Apprendre à finir (1)
31 décembre 2006
(1) emprunt sauvage et sans autorisation (je ne sais pas comment le joindre) d'un titre de Laurent Mauvignier et qui c'est sans doute imposée malicieusement après que j'aie lu ceci :
Avant "Les Bienveillantes", il y avait "Les Bienveillantes" !!! sur le blog d'Alain Mabanckou complété de cela :
Touche pas à mon titre sur le blog de Pierre Assouline alors que je cherchais si un feu d'artifice partant de la Tour Eiffel allait ou non avoir lieu au soir du 31 (charmes imprévus de l'internet)
Samedi 30 décembre 2006, vers les Grands Magasins.
Elle tient tendrement la main de son amoureux et badine un peu, saluant d'un retentissant :
- How are you, boy ?
le bibendum gonflable qui garde la vitrine et qui ne répond rien.
Le garçon de son côté s'est arrêté sans broncher, la regarde et l'écoute avec le sourire niais de qui se sent sexuellement apaisé, ce mélange inégalable de fatigue et de contentement. Repu.
Ceux-là ont bien commencé leur séjour à Paris pour la nouvelle année.
Je n'ai pour ma part que l'épreuve de la fatigue et du corps douloureux, je sors rincée d'un cours de danse intense, où malgré tous nos efforts conjugués, je ne suis pas parvenue vraiment à infléchir la pente fatale de mes sombres pensées.
La fin d'une année rude ne peut être facile. La solitude l'a emporté, malgré ça et là un signe encourageant, et la présence à mes côté d'un formidable Stéphanot.
Je rentre donc à pied pour tenter de respirer un peu de l'air heureux des touristes insouciants qui nous font l'honneur de venir de loin pour célébrer l'an nouveau à notre porte, quand nous-mêmes priviligiés sur place n'avons rien prévu, ou si peu.
Les groupes se hèlent, les photos fusent. J'admire les équipements, du pseudo professionnel imposant au telefonino multi-carte qui peut filmer mieux que servir à parler.
Ces deux autres, là, semblent bien sages à côté de cette agitation. Ils ont fait quelques emplettes, portent chacun un sac mais sans être trop chargés. Quand ils me croisent j'entends l'italien.
Je ferme les yeux, rêve un instant d'être là-bas. Je choisis Sienne, pourquoi pas. Mais ils n'ont pas l'accent toscan. Mon songe sera pour une autre fois.
Le bonheur hélas n'est pas si contagieux. Mon sac de sport m'allourdit l'épaule. Je me fraie un passage jusqu'à la rue du Havre. J'y arrive consciente d'avoir perdu du temps d'auprès les miens sans être parvenue à alléger mon chagrin. J'avise une cabine téléphonique que les affiches sauvages ont rendue remarquable. Je la photographie avant d'être tentée. Si j'appelais ?
Au moins Wytejczk, d'entre ceux et celles qui sont loin de moi ou loin de ma vie et me manquent, le remercier de sa carte, lui souhaiter, légèrement en avance, une excellente année.
Et puis je me ravise. J'ai si peur d'encombrer. J'ignore trop de choses de sa vie présente ainsi que le motif de son éloignement.
Je range mon appareil photo et me hâte vers la gare voisine, prendre vite un train, et de vitesse ma peine. Un quart d'heure plus tard je suis à la maison. Stéphanot et sa soeur m'accueillent joyeusement. Les congés leur font du bien.
La cuisine est remplie, on prépare un brin de repas dans le désordre et le mouvement. Et pourtant j'y suis seule (2).
[photo : ceux dont je parlais ; arrières de l'Opéra Garnier]
(2) merci encore à Tippie pour son très beau billet
sur ce :
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