Il lisait Bessette assis ...
30 octobre 2006
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vendredi 27 octobre 2006, Montparnasse, début d'après-midi
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Dans ma boîte à lettre, mercredi 25 octobre 2006
Je repasse à la maison entre un rendez-vous médical, une balade imprévue et un cinéma plus tardif.
Machinalement j'ouvre la boîte à lettre. A l'instant où je me rends compte de l'inutilité de mon geste (j'ai déjà relevé mon courrier au matin), j'y aperçois un petit papier écrit en vert sur fond blanc.
C'est l'annonce d'un marabout, ces enchanteurs des temps modernes. Il y a fort longtemps quand elles ont commencé à fleurir et à se distribuer un peu partout à Paris, nous en avions avec quelques collègues entamé une collection que nous scotchions au mur près des ordinateurs.
C'était l'époque où ceux-ci tombaient peu en panne mais nécessitaient pour chaque tâche un temps de traitement, parfois même un peu long, où ils n'étaient pas multi-tâches et où nous devions à plusieurs nous en partager un ou deux.
Les textes exubérants des marabouts égayaient nos moments d'attente, certaines pépites lues à haute voix nous faisaient rire en coeur, quand un programme ne fonctionnait pas on se choisissait mentalement un allié efficace, le professeur Maboutouré saurait-il m'assurer le retour sans bug du compilé ?
Je n'en avais pas vu ni lu depuis longtemps. A croire que les marabouts du XXIème siècle avaient déjà assuré leur clientèle et se contentaient désormais du bouche à oreille. Celui-ci annonçait clairement son tarif. Il s'agissait d'euros désormais, preuve que l'époque avait changée.
Les thèmes, eux, étaient les mêmes, la chance qu'on cherche toujours (en vain), l'envoûtement qu'on voudrait éviter (trop tard), toutes sortes de réussites possibles (et impossible), la sexualité retrouvée (tiens, le vi*gr* n'aurait donc pas assommé le marché ?) et inévitablement l'être aimé.
Celui du jour se proposait de le ramener définitivement et qu'il ou elle "courr[e] derrière [nous] comme le chien derrière son maître". Je me dis qu'un retour dans ces conditions serait chose fort désagréable, au moins autant qu'un départ inexpliqué.
Cet argument publicitaire contre-productif me fit sourire. Ma bonne santé retrouvée, sans l'aide du moindre mage, y contribuait sans doute. J'admirais néanmoins le délais de 3 jours ainsi que la disponibilité affichée, puis jetai le document dans la poubelle recyclable.
Après tout c'était un papier. Eugène qui lit dans nos pensées de cuisine, pour le salon c'est un peu loin, émit un rire léger.
jeudi 26 octobre 2006, Grands Boulevards, 16 heures 08
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Dans le train, avant-hier en arrivant à Paris vers les neuf heures du soir
(titre sauvagement emprunté à Colette, c'était plus fort que moi) (1)
Loin de Paris mais qu'en sait-on après tout, des toilettes publiques il y en a assez partout.
Je sors des toilettes et me dirige vers les lavabos. Devant moi une femme, son petit sur les talons.
Elle appelle d'une voix forte :
- Yannis, où es-tu ?
puis avec une nette coloration d'inquiétude
- Yannis je ne te vois pas.
Et le gamin à peine derrière, d'une petite voix timide :
- Mais je suis là, maman.
Elle se retourne, rassurée, constate de visu sa présence bien réelle et constate sur un mode tellement atonal qu'il contient fortement le reproche qu'elle a tenu à taire :
- Tu étais juste derrière.
Le petit n'ajoute rien, ces 5 ou 6 ans ont bien compris qu'une forme de colère maternelle rôdait.
Il se dirige tout droit vers le robinet d'eau et sur la pointe des pieds entreprend de se laver les mains. J'en fais autant dés que le passage se libère.
PS : prénom bien sûr un brin modifié, car il s'agit d'une pure scène vue
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Un samedi, une librairie, Montreuil
La vie me sourit en ce samedi-là, un film que j'ai aimé, (1) un moment presque heureux, une dédicace mais sans la soupe dans une librairie que j'adore.
Je pense à mes enfants et Sanseverino, qui est présent, personalise la signature d'un petit message qui leur va bien. Pour la première fois depuis fort longtemps je ressens un peu moins fort la pression du chagrin, je sais qu'ils seront contents, lui semble heureux de faire plaisir et ses deux acolytes également satisfait de la façon dont le public a perçu leur travail.
Je passe à la caisse ; une micro-pile de CD tout neufs. Gianmaria Testa. Un tout récent que je ne connaissais pas et qu'ils sont fiers ici d'avoir déjà en vente.
Imprégnée par la douce euphorie de cette fin d'après-midi, à l'ombre des rires et des murmures qui proviennent à l'étage supérieur des dédicaceurs et de leur public détendu, je songe soudain à Wytejczk qui apprécie beaucoup le chanteur italien.
Alors qu'une des libraires à présent me paufine pour les enfants un paquet cadeau du livre d'"U" joliment personnalisé, je me dis que peut-être il ne sait pas qu'un disque nouveau vient de sortir, que ça lui ferait plaisir de l'écouter sans tarder.
- Attendez, je vais prendre aussi le CD. Je connais quelqu'un à qui il devrait plaire.
Le sourire de la jeune femme n'est pas que commercial, peut-être aime-t-elle aussi les mélodies du chanteur, peut-être a-t-elle pris personnellement l'initiative de la pile propice, je sens un plaisir partagé qui me fait chaud au coeur.
J'achète ainsi le disque qu'elle m'emballe pour offrir.
Ce n'est que plus tard, assez plus tard, dans le métro ligne 9 du retour, peu après République (Pont de Sèvres - Mairie de Montreuil) que la réalité brutale me rattrape avec la force d'un coup porté. L'estomac qui encaisse. Le souffle qui manque.
Comment offrir un cadeau à quelqu'un qu'on ne voit plus et qui peut-être a quitté la ville ?
Cela a-t-il encore un sens ?
(1) pour ceux qui n'ont pas le temps de cliquer de liens en liens il s'agit du film "U" de Grégoire Solotareff et Serge Elissalde avec (entre autre, car ils sont tous bien) l'inoubliable Sanseverino pour la musique et le rôle du chat Kulka
[photo : le vrai CD qui a inspiré ce billet par ailleurs partiellement fictif]
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