos blogs et des élections.

L'ado soudain admirative :

- Vous aviez des blogs ? Déjà ?

Je ne peux réprimer un petit sourire, cette ombre de fierté qu'on peut éprouver d'avoir été au bon endroit au bon moment, d'avoir vu la chance se présenter et su la saisir, puis profité pour contribuer à en faire quelque chose de bon pour les autres après soi :

- Et oui, ça avait commencé dans ces années-là. On était des pionniers en quelque sorte. Et encore je n'étais pas des tout premiers, j'avais dû attendre de pouvoir m'acheter un ordinateur à la maison, une connexion et tout.

Obstiné le petit-fils, recentre :

- Et donc Papa, il s'ennuyait ?

Patiente je reprends :

- Oui. Et comme j'avais sur moi deux appareils photos un moyen qui prenait des photos magiques et un petit pour tous les jours qui traînait toujours dans mon sac, je lui avais prêté le petit pour qu'il puisse s'occuper en attendant que nous repartions.

Ce n'était pas la première fois que je le lui passais. Sans être passionné, parce que sa passion à part les jeux et les mangas

La plus petite m'interrompt :

- C'est quoi les mangas ?

Son frère, un peu sec :

- Les BD, en fait. Les vieux ils disent comme ça.

Je proteste :

- A l'époque ça n'était pas tout à fait pareil. Les BD existaient d'avant, elles étaient différentes.

Mais comme je sens l'auditoire réticent, j'abandonne ma tentative de mise au point culturelle.

- Je disais qu'à part les jeux et les mangas, sa passion c'était la piscine. La photo à l'époque il aimait bien mais sans plus.

Alors ce jour-là sans bouger du coin où on était assis, des photos il en avait prises une vingtaine dont des portraits de moi, des amis qui étaient là et des enfants devant un manège et puis parmi elles une photo magique, un petit gars qui jouait au foot avec son père et faisait une tête juste à ce moment là. Il l'a pris au meilleur instant possible de la suspension, disait que c'était un coup de chance. Mais moi je sais que pas seulement, que c'est aussi une vitesse de lien entre l'oeil et la main et savoir anticiper sur le temps de déclenchement et que c'est comme pour les musiciens, on peut devenir très bons à force de travail sans avoir l'oreille absolue, mais si on l'a dés le départ, et qu'on l'accepte, tout le travail qu'il faut après pour en faire quelque chose, c'est qu'on a trouvé son chemin.

La plus petite me regarde avec des yeux ronds, elle n'a pas tout compris, et pourquoi soudain je leur parle de musique, l'adolescente sa cousine, s'applique à l'air ennuyé de qui entend radoter, et le garçon fier de son père a les yeux tout brillants. Je sais qu'il pense peut-être que moi aussi, je vais demander un appareil de grand, je veux aussi essayer, papa ne me prête pas les siens il a peur que je les abîme.   

J'entends alors un son de cloche, celle de la grille du jardin sans doute. Wytejczk sans doute et enfin !

L'ado en décalage, tente de faire un effort de participation positive, peut-être aussi qu'après tout ça la tracasse de n'avoir pas tout à fait tout compris :

- C'est quoi Grand- Mère, l'oreille absolue ?

Tout en me levant pour filer ouvrir, je réponds en rigolant :

- Savoir par exemple que cette cloche émet un sol.

Elle lève les yeux au ciel et ne bouge pas d'un pouce. Ses cousins bondissent à ma suite. Ils connaissent un peu mon ami pour le voir de loin en loin et je crois que Stéphanot qui le fréquente depuis tout gosse et lui voue une belle affection leur a beaucoup parlé de lui, peut-être en lui attribuant une belle vie aventureuse car faite de multiples voyages, peut-être même une vie d'espion.

L'espion-explorateur est en tout cas bien arrivé au bout du fond lointain de la banlieue parisienne. Nous l'accueillons, joyeux.

- Tu la connais, toi, la photo de Papa, sa première, de quand il était petit ? lui demande le garçon à peine les bises échangées.

Je vois passer chez mon ami une once de surprise, très brève, on échange un regard de douce connivence mais qui me surprend, il s'en souvient donc ? Il l'avait reçue ?

- Oui très bien, ta grand-mère me l'avait envoyée le jour-même. Et je l'avais trouvée formidable.

