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Le soir où j'aurais dû mourir

de froid (mais où vous m'aviez donné la force de ne pas céder)

     Paris, dehors, au soir d'un 31 janvier.

   

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    Pourtant vous n'étiez pas là. Mais alors vraiment pas. D'ailleurs ma présence dehors en une nuit glaciale d'un janvier parisien était due à votre absence.

Ca peut sembler curieux.

C'était comme ça. Je ne m'en plains d'ailleurs pas, j'étais volontaire.

      

J'aurais dû être à l'intérieur, je m'étais prudemment inscrite. Mais tant de gens en avaient fait autant, c'était formidable quand on y repense, qu'il n'y avait plus de place. Il aurait sans doute fallu arriver très tôt et moi je sortais de mon travail où je faisais beaucoup d'heures pour peu de salaire. Ce qui n'a guère ou si peu changé.

       

Donc, plus de places ; ce qu'on nous avait annoncé après un déjà long moment d'attente, en file, à l'extérieur et par zéro degrés (ou peu s'en fallait).         

Pas non plus l'ombre de Wytejczk, pourtant j'aurais juré qu'il serait bien là. A l'époque, nous nous croisions souvent. De cette soirée même, il m'avait parlé. Mais il avait dû négocier ses horaires, arriver tôt, entrer. Curieusement je ne me souviens pas d'avoir tenté de le joindre. Peut-être ne l'ai-je tout simplement pas fait, craignant de peser par mon retard et toutes ses sortes de difficultés que je sais si bien recueillir.

          

Je pensais repartir, heureuse du succès populaire, déçue ne m'y point participer plus activement, quand quelqu'un nous annonça un écran extérieur, sur le côté du bâtiment. Mes pieds m'y portèrent. On y parlait déjà de vous.

             

Quelque chose m'a dit que je devais rester, j'ai fait taire mon corps qui protestait encore, avant de s'engourdir congelé ; je parviens assez vite, en fait, à cet état. Le cerveau fonctionnait, pensait à vous, voulait en être. Jérôme à l'intérieur prenait la parole qui par image projetée parvint à nous faire rire. Son humour irréductible que je savais vôtre, sa leçon d'espoir, et de présence solide me tint plusieurs mois durant.    

Ce n'était rien à côté de vos propres souffrances, je le savais précisément, j'ai donc tenu au froid jusqu'au bout du rassemblement, cachant plus tard un malaise dans les toilettes accueillantes d'un bistrot voisin.      

Rentrée chez moi, j'avais envoyé un mot à vos amis qui déjà s'organisaient pour lutter dans la durée. Je n'osais pas encore me joindre car je ne vous connaissais pas, je vous connaissais de vous lire. C'est très fort comme proximité, mais sans doute pas aux yeux du monde.

       

C'était il y a un an.

      

A présent le froid, je l'ai à l'intérieur. Vous allez bien, m'a-t-on dit. Moi pas. J'ai tout confort et même liberté, formidables privilèges. Seulement ma vie n'a pas su s'arrêter au doux moment de vos retrouvailles avec ceux qui vous aiment et vous aimaient. Elle a poursuivi sa pente qui est fort descendante et non dépourvue de récentes solitudes.         

J'aimerais retrouver cette force que vous m'aviez donnée, ainsi qu'enfin bonne résistance à toute glaciation.    

[photo théâtre du Rond Point à Paris, en extérieur jour et récent (23 janvier 2006)]

à chaque année, hélas, sa solidarité nécessaire : 

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"Mais tout ce bleu,

ce n'était pas merveilleux.
 
       
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Savez-vous que le bleu est une couleur moderne ? C'est une chose qu'il faut savoir quand on prétend vivre dans son temps. Tout ce que je dis est vérifié par des savants. Je n'aime pas beaucoup qu'on me raconte des salades. Ne me parlez pas de symboles, le monde moderne est un monde scientifique. La science dit : les hommes des temps modernes préfèrent le bleu. Le bleu vient d'Amérique, c'est la couleur des jeans. Je dis toujours la vérité. L'Amérique a habillé le monde. L'Amérique a pris le contrôle de la couleur. Ne me demandez pas de détails inutiles, la vérité est scientifique. Je ne discute pas avec les amateurs."
         
