Le pain italien
30 novembre 2006
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Montreuil, ce dimanche, dans l'après-midi
dimanche 26 novembre 2006, entre Miromesnil et Satin Lazare
samedi 25 novembre 2006, dans ma boîte aux lettres de la vieille poste de sur terre (1)
Depuis ce matin, j'ai entre mes mains "les conseils du véritable dragon rouge" de la page 116, "la jettatura et l'anocchitura" de la page 29, les "débris du grand savoir" de la page 15 et grâce aux précieuses indications de la page 81 je sais désormais que "l'important c'est de croire en ce que l'on croit".
Sans parler d'une merveilleuse recette à base de gros sel et d'oreiller douillet contre l'insomnie, qui n'est pas sans contraster avec l'invocation satanique de la page 74, laquelle n'est pas sans rappeler le fameux Leblésmouti, Labiscouti des Rubriques à brac de Gotlib.
Pour l'amour je suis mal barrée en tant que citadine, étant donné que la recette commence par ces mots disuasifs "Il vous suffit d'attraper une petite grenouille avec un linge blanc". Je commence à comprendre l'éventuelle cause de disparition des tritons crêtés (2).
J'ai également enfin compris pourquoi malgré un travail acharné des années durant, j'avais à l'usine obtenu en retour si peu de reconnaissance financière : mauvais dosage de mandragore, tout bonnement.
J'en vois qui s'inquiètent, aurais-je viré définitivement sorcière après le déchaînement de mauvais sort subi l'an passé ?
Que nenni, j'ai juste une fois de plus commandé un livre sur l'internet afin de l'offrir à quelqu'un comme un ami. Il quittera Paris d'ici à quelques jours, or ce bouquin qui date d'il y a seulement un an n'est déjà plus disponible, ou alors très rarement. Je n'ai donc eu que ce recours pour tenter d'être dans les temps.
Les lois impitoyable du marketing (Un livre commandé, un livre offert) ont alors à nouveau frappé ; selon une logique qui j'avoue me dépasse. Un polar belge m'a valu la théorie d'une lutte sans merci contre les rhumatismes que je n'ai pas encore, un livre collectif sur des récits de naissance me vaut cet étrange traité de sorcellerie (3), sans parler de quelques rasoirs préalables.
A moins que quelqu'un quelque part du circuit de distribution ne vienne lire ici et ait décelé en moi un petit potentiel. Qui déclenche sans raison apparente les portiques magnétiques, avec un peu de pratique pourra vous envoûter lors des veilles de lendemains qui chantent :-) .
Je serais vous, j'hésiterais à revenir.
Hélas dans ce bréviaire, pas un mot sur l'ubiquité, ce pouvoir merveilleux que je tente inlassablement de maîtriser à mes heures encombrées. Damnaide, comme dirait d'aucuns !
(1) l'appellation n'est pas de moi, mais je ne me souviens plus d'où je l'ai lue la première fois. Sur un blog suisse peut-être ?
(2) j'ai l'air de plaisanter mais en fait pas tant que ça pour ce qui est de la menace qui pèse sur cette espèce laquelle n'est pas négligeable qu'on pourait le croire vu d'en ville.
Davantage d'explications et cette fois-ci sans rire sont là sur le blog Avant la lettre de Richard G. , l'un de ceux que j'aimerais parvenir à lire quotidiennement.
(3) merci monsieur KA de m'avoir grâce au bon dieux à la winchester préparée psychologiquement au choc des illustrations de ce manuel. Elles sont exactement "dans le ton". En pire.
[photo : ma commande telle qu'arrivée parce que l'ensemble de ce billet (sauf les notes de bas de page) a beau être au second degré, le point de départ est véridique ainsi que les citations, bribes ou extraits et le fait que je n'ai jamais souhaité entrer volontairement en possession de ce ravissant ouvrage]
Vendredi 24 novembre 2006, La Défense.
Rue Laumain hier à la nuit
Ça m'est tombé sur les épaules en sortant de la librairie
. Il y faisait chaud, on venait d'écouter une remarquable lecture,
il y avait du vin (italien) et quelques personnes que je ne connaissais guère mais avec lesquelles il était agréable de converser : ce qui nous réunissait c'était la passion des livres, et particulièrement ceux de l'un de mes pays.
Je me sentais à ma place. Pour une fois.
Et puis voilà, je dois partir, je sors et c'est la nuit et novembre. Même s'il ne fait pas froid, je l'ai à l'intérieur celui-là, depuis 9 mois et plus en fait. J'essaie de penser aux phrases, aux mots que je viens d'entendre. Non qu'ils soient très réconfortants, l'écriture de Vitaliano Trevisan est impitoyable et son humour d'un désespoir brillant, mais c'est tout autre chose que mes tristesses et tracas. Je me sens mieux au loin de moi.
Comme les extraits lus étaient formidables, les paroles prononcées me reviennent facilement. Et même dans l'oreille le son de sa voix qui est posée et qu'il maîtrise en lecteur ou acteur averti. Il porte le crâne rasé, celui qui l'accompagne aussi.
L'absence de cheveux met en valeur son regard, calme, vif. Il m'a intimidée, un peu. Sans doute aussi car je n'ai encore rien lu de son travail. J'étais précisément venue pour apprendre.
Absorbée par mes pensées, je ne vois ni n'entends la voiture sur ma gauche qui surgit de ce que j'ai cru un porche quand il s'agissait d'une rue dont la sortie passe en dessous d'un immeuble.
Heureusement l'endroit est étroit et elle ralentissait déjà. Elle s'arrête et je recule. Tout se passe bien, à peine le temps d'un éclat de peur.
Mais j'ai repéré la rue, que je ne connaissais pas, ce qui n'est pas sans m'étonner car je fréquente ou j'ai fréquenté assez souvent ce quartier, l'an passé pour militer, depuis de longues années pour un cours de danse où je suis assidue, sans parler d'une call and internet-box accueillante qui me sert de refuge proche et loin de l'usine exactement comme il convient.
Je l'emprunte, appareil photo déjà en main sans que j'ai rien fait pour, un vieil automatisme.
La ruelle est pavée et peu fréquentée. J'en profite pour quelques essais, avec flash ou sans, ou adouci. J'essaie de capter l'humidité sur le pavage, les reflets que ça a et que j'aime.
Certaines fenêtres sont allumées et sans rideaux, j'entrevois une bibliothèque qui atteint le plafond. Je rêve que j'y habite et d'une toute autre vie. Je pourrais aller au travail à pied, luxe inouï. Ou plutôt non, si je logeais dans ce quartier j'aurais un tout autre métier, enfin un vrai.
Mes divagations prennent fin avec le chemin. Je sais qu'il me faut aller vers la droite pour rejoindre les grands boulevards et le plus proche métro. Je dois faire sans traîner je vais à un concert, Dominique A , au Bataclan.
Je tourne, range l'appareil, reprends un pas hâtif. Ce n'est qu'au bout de 10 ou 20 bons mètres que je prends soudain conscience de mettre mes pas d'un soir dans mes pas d'antan. Je n'ai pas besoin de lever les yeux, ce trajet m'est familier ou plutôt me le fut. Le rêve s'efface, le chagrin revient. J'accélère comme on fuit.
J'atteins le métro comme un nageur essoufflé le bord du bassin qu'il traversait à bout de forces. Comme une compensation, la chance me sourit, une rame arrive quand j'aborde le quai. Tout va alors vite, je suis en retard sur l'horaire du concert, la première partie est déjà finie, mais je peux ainsi sans tarder entrer dans la salle, trouver une place dans les hauteurs et un coin où je profite du noir pour me laisser aller ; à pleurer.
Les paroles s'accordent à mes sentiments, le chanteur chauve pourtant plaisante avec son public. Je m'amuse de son apparence si conforme à celle de l'homme qui tout à l'heure lisait. Peut-être ont-il le même âge, s'agit-il d'une mode de génération.
