Les boules (à zéro et ailleurs)
Gare à vous

Alarmée

Vendredi 24 novembre 2006, La Défense.

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Un état précis de fatigue entredosé d'une appréhension triste pour l'avenir immédiat (je crains le dimanche prochain et sais devoir tenir lundi et mardi d'usine et d'affilée) me rend sujette à un symptôme gênant pour une citadine : je me transforme plus souvent qu'à mon tour en redoutable sonneuse des portiques magnétiques de sécurité dont tant de lieux publics, surtout des magasins, sont désormais pourvus.
Mon sac à main étant généralement gonflé et fort lesté, car je ne sais me déplacer sans trois livres de secours au moins, c'est toujours un peu casse-pied, même si n'ayant rien à me reprocher je sais que les surveillants peuvent tout vérifier sans rien trouver.
      
J'ai donc pris l'habitude lors des certains jours que je sens néfastes d'éviter tous lieux d'achats et de me consoler en songeant aux économies ainsi réalisées.
      
Aujourd'hui cependant, je devais y aller, un écrivain du Nord que j'aime beaucoup mais dont je ne sais jusqu'à présent pas apprécier les livres, passait dans une Fn*c pour y dédicacer. J'avais envie de le revoir et lui parler un peu de son plus récent livre publié,
      
Je l'avais lu sans déplaisir, en appréciant le travail bien fait, le huis-clos étouffant bien mené, mais sans vraiment accrocher. Sa force réside dans le suspens, or j'y suis à force d'ans et de lecture devenue rétive. Il me suffit désormais, même pour les romans noirs ou tous types de polars qu'une intrigue soit cohérente pour qu'elle me satisfasse. Je n'en attends aucune surprise. Préfère si possible éviter le trop sanguinolent ou le sexuel sur-dosé. Ça ne veut pas dire pour autant que je préfère "La petite maison dans la prairie" (1) (2), par exemple j'admire infiniment Selby , mais l'horreur en tant que telle ne me distrait pas.
      
Connaissant ma faiblesse, je me suis présentée d'emblée au guetteur de service. Car j'apportais mon propre ouvrage à fin de dédicace. Il n'est pas neuf et c'est visible, rempli de post-it eux-mêmes gribouillés, mais je préparais ma sortie.
    
A ma plus grande surprise celui-ci emballa en poisson rouge gagné à la kermesse l'eau en moins, un autre livre dont j'étais équipée, pourtant écrit en italien alors qu'ils n'en vendent pas, et pour celui-là me fit préparer un bon de circulation comme il l'aurait fait d'un matériel coûteux et défectueux que j'aurais reconduit au service après-vente.
      
Ce surcroît de précautions faillit me dissuader d'acheter le second volume que je comptais offrir, mais finalement je n'ai pas différé mon achat en des lieux plus hospitaliers. Je ne sais pas quand nous aurons l'occasion de nous croiser à nouveau et c'était un plaisir de pouvoir se parler, alors je n'ai pas voulu que l'ambiance inhospitalière due au tollier méfiant ait le dernier mot.
   
Au moment de partir les portiques ont sonné.
      
(1) la série télé est une guimauve sucrée mais les livres de Laura Ingalls en V.O. sont passionnants ; plutôt destinés à des adultes curieux d'histoire (pas celles qu'on racontent, celle qu'on associe à la géo) et de "vie quotidienne au temps de ...".
(2) que certaine mère indigne faisait ingurgiter à son pauvre aîné  :-)
(je rigole, j'ai probablement fait un peu pareil dans le temps et les circonstances analogues)
    
 
[photo : vite et mal bricolée, mais simple illustration, pour le bon je n'inventais rien]

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