"Parfois je meurs mais jamais très longtemps" Desplechin / Monory (éditions du Mac Val musée d'art contemporain du Val de Marne ; Vitry) jusqu'au 26 mars 2006 exposition "Détour" et qui le vaut.
(note personnelle : déconseillée aux personnes sujettes au vertige, rien n'est en hauteur pourtant) . [photo artisanale prise sur place parce qu'il fallait bien donner une idée.]
          
Ce n'est pas parce que ce soir, après une trop rude journée passée à gagner ma croûte, j'ai choisi la solution de facilité de partager un peu de mon Desplechin quotidien, qu'il faut que vous vous croyez permis d'oublier Garfieldd, non mais :

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Le Malka ne doit pas mourir

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Tu me dis, à Trebinje, les jeunes, ils ne savent pas ce qu'est un livre.
Pendant un cours de français que je leur donnais, j'ai voulu en sortir un pour expliquer le mot,
qu'ils semblaient ne pas comprendre, ils ont poussé des cris d'effroi et c'était pas pour faire les clowns.
Je pense les pauvres, de quoi peut être tissée leur vie ?
 
       
Tu me dis, c'est un pays neuf, c'est bien, ça laisse des possibilités, ce n'est pas fermé.
Tu me dis, c'est un non-pays, les accords de Dayton ne sont pas viables. Certaines choses ne riment à rien.
Je pense cette guerre qu'ils ont eue, nous pourrions faire la même.   
      
 
Tu me dis je n'ai pas envie de quitter la France mais j'ai envie d'y retourner ; là-bas j'ai des choses à faire.
    
Tu me dis qu'on trouve difficilement à manger du porc et du chocolat noir ; qu'on trouve facilement des cigarettes, que tout le monde ou presque fume. Sauf que toi tu manges du porc et du chocolat et pas des cigarettes.
Je pense par moment tu dois te sentir seule et venue de loin.
 
         
Tu me dis des choses que je n'écrirai pas. Je pense que je n'en parlerai à personne, de toutes façons. Je suis à ma manière une sorte d'impasse, j'écoute, si c'est un ennui, je cherche un secours, on en parle ensemble, puis je me tais.
 
   
Tu me dis les cours, un déménagement à venir, les conditions de travail, l'importance de l'internet quand on est loin.
Je pense que cette vie intense et différente au fond te convient bien et que les questions grandes se décanteront à mesure des mois.
 
   
Tu me dis, ils ne lisent pas, tu te rends compte dans une classe où je leur demandais de me citer un héros, une personne qu'ils admirent, une seule, une seule a évoqué un écrivain, les autres c'était du foot, des stars ou de la politique.
 
Tu hésites, il y en a même une qui a cité Slobodan Milosevic. Et elle était contente d'elle, après. 
Je penses, nous sommes bien mal partis et la paix aussi.
 
          
Tu me dis, ils ne prennent pas ou très peu de notes, c'est pénible quand on leur fait cours, on ne sait pas si ce n'est pas du désintérêt. Mais en fait c'est leur façon.
Je pense que je ne saurais pas faire, retenir tout de tête, j'ai besoin de noter.   
      
Tu me dis celle qui a dit un nom d'écrivain, elle n'est pas comme les autres, différente, moins gamine.
Je pense, tu m'étonnes. et puis aussi : elle doit se sentir bien seule. Comme une extra-terrestre.
   
Tu me dis on ne sait jamais ce qu'ont fait leur parents. Etaient-ils des bourreaux ? Ca me tracasse.
Je pense qu'on peut être très différent de ses parents et ne pas adopter leurs opinions.
 
 
Tu me dis là-bas on trouve si peu de livres en français. Je t'en passe un tout petit pour ne pas encombrer.
      
Tu me parles de tes projets, je trouve tes idées belles, mais sans doute difficiles.
Je pense que je n'ai pas assez voyagé pour être de bon conseil, et le regrette beaucoup. J'aimerais pouvoir te dire, sans hésitation que le Malka ne doit pas mourir et que tu peux l'aider.
 
   
Cette note en tu est pour Milky avec tout mes encouragements pour sa reprise :
      
[photo : bibliothèque de Bobigny, (belle) expo Joann Sfar, détail d'un panneau, vendredi 6 janvier 2006]

Avis de L'Office Puritain de l'Education Nationale (1): pour tous.

(1) de même que Kozlika continue à publier des extraits de l'ex-blog à Gardfieldd, je poursuivrai cette évaluation ni plus ni moins farfelue que certains reproches qui lui ont été faits, jusqu'à ce qu'une (bonne) décision à son égard soit enfin prise.

Plus d'infos chez elle :

http://www.kozlika.org/kozeries/index.php/

et par ici (sur le logo, s'il vous plaît, cliquez) :

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Est-ce que les chats noirs mangent du chocolat

(de la même couleur)  ?
            
 
jeudi soir, par une nuit tellement glaciale (critère de Paris) qu'une petite marchande d'allumettes ne pourrait même pas en craquer une seule avant de mourir de froid.
   
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J'ai des chats une conception italienne et collective, d'êtres vivants libres et mutualisés, habitants les rues (pentues) du village (toscan) et auxquels on verse de temps à autre une soucoupe de lait qu'ils viendront goûter ou dédaigneront.
Parfois l'un d'eux prendra ses habitudes et nous de le voir, puis sa vie l'entraînera ailleurs et nous la nôtre ou bien sa fin.
Mais nous aurons partagé un peu de chaleur, de bien-être et de proximité, sans le poids d'un engagement.
      
J'avais bien remarqué au soir, le long des grilles du jeu de Boules Parisiennes, que je côtoie quotidiennemement en rentrant de la gare, une vieille dame qui à certaines heures venait partager des restes alimentaires avec quelques greffiers, lesquels hantaient ces lieux ou le cimetière voisin. Elle a dû craindre l'air glacial, ou bien tomber malade, au coeur de l'hiver ce sont des choses qui se font ; et ne pas venir ; pour un jour ou deux les laisser tomber.
    
L'un d'eux, mal dissimulé derrière des buissons fatigués de froid, réclamait sa pitance. Il miaulait comme pleure un bébé qui demande tétée. J'étais la seule passante, la seule courageuse ou la seule inconsciente à braver aussi tardivement le gel. Qu'il appelle m'a concernée. Il ne semblait pas famélique, ses poils noirs plutôt épais et longs. Mais cela suffisait-il ? A quelle température un chat meurt-il de froid ?
   
Je lui aurais bien pour une ou deux nuits offert l'asile, le temps d'éloigner les temps polaires, mais, sauvage, et derrière une grille il ne se laissait guère approcher.
      
Je fouillais mon sac et mes poches à la recherche de quoi que ce soit qui puisse au moins l'aider : documents d'humain, cartes d'accès et de transports, livres, partitions, papiers imprimés, carnets, stylos, affaires de femmes et appareil photo, pastilles pour la gorge, rien qui ne lui soit d'aucun secours recevable (1). Allumettes, justement. Mais je me voyais mal expliquer Andersen au chat, ni quel réconfort ça lui apporterait. En cas de prince caché, Eugène m'aurait prévenue.
      
Soudain, mes doigts gourds rencontrèrent un petit carré de papier d'emballage, tout plat. Le morceau de chocolat très noir et fort amer millésimé à son nom d'un café où j'en avais bu un.
J'hésitais finalement peu au scrupule que cette substance au goût des hommes ne lui convienne pas, qu'il le mange par désespoir alimentaire
et s'en rende malade. N'ayant jamais entendu parler d'aucun chat mort de chocolat, je tentai ma chance et la sienne, dépliai le papier alu., me rapprochai à pas doux, et le lui déposai aussi près que je le pouvais compte tenu du grillage hostile et de la crainte visible de l'animal qui se méfiait.
      
Je m'éloignai lentement, le vis qui s'en approchait. Stoppai. Il en fit autant. Reculai d'un pas, il avança à nouveau.
Alors je pris le parti de partir, non sans espoir de l'avoir secouru au moins un micro-peu.
    
Au lendemain matin, le carré de papier brillant était toujours là, mais très proprement vide.
 
[photo : vendredi 27 janvier, Vitry ; autre chat, autre banlieue, la même errance]

(1) pour plus de détails voir "Le sac à main" de Marie Desplechin (éditions l'Estuaire), à deux exceptions près qui ne sauraient hélas figurer chez moi (un bâton de rouge à lèvres et la trace d'un amant) ; cela dit le ticket d'entrée pour Vodka Lemon, je l'ai toujours, avant-hier j'ai vérifié :-) .