[photo : LA photo prise par Stéphanot le dimanche 22 avril 2007 et que j'ai pieusement conservée]


Il y avait une rose sur la tombe de Verlaine

cimetière des Batignolles, à peine un peu plus tôt

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Le gros avantage des morts sur les vivants c'est qu'on peut passer leur rendre une brève visite de simple courtoisie sans que ça les importune, qu'ils sont toujours ravis de nous voir pleurer, qu'ils ont une franche tendance à ne plus s'en faire. On ne risque donc pas pour autant de les inquiéter.

Point n'est besoin de prévenir à l'avance, il suffit d'être dans le quartier, d'en avoir l'impulsion soudaine et le temps d'un détour.

C'est ce qui m'est arrivé, porte de Clichy tout à l'heure.

Je ne peux hélas pas aller saluer mon grand cousin Arthur  (1).  Son Charleville est un peu loin. Je me rabats donc sur son ancienne relation, selon le principe des connaissances communes qui se retrouvent et parlent d'un lointain absent.

Le seul problème avec les défunts c'est qu'à part ce bon vieux Victor, pas moyen d'en placer une en sa présence à celui-là, ils sont passablement taiseux. Pour obtenir des nouvelles fraîches, c'est toujours un peu compliqué.

Les fleurs, elles, l'étaient, deux belles plantes installées au pied de la tombe, pimpantes comme si elles venaient d'être arrosées, et une rose, sur le dessus, placée respectueusement en travers de la pierre gravée.

Depuis le temps que de loin en loin, au gré des vents contraires ou surprenants de ma vie comme elle ne va pas, je passe à l'occasion de chemins vers chez moi, j'ai remarqué une grande constance dans le fleurissement.

Il serait donc utile aux autres d'écrire des poèmes, que d'aucuns s'en souviennent après si longtemps ?

On m'avait si fort persuadée du contraire, enfant, où les vers ne semblaient matière qu'à rapporter à la maison parentale quelques vingt sur vingt en récitation.

Tout en me demandant quels principes défectueux j'ai pu inculquer à mon tour à mes propres enfants, je repris le chemin de mon propre logement.

Un peu plus triste et un peu moins.

J'avais oublié de pleurer.

(trop tard pour retourner)

   

(1) qui est mon grand-cousin au même titre que May la tante de Peter Parker, dont j'adopterais volontiers (en le féminisant) le sous titre du blog. C'était un clin d'oeil amical pas (déjà  (2) ;-) ) de la présomption.

(2) second private joke, mais ç'ui là j'explique pas. C'est une sorte de blague belge à cause d'une expression en français et puis tout un ensemble peu partageable d'anecdotes personnelles et de pré-requis historiques, bref, qui pour qui c'est, rigole, va ;  les autres, pardon pour la parole inutile.

[photo : in situ ; je craignais que sinon elle ne fût perdue à jamais]

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Dimanche 20 avril 2025 (première partie)

dimanche 20 avril 2025, jardin d'une belle maison vers Melun

J’attends Wytejczk, il ne devrait pas tarder à présent, même s’il a grogné que c’était un peu loin. Depuis sa retraite en tant que coursier, il habite toujours Paris, même rue même quartier que celui où j’avais croisé Robert il y a 17 ans, parce que oui, au fait c’était bien lui et qui sortait précisément de chez notre ami commun, mais je ne l’ai su en fait que longtemps après. Alors forcément Melun même pour un homme de moto émérite dans son genre, ça lui semble un peu loin. Quand il verra le jardin, ça le consolera aussitôt. S’il reste une zone d’ombre sur ses années 2005 à 2007, Wytejczk, je le connais trop bien et je sais donc son goût pour les arbres et la nature.

Il était revenu comme il était parti, tout soudain et sans explique. J’avais compris qu’une condition du retour était son silence, je n’avais pas posé de question. M’est restée une crainte d’une nouvelle disparition, une récidive en somme, et qui réapparaît comme aujourd’hui chaque fois qu’il tarde un peu. De son côté une ombre transparaît parfois, au détour d’un mot, un regret, un pardon, une fois, une seule, murmuré, en 2013 pour mes 50 ans.

