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Si seule (left alone) - au ciné -

Mercredi 19 juillet 2006, dans un cinéma situé non loin des livres

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       Je n'ai pas éteint mon téléphone portable. J'étais au ciné.
C'est mal, je sais, mais là non.
Ca ne pouvait pas gêner parce qu'en fait j'étais seule. Toute et
entièrement, la salle pour moi, une projection très privée avec
involontaire exclusivité.

Ce n'était pas la première fois. La seconde en fait. L'autre datait d'un
matin férié, un film d'auteur dont on parlait peu, sauf entre
initiés. J'avais pensé qu'ils annuleraient. Mais non. A croire que la salle était louée et la diffusion automatique.

A l'époque je savais bien que j'existais. J'avais donc savouré cet étrange
privilège, un peu amusée et désolée pour ceux qui avaient fait le film
qu'il n'ait pas de succès ; car il le méritait (1).

A présent je vis dans le doute, perpétuel, d'être vraiment ici ou déjà à
côté. Trop de souffrances m'ont rendue vacillante. Quand les heures sont
supportables, je crois un peu rêver, n'ose pas faire place au soulagement
par crainte qu'une fois de plus il ne soit illusoire.
Quand elles ne le sont pas, je sais que je suis dans un cauchemar qui ne
déboucle pas. Ce cauchemar est ma vie.
Je ne sais comment en échapper sans risquer de tuer.

Que la séance ait donc lieu de par ma seule présence, une série de courts
métrages sur le travail de photographes, me permettait de confirmer
que je n'étais pas un fantôme, que j'étais bien présente et que mon coeur
battait.

Je leur en sais gré et leur en rends grâce, ainsi qu'aux spectateurs
absents qui m'ont offert en creux cette vérification scientifique de mon
degré de consistance. Qui m'a effacée n'en a pas terminé.

Et je n'ai même pas su profiter pour pleurer, car les documentaires, vraiment, m'intéressaient.

(à suivre, sans doute, un jour ou l'autre)

(1) Il s'agissait de Garden State

un film sympathique et plutôt attachant qui avait connu un bon succès
d'estime

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Momo l'incontournable

Samedi 15 juillet 2006, un peu avant 16 heures, un peu vers Bonne Nouvelle

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Je cherchais le Monde. Ca m'arrive parfois. En fait le 2, à cause d'Echenoz. Je ne suis jamais déçue quand il parle d'écriture et que ses paroles sont fidèlement transcrites.

Je m'y prenais trop tard et j'en avais conscience, mais hier était férié et par chez moi aucun marchand n'avait ouvert aux heures poméridiales où j'aurais pu le trouver, sans compter qu'à Clichy un jour courant, il n'arrive pas à midi mais plutôt vers 16 heures.

Comme j'avais un quart d'heure avant un cours de danse, je tentais ma chance auprès du kiosque voisin de la salle de gym.

Finalement il l'avait, mais seulement avec Mozart. CD obligatoire. Ce n'est pas que je n'aime pas Mozart, non je ne veux pas dire. Mais Baudelaire et lui me font un peu le même effet, c'est-à-dire :

Ah, c'est beau !

Comme serait beau un bouquet de fleurs coupées harmonieusement choisies, mais jamais fort loin du fanage. Contrairement à celles un peu moins jolies un peu plus sauvages qui poussent encore aux champs et se trouvent plus loin mais possèdent plus de vie tant qu'on n'y attente pas. 

Concernant l'illustre musicien, seuls m'émeuvent certaines de ses compositions tristes, une partie du Requiem, et puis Don Giovanni. Le reste me laisse admirative mais indifférente. Je ne tenais donc pas à ce CD supplémentaire, mais n'avais pas le choix.

"Ravel"

http://www.leseditionsdeminuit.fr/titres/2006/ravel.htm

me conduisit donc à Mozart.

Comme si une ligne de raisonnabilité budgétaire venait d'être irrémédiablement franchie, mais aussi parce que l'homme venait de se donner un peu de mal pour me retrouver l'exemplaire restant du journal convoité, sur une inspiration soudaine, je demandais :

- Et Senso, vous l'avez ?

Il l'avait. Le tout nouveau, complété d'une nouvelle bien menée par Anna Gavalda que j'aime beaucoup

http://gilda.typepad.com/traces_et_trajets/2006/03/le_cadeau_danni.html

illustrée par les photos de Macha Makeieff dont du travail je ne me lasse pas

http://www.fotolog.com/gilda_f/?pid=9200858

et que je trouve réconfortant. J'avais retrouvé comme une hâte de lire, disparue depuis trop longtemps. Le cours de danse m'en a presque paru lent (une fois n'est pas coutume).

