Adieu Johnny, je t'aimais bien
31 août 2006
jeudi 31 août 2006, 13 heures 12
Longtemps je n'en ai strictement rien eu à cirer. Quel rapport autre qu'une fausse coïncidence de prénom pouvait-il en effet y avoir entre une grande reine rousse du glamour de l'après-guerre et une petite banlieusarde brune des années soixante-dix qui aimait le foot, les bouquins et les maths ?
Paris en m'accueillant m'a rendue cinéphile, c'était de l'ordre de l'inévitable. Etudiante libérée du carcan familial, j'ai enfin fait connaissance de l'autre Gilda (1). Je me suis dit que j'étais condamnée de toute éternité à décevoir mon père, qu'en me prénommant, car je n'étais pas dupe, ses attentes avaient été au delà de tout réel possible. Ma mère était une très jolie rousse (2). Moi pas.
Indépendamment du reste, le film m'avait plu.
J'étudiais les sciences, menais une vie austère avec peu de distractions.
Vint la danse. En héritage d'un amour perdu, je décidais de m'y mettre. Je venais de très loin : j'habitais difficilement un corps mal coordonné et très souvent malade, marcher me posait question, je me cognais sans cesse et surtout ne comprenais pas l'intérêt qu'éprouvaient les êtres humains à se secouer de conserve et en cadence au rythme de sons émis. Une prof patiente m'admit dans son cours, malgré qu'à la beauté de l'ensemble je nuisais.
Nous ne nous sommes pas quittées. J'ai fait des progrès.
Arriva le chant. L'évidence d'un soir d'octobre. L'appel du Requiem (3). La découverte que j'avais une voix plutôt coopérative à défaut d'autres qualités.
Depuis bientôt trois ans, je suis passée à l'effeuillage. Plus psychologique que physique, ça vaut mieux pour tout le monde, mais n'empêche il y a de ça.
Alors forcément Johnny, Johnny Farrell à présent je pense à lui. Bien sûr il m'a mené la vie dure, comme quasiment tous ceux dont je me prends passion, une vieille malédiction peut-être.
Mais c'est la vie qui était rude et faisait de nous des êtres en lutte, combattant souvent les mauvais ennemis et se blessant en réciproque au lieu de s'épauler.
Bien sûr, bon vieux Glenn, après "Graine de violence", je t'ai perdu de vue.
Mais l'affection y était. On n'efface jamais des sentiments si forts.
On m'a dit que tu étais malade, je suis soulagée que tu ne souffres plus.
Ca n'empêche qu'aujourd'hui je me sens en deuil (j'ai hélas l'habitude).
Good bye peasant, g'bye Gwyllyn !
(1) je n'imaginais pas un seul instant que vingt ans plus tard la vie m'offrirait le cadeau d'une belle rencontre et si inattendue
(2) je parle de ma vraie mère de la vraie vie, qui en son jeune temps était rousse aux yeux verts. Quand je l'avoue, on me croit rarement.
(3) de Verdi, forcément.
Je ne sais pas combien de temps il restera consultable en ligne mais cet article de Philippe Garnier dans Libé
Glenn Ford l'arme à gauche
et alors même que je suis loin d'être d'accord avec tout, me plaît assez dans le genre féroce qui somme toute connaît assez peu.
En revanche si vous voulez vraiment apprendre à connaître qui fut Glenn Ford, et pourquoi nous l'aimions bien, ça peut être grâce à monsieur Ka et c'est par là :
(de loin le plus bel hommage que j'ai lu sur lui, sans pour autant que ça verse dans l'hagiographie)