Avis de L'Office Puritain de l'Education Nationale (2): pour tous  (un billet "Nos amis les bêtes" sans aucun mot osé ni à double sens (enfin je ne crois pas), c'est dire si j'ai fait un effort).

(2) de même que Kozlika continue à publier des extraits de l'ex-blog à Gardfieldd, je poursuivrai cette évaluation ni plus ni moins farfelue que certains reproches qui lui ont été faits, jusqu'à ce qu'une (bonne) décision à son égard soit enfin prise.

Plus d'infos chez elle :

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La cause de leur crise

       
Hier soir après l'usine, en filant sur les Grands Boulevards
      
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Sortie tôt du travail, le tôt très relatif d'un salarié parisien, je tente une fois de plus d'intercaler une course alimentaire entre un job qui ne l'est pas moins et une soirée que je pressens trop épuisée pour pouvoir en faire quoi que ce soit d'utile. Pas même cuisiner.
         
   
Il fait grand froid. Malgré tout, mon besoin de la ville et de sentir sa vie après les heures enfermées me fait choisir la marche et la  glace, de celle qui fige les larmes sur la joue, plutôt que la chaleur relative d'un métro enterré, où la vision des réfugiés que je ne peux aider achèvera de me miner.
      
D'autres passants, des commerçants qui rangent, que je fasse vite ou ce sera fermé, sur un banc un téléphoneur, étrangement vêtu d'un seul pull, un chaud blouson replié sous son bras, une colonne Morris que le gel semble avoir figée, des kiosques à journaux, des titres qui parlent de rien, et assez peu du monde.
               
J'en capte un, au vol ; effet du froid ou de l'élan il ne me parvient au cerveau que plus tard et plus loin. Je ne pourrai donc pas comprendre, ni voir aucune photo, aucun nom qui m'expliquerait.
    
 
"Jennifer et Jérémy : la cause de leur crise"
         
Je ne les connais pas, ces prénoms ne m'évoquent rien (1), je les imagine jeunes en connaissance de stats : ils sont probablement nés 20 ans plus tôt (2). Le triste titre m'apprend qu'ils sont en crise, mais que celle-ci a une cause, sans doute donc un remède.
         
Je les suppose en voie de séparation amoureuse ou professionnelle, m'interroge sur le peu de réalité qu'ont à mes yeux les gens du monde cathodique ou médiatique, celui où les êtres n'ont qu'un prénom, symbolique de leur âge, une blondeur, une apparence, une silhouette de santé et qu'ils vendent et qui fait vendre.
      
J'atteins la rue commerçante où la foule est la même qu'il pleuve, qu'il vente ou qu'il fasse bon, corps croisés solides qu'il vaut mieux esquiver. Le mien est douloureux. De Jérémy je ne sais rien, mais des crises beaucoup.
      
La boutique est encore ouverte. Ce soir nous mangerons bien.
         
 
(1) ne cherchez pas, il me semble qu'ils sont fictifs.
      
(2) une fois n'est pas coutume, j'ai peu de compétences alors quand j'y tombe, je me réjouis :
vérification faite ce matin, l'un pourrait être né en 1985 et l'autre en 1987
   
[photo : en décembre en banlieue, un autre titre d'un autre journal]     

Avis de L'Office Puritain de l'Education Nationale (3): pour tous  (sauf à ce qu'à l'insu de mon plein gré j'aie par mégarde innocente recyclé les prénoms d'acteurs réputés de films pornographiques, sait-on jamais).

(3) de même que Kozlika continue à publier des extraits de l'ex-blog à Gardfieldd, je poursuivrai cette évaluation ni plus ni moins farfelue que certains reproches qui lui ont été faits, jusqu'à ce qu'une (bonne) décision à son égard soit enfin prise.

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J'ai trop pas le temps

Vaincue par la fatigue, je vous propose en guise de mot d'excuse ce billet qu'avait écrit (puis effacé) Garfieldd et que Kozlika a réédité pour nous :

http://www.kozlika.org/kozeries/index.php/2006/01/23/432-le-billet-p0rn0graphique-du-jour-6

C'est très simple : j'aurais aimé être capable de l'écrire ; au delà du soutien, c'est de l'admiration.

