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Avant le match

Le slam avant le slam

  vendredi 19 mai 2006, Fnac Satin Lazare escaliers de secours
 

Comme à la Sécu, un ticket à l'entrée. Pour écouter Fabien, alias Grand
Corps Malade ; logistique non sans logique.

C'est le mitan de l'après-midi d'un jour sans usine. J'ai passé jusque-là
une bonne, une excellente journée.


sauf que.


Ca ne va pas. Parfois les bons moments flattent les chagrins, le manque, un seul être ou bien un seul secours, le bonheur à portée de main mais qu'une absence enfuit.
Au bout du compte, on s'en veut. D'être si malheureux alors qu'en privilège.

J'attends dans l'escalier ; (pour) quelqu'un que j'aime bien (entendre). Et
pourtant je n'y suis pas. J'ai disparu même à moi-même.

L'assistance est calme, contente d'être là, pour la plupart assise sur
les marches de ciment. Quelques Dionysiens en profitent pour vanter leur
ville. Des rendez-vous sont pris,
visitez la basilique, mais comptez bien
une après-midi entière, il y a tellement à voir.


Je n'aime rien tant que le mélange, de tous les gens, de tous les genres.
 
et pourtant.

Je ferme les yeux, je pleure un peu. J'écoute les murmures et ceux qui n'en sont pas. Au palier inférieur une jeune femme règle son compte par téléfonino à un gars qu'elle a aimé ou qui lui dit qu'il l'aime encore, mais visiblement elle a de ce sentiment perdu la réciprocité, détachée d'un coup de méchant grief qu'elle expose ainsi à tous.

 
Je perçois dans sa voix une réelle détresse, le son de la rupture. Mais elle a de l'ego, un de ces moi modernes qui au fond partagent peu. Elle ira bientôt mieux.

Surtout qu'il y a Fabien.
A écouter.
A peine un peu
plus tard.

Un homme au bonnet jaune circule délicatement et sans déranger distribue un flyer (on dit comme ça, je crois). C'est hélas pour le soir même et je suis déjà prise ; ma vie vide est bien remplie.

Au pallier inférieur il s'arrête, s'installe. Attend en fait un pote et qui ne tarde pas.

Je n'y prête alors guère attention mais je remarque sa veste, belle comme au Burkina,  réminiscence pour moi d'une vie antérieure et qui n'était pas drôle mais non dépourvue d'amour ni peu solide en amitiés.

D'un coup, ils slament. Je suis tout près mais très loin, trop loin sombrée dans mes pensées, mes souvenirs rapatriés, et au début je ne perçois qu'un rythme, une mélopée.

et puis leurs voix, posées et portant bien, mais cependant si douces.

Ce sont seulement leurs mots, qui ne me parviennent pas. Interfèrent au coeur de moi ceux de ma souffrance. Un de ces moments où l'on n'a pas la place pour qui vient du dehors.

Pourtant soudain ils font leur chemin, un voile se déchire. Je reconnais le polonais. Cette langue, par alliance, ne m'est pas étrangère, au moins de consonances. Un peu comme le ch'ti, lui qu'à force je comprends.

Le train que je croyais parti semble donc resté un instant à quai, les portes s'en sont à nouveau ouvertes, je ne sais pas où il va mais où je suis j'ai mal, alors d'un bond je monte.
J'écoute, ne peux saisir le sens, mais ça importe peu.

On sent les deux hommes heureux d'être ensemble, de travailler ainsi, de nous offrir un doux attentat verbal (on dit comme ça, aussi). Ils chantent, adossés au mur, comme une conversation personnelle avec chacun de nous.

Ils terminent trop vite. Quelqu'un les (re)connaît qui nous parle de leur site, en dit le plus grand bien. Les en remercie.
Je me dis j'irai.
(à présent c'est fait).

PS : Fabien, ensuite, comme dab, c'était très bien.

Merci à John Banzaï et Souleymane Diamanka qui sont Le meilleur ami des mots  .

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