[photo  : une brocante aujourd'hui encadrait le kiosque, mais il était ouvert]

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Grands Mystères de l'Informatique (un des)

      

samedi 15 juillet 2006, milieu de journée

   

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Le Outlook Express sur lequel je loge ma messagerie personnelle ayant parfois des facéties dignes d'un équivalent informatique des purges staliniennes (lesquelles étaient tout sauf des facéties, j'entends bien (1)), voilà qu'après un blocage soudain et semblait-il irrémédiable, suivi de quelques manipulations hasardeuses de ma part dans l'espoir d'en recouvrer l'usage, j'ai perdu ceux que j'avais gardés des messages entrants depuis le 13/03/2005, 6 heures 49.

Je n'ai jamais prétendu ni là ni ailleurs à beaucoup d'ordre, de rigueur et de qualités ménagères, cependant je conservais scrupuleusement les messages personnels auxquels je n'avais pas encore répondu.

Ca tombe qu'en raison d'un juin chargé, immédiatement suivi de 10 jours de vacances actives  , j'avais, je le confesse, un retard certain en la matière. J'ai tenté hier de réparer et, à la mémoire, répondre. Mais je reste persuadée d'avoir oublié quelques uns d'entre vous.

Par avance mes plus plates excuses et s'il vous plaît n'hésitez pas à m'envoyer à nouveau un message si vous faisiez parti du lot des interlocuteurs aux mots malencontreusement effacés.

PS : vous pouvez aussi envoyer un mot si vous n'en étiez pas, je ne veux pas dire ... :-)

(1) je voulais juste insister sur le côté irrémédiable, imprévisible, en même temps systématique et rien moins qu'arbitraire.


Un bon geste

       
   
à un Jean-Marie parce qu'il existe (aussi) des porteurs de ce prénom qui sont des hommes bons.
aux Marc en général : jusqu'au présent je n'en ai croisés que d'excellents.
         
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Il y avait eu les mots et la musique qui s'enlaçaient et se complétaient. J'aimais le livre
dont les premiers étaient extraits.
J'aimais la seconde, celle du compositeur qu'il évoque mais également de ses contemporains cités.
      
Malgré le chagrin qui à force de combat pour le tenir en respect tend à me verrouiller, la grâce de l'instant avait gagné, contourné le barrage et en écoutant, à mon insu, j'avais pleuré.
       
Vous l'aviez remarqué sans doute, je ne sais rien dissimuler. Aussi quand à l'heureux moment convivial qui succédait au concert, nous avions échangé quelques mots, vous aviez insisté :
      
- Venez samedi, Marc viendra lire, ce sera formidable tu verras.
   
Je connaissais Marc  le lecteur public  pour l'avoir plusieurs fois écouté à l'oeuvre et parce qu'il avait un temps travaillé à Clichy où habituellement je vis.
   
Que ce soit samedi formidable je ne doutais donc pas. L'ennui était que mon emploi du temps se chargeait d'autres impératifs pour cette journée-là.
    
Je me suis arrangée à faire un peu de place, pu venir, mais sans rester au delà du temps de pure lecture.  Avant de filer je suis cependant passée vous saluer et vous remercier à la fois pour l'organisation de ce moment magique quoi que le texte fût d'une dureté d'autant plus insoutenable qu'il avait été bien lu (1) et pour votre insistance bienveillante à me décider.
       
C'est alors qu'en me prenant l'épaule comme on fait à son pote, vous m'avez déclaré avec un bon sourire :
   
- Je te l'avais bien dit. Vous reviendrez ?
   
J'ai caché dans l'urgence nécessaire d'un retard réel et donc un départ rapide, l'émotion ressentie. Depuis plusieurs mois l'ami dont la tendresse naturelle et l'entourage chaleureux
m'avaient si souvent consolée de tant de choses, ne croisait plus ma vie que par inadvertance  .
    
D'un geste affectueux, vous m'avez offert  cette proximité physique qui me manquait si cruellement, jointe ici à la douce connivence des amoureux des livres.
   
Grâce à vous, à nouveau, j'ai cru exister. Ca n'a pas duré. Ca a quand même aidé.
Je tenais dés que possible à vous en remercier. 
      
éditions Folies d'Encre
Une critique intéressante   si le lien ne se périme pas.
 
