Une évacuation

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27 septembre 2010, 18:10
 

Gare Satin Lazare, 13 heures 40, today


 


En descendant vers la 14 d'un pas rapide et léger - j'ai aux pieds des escarpins qui me vont bien et suffisamment froid pour avoir envie de me hâter ; j'ai de plus rendez-vous avec la Grande Bibli - je perçois une annonce. Il y est question de la 13 qui est ralentie. À peine plus tard c'est la 14 qui est le sujet, mais pour un vague incident et la promesse d'une autre annonce à suivre.

Au même instant des hommes en uniformes bleu sombre et dont je ne sais reconnaître le sigle (les surveillants de la RATP ? des CRS allégés ?) abordent les vendeuses du petit kiosque de babioles sous la bulle, celui dont la forte fréquentation me plonge souvent dans la perplexité entre l'endroit malcommode où il est situé (plein passage très passant) et ce qui y est généralement proposé (Christophe Colomb offrant de la verroterie aux Indiens).

Ils sont rapides, efficaces et calmes. J'entends "falloir évacuer". Déjà les dames obtempèrent. Un autre groupe de la même compagnie, s'est dirigé vers les guichets, je n'ai pas besoin qu'on me fasse un dessin, c'est une alerte à la bombe, de celles qui fleurissent depuis qu'un des ministres a choisi ce thème récurrent afin de détourner l'attention du n'importe quoi concernant les populations des gens du voyage, laquelle stigmatisation était destinée à faire passer au second plan l'éloignement des retraires, lequel collait à l'affaire Woerth, laquelle faisait elle-même ...

Une dame que viennent de légèrement bousculer les personnes qui remontaient des quais de la 14 alors qu'elle s'apprêtait comme moi à y descendre me demande ce qui se passe. Je dis que la 14 semble interrompue, mais que je n'en sais pas vraiment plus.

En fait c'est mon air décidé qui a dû l'induire en erreur et lui faire croire que j'étais de ceux qui savaient, déterminée que j'étais à emprunter au plus vite la bribe de quai de 14 nécessaire pour filer prendre la 9 avant que tout ne soit bouclé.

J'y parviens. L'évacuation pourtant s'amorce au même instant mais dans le plus grand calme. On sent que ceux qui préviennent ont été formés à le faire, et que l'ensemble des gens a pris comme l'habitude - peu de touristes à cette heure-là -, un côté fin de guerre : on obéit aux alertes aériennes, d'accord, mais les abris on s'y rend tranquillement.

Les annonces arriveront après : je ne saurai qu'à Nation qu'il s'agissait bien d'une alerte au colis suspect.

Seules souffriront de mon détour des lettres de banque qu'à la poste je ne pourrai déposer : j'arriverai par la 6 et la poste proche est de l'autre côté.

Ces jours-ci à Paris il faut prévoir en permanence un itinéraire secondaire.


[aucune photo : quelque chose me dit que si j'avais sorti un appareil, si petit soit-il mon geste n'aurait pas été apprécié et à la BNF trois livres m'attendaient]

C'est une note FB redécouverte ce matin par le biais du "Ce jour-là" sur le même réseau. Et qui me surprend à plus d'un titre : 
 
- Elle pourrait être écrite aujourd'hui, n'en serait que plus plausible, les temps se sont durcit ; 
- Je n'avais pas souvenir d'avoir pratiqué les notes FB, même si celle-ci est la copie d'un billet d'ici,  méfiante que je suis, que j'ai toujours été, envers ce réseau social dont je reconnais les aspects pratiques, certes, et auquel je dois quelques belles retrouvailles, mais m'inquiète de certaines pratiques, des censures illogiques et de l'idéologie mercantile (disons ça comme ça) ;
- Je n'avais plus souvenir de cette (pourtant spectaculaire) évacuation. 

L'espion qui m'intriguait

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Je savais depuis que je disposais d'un smart phone que google was watching me, en plus que j'ai un compte chez eux et qu'après bien des essais de moteurs de recherche sympathiques, j'en reviens souvent à celui de cette entreprise, en raison même de sa situation de monopole. Ainsi à la librairie je ne cherche souvent pas tant une information que ce que google peut en dire et c'est hélas précieux pour les recherches avec un paramètre de notoriété - je cherche un livre je ne sais plus l'auteur ni le titre, je sais pas bien l'histoire mais ça se passait pendant la seconde guerre mondiale. Ah et puis la couverture est bleue. Et on en parle beaucoup à la télé ces jours-ci -.
Je sais que mes données sont revendues partout, mais à part d'accroître le nombre de spams, peu me chaut : je n'ai pas les moyens financiers de me laisser tenter par quelque achat que ce soit qui ne viendrait pas d'une nécessité personnelle.


Par ailleurs tant qu'on fait encore semblant de vivre dans une démocratie, je ne crains pas trop une utilisation de contrôle sécuritaire. J'ai bradé moi-même des parts de "privacy" en m'inscrivant sur bien des réseaux sociaux et pour l'heure j'ai un peu l'illusion d'être comme les prolétaires dans 1984 : laissés à une relative liberté car trop insignifiants et nombreux, Accordons aux petits pions l'apparence de leur autonomie de toutes façons si limitée par leur simple survie.

Il n'empêche que j'ai été surprise par la précision - entre autre lors d'un séjour dans Ma Normandie, j'ai pu retrouver le trajet d'une balade que nous avions faite en devisant sans faire trop attention à là où nous allions, tout était cartographié ; et la machine attestait qu'un autre jour notre long entraînement de course à pied avait fait 22,2 km - et le degré de durée d'archivage de la rