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Pas de chance avec les princes

   
(Zut alors c'était donc contagieux !)
ou des effets différents mais pas tant que ça entre pomme (empoisonnée) et oranges (assoiffantes)
   
nb : Il se pourrait bien que la narratrice soit Blanche Neige ou sa cousine contemporaine, Eugène le dragon ne m'a hélas pas donné plus de précisions à cet égard et à présent il s'est endormi sur le fil de l'imprimante. Je ne saurais le réveiller pour si peu. Il ne faut pas réveiller le dragon qui dort (c'est bien connu).
       
 
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La dernière fois que j'avais croisé un charmant prince, c'était pour le coup du baiser qui réveille. Sauf qu'en vrai ça fait pas du bien, ou pas tant que ça ou pas tout de suite et qu'en plus c'est tombé que pour moi c'était une princesse.
      
Personne n'en a rien dit dans la version officielle, parce que les lois d'alors n'étaient pas favorables, et qu'il nous aurait fallu recourir à l'adoption pour le et elles "eurent beaucoup d'enfants".  Remarquez, comme ensuite elle n'est pas restée, pas le temps ou bien déçue, ou appelée par quelque prince bien plus digne de son rang, la question ne s'est pas posée et le "vécurent heureux" fut lui-même présomptueux.
       
En tout état de cause, moi je n'avais rien contre, tout ce que j'attendais du fond de mon sommeil tout gris, c'était qu'on me sorte enfin de cette léthargie. Qu'elle me quitte avant d'avoir fini tout bien le boulot n'est sans doute pas de grande importance, l'essentiel était fait, et si j'encaissais les terribles douleurs des membres engourdis qu'on tente de bouger lentement à nouveau, elle m'avait remise en vie et de là au travail.
Je gardais néanmoins de cette sombre expérience, celle du sommeil mauvais et plus tard de l'abandon muet, une solide fragilité.
      
Le sachant, j'aurais dû jeudi sérieusement me méfier. Par affection pour les amis qui m'y conviaient, j'avais accepté sans crainte et dans la joie une soirée auprès d'un Prince lui aussi pourvu de soucis fruitiers, il cherchait trois oranges quand je fuyais une ancienne pomme.   
      
Avant d'en trouver ce remède juteux, il souffrait sans relâche d'une hypocondrie carabinée, qu'aucun médecin hélas, ne pouvait soulager. Grâce à sa quête agrumicole, il s'en est bien tiré.
 
       
Hélas, bien que ne l'ayant pas approché de trop près, restant à l'écart et plutôt haut perchée, je crains d'avoir à mon tour attrapé son mal ; deux jours d'incubation auront suffi à m'en faire à mon tour développer les symptômes, et me voilà ainsi, réveillée mais souffrante et seule et sans recours.
 
      
Dans quelle cuisine trouverais-je alors le remède à mes maux ?
 
    
[Stéphanot, tout à l'heure : - Ben, ça se finit comme ça ?
   
le "je" des trajets  : - Oui, Eugène s'est arrêté là. Et puis là, il dort. C'est une histoire pour les grands, tu sais ; ça ne se finit pas toujours bien.
   
Stéphanot : - Je sais, mais là ça se finit carrément pas. Moi, j'irai la chercher la princesse qui réveille.
    
le "je" des trajets : - La Blanche Neige d'Eugène n'est plus endormie, elle souffre d'un autre mal à présent. Peut-être que la princesse qui réveille ne peut plus rien pour elle, peut-être que c'est pour ça qu'elle est partie, que son travail à elle était tout bien fini quoi qu'on en pense.
   
Stéphanot : - Oui mais moi je suis certain que si elle revient, ça ira mieux. Elle saura comment faire, en tout cas. C'est une princesse magique. J'irai la rechercher.    
   
le "je" des trajets : - Comme tu veux, mais ne tarde pas trop à rentrer si tu ne la vois pas ou si elle ne veut pas. Et dis-lui bien merci d'avoir auparavant tout enchanté nos vies.] 
 