[photo : à la devanture d'une boutique, XVIIème arrondissement, 23 juin 2006]

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L'insulte

       
Montreuil, aux abords du métro Croix de Chavaud, un soir de juin
      
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Du début je n'ai qu'une vague idée, un de ces conflits citadins de circulation comme il en survient tant, l'un(e) traverse au rouge (pour les piétons) l'autre démarre au vert clair (pour les voitures) ou néglige de stopper à l'orange foncé.
En plus que je suis à l'intérieur d'une boutique, une librairie pour ne rien cacher (1)
et que j'y suis fort bien, donc peu encline à me laisser distraire.
 
    
Ce sont les éclats de voix de la piétonne corpulente qui attirent mon attention. Je l'écris sans ironie ni mépris, juste pour signaler qu'où qu'elle soit elle était forcément extrêmement visible et que quel que puisse être son état d'esprit elle ne possède pas le genre de gabarit qui fait qu'on l'embête.
 
    
L'automobiliste qui suscite son courroux est arrêté à peine plus loin car la disposition du carrefour fait que deux feux de signalisation s'enchaînent. Il fait chaud et d'où je suis je devine ses fenêtres ouvertes.
Il laisse dire. Elle continue à l'insulter. Les gens à l'arrêt de bus commencent à se laisser divertir de leur attente par la scène.
   
Je trouve sa colère assez plate somme toute, n'est pas capitaine Haddock qui veut. Elle est prêt de la voiture à présent et continue ses invectives sur le mode Connard, Tu l'as eu où ton permis, Alcoolique, Connard (ça doit être son préféré), Danger Public, Connard, Salaud.
Lui ne répond rien. J'imagine qu'il a quand même un peu hâte que ça passe au vert pour pouvoir s'éloigner mais il n'en laisse rien paraître.
    
Tout d'un coup, et au moment même où je commençais à trouver presque réconfortant qu'elle n'ait pas versé dans l'injure raciste, la voilà qui hurle :
- Espèce d'enculé de pédé !
ce qui l'est tout autant.
Le type a alors dégagé sa voiture de la file d'attente pour la garer un peu sur le côté, ce n'était pas une vraie place mais au moins il ne gênait pas ceux qui voudraient passer.
Il est sorti. Très calme d'apparence et maître de lui.
   
Il n'a pas crié, lui. Je n'ai pas tout entendu. Mais seulement
- Non, [...] pouvez pas.
Et puis il a ajouté des mots qui ont mis de son côté les badauds de l'abribus et que j'ai vu s'esclaffer. La piétonne furieuse a semblé se dissoudre dans le paysage, se frayant sans doute un passage parmi eux et tournant au premier coin de rue.
Il a regagné sa voiture, a dû attendre le passage vert suivant, puis il est parti.   
   
Il admettait qu'on l'engueule, peut-être éventuellement d'avoir commis une faute de conduite et de la payer ainsi, mais pas qu'on utilise l'homophobie pour injure.
   
Le bus est arrivé. Les voyageurs y sont montés. Certains riaient encore.
Qu'avait-il bien pu dire pour si belle défense ?
J'aurais aimé en pareille circonstances savoir garder un tel sang froid et son efficacité. Je me sais capable de frapper (2) si on s'en prend non pas à moi mais à quelqu'un que j'aime, particulièrement un enfant. Je tenterais à l'avenir de me souvenir de cet automobiliste souverain.
   
J'ai repris un livre.
   
   
(1) Folies d'Encre, 9 avenue de la Résistance ; Montreuil ; ouverte du mardi au samedi de 10 heures à 19 heures, et le lundi de 12 à 19 heures.
en cherchant pour ce billet l'adresse précise j'ai également trouvé cet article .
   
(2) ça surprend, je sais, quand on me connaît de vue. Je dois être pourvue d'un gêne Touche-pas-à-mon-pote excessivement kamikaze et complètement déconnecté du cerveau pensant.

Un film inoubliable

 

Ce n'est pas que j'ai perdu ce pli en mon âge avancé ;-) de jouer avec et sur les mots, la preuve
 
seulement même déchargée de toute intendance familiale, j'avoue éprouver de la difficulté à chroniquer de nouveaux films tout en voyant les suivants et en prenant le temps d'aller nager entre deux :-) et en buvant au passage des coups avec les ami(e)s du ciné-club dont je fais partie.
      
"En même temps, Rome ne s'est pas fait(e) en un jour..."