Il doit venir m'aider à travailler sur un bouquin, une biographie de Rainer Maria Rilke, une commande qu'on m'a faite et que je tente d'honorer comme si elle devait être le but ultime de ma vie. Les lettres au départ n'étaient pas son métier, mais j'ai fini par l'avoir, lui donner le goût qu'au fond il avait, mais se refusait.

Il n'a pas son pareil pour me rassurer quand je doute, et repérer "les noeuds du texte", là où ça coince. L'expression n'est pas de nous mais de notre amie Elisabeth qui quand elle en a le temps donne aussi un coup de main. Elle est des plus sollicitées. Mais son aide même ponctuelle est précieuse.

En attendant mon ami, je prépare le goûter de mes petits enfants. Stéphanot et son épourse, une jeune femme que j'aime beaucoup et qui se trouve être d'origine arménienne ce qui m'avait permis à retardement d'éclaircir un de mes mystères,  ont eu deux (faux) jumeaux, un garçon et une fille, adorables mais épuisants. Sa soeur a mis au monde une fille, seulement sa santé fragile me laisse peu d'espoir qu'elle ait un jour frère ou soeur.

Ces trois-là me rendent heureuse quand aux vacances je les prends avec moi, et les emmène ici ou là.

Pour celles-ci nous sommes hébergés chez Anne, laquelle a dû s'absenter longue durée, pour son travail, un film qu'elle doit tourner. Elle m'a confié sa maison et offert sa confiance pour s'occuper un peu des lieux et tendrement de ses habitants, chiens et chats qui partagent son quotidien d'habitude mais qu'elle n'a pu embarquer avec elle. Je leur fais part de ses mails quoditiens. Si je m'exécute avant de leur servir leur soupe ou leur pâtée, je remarque chez eux une attention soutenue. Peut-être qu'ils comprennent ? (ou seulement qu'ils ont faim).

C'est le petit gars de Stéphanot qui a lancé le sujet :

- Dis grand-mère, mais, quand est-ce que mon père il a su qu'il était photographe ? Enfin je veux dire, qu'il pouvait le faire ?

J'apprécie qu'il fasse l'effort de me parler en français, de nos jours les jeunes entre eux ont une sorte de novlangue, qui nous pose parfois bien des difficultés de décryptage, à nous les vieux.

Je m'efforce de répondre sans mettre trop d'émotion ...

- C'était en avril 2007, c'était un beau dimanche, le 22. Un temps merveilleux comme on en faisait jadis à Paris au printemps. Vous, vous n'avez connu que les hivers de glace et une sorte de long été bien trop sec et sans pluies salutaires, mais à l'époque en France, ça s'appelait comme ça, l'Europe Occidentale, il y avait 4 saisons bien différentes les unes des autres.

Le petit gars lève les yeux au ciel, je ne réponds pas du tout à sa question, là. Alors je recentre. J'en avais l'intention, mais ça m'aurait bien plu de pouvoir aller au bout de mon explication sur les variations climatiques. D'accord ils l'ont déjà entendue 100 fois et c'est pour ça qu'il s'impatiente, mais ce serait si bon qu'ils comprennent que les humains n'y sont pas pour rien.

- Oui alors il faisait tellement beau que des amis avaient décidé de faire un pique-nique dans un beau parc près de Bercy.

- Un beau parc, à Bercy ? Ce vieux truc ?! s'étonne la fille de ma fille qui a hérité d'elle sa capacité à râler à jet continu les jours de grande forme.

- A l'époque il n'était pas vieux il venait d'être créé à la place d'anciens entrepots qui servaient au commerce du vin.

En choeur, le jumeau et sa jumelle s'étonnent :

- C'est quoi le vin ?

Et très vite, comme si le robinet aux interrogations venait d'être ouvert alors qu'il était auparavant coupé :

- Et puis comment tu fais pour te souvenir, si longtemps après que c'était le 22 avril ?

J'en oublie le vin, essuie une larme furtive qui m'étonne à mon âge et lui répond :

- C'est facile, c'est le même jour que pour la première fois en France une femme s'est vue offrir par les électeurs la possibilité d'être au second tour des élections nationales qu'à l'époque on appelait présidentielles.

Alors la petite s'étonne, qui fait difficilement le lien entre l'époque actuelle, une fédération subtile et compliquée d'états européens, et ce qui est pour elle une nuit des temps dynastique :

- Tu veux dire qu'elle allait être élue reine ?

