Les hommes bavards et grands
27 janvier 2007
Samedi 27 janvier 2007, Paris, quelque part dans le VIIème arrondissement
Ils font partie des intervenants à un colloque auquel j'assiste, simple spectatrice de taille moyenne.
Alors logiquement ils se tiennent sur les premiers rangs en attendant leur tour d'aller débattre assis à la grande table qui fait face à la salle.
Quand je m'installe ils sont sur les rangées à l'opposée de celle où je me pose. J'échange quelques mots avec mes voisines de devant. C'est le deuxième jour et déjà les têtes nous sont familières.
Juste au début des débats, à la réclamation de femmes auxquelles ils masquaient la table des débats, ils déménagent soudain pour se placer juste devant nos rangées.
Peu m'importe de voir, j'entends surtout écouter. Mais leur fausse solution, dégêner les unes pour encombrer les autres, me fait pitié, on dirait des politiciens toiletteurs de chomâge : les personnes concernées existent, simplement déplaçons-les, comptons-les autrement, gommons-les. Seulement rien du problème initial n'est réglé.
Ma voisine de devant soupire : l'un deux très grand lui masque toute vue. Je bénéficie d'un léger recul qui me laisse entrevoir au moins certains visages.
Seulement ils ne sont pas que grands. Ces hommes aussi causent.
Ils sont importants, n'ont pas de temps à perdre, connaissent (probablement) par coeur tous les points abordés et donc règlent pendant celles des autres leurs propres interventions.
Une femme légèrement sur ma droite finit par s'en agacer, et leur demande poliment s'ils peuvent se taire ou s'éloigner.
L'un d'eux, somptueux, répond :
- Mais je suis l'organisateur (1).
Et elle sans se démonter :
- Dans ce cas laissez les gens profiter de ce que vous organisez.
Ce qui ne fut pas fait. La conversation se poursuivit, à voix à peine moins forte.
L'éclat de rire qu'en revanche j'ai (difficilement) contenu n'a pas perturbé le débat. J'aimerais que quelqu'un quelque part m'en soit reconnaissant. L'effort fut grand.
[photo : in situ et presque en directe-laïve]
(1) indépendamment du reste, et pour paraphraser un trait d'esprit fameux, il se trouve que je sais ce singulier bien singulier.