Les enfants, où sont les enfants ?
Les gens de Paris manquent de courtoisie

L'alarme à l'oreille

      
Dans le train, hier au bord du soir ( ;-) )
      
Pa220064
Ma bienveillance naturelle m'ordonne de vous déconseiller tout voyage ferroviaire en ma compagnie. Non pas tant que j'estime celle-ci particulièrement désagréable, probablement ni mieux ni pire qu'une autre, mais parce que je suis fortement affublée de la malédiction du bébé qui pleure et de sa variante moderne, le jeune homme qui regarde un DVD sur ordinateur sans casque.
   
La magie du marketing qui m'avait permis de voyager exceptionnellement en première à pas cher, était en train de me permettre vérification scientifique que ce phénomène récurrent n'était pas lié à une question de classe économique, quand dans le wagon une alarme insistante se mit à retentir.
   
   
Une note aigue, monocorde, et que ne couvrait pas le brouhaha ambiant. Le bébé qui pleure était pourtant dûment secondé par un morceau de petite famille dont la mère s'efforçait de tenir les petits, turbulents et joyeux, et par le passage de l'homme à chariot chargé de la distribution des plateaux repas (je recommande le vin plutôt que le coca ) qui n'était pas sans me rappeler des temps anciens où parfois je voyageais loin et donc prenais l'avion.
Je n'identifiais pas du son insistant la provenance. Il semblait envahissant de façon invariante et linéaire. Le bébé n'en pleurnichait ni plus ni moins. Personne autour de moi ne semblait s'en gêner. Chacun vivait sa vie. Quant à moi je lisais, et seuls les malaises ou les éléments extérieurs violemment insupportables ou intrusifs peuvent me détourner de cette activité.
    
L'alarme persistait mais j'en avais déjà fait l'entière abstraction, pourvu qu'une explosion éventuelle n'intervienne pas avant la fin du chapitre,  quand un contrôleur passa qui semblait vérifier les bagages. Je souris en songeant au sac de Destroopers   (1) que je rapportais de ma brève escapade en pays limitrophe et que je n'avais pas pris la peine d'étiqueter bien qu'il ait trouvé sa place dans le porte-bagage au dessus des sièges.
 
Mais l'homme ne vérifiait pas les étiquettes, s'il s'arrêta presque à mon niveau ce fut pour demander à mon voisin suivant si la valise qui nous surplombait était bien la sienne. Ce dernier mit un temps à répondre, j'imaginais que peut-être il écoutait quelque musique au casque quand la demande avait été formulée.
Puis il dit que Oui, que c'était la sienne.
Le contrôleur le somma alors poliment mais fermement d'ouvrir, Vous n'entendez pas ce bruit ?.
   
Le voyageur se leva, ouvrit, prit un objet, j'imagine un réveil, qu'il fit taire rapidement. Je n'avais pas levé les yeux car je percevais son embarras sans avoir besoin de voir son visage.
Il ajouta comme qui confesse une faute, mi à l'adresse du contrôleur mi à celle des autres passagers alentours qui soudain le scrutaient tous :
 
- Pardon, je suis désolé, je suis mal entendant.
 
Puis il reprit sa place.
J'ai alors pensé à mon privilège, celui de la musique possible. J'ai eu honte de toutes mes tristesses quand je peux voir pour lire et entendre pour l'écouter.
   
C'est seulement plus après, en tournant la page du chapitre entamé, que j'ai pris conscience que le bébé, jugeant sans doute lui aussi ses tourments fort luxueux (2), avait cessé ses pleurs.
    
(1) publicité totalement gratuite et désintéressée, sauf à apprendre sur le tard que l'arrière beau-frère de la fille de la grand-tante issue de germains de mes amis de Belgique y travaille. J'en parle parce que je les trouve bons et plus difficile à trouver en France que les speculoos, donc davantage intéressants à rapporter d'une incursion au pays voisin.
(2) à moins qu'il n'ait perçu la vanité de ses efforts quand à leur voisin immédiat.
   
[photo : in situ ]

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