Malgré moi, je souris :

- Non mais en même temps tu ne pouvais presque pas mieux dire.

Elle me regarde l'air éberlué et un peu chagriné, de celle qui se dit, c'est pas juste, je comprends jamais. Alors son frère d'un air protecteur :

- T'inquiète, je la connais, grand-mère, doit y avoir un jeu de mots.

(à suivre ...)


Veillée de larmes

aujourd'hui, fin de journée, en plein centre de Paris-même, puis ailleurs mais toujours là (Paris)

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Tout allait assez bien en ce jour inquiet, j'avais des choses à faire, une petite foule, des petits projets, et je les accomplissais, plutôt dans l'ordre, plutôt pas trop mal.

Je ne connais pas de meilleur remède contre le blues, la peur, l'angoisse et surtout le chagrin.

Quoiqu'on veuille nous faire croire les chimies n'arrangent rien.

C'est en sortant de la salle de sport que ça s'est soudain gâté. Premier indice, une carte d'accès, qu'à l'accueil ils m'avaient égarée. Pas de grosse gravité, ils me la retrouveront où la referont. J'en serai d'une photo.

Seulement le temps que le type cherche, un grain de sable s'est glissé dans le déroulement de mon temps soigneusement employé. J'avais un rendez-vous amicalo non-professionnel qui suivait, et rendue hâtive par le contre-temps, dû emprunter pour faire au plus vite la rue où Wytejczk habite (habitait ?).

Mon chagrin permanent se frottant aux limites de mon efficacité, je n'y pensais guère plutôt préoccupée du métro à prendre et des lendemains qui déchantent, lorsque je croisai Robert, qui progressait en sens inverse, lui aussi d'un pas rapide.

De Wytejczk, Robert est un collègue. Je ne l'avais lui non plus pas revu depuis plusieurs mois, et finalement fort peu croisé auparavant. Esprit de l'escalier et téléphone portable, que j'avais alors en main afin de joindre les amis du rendez-vous, je ne réalisai la rencontre, son image précise ne me parvint au cerveau qu'après coup, dûment lestée d'un doute, comme toujours en pareil cas quand le retardement s'en mêle.

Je pilai et regardai en arrière, coeur battant, mais trop de pas s'étaient écoulés, nous filions vite l'un et l'autre et à moins de courir en arrière vers un inconnu possible et le héler malgré la confusion potentielle, je ne pouvais plus savoir si j'avais ou non rêvé.

Si c'était vraiment lui, pourquoi ne m'avait-il pas même identifiée ? M'avait-il lui aussi oubliée ? Sortait-il de chez mon vieil ami ?

Le téléphone en main, j'ai failli l'appeler. Vraiment failli face au doute concret.

Le principe numéro 4 m'en a dissuadée une fois de plus, fois de sagesse ou fois de trop : on n'appelle pas sans raison précise qui a disparu et peut être fâché, une réponse rude ou absence absolue risquent de s'avérer fatales et au moins pire le dérangement rendre sans rémission la rupture irréversible.

J'entrai alors précipitamment dans mon refuge numéro 3 de quelques mois plus tôt, une call-box accueillante munie d'ordinateurs, la plus proche du club sportif.

Pour l'internet, un seul restait. J'en saisis le secours, écrivis à mon ami désormais fantômatique un bref mais ironique message sur le mode "Que faisait donc Robert chez toi ?" à notre ton plaisant d'antan, puis l'expédiai dans les limbes des mots sans destinataires où il rejoignit sans encombres une collection déjà conséquente. Ainsi vaguement apaisée par cette action factice, Your heart's degrading, je fis le point de ceux réellement reçus, fermai la session, payai mon dû, et repris enfin le chemin urbain vers le rendez-vous prévu dans un tout autre quartier où je pris avec soin une photo conjuratoire de mon angoisse collective.

   

Trembler de tout en même temps n'a jamais fait de bien à personne.

[photo : la photo conjuratoire]

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Interlude manuscriptural (?)

aujourd'hui, maintenant, là (la réactivité des blogs, c'est quelque chose tout de même)

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C'est un billet de Canthilde et son souci des bonnes couleurs qui m'avait donné envie de le prendre en photo et de raconter ma rencontre avec lui. Je l'ai quasiment fait en commentaires chez elle, je n'en ai plus le jus, mais pour la photo, la voici. C'est le billet de Fulie sur son stylo à plume qui vient de m'en redonner l'envie, on le voit à l'écran d'ailleurs (1).

