"Les adolescents troglodytes"
24 février 2007
vendredi 23 février 2007, soir tard
samedi 24 février 2007, nuit tôt
Certains livres sont plus forts que nous. Il est de ceux-là et qui ne voulait pas se laisser gâcher par une lecture hâtive en période trop tourmentée.
Il a donc soigneusement évité de me tomber entre les mains dés le début d'année qui fut chez moi bien bas, je l'aurais lu alors à l'aune de mon désespoir intime. Il ne méritait pas ça.
Il s'est donc déguisé, se gravant dans ma tête sous un nom d'emprunt, que je persistais à réclamer à ma libraire, laquelle évidemment ne se souvenait pas de l'avoir croisé parmi les sorties.
Pressentant ensuite que j'allais le morceler lors d'une lecture par bribes qu'une reprise sur les chapeaux de roues après le 8 janvier lui promettait, il s'est débrouillé pour sauter dans les mains de quelqu'un d'autre, lequel était par profession un peu plus maître de son temps, quoi qu'en période de promotion de son propre travail.
Cette semaine, il s'est enfin laisser approcher. Un enchaînement plus calme que prévu, un jeudi de congé, quoi que fort occupé, me laissait augurer la possibilité d'une lecture d'un seul trait si l'envie m'en prenait. Autrement dit enfin, LE moment favorable.
En pratique il n'en a rien été. Si la vie se passait comme on prévoit qu'elle le fasse, ça se saurait. Vaincus par l'adversité et quelque festivité, lui et moi avons donc dû nous découvrir par bribes, ce que j'aurais souhaité éviter.
Au bout du compte, cette résignation n'aura fait qu'apparaître davantage ses qualités. Même abandonné par la force d'une fin de trajet et d'une activité intense à accomplir alors, il restait prégnant, les personnages présents à mon esprit et qui ne me quittaient guère. Le peu de jours que sa lecture m'a duré avaient une densité particulière.
Je me sentais moins seule. J'étais devenue aussi passagère de la navette scolaire qui dans ce récit tient un rôle principal. J'étais avec eux, les enfants et les jeunes, ainsi qu'Adèle le conducteur la conductrice qui exerce son métier avec coeur et conscience. J'ai eu froid les jours de neige, plissé des yeux les jours trop lumineux, car là-haut plus qu'en bas le soleil tape fort. Là-haut car en montagne.
Sans avoir quitté Paris et son coin, j'ai en effet passé deux jours sur un plateau où le vent règne quand il veut.
En dire plus serait raconter, la 4ème de couv, ci-joint photographiée vous en dira mieux que moi. Je signale cependant qu'il faut prévoir un peu de temps : c'est un livre qu'on ne peut pas lire qu'une seule fois. A peine fini il appelle à y relire, comme d'amis devenus chers on se remémorerait le jour de la rencontre et les premiers temps partagés.
Et je m'arrêterai là ... pour le plaisir de poursuivre la seconde lecture que la première n'a pas épuisée.
J'attends déjà un autre livre avec grande impatience, malgré que les personnages n'y reviendront pas et que j'aimerais bien les revoir comme des amis de longue date, un peu perdus de vue alors qu'on ne le souhaitait pas.
"Les adolescents troglodytes" d'Emmanuelle Pagano chez P.O.L.
PS : la fin au futur, parfait. Exactement ce qui convenait.