Comment Madonna m'a menée à Pier (Paolo)
29 août 2006
dimanche 27 août 2006, toujours le mitan de l'après-midi à peine un peu après
Je suis fort atteinte du syndrome de consolation nécessaire : plus on me rend triste, plus le monde me semble dépourvu de sens et tournant sur la tête (si tant est qu'un globe en ait une), plus j'éprouve tel le jeune Adrian Mole le besoin irrépressible de me tourner vers la grande littérature pour consolation (en V.O. à la mémoire, to turn once more to great litterature to (for a ?) solace), les livres si on ne les perd pas, ils ne vous lâchent jamais.
Je rentrais donc vers mes pénates, un peu triste un peu seule malgré un bon moment à peine écoulé, mais qui ne couvrait pas le vide du message concernant à la fois Günter Grass, Jonathan Litell, Serge Joncour et leurs travaux, les jeux électroniques en consolettes portables, la dernière facétie de Stéphanot, et nos travaux domestiques que je ne pouvais même plus me permettre d'envoyer en rentrant, du moins en totalité plus personne de ma connaissance n'étant désormais à même d'apprécier simultanément ces différents sujets, et de m'en offrir en retour un avis encourageant, drôle ou éclairant, somme toute : amical et tendre, quand je tombais non sans (agréable) surprise sur une librairie ouverte.
En fait de librairie, c'était plutôt un marchand de journaux qui complétait ses rayons d'un peu de livres, mais pour un dimanche on s'en contentait bien.
Je me retins de l'achat du tout nouveau Desarthe, que je saurais aimer, elle est de celles dont je me sens proche même sans la connaître, mon budget est en berne et je m'étais déjà accordé la dépense d'un repas pris à l'extérieur, me concédait un poche.
Le choix n'était pas grand, entre classiques (déjà possédés sinon bien lus), tout venant et déjà lus. Puis une biographie de Pasolini me sauta dans les mains, elle était d'un prix raisonnable, comportait quelques photos (je résiste mal aux photos), et m'en voilà pourvu.
Je me rends compte chaque jour que je connais fort insuffisamment son oeuvre, qu'il faudrait que j'aille y voir de plus près, et qu'à de grandes nombreuses différences dues à nos conditions si diverses, il y a un fort cousinage qui ne demande qu'à m'enseigner. J'étais donc contente d'un pas potentiel de plus vers moins d'ignorance.
On était tout près de Bercy. Je comptais y prendre la ligne 14 pour remonter vers mon nord ouest domiciliaire. Ce que je fis en lisant et sans larmes.
Ce n'est que le lendemain, aux infos fatigantes du radio-réveil, que je compris pourquoi peut-être ce dimanche là et pas un autre, la boutique d'où je tenais ma fructueuse lecture s'était trouvée ouverte : un concert de Madonna, quelques heures plus tard devait s'y tenir et avait eu lieu. Je devais donc d'une certaine façon Pier Paolo à une Madone de substitution, ce n'était pas pour me déplaire.
[photo : sur le même boulevard, à peine un peu avant en distance]