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Une grand-mère délectable

         
Grand Palais, Paris, le jour même au bord de l'après-midi
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L'exposition ne se prêtait pas trop à visite enfantine, la grand-mère avait donc occupé l'enfant par ailleurs en attendant les grands.
Mais elles avaient terminé et pas eux. Elles les attendaient donc assises au coin de l'escalier menant vers la sortie.
   
L'enfant avait 6 ou 7 ans peut-être ; heureuse de trouver en son aïeule oreille attentive et solides connaissances, elle profitait de l'attente à toutes fins de s'instruire sur sa propre généalogie. Elle posait de nombreuses et fort logiques questions, auxquelles la vieille dame répondait avec cette infinie patience qu'on sait si mal avoir pour ses propres enfants.
   
Parlant sans doute du grand-père, et non sans tact, cette dernière expliquait :
 
- Alors tu vois, tu es sa petite-fille. Mais ça ne veut pas dire que tu est petite, tu sais.
   
L'enfant enchaîna :
- Une petite-fille n'est pas toujours petite, mais un grand-parent c'est toujours vieux.
   
Puis après une réflexion, brève et attentionnée :
- Mais, toi, tu n'es pas vieille. Tu es juste à point.
 
J'allais presque sortir et ne les voyais plus, elles étaient à présent légèrement derrière moi. Mais je perçus l'émotion de la dame et son attendrissement.
   

L'homme en referma soigneusement la porte

    
Clichy la Garenne, mercredi 28 décembre 2005 vers 23 heures 30.
   
Le froid confinait chez eux et les chiens et leurs maîtres, l'heure tardive et la période d'entre deux [fêtes] faisait le reste.
J'étais donc seule, absolument seule, dans cette rue pourtant plutôt passante car elle conduisait les Clichois à leur gare.
   
A peine d'une voiture un phare et puis un autre trouaient la fausse obscurité de la ville endormie. J'accélérais l'allure, non pas tant par peur de l'absence de noir que par crainte du froid que mes os ressentaient.
   
La chaleur d'une musique parvint jusqu'à mes pas. Elle fut assez brève. Une silhouette se découpait devant l'un de ses petits cafés qui subsistent encore, alors que les êtres de rudes labeurs qui les fréquentaient n'existent ici plus guère. L'homme en referma soigneusement la porte, et la mélodie s'éteignit aussitôt ; confinée à nouveau dans l'espace clos et lui aussi désert.
   
Y était-il un employé ou le dernier client ?
    
Les chaises noires au cannage beige, se taisaient, bien rangées.
    
Le froid confinait chez eux et les chiens et leurs maîtres, j'étais à nouveau seule, absolument seule, la seule passante qui se hâtait.
       
Si j'en avais pleuré, les larmes auraient gelé.
       

J'ai loupé le début du film

   
Nous n'étions pourtant pas en retard, Stéphanot et moi hier à la séance du début de l'après-midi ;
un brin même à l'avance.
   
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Seulement voilà, deux places en voie de péremption nous ayant été offertes par une amie généreuse, plus fortunée et moins libre d'emploi du temps, nous avions choisi pour notre confort une de ces grandes familles de salles commerciales, en lieu et places des Arts et Essais qui nous abritent à l'ordinaire.
 
Je ne savais pas, ou plus tellement, qu'en ces lieux les films ne passaient guère qu'entre deux séries publicitaires et de bandes annonces d'oeuvres ultérieures à éviter. C'est du moins alors l'effet qu'elles me font.
   
      
D'ennui et de fatigue, je me suis endormie. Le bruit ambiant n'est que très rarement un tracas pour moi.
Je fus ainsi saisie par le sommeil sans le sentir venir, entre une voiture merveilleuse dont je n'aurais que faire (privilège du parisien qui peut vivre sans véhicule privé) et une beauté longiligne et pulpeuse (elles sont comme ça dans les publicités) qui vantait quelque chose qui aujourd'hui m'échappe encore.
   