Parmi nous, visiblement des connaisseurs dont certains n'hésitent pas à lui réclamer telle chanson, tel morceau, de ceux de ses débuts. Il esquive ou s'exécute, non sans humour. On rit.
A nouveau j'ai moins froid. J'aimerais rester longtemps mais le départ vient vite. Les rappels sont ceux prévus.
Pas plus.
Alors reviens la nuit, la pluie et marcher seule dans la nuit chauve fauve.
[photo : in situ, une des tentatives de pavés mouillés (résultat décevant)]
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Jeudi 16 novembre 2006, dans le Xème non loin de la rue du faubourg Poissonière
Il doit avoir l'âge de Stéphanot ou très peu s'en faut, et profite d'un jour sans collège ou d'un temps de repas pour faire du vélo dans l'une de ces rues calmes.
Je mâchonne un sandwich roboratif acheté à pas trop cher à la cafète de la cantine, tout en me hâtant vers la librairie où je sais qu'on m'aura mis de côté un livre en Italien (1) que d'avance je sais que je saurais aimer.
Le gosse me dépasse et peu après, d'un coup, sans raison apparente autre qu'une inattention subite, un appui de pédale hasardeux, il choit.
Il n'allait pas bien vite, mais le choc est brutal : il n'a rien vu venir et pas eu le temps d'esquisser le moindre geste de protection.
Mon impulsion est de lâcher mon sac (2) (pas mon sandwich quand même) et me porter vers lui.
A la vitesse à laquelle il se relève je comprends que ma présence au lieu d'être secourable est malvenue ; d'ailleurs il marmonne un "Ça va, ça va" embarrassé en réponse à la question que je ne lui ai sans doute posée que des yeux (je ne m'en souviens pas, si j'ai ou non articulé). Ma présence accroît sa honte.
Il repart fissa ; pour respecter son souhait muet je me garde bien de le suivre du regard, même si j'aurais préféré vérifier qu'il ne soit pas blessé.
Cela faisait si longtemps que je n'avais pas vu un enfant tomber, surtout en vélo, surtout en plein Paris là où d'ordinaire les gamins ne jouent plus, ou plus dehors, quand encore ils y vivent et que leur nombre ne repousse pas leurs familles en grande périphérie.
(1) Sylvie n'ait crainte, pour les livres en français je n'ai pas changé d'adresse ;-) .
(2) que d'ailleurs j'oublierai peu après dans le magasin ; c'était un jour pour nous séparant.
[photo : à peine un peu avant, à peine deux rues plus tôt ; le même jour]
Puisque c'est en allant à La Libreria que j'allais ce jour-là, j'en profite pour relayer les deux prochaines rencontres qui y seront organisées :
- Mercredi 22 novembre à 18 heures : "la Libreria et les éditions Verdier vous invitent à rencontrer Vitaliano Trevisan à l'occasion de la sortie française de son livre « les quinze mille pas » (Ed. Verdier, traduction Jean-Michel Defromont), une oeuvre sombre, obsédante, d'une fascinante sobriété, teintée d'un humour très noir."
- Samedi 25 novembre à 16 heures 30 : "La Libreria accueille Gilles Ascaride, auteur de romans, de nouvelles, de pièces de théâtre, d'essais, à l'occasion de la traduction en italien d' « Amours modernes » (Editions Fernandel, traduction Elena Battista). Les drolatiques « Amours modernes » de Gilles Ascaride ont le goût amer de nos obsessions quotidiennes et de la solitude qui les accompagnent…
Des extraits seront lus en italien et en français par Bruno La Brasca."
Avec pâtisseries et rafraîchissements nous dit-on (histoire de motiver les indécis ??)
dimanche 19 novembre 2006, à l'orée vespérale (1)
Lire la suite "Mes voisins [des temps] anciens - partie 1 - Paul M Verlaine" »