En attendant un autobus
La belle et fraîche embrouille

Non sono capace di non pensare a lui

lundi 19 mars 2007, Clichy-la-Garenne

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Ma soeur d’origine est quelqu’un de bien.      

Eût-elle été parisienne qu’elle aurait connu ce soir le bonheur de voir en une d’un gratuit vespéral, le portrait d’une de ses vieilles connaissances, un copain de lycée, talentueux et travailleur. Il y parlait j’imagine, de sport et peut-être politique, je n’ai pas su happer le journal à fortiori lire l’article. Un des rares sportifs de haut niveau que j’ai du mal à soupçonner de tricheries physiques plus ou moins légales, je le dis sans ironie, c’est Stéphane Diagana.

      

Je suis moins fréquentable.

      

Ce même matin c’était mon tour de voir piétiner en grande une d’un gratuit quelqu’un que je connais. Je ne saurais prétendre que nous soyons amis, nous nous sommes aux temps calmes causé(s?) littérature sur l’internet (1), puis croisés à un salon du livre, et ensuite revus à deux ou trois reprises lors de rassemblements destinés à le soutenir alors qu’il était menacé d’extradition vers l’Italie.

Je n’ai aucun capital de notoriété, ni capital tout court, et tout ce que je peux raconter ne contribuera au mieux qu’à m’attirer quelques ennuis, je ne suis pas à ça près, dans ma petite vie aux fins de mois précoces.

Quand j’ai pris sa défense parmi tant d’autres il y a deux ans, argumentant alors inlassablement sur la parole d’un pays d’accueil qu’on retirait soudain, sur la contumace italienne si rigide, sur l’efficacité perverse du système des « repentis » de la justice de mon autre pays qui peut certes permettre le démantèlement de réseaux mafieux (2) mais présente toutes les garanties d’allégations les plus créatives de la part de ceux qu’on pousse ainsi à la délation non sans arguments physiquement convainquants, et sur la vie paisible et sans danger pour ses concitoyens que l’homme, quelles que soient les accusations qui pesaient sur lui depuis 20 à 30 ans plus tôt, menait à présent, j’ai perdu quelques amis.

Non pas tant ceux qui n’étaient pas d’accord, je conçois très bien que n’ayant pas le même passé que le mien, ni la culture des deux pays, ni la même sensibilité on ne partage pas les mêmes convictions, que ceux qui ont fui toute discussion en se mettant aux abonnés absents.

Non contente d’être passablement gauchiste quoiqu’en dehors des clous (aucun parti ne m’a jamais vraiment convaincue, trop catégoriques, trop utopistes à mes yeux, ou bien trop compromis), féministe comme on n’en fait plus, et écologiste molle (3), voilà que je défendais un terroriste assassin, c’en était trop. Je suppose qu’en me voyant à peine un an après me débattre avec quelques autres pour qu’on n’oublie pas deux otages en Irak, dont l’un n’était même pas français et l’autre d’un journal au gauchisme alors avéré, ceux-là se sont dit qu’ils avaient bien fait de me mettre à distance, elle avait qu’à pas y aller.      

   

Peut-on changer ?

       

J’ai beau me dire depuis hier soir, depuis que j’ai reçu, tardivement, l’info après une si belle journée, trop intense pour trouver le moindre temps de suivre l’actualité, que je ne peux pas faire grand chose, que je suis par ailleurs et pour l’instant trop fragile en moi-même, trop esquintée par plus d’une année de profond désarroi personnel, pour pouvoir aider qui que se soit, je pense à Cesare Battisti.

Devenu jouet d’ambitions politiques diverses et variées, enjeu de négociations entre plusieurs nations, alors qu’il n’est qu’un type qui demandait à finir calme auprès de sa famille en assumant son gagne-pain et son boulot d’écrire, ce qu’il fait plutôt bien.    

         

Je ne sais pas prier, ça manque de dieux dans ma tête, je sais juste écrire ici un billet. Fâchez-vous si vous voulez, mais moi, cet homme, si peu que je sois, si coincée dans ma banlieue, je le laisse pas tomber, et je pense à lui et aux siens avec tendresse et affection. Qu'on lui accorde au moins une chance d'être rejugé.

         

(1) rencontre virtuelle initialement effectuée pour le site Mauvais Genres, à présent fermé, et repris pour partie sur le tout nouveau site bibliosurf.

(2) généralement au profit d’un ou plusieurs autres, ne rêvons pas.

(3) en gros je veux bien trier mes déchets, limiter mes utilisations de produits, entre autre lessiviers polluants, prendre prétexte d’une économie d’énergie pour ne plus faire le repassage ;-) , me passer le plus possible d’utiliser une voiture, éviter en toutes choses la surconsommation mais je sais que j’aurais du mal à réduire l’usage de l’ordinateur et de l’internet qui sont mes outils de vie et de travail et à acheter moins de livres.

[photo : gare Satin Lazare, ce matin]

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