De ce fait hélas, le film que j'attendais a commencé ... sans moi.
   
C'est Stéphanot qui m'avouant à l'oreille que finalement oui, il était content de m'avoir accompagnée à ce film pour les grands et qui le faisait rire, me ramena auprès de lui, devant "La tigre e la neve" d'un Charlot italien (1) qu'en état de veille je sais aimer fort bien.
   
(1) Roberto Benigni.
   
[ photo prise aux abords du lieu de cinéma ; lundi 26 décembre 2005 - Paris, forum des Halles - ]
      
spéciale dédicace à Kozlika, fée des blogs,
ce billet fait suite tardive à une conversation que nous avions eue sur les endormissements comiques ou regrettables.

le père Noël ramassait les ordures (1)

            

dans les rues de Clichy la Garenne, hier soir et ces derniers temps

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Il veut marquer le coup de Noël à moins que le saint Pape tout neuf, dans un élan inouï de générosité chrétienne ne lui ait fait don de son camauro.    

    Depuis quelques semaines, depuis que je croise les éboueurs tard le soir en rentrant, non pas que je rentre plus tard mais qu'à présent notre ville s'embourgeoise, craint les feux de poubelles et donc est passée, comme dans les zones de riches, en ramassage nocturne plutôt que du matin, je croise cet homme en uniforme fluo réglementaire mais la tête équipée d'un bonnet rouge à bordures blanches du plus bel effet.

    

Il participe au ballet nettoyant tout comme ses plus conformistes collègues, file chercher les bennes, parfois bien avant le camion, les fait rouler puis les y accroche, repart déjà qu'elles sont à peine vidées, et recommence mètres après mètres, rues après rues, soirs après soirs.

       

Je me demande si je changement d'horaire a modifié sa vie de famille, si pour lui c'était mieux avant, s'il pense à ses enfants peut-être lorsqu'il enfile son bonnet, si les fins de mois ne sont pas trop dures, moins je l'espère que la tâche effectuée et pour laquelle je n'aurais pas la force même s'il me fallait à tout prix travailler.

      

Stéphanot, de la fenêtre, voit le chapeau et s'en amuse ; nous savons tous que dans les poubelles se trouvent parfois des trésors cachés qui loin des cadeaux officiels peuvent se transmettre des trop gâtés vers ceux qui manquent. Qui sait si ce bonnet n'en faisait pas partie, posé à part, volontairement ?

       

(1) facile, je sais, mais bon on est le 24 au soir alors tant pis.

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Wytejczk, Wytejczk, pourquoi nous aurais-tu quittés ?

    
à Paris, un jour de décembre sans doute
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Je songeais à notre destination, émouvante et sérieuse, un trajet de plus vers un lieu où l'on soigne, puisqu'il nous faut soigner.
   
Perdue dans mes pensées, je marchais en piéton pilote, sur le mode automatique, je m'arrête quand c'est rouge mais le monde autour n'existe pas ou peu.
      
Stéphanot m'accompagnait ; vigilant pour deux. Au carrefour, alors que pour passer nous attendions notre tour, il me donna un léger coup de coude, hé ma vieille, atterris, en me criant joyeux :
    
- "Regarde, c'est Wytejczk, là, qui attend au feu rouge !"
         
Notre ami coursier effectivement se tenait là, qui attendait que la signalisation lui soit favorable. Il était en casque, mais son scooter, sa silhouette et son allure étaient reconnaissables entre tous et si je ne l'avais pas repéré plus tôt, faute en était à mon tracas profond qui modifiait ma boussole interne et me rendait incapable de ce repérage affectif, autrefois si performant ; celui qui fait que dans une salle de 719 personnes, vous allez droit sur qui vous aimez.
   
Nous le hélâmes, tout à notre joie de croiser enfin l'ami. Il tourna bien la tête dans notre direction. Nous contempla comme un moment, mais ne répondit guère. Le feu passa au vert. Il démarra et rapidement, dans le flot circulant, disparu à nos vues.
Ce qui était une bonne surprise, celle de se voir enfin, en devint une mauvaise à cet éloignement.
    
