Marie-Pacifique j'ai reçu votre lettre
21 juillet 2006
Elle ne m'était pas destinée et j'en suis affligée (vous n'y êtes pour rien)
Vendredi 21 juillet 2006, dans la nuit
J'achète le plus souvent les livres chez MA libraire , mon dealer préféré, là où la came est bonne et pour moi parfois les livraisons de première fraîcheur :-) (1).
Seulement n'ayant pas, loin s'en très faut un budget extensible quand mon désir de lecture n'est jamais assouvi, j'en achète à l'occasion d'occasion sur le net.
Je passe très classiquement par un ou l'autre de ces sites bien connus et fiables où selon le titre et l'auteur recherché on nous propose différents vendeurs, en neuf ou non. J'adore, j'adore, j'adore (2) quand par le biais de ces hasards je tombe sur un particulier qui souhaite ranger chez lui, alléger ses étagère et peut-être, mais je n'espère pas, ses soucis de fins de mois.
L'envoi du livre acheté s'accompagne alors souvent d'un mot gentil, un souhait de bonne lecture, l'emballage est soigné, les adresses jolies (3) et parfois même les timbres de collection.
Grâce à sa "Fugue" qui m'a un jour sauvée d'une sombre tentation, puis à une série de conférence à la BNF auxquelles elle participe, j'ai découvert Cécile Wajsbrot puis entamé une verticale de ses oeuvres. La passion me rend méthodique.
Beaucoup d'entre elles sont publiées aux éditions Zulma, pour les trouver à présent la seconde main s'impose. Le gré des disponibilités et des prix raisonnables me fait trouver ainsi son "Mémorial" via une librairie de l'internet réputée pour ses raretés dans l'ancien.
A priori j'ai confiance même si le charme n'y sera pas. Je commande donc par là.
Le livre me parvient, très vite et très bien. Sauf qu'en l'ouvrant, je lis sur la tranche "Service de presse". Je suis équipée d'une vieille forme de sens de l'hospitalité qui m'incite à penser que ce qu'on nous a offert si on veut le céder, on doit à son tour le faire sans bénéfice sonnant et trébuchant. En tirer paiement détruit une harmonie fût-elle de dons purement professionnels.
En même temps je conçois qu'on puisse souffrir de plaies d'argent qui nous poussent à de mauvaises pratiques dans l'espoir de les panser.
Seulement quand l'une des pages de garde est salement arrachée, celle qui portait sans nul doute la dédicace probablement personnalisée, je me sens blessée par le manque de respect envers tous ceux qui y ont travaillé.
Et quand pour finir je constate que qui a revendu son pauvre exemplaire n'a même pas pris la peine d'en ôter le courrier signé de l'éditeur, ou son attaché(e) de presse, je me dis que la prochaine fois je n'achèterais pas là, mais surtout j'ai honte d'avoir parcouru par la force des choses un courrier qui ne m'était aucunement destiné, d'autant plus qu'il demande à son vrai destinataire de le "tenir au courant" comme si son avis était déterminant. Marie-Pacifique au prénom remarquable, je ne vous connais pas mais je peux témoigner que certains de vos interlocuteurs (4) ne vous méritent pas et manquent singulièrement de classe ou bien d'humanité.
Mais puisqu'une indélicatesse a dévié votre adresse entre mes mains, et qu'un avis vous attendiez, un avis vous aurez.
Ce ne sera que le mien. Mais au moins il sera sincère et je vous garantis dépourvu de toute hypocrisie.
PS : et le prochain, vous me l'enverrez ? (au moins pour s'entre-consoler de certaines basses pratiques)
(1) j'ai l'air de me moquer mais ma pratique de la lecture est un rien addictive, ce qui n'est pas sans poser soucis.
(2) emprunt sauvage mais décontexualisé. Put the blame on me ;-)
(3) j'ai ainsi repéré une "Montée du cimetière" qui n'est pas sans me rappeler la précédente adresse des éditions L'Estuaire
sauf que l'une est en France quand l'autre est en Belgique.
(4) ou leurs héritiers ; qu'adviendra-t-il de tous mes livres si jamais je mourais sans avoir rien préparé, protégé ceux dont la lecture et les dédicaces m'ont fait si chaud au coeur, émis des voeux sur leur destinée ? Déjà que de mon vivant on me reproche régulièrement leur excessif encombrement.
complément atterré du 20 septembre 2006 :
Dans la série pire est (toujours) possible, contrainte d'attendre qu'il apparaisse en occase pour acheter un exemplaire d'un livre un brin coûteux (pour cause de photos, et que c'est un bel objet, c'est mon porte-monnaie qui va mal, pas le bouquin qui est trop cher) écrit par des personnes que j'aime,
voilà que j'en vois là aussi la page de garde arrachée. Il n'est pas noté service de presse, même si ce n'est pas systématique, c'est peut-être signe qu'il fut destiné tout personnellement à quelqu'un, qui n'a eu de cesse que de le remettre en circulation (et la dédicace à la poubelle ?).
Il y en a vraiment qui ne méritent pas leur chance que c'en est à pleurer.
C'est d'ailleurs ce que je fais en écoutant un certain morceau des PussyCat Dolls, car samedi j'irais danser, c'est question de survie. Dans un tel monde je suis sans place comme d'autres sans papiers.