Les pères (Noël) (sus)pendus
25 décembre 2006
Taverny (Val d'Oise) lundi 25 décembre 2006
Ce n’est certes pas la première année que ces pauvres sangsues rouges sévissent à nos fenêtres, mais la mode semble en avoir gagné ; dans nos banlieues reculées, une surenchère entre voisins, mon rouge est plus beau que le tien.
J’avais déjà l’énergie en berne, entre soucis de plomberie, coupure d’électricité, nuit raccourcie, émission de radio matinale qui m’avait fait trop d’effet, contrainte familiale à honorer, solitude en sentiments (1) qui me brûlait plus que jamais. La brume depuis Paris, nous accompagnait. Bref, le gris était plus que parfait.
On arrive à destination, voilà que cette enfilade sordide achève de me plomber, un comité d’accueil de (sus)pendus sans leur gibet et pour signifier quoi ? Qu’au domicile où ils sont accrochés, on aime trop consommer ou bien se conformer ? Qu’on a perdu en route tout sens de la beauté ?
Comme des cotillons tristes d’un lendemain de fête forcée qu’on n’aurait pas encore balayés, ils nous renvoient à notre condition de piteuses unités de consommation. Croit-on vraiment nos descendants dupes du mensonge de société ?
J’espère que Stéphanot et sa sœur nous savent gré de ne pas les avoir bernés, et qu’il n’ont pas eu à subir comme moi autrefois (2) la dictature par la bêtise naïve de ceux qui ne doutent pas, de nous être contentés d’organiser par le passé une distribution discrète qui offrait un peu de magie mais sans baratin ni duperie aucune et de n’avoir appuyé le (très léger) mystère que de silence et de sourires tendres.
Au moment de partir, soulagée à l’idée de pouvoir retourner travailler (3) et rentrer répondre tranquillement aux amis qui m’ont depuis jeudi écrit (4), j’en ai même repéré un avec échelle incorporée.
On n’arrête pas le progrès. Est-ce qu’au moins ça amuse certains pauvres enfants ?
[photos prises aujourd’hui même : hélas pour cette fois je n’invente rien]
(1) je ne suis pas seule physiquement, ni en réalité ni en semi-fiction.
(2) depuis 2 ou 3 jours je me sens moins seule
(3) mon travail personnel bien entendu
(4) ce n’est pas que je sois adepte d’une quelconque discrimination calendaire, c’est juste que les messages à peine précédents sont partis chez le dépanneur en même temps que l’ordinateur qui les abritait.
Grâce à Emmanuelle Pagano qui m'a fait suivre le lien, je me sens moins seule :
par Anne Verley et Philippe de Jonckheere
que j'aurais volontiers accompagné du générique d'une série de l'ORTF vue à l'âge où l'on est supposé encore y croire.