PS à l'attention de l'auteur : je ne sais pas d'adresse où vous joindre sinon je vous aurais demandé la permission de publier ; aussi si jamais vous passez par ici et que ce lien vous paraît intempestif, faites-le moi savoir et je l'effacerai.

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Pharmacie

      
jeudi 19 janvier 2006, sur le temps de la pause déjeuner
      
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Il me restait un peu de temps avant de remonter au bureau ; j'avais brièvement déjeuné d'une galette achetée dans la rue, et cela me laissait une courte parcelle de liberté pour marcher et tenter de prendre quelques forces afin de lutter contre la sensation d'enfermement et de solitude qui me saisirait quand j'y retournerai.
       
Mes pas me guidèrent sur un trajet qu'ils avaient beaucoup pratiqués l'an passé à mêmes dates et jusqu'en juin. La carcasse humaine est un robot d'habitudes. Sur le moment je n'en savais trop rien, je marchais, c'est tout.
       
L'horloge interne du salarié moyen (il doit être l'heure de retourner pointer) me fit reprendre conscience des coordonnées spacio-temporelles de ce monde-ci alors que je me tenais devant une pharmacie.
      
Je la reconnus pour y être déjà entrée un jour vacillant et y avoir été traitée avec humanité et non pas comme quelqu'un qu'on accuse implicitement d'être responsable de son malaise.
Qui est de faible constitution connaît bien ce soupçon qu'on supporte.
Je ne bois qu'en certaines occasions sans jamais m'énivrer, ne fume pas ou seulement pour le tricentenaire de la révolution française, ne me drogue qu'aux livres, cafés et vitamine C. Quand je vais mal et qu'on me traite bien, j'ai donc tendance à en rester éperdue de reconnaissance.
          
Une ordonnance pour un produit nécessaire mais sans extrême urgence d'acquisition traînait dans mon sac depuis la veille ou le matin. Je décidais d'en faire l'acquisition en ces lieux hospitaliers.
         
Quelques clients me précédaient mais devant cette raisonnable affluence, j'estimais que je pouvais me permettre cette attente à condition de repartir ensuite rapidement vers le bureau.
         
Un panneau de 10 ans d'âge annonçait que cet établissement au joli nom à l'origine perdue était centenaire. D'autres, plus modernes, incitaient le visiteur à consommer toujours davantage, comme il est de bon ton à notre époque marchande.
      
J'étais suffisamment en forme pour m'en amuser. D'autre fois ils m'épuisent, comme une forme d'agression permanente contre laquelle je dois ériger un double bouclier visuel et neuronal. Entrée pour me munir d'un remède, je refuse qu'on m'encombre l'esprit avec les rides que le temps dépose harmonieusement sur ma peau et qu'il faudrait combattre (mais pourquoi ?), les produits qui ne fonctionnent qu'en effet placebo, les miracles conjugués des plantes et du marketing, la brosse à dents qui les nettoie toute seule et même le rouge à lèvres (censé guérir de quoi ?).
         
Je suis en effet d'un siècle précédent où l'on allait à la poste pour cause de courrier et dans les pharmacies pour soins indispensables.
    
Je restais donc rigolarde et perplexe devant un mystérieux "se sculpter sans effort" qui ornait de grosses boîtes cylindriques comme destinées aux nourritures industrielles ou animalières et souriais à l'idée du résultat si d'aventure l'efficacité était celle promise.
       
Je n'ai, heureusement ou hélas, pas osé essayer.

(Avis de L'Office Puritain de l'Education Nationale (1): billet pour adultes et adolescents), je suppose à cause du rejet hautement subversif de la publicité.

(1) de même que Kozlika continue à publier des extraits de l'ex-blog à Gardfieldd, je poursuivrai cette évaluation ni plus ni moins farfelue que certains reproches qui lui ont été faits, jusqu'à ce qu'une (bonne) décision à son égard soit enfin prise.