Six mois plus tôt le même se fût arrêté, eût ôté son casque pour nous embrasser, et si la course accomplie n'était pas trop urgente nous aurait proposé d'aller prendre un café, ou bien de le retrouver plus tard, dés que libéré de ses obligations.
          
Je ne comprenais guère. Nous nous étions vus deux mois auparavant à une de nos occasions imprévues qui faisait notre manière, car le sachant par profession très pris au téléphone, je n'appelais qu'en cas d'urgence précise et lui-même évitait.
    
Que s'était-il passé entre temps qui ait pu le fâcher ? Je l'avais bien croisé entre temps, un jour qu'il filait vite, mais il était logique qu'il ne puisse s'arrêter et il était trop loin.
Cette fois, ce n'était pas le cas. L'indifférence à notre égard semblait délibérée.
         
Stéphanot saisit ma déception muette, qu'il voulut anticiper pour atténuement :
- Peut-être qu'aujourd'hui, il n'a vraiment pas le temps 1/2? 1/2!
         

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"Allez Julien, fais-toi plaisir !"

 
Mennecy, dimanche 18 déembre 2005, championnats de France interclubs en petit bassin
 
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"Allez Julien, fais-toi plaisir !"
Il aurait bien voulu Julien, mais ça n'a pas marché ou plutôt pas complètement pas, mais juste un peu.
   
De tout peu, il a échoué. 
    
Malgré le travail,
malgré les heures, les longueurs enchaînées inlassablement jusqu'à la fatigue blanche du corps épuisé, les gestes répétés parfois au millimètre pour chasser le centième superflu.   
    
Quelqu'un l'a précédé, dans le coeur du chronomètre, et lui, éconduit, qui doit se contenter d'une place d'honneur loin de son rêve et de son niveau.
Julien est grand et fort, ça n'a jamais empêché personne de pleurer, ça se voit plus, c'est tout.
Il sanglote le plaisir perdu ou la seconde de trop.
      
   
Je connais ce chagrin profond de qui a tout donné jusqu'au meilleur de lui, pour manquer de très peu, malade ce jour-là, ou bien juste fatigué mais sans raison précise, la peine aussi de qui n'a pas compris, mais alors vraiment pas, la raison d'un échec rendu inexplicable, la douleur de qui ne parvient pas à rejoindre la hauteur de ses capacités.
    
Déjà d'autres Julien s'avancent et prennent place pour leur course.
Stéphanot grimpe en haut des gradins afin d'y crier tranquille et d'encourager ceux de chez nous. Il rêve que son tour vienne quand il en aura l'âge. Il a déjà compris le plaisir et les larmes, et cette force en nous qui pourtant nous y pousse, malgré le risque d'en sortir fracassés quand les vents sont contraires ou que le corps trahit. Il sait que je l'aiderais à vivre sans le regret minant de qui renonce par crainte sans avoir essayé. 
         
Un de ses champions lui lance une serviette verte qu'il vient de gagner. L'enfant prend le don comme un encouragement pour son travail futur, s'assure que je serai précautionneuse et sage dans les lessives ultérieures, et chante et clame de plus belle son soutien.
    
    
[la photo n'est pas en rapport direct avec le texte, je ne crois pas que ce nageur s'appelle Julien, ni non plus d'ailleurs celui que j'ai entrevu pleurer ; en revanche le cri d'encouragement et avec ce prénom a bien été lancé (mais lors d'une autre course), bref toute ressemblance avec la vérité vraie serait un peu tirée par le bonnet de bain]

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Le cirque était simple et beau

   
près du Stade de France, Saint Denis, vendredi 9 décembre 2005
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du cirque essentiel. Les chevaux presque en liberté, les acrobates qui sans artifices réalisaient des exploits, des vrais musiciens  et qui nous régalaient de rythmes brésiliens et parfois circulait, un chapiteau très beau sans décor ni accessoires inutiles et clinquants.
   
