Pars tôt et repars tard
En attendant un autobus

La belle mort de Lucie Bernard

   

vendredi 16 mars 2007, à l'heure du déjeuner

 

Ne regardant plus la télé, sauf (é)mission particulière, écoutant peu la radio depuis qu'un ami avait dû quitter celle qui l'employait, pas si connectée qu'on pourrait le croire (je bouge beaucoup mes jours de liberté et les journées d'usine je suis coupée du monde), il m'arrive encore d'avoir ce privilège d'apprendre par le papier la mort de ceux que j'admire.

Pour les mauvaises nouvelles, l'encre et la feuille font moins mal. On peut pressentir au titre que ça va mal tourner, se recueillir avant de poursuivre, s'acclimater à l'idée, mettre le journal ou la lettre de côté avant d'y retourner courage reconstitué.

La voix humaine est, elle, impitoyable qui avance dans ce qu'elle assène, se préoccupant d'autant moins des effets induits qu'elle est médiatisée et qu'il ne s'agit pas de quelqu'un qui en présence nous parle.

J'ai donc eu cette sorte d'étrange chance concernant Lucie Bernard (1) et que j'admirais depuis longtemps comme je le fais rarement des gens. La vie m'a en effet acclimatée aux meilleurs abandons et faiblesses des plus forts. Sur la durée personne ne tient la confiance bien longtemps. Nos talons d'Achille, dés lors qu'atteints, nous font boîter et nos imperfections font souffrir ceux qui nous aiment.

Mais elle, bien que connue de moi uniquement par le prisme déformant des médias, ne m'a jamais déçue. Militante inlassable. Son bonhomme de chemin. Sa route auprès des autres. La discrétion sauf quand il fallait l'oublier afin de se faire entendre.

Alexgallardo le dit mieux que moi, photo à l'appui.

Quelqu'un avait laissé un journal dans le métro, j'ai pris sa place et son ancienne lecture, une photo de Lucie jeune et sans même avoir lu j'ai compris. Je savais son grand âge  et son implication à témoigner jusqu'à très tard. Je savais qu'une actrice que j'aime avait failli l'incarner à l'écran, j'en parlais un peu avant-hier.

Depuis l'instant où j'ai appris que pour Lucie Aubrac tout était fini mais en son âge, au vrai bout d'une vie, je pense à elle, au courage que pour moi elle incarne si fort. A la ténacité pour tous les temps d'après, pas nécessairement ceux des hauts faits, mais ceux du quotidien et de la transmission.

"Mi homenaje" anch'io. Merci madame Aubrac, merci pour ceux qui suivent.

(1) dite Lucie Aubrac

Un beau billet en hommage également chez Pierre Assouline

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