Plus d'infos chez elle :

http://www.kozlika.org/kozeries/index.php/2006/01/21/430-garfieldd-c-est-toute-la-procedure-qu-il-faut-annuler

et la récap. chez Embruns :

http://embruns.net/logbook/2006/01/18.html#003257

ainsi que les derniers développements :

http://embruns.net/logbook/2006/01/21.html#003262


Prévention

      
disons par exemple : Clichy la Garenne, mercredi 18 janvier 2006
      
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Elles ont cette ressemblance diffuse qu'ont les mères et les filles lorsqu'un un papa est passé par là et qui voulait lui aussi transmettre. Compte tenu de l'écart d'âge, le doute n'est pas ou peu permis.
          
Elle se sont croisées au coin de la boulangerie, où le trottoir est étroit, le carrefour large et les piétons nombreux. Ca embouteille donc un peu, de la rue au trottoir et j'entends.
      
La fille rentrait d'une journée de cours, la mère partait pressée, je devine vers le métro.
Elles prennent néanmoins le temps de se parler.
- J'ai eu une bonne journée dit la plus jeune, et toi ?
    
Après une réponse plutôt affirmative de son interlocutrice, elle enchaîne, joyeuse,
- A la place du cours de gym, on a eu prévention.
            
Je pense vaguement tiens, c'est curieux, à un âge qui semble lycéen on fait toujours prévention routière ? Après tout c'est bien, ça doit préparer les jeunes en vue du permis [de conduire].
             
Mais la jeune fille poursuit :
- J'ai même ramené des préservatifs.
Prudente, elle s'empresse d'ajouter, ce qui confirme qu'en face il s'agit bien d'une mère :
- Mais ils me serviront pas tout de suite. N'empêche ils nous ont expliqué qu'il fallait se protéger tout le temps, même pour la sodomie et la fellation.
            
La mère se marre, elle doit penser comme moi que cette génération, aura peut-être sagesse, prudence et les gestes qui sauvent mais probablement assez peu de tendresse, de romantisme et d'émotion.
         
Le feu passe au vert pour les piétons, je traverse le boulevard et reprends mon chemin, un peu amusée, un peu vieille, un peu triste.

      

(Avis de L'Office Puritain de l'Education Nationale (1): billet pour adultes et adolescents de plus de 18 ans)

(1) Pour ceux qui atterriraient ici parce qu'ils ont tapé "fellation" sur google (je vous ai bien eus, avouez !) ou qui ne seraient pas encore informés, je précisé qu'il s'agit d'une allusion au cas de Garfieldd, proviseur révoqué de l'éducation nationale au motif qu'en bloguant même sous pseudo il n'aurait pas respecté le devoir de réserve attaché à sa fonction, et que  "La commission paritaire nationale [de l'éducation nationale], composée pour moitié de représentants syndicaux et pour moitié de représentants de l'administration, a estimé à la majorité que ces éléments étaient pornographiques [...]" (citation issue de http://www.liberation.fr/page.php?Article=351959 ).
 
      
J'ose espérer pour eux que le ridicule ne tue vraiment pas : à chacun de se faire sa propre opinion sachant que bien que son auteur l'ait docilement effacé en octobre quand on lui a signifié que son blog en gênait certains, les ressources techniques font qu'il est encore lisible pour l'instant par ici :
    
       
ou par là :
   
   
PS de second degré voir plus si affinités : Si d'aventure quelques professeurs de la jeune fille ou d'autres lycéens du même âge ont eu l'audace d'assister à une séance de prévention aussi compromettante, et qu'en plus ils ont l'outrecuidance de tenir un blog, surtout qu'ils n'en disent pas un mot, et qu'ils ne laissent pas ici l'ombre d'un commentaire, cela pourrait leur coûter cher (je suis lue en haut lieu :-) :-) ) !
   
[photo : un coin de rue voisin de celui du billet, à peine quelques mois plus tôt ; pour l'à-propos prophétique de la publicité hélas peut-être]

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Pornographie

    
Je comptais publier ici la photo de deux amies qui y étaient particulièrement en beauté.
 
Seulement ça tombe qu'elle avait été prise par le photographe des publicités de la marque Aubade.
 
N'ayant pas la témérité d'Oli vis-à-vis de mon emploi,
   
et bien que je ne travaille pas à l'éducation nationale mais dans le secteur privé,
je vais donc m'en abstenir.
 
Voilà comme on en vient à s'autocensurer, même au second degré, afin d'éviter un sort professionnel funeste.
   
[tout est très bien expliqué là