Je me souviens par ailleurs d'un courrier presque ancien et d'un mauve tendre qui avait changé ma vie.

Et d'une lettre adorable d'Hubert Selby aussi, qui me parlait, entre autre, du rire de Zorro et de son énergie.

C'est une semaine étrange, en dehors des clous mais également des vacances. Une semaine fort studieuse et presque ménagère, mais pas assez, jamais assez (pour le premier point, le second j'ai renoncé à faire mieux qu'un minimum vital très bas).

Une semaine où ce que j'avais prévu d'écrire ici ou là ne s'est pas fait mais de toutes autres choses, surtout ici après tout pourquoi pas.

Une semaine où si je ne veux pas mettre trois mois pour répondre à une vraie lettre en papier reçue hier avant-hier la semaine dernière il y a 15 jours, récemment (c'est fou comme le temps passe) il faut que je le fasse dés maintenant, car le week-end sera mouvementé, sportif, occupé, culturel, amical, électoral, désespérant, soulageant, rassérénant (ne pas oublier dimanche soir tard de rayer les mentions inutiles) et que lundi après deux sereines semaines sans je dois retourner "à l'usine".

Autant dire qu'après : plus le temps

et surtout à nouveau : plus d'énergie ou pas vraiment.

D'où pour l'instant ici cette sorte de non-billet, le fin du fin du blog, publier un presque long texte pour se faire pardonner de n'avoir pas trouvé le temps d'en écrire un normal.

[photo : aujourd'hui, maintenant, là moins en gros 15 minutes20 minutes, 27 probablement (c'est fou comme le temps passe), non ?]

(1) Fulie si ça t'embête, tu me dis et j'en change.

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Mon lien arménien

au Louvre, ce jeudi

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Il m'est un lien littéraire, amical et mystérieux avec l'Arménie.

Au point je crois qu'il a déteint sur ma meilleure amie.

Et que les dernières paroles cohérentes de mon père furent une émouvante  déclaration d'amour envers le peuple arménien.

A part son garagiste, je ne lui connaissais aucune accointance particulière de ce côté-là. D'où lui était donc venue cette inspiration soudaine ? Il parlait en termes de haute confiance et profonde amitié, qui me semble-t-il excluaient toute hypothèse d'un amour oublié.

Peu importe pour l'instant mon absence intime d'explication à ces conjonctions répétées, je continue à m'intéresser, ce qui m'est d'autant plus naturel et évident que j'ai de bons amis concernés. Peut-être qu'un jour je comprendrais. Et sinon, au moins, j'aurais appris et réduit d'une portion le champ de mon ignorance.

Aussi quand Stéphanot et moi nous sommes aujourd'hui retrouvés au Louvre, c'est vers l'exposition temporaire Armenia Sacra que nos pas nous ont guidés. Sans en faire une passion exclusive, cet enfant s'intéresse facilement à l'histoire et ne dédaigne pas la géographie. Une carte à l'entrée aussitôt l'a ravi : elle répondait aux questions qu'il se posait sur l'emplacement du pays.

Les pièces présentées étaient remarquables. J'ai beau être béotienne, je sais percevoir la beauté, évaluer une somme de travail, même si je peux encore parfois me laisser berner par le rendu spectaculaire d'un drapé.

Moins sensible que d'autres aux croix à boucles d'oreilles (sic de Stéphanot) et regrettant amèrement de ne pouvoir contempler les khatchkars in situ, je rabattis mes admirations sur les manuscrits anciens aux couleurs pourtant éclatantes, lumineuses enluminures, parchemins encore intacts en écritures majuscules ou miniatures à l'extrême selon le sujet, selon l'objet choisi.

D'un splendide document de plus de 1000 ans d'âge aux bords à peine brûlés d'années, Stéphanot resta stupéfait.

- Comment ce fait-il qu'il soit si bien conservé ?

Je commençais une réponse pataude sur la (dé)composition éventuelle du papier, des cuirs et des encres ou la vie patiente des moines copistes,  quand une femme qui venait elle aussi d'admirer le même objet, sourit et voyant que nous lui répondions par un sourire aussi, nous expliqua la sauvegarde nécessaire.