Un bonheur absolu et magique.
       
Stéphanot s'extasiait que la trapéziste que je croyais revenue des "Ailes du désir" ait pour métier la balançoire, je lui suggérai d'en faire autant, il s'épata et s'en récria : elle s'envolait si haut.
         
Nous n'allons pas souvent au cirque : les places sont chères ordinairement et mes propres parents qui se faisaient devoir de nous emmener au Cirque d'Hiver chaque année, à force de querelles sur le trajet et de fâcheries au retour, m'en avait dégoûtée. Je n'aimais pas non plus une sorte de détresse que chez les artistes je pressentais sous le brillant, les lumières vulgaires et flatteuses, les trapézistes dompteuses et écuyères aux mines aguicheuses et les yeux des pères de familles alors comme ceux du loup de Tex Avery, l'orchestre qui au fil des ans s'appauvrissait et puis surtout, surtout, cages et barrières et animaux las comme de vieux acteurs et fouets qui claquaient.
         
Mais ce soir de décembre, il n'en a rien été. Il s'agissait de liberté, d'une fin d'esclavage, les clowns aussi cherchaient du sens,
les femmes étaient belles de ce qu'elles faisaient, dansaient avec les chevaux et volaient avec eux au rond d'une piste douce,
le lourd cheval de trait prenait grâce et nous emportait ; un homme en soutenait trois sans roulements de tambour.
      
   
Stéphanot, le plus souvent bouche bée, commentait parfois ("Quand je pense que papa ne parvient plus à me porter") ou s'interrogeait que ce soit possible.
         
    
A la fin, nous avons dansé. 

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Auguste, tu n'es pas un livre

hôpital public parisien, salle d'attente de consultations pédiatriques, mardi après-midi
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L'enfant que ça mère ainsi interpelle lui en fournit la preuve manifeste : il pleure à chaudes larmes.
   
A-t-on jamais vu un livre pleurer ?
   
Celui-ci a 3 ans, peut-être 4 ; même s'il se tient debout sans blessure apparente sous son joli bonnet chilien, sa douleur loin d'être muette, témoigne qu'il vient de choir, et un peu rudement.
      
Sa mère, avec la patience de l'habitude, doucement, sans s'énerver, ni s'émouvoir outre mesure, explique posément :
      
- Auguste, je t'avais bien dit que la caisse était pour les livres, même si là elle était vide. Il ne fallait pas monter dedans, forcément elle allait basculer et toi te faire mal.
   
puis après, un silence : - Tu n'es pas un livre.
         
J'ai failli m'exclamer à voix haute, oh j'aimerais bien en être un, moi. Mais je sais bien qu'à mon âge ça ne se fait pas, ni de le devenir, ni d'en exprimer le moindre désir, et j'accompagnais quelqu'un, alors je me suis tue.
    
Après j'ai regretté ; peut-être que de surprise, Auguste en aurait lâché son terrible chagrin.

Le graffiti réconfortant

"Ne perds pas courage" a écrit une main anonyme sur les éléments coulissants d'une porte intérieure d'ascenseur, un mot par morceau.

Une ou plusieurs autres ont ajouté dessous "oui, oui, oui" ; et avec une flèche, plus loin et d'une autre couleur un autre OUI plus gros.

Nous sommes à l'hôpital et, là plus qu'ailleurs, ces mots ont leur sens.
"Trop tard c'est fait" me soufflent en choeur perfides chagrins et épuisements. Mais je ne suis pas ce soir la malade en chef. Celle qui possède alors ce triste privilège n'en manque pour l'instant pas. Elle a l'âge d'un avenir quand le mien est passé.
    
Au rez-de-chaussé, la porte s'ouvre par replis et les mots disparaissent.
   
Dehors, il fait nuit. En cette saison le bord du soir semble avoir disparu et avec lui la part d'espoir dont j'aurais tant besoin.