Le dernier M*c D*
Regarde la tour comme elle est grande

Le marabout facturait en euros

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Dans ma boîte à lettre, mercredi 25 octobre 2006

   

Je repasse à la maison entre un rendez-vous médical, une balade imprévue et un cinéma plus tardif.

   

Machinalement j'ouvre la boîte à lettre. A l'instant où je me rends compte de l'inutilité de mon geste (j'ai déjà relevé mon courrier au matin), j'y aperçois un petit papier écrit en vert sur fond blanc.

   

C'est l'annonce d'un marabout, ces enchanteurs des temps modernes. Il y a fort  longtemps quand elles ont commencé à fleurir et à se distribuer un peu partout à Paris, nous en avions avec quelques collègues entamé une collection que nous scotchions au mur près des ordinateurs.

   

C'était l'époque où ceux-ci tombaient peu en panne mais nécessitaient pour chaque tâche un temps de traitement, parfois même un peu long, où ils n'étaient pas multi-tâches et où nous devions à plusieurs nous en partager un ou deux.

   

Les textes exubérants des marabouts égayaient nos moments d'attente, certaines pépites lues à haute voix nous faisaient rire en coeur, quand un programme ne fonctionnait pas on se choisissait mentalement un allié efficace, le professeur Maboutouré saurait-il m'assurer le retour sans bug du compilé ?

   

Je n'en avais pas vu ni lu depuis longtemps. A croire que les marabouts du XXIème siècle avaient déjà assuré leur clientèle et se contentaient désormais du bouche à oreille. Celui-ci annonçait clairement son tarif. Il s'agissait d'euros désormais, preuve que l'époque avait changée.

 

Les thèmes, eux, étaient les mêmes, la chance qu'on cherche toujours (en vain), l'envoûtement qu'on voudrait éviter (trop tard), toutes sortes de réussites possibles (et impossible), la sexualité retrouvée (tiens, le vi*gr* n'aurait donc pas assommé le marché ?) et inévitablement l'être aimé.

 

Celui du jour se proposait de le ramener définitivement et qu'il ou elle "courr[e] derrière [nous] comme le chien derrière son maître". Je me dis qu'un retour dans ces conditions serait chose fort désagréable, au moins autant qu'un départ inexpliqué.

 

Cet argument publicitaire contre-productif me fit sourire. Ma bonne santé retrouvée, sans l'aide du moindre mage, y contribuait sans doute. J'admirais néanmoins le délais de 3 jours ainsi que la disponibilité affichée, puis jetai le document dans la poubelle recyclable.

 

Après tout c'était un papier. Eugène qui lit dans nos pensées de cuisine, pour le salon c'est un peu loin, émit un rire léger.

 

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