Il s'agissait d'une bible et si longtemps, si longtemps, face aux persécutions le peuple arménien (elle parlait comme mon père, soudain) n'avait pu que préserver sinon ses terres du moins sa religion, cacher, enfouir, préserver à tout prix ces trésors aujourd'hui retrouvés.

J'ai écouté avec bonheur, j'aurais aimé qu'elle parle davantage, il était évident pour moi qu'elle en avait quelque origine. La preuve, elle ressemblait à Ariane dans son film.

Cette pensée m'a fait sourire, mais ça n'a pas suffit, la dame craignant d'encombrer ou précédée d'un groupe qui l'accompagnait n'a pas insisté, nous n'avons eu que le temps de la remercier.

De toute l'expo ensuite, nous ne l'avons plus croisée. A l'Opéra son fantôme, au Louvre son apparition tendrement explicative.

[photo : le même Louvre, le même jour mais pas la même salle (l'exposition est interdite à la photographie et étant donné la liberté qu'au Louvre on a par ailleurs, je suis encline à y respecter scrupuleusement les interdictions ponctuelles)]

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Interlude métropolitain

ces jours-ci station Montparnasse en proximité immédiate du tapis roulant rapide qui semble (enfin) (vraiment) en fonction

P1010034 Gardez vos pieds à plaaââât ...

Gardez  vos pieds à plaaââât ...

Gardez vos pieds à plaaââât ... Gardez vos pieds à plaaââât ...

Gardez vos pieds à plaaââât ... Gardez  vos pieds à plaaââât ... Gardez vos pieds à plaaââât ... Gardez vos pieds à plaaââât ...

Gardez vos pieds à plaaââât ... Gardez vos pieds à plaaââât ... Gardez vos pieds à plaaââât ... Gardez vos pieds à plaaââât ... Gardez vos pieds à plaaââât ... Gardez vos pieds à plaaââât ... Gardez vos pieds à plaaââât ... Gardez vos pieds à plaaââât ...

Gardez vos pieds à plaaââât ... Gardez vos pieds à plaaââât ... Gardez vos pieds à plaaââât ... Gardez vos pieds à plaaââât ... Gardez vos pieds à plaaââât ... Gardez vos pieds à plaaââât ... Gardez vos pieds à plaaââât ... Gardez vos pieds à plaaââât ... Gardez vos pieds à plaaââât ... Gardez vos pieds à plaaââât ... Gardez vos pieds à plaaââât ... Gardez vos pieds à plaaââât ... Gardez vos pieds à plaaââât ... Gardez vos pieds à plaaââât ... Gardez vos pieds à plaaââât ... Gardez vos pieds à plaaââât ...

Gardez vos pieds à plaaââât ... Gardez vos pieds à plaaââât ... Gardez vos pieds à plaaââât ... Gardez vos pieds à plaaââât ... Gardez vos pieds à plaaââât ... Gardez vos pieds à plaaââât ... Gardez vos pieds à plaaââât ... Gardez vos pieds à plaaââât ... Gardez vos pieds à plaaââât ... Gardez vos pieds à plaaââât ... Gardez vos pieds à plaaââât ... Gardez vos pieds à plaaââât ... Gardez vos pieds à plaaââât ... Gardez vos pieds à plaaââât ... Gardez vos pieds à plaaââât ... Gardez vos pieds à plaaââât ... Gardez vos pieds à plaaââât ... Gardez vos pieds à plaaââât ... Gardez vos pieds à plaaââât ... Gardez vos pieds à plaaââât ... Gardez vos pieds à plaaââât ... Gardez vos pieds à plaaââât ... Gardez vos pieds à plaaââât ... Gardez vos pieds à plaaââât ... Gardez vos pieds à plaaââât ... Gardez vos pieds à plaaââât ... Gardez vos pieds à plaaââât ... Gardez vos pieds à plaaââât ... Gardez vos pieds à plaaââât ... Gardez vos pieds à plaaââât ... Gardez vos pieds à plaaââât ... Gardez vos pieds à plaaââât ...

Si vous passez à proximité, méfiez-vous. Cinq minutes sur zone et ça vous reste pour la journée - la soirée - (1). 

Vous voilà prévenus.

(1) Rayez la mention inutile.

[photo : in situ]

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