Quand le 26 août évoque un 17 avril
26 août 2006
samedi 26 août 2006, à l'approche de 17 heures
Encore jet lagguée d'un retour de Normandie (du point de vue de la vie électronique, une décennie nous sépare), j'allume machinalement la radio sur France Culture en fin d'après midi. C'était ma distraction de là-bas, j'y avais, via une première recherche sur les leçons de littératures avec Cécile Wajsbrot puis partant de là, le repérage d'une émission où il fut question de Virginia Woolf, pris l'habitude à ces heures d'écouter Radio Souvenir, un invité causant avec l'animateur à partir d'archives sonores qu'ils avaient choisies. Ce n'est pas sans émotion jeudi, que j'ai ainsi (ré)entendu en compagnie de mon fils pour lequel il s'agit de témoignage d'un monde ancien, la dernière intervention radiophonique de Salvador Allende.
J'oublie donc aujourd'hui que nous sommes en week-end, que le programme n'est probablement pas le même, j'ai tellement envie d'entendre causer de choses plus intéressantes que les frigos, les dossiers d'inscription, les découverts en compte et les machines à laver (1), que tout bêtement, j'allume un vieux poste (2) qui dans ma cuisine voisine la machine à expresso ; celle qui parle italien.
Au moment précis où je me dis mais non, c'est samedi ça doit être tout autre chose, j'entends une de ces archives, ça cause des Khmers Rouges, Pol Pot, le 17 avril 1975. Me reviennent alors en une vague compacte tous les films de Rithy Panh qui avaient fait mon grand intérêt (3) à La Rochelle l'an dernier. Et ce texte que j'y avais écrit, car la date m'avait frappée, que faisais-je alors (4) ? Qu'en comprenait-on ici ?
Après, je me rends compte qu'il s'agit d'une autre émission procédant d'une démarche similaire et qu'au jeu des concordances et coïncidences j'ai encore comme au manège attrapé "Le pompon les petits, le pompon".
Le sujet est si fort, qu'on en ait des souvenirs directs ou comme moi davantage dus au cinéma cambodgien ou à des lectures, que j'en oublie bien vite mes péripéties personnelles.
Je pense au peintre Van Nath, le survivant qui par son travail témoigne de l'horreur, comment dans l'un des films il dialogue en calme apparent et en tout cas sans haine avec ses anciens bourreaux. Je songe aux peuples opprimés, et que ça ne s'arrange pas.
(1) quoiqu'il ait aussi été question d'électro ménager mais fort brièvement
(2) preuve que les vacances ont laissées des séquelles, puisque je n'ai pas eu pour premier réflexe de me connecter via l'internet alors qu'en temps normal c'est désormais ma façon d'écouter la radio (et très rarement en direct).
(3) on ne peut pas précisément dire qu'il s'agit de bonheur.
(4) de retour chez moi je m'étais précipitée sur mes anciens carnets de jeune adolescente.