Tous les mariages ne naissent pas libres et égaux en droits
30 septembre 2006
(et ça me rend bien triste)
à Clichy au bord d'un soir d'orage, à Montréal d'esprit
(et ça me rend bien triste)
à Clichy au bord d'un soir d'orage, à Montréal d'esprit
mercredi soir au L*cl*rc de Clichy, intérieur nuit.
Aujourd'hui mercredi on dira que c'est cinéma
et que ça se passe par là
"The wind that shakes the Barley" Ken Loach
("Le vent se lève")
un jeudi comme un autre entre l'usine et le chant
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Montreuil, librairie Folies d'encre, mardi soir dernier
"Entre le rêve et la réalité il n'y avait que l'épaisseur du pare-brise".
Assise en haut des marches, elle tricotait en écoutant, attentive à l'oreille et machinale aux mains. Je pensais à la révolution, aux tricoteuses d'antan.
"Les minutes s'égouttaient sur le fil blanc du temps".
Accompagné par son père, la ressemblance et l'écart d'âge ne laissent aucun doute, un garçon comme Stéphanot se tient au seuil de la librairie.
Soudain intéressé.
Je remarque les tons désuets bleus et grèges de ses vêtements d'aujourd'hui, très doux dans le contre-jour. A défaut de la mer, le soleil se couche ici derrière le conservatoire.
Par son entrée côté dalle, il illumine chaleureusement le magasin.
Son parent ne l'entend pas de cette oreille, qui le saisit sous le menton, lui embrasse les cheveux, lui glisse, je le suppose une justification, et l'entraîne vers l'extérieur qu'ils n'avaient pas vraiment quitté. Encore un qu'on arrache aux livres. Pour un peu je courrais leur dire : "- Attendez !".
"Le monde s'éloignait d'elle chaque jour davantage".
Il a cette coupe de cheveux à la mode qui ressemble à celles d'il y a 30 ans, frange un peu longue et qui vers l'extérieur délicatement rebique. Il ne semble pas venu pour les livres, il vient voir l'un des libraires, pas un autre, personnellement, visiblement ils se connaissent, échangent à mi-voix quelques mots brefs puis attendent l'interruption suivante de lecture et l'intermède musical pour sortir. Je les vois causer tranquillement, longuement sur la sorte de parvis d'ici.
"Les larmes lui donnaient l'air d'une aquarelle inachevée"
Le texte me reprend et je les perds de vue.
"[comme ? ...] les gens qui rendent visite à un malade et que le silence oppresse."
Tiens, moi le silence me va, c'est l'absence qui m'oppresse.
J'avais oublié que je ne pouvais plus écouter Chopin, mon alchimiste attitré, dont trois notes des compositions entendues au piano en période basse transforment tout droit mes douleurs intimes en toutes les larmes de mon corps.
Zut alors, je me fais toute petite à l'étage où je suis installée. J'attends la raison sèche.
Elle revient dieu ou qui veut bien merci à la fin des lectures, quand l'auteur prend la parole, aussi ému que moi mais pour d'autres raisons.
La soupe ultérieure achève de me remettre d'aplomb. Ce lieu est mon refuge ou du moins l'un d'entre eux.
Je voudrais remercier ceux qui font qu'il existe.
Toutes les phrases sont extraites à la mémoire (1) du livre de Pascal Garnier
(éditions Zulma)
(1) donc sans doute non sans approximation, mais j'ai tenu à ne pas corriger : elles sont telles qu'elles me sont restées, et fidèles marques du livre sinon du mot-à-mot.
Ce ne sont pas les plus belles ni les plus importantes, le bouquin vaut mieux que ça. Mais celles qui ont trouvé le chemin de ma mémoire, comme ça, instantanément.
[photo : in situ, peu avant la lecture pour ne pas déranger]
hier en la soirée, ligne 13, sur un quai puis dans la rame
mercredi 20 septembre 2006, à l'orée de Satin Lazare
C'est le coup de bourre du déjeuner chez le traiteur chinois.
Beaucoup sont là sur leur temps de déjeuner, ils ne faut pas qu'ils s'attardent.
Alors elles sont nombreuses et bien organisées les femmes qui préparent nos commandes, je fais ce midi-là partie des clients.
Mais ensuite je repars chez moi où m'attendra Stéphanot. La soupe chinoise ravioli et nouilles, c'est d'ailleurs pour lui. Le sac traditionnel des "plats à emporter" est sur le point d'être prêt.
L'une des collègues de celle qui me sert a miraculeusement un instant de latence entre deux personnes. Spontanément elle dépose dans mon futur sac quelques-unes des denrées pour moi déjà préparées mais qui étaient posées à côté, tandis que la jeune femme me réchauffait la fameuse (1) soupe.
Puis elle reprend ses propres clients. J'ai aimé ce geste d'entraide spontanée et comme toute habituelle.
Seulement entre temps la soupe est chaude, "ma" serveuse revient. Et qui ne peut plus, en l'état, glisser dans le sac le bol plastique qu'elle tient.
Je la vois échanger avec sa collègue un sourire contrit, laquelle répond par un geste international de pardon-j'ai-cru-bien-faire. Ensuite elle ressort les différents produits, pose la soupe, lourde, au fond du sac, l'emballage plus léger avec les nouilles au dessus, ainsi que le reste de ma commande.
J'ai droit pour ma patience à quelques nougats, dont ma fille raffole.
Je repars sans tarder, j'ai peur que mon fils en bon collégien ait en rentrant de ses cours fort faim, et pense un peu songeuse que parfois en voulant aider, au contraire on n'aide pas.
Cependant leur complicité malgré le rendement requis, m'a fait chaud au coeur.
(1) ce mot est pesé : elle est délicieuse aussi.
[photo : in situ, hier]