Les corps cachés
20 janvier 2007
samedi 20 janvier 2007, peu importe à quelle heure
J'avais déjà remarqué aux piscines que nous fréquentons Stéphanot et moi, combien les jeunes générations tendaient à s'emballer, les garçons comme les filles, nouant leurs serviettes de bain à la taille, quand ceux de mon âge, anciens insoucieux adolescents des années 70 aux corps vécus pas encore tout à fait usés, nous baladons le tissus éponge à la main ou passé sur l'épaule.
Au club de sport que je fréquente, je me rends compte aujourd'hui que les vestiaires ont été pourvus d'aménagements nouveaux : une cabine individuelle, quand depuis deux décennies tout fonctionnait en collectif sans souci particulier, des douches à présent fermées quand les emplacements certes individualisés en restait avant ouverts. Ce qui présentait l'avantage d'éviter tout risque de se cogner à la porte de verre dépoli, me suis-je dit en me tenant le genou droit désormais douloureux.
Sur la même période les télévisions rivalisent d'intrusions, de cobayes humains volontaires pour habiter des lieux filmés, jusqu'à parfois faire l'amour quand le sexe n'est pas leur métier, sous les yeux bienveillants et guetteurs de caméra infra-rouges bien réglées.
Et les panneaux publicitaires qui envahissent chaque jour davantage notre espace visuel citadin, au point qu'aucune marque ne signifie plus rien tant la saturation est grande, présentent toujours davantage de femmes dénudées, ou si peu habillées que c'en est encore pire. Du point de vue de la suggestivité s'entend.
Quelque chose donc m'échappe, entre le retour du prude et le déballage envahissant. Cette contradiction apparente d'un monde vieillissant.
Je vais demander à Eugène ce qu'il en pense, peut-être a-t-il sur les (dés)organisations humaines un oeil plus avisé que le mien.
Je n'y avais pas pensé en l'écrivant mais ça ne m'étonnerait pas que le titre de ce billet ait avoir avec celui du site d'Emmanuelle Pagano.
Déjà que je voulais qu'il soit celui de son livre nouveau, alors que celui-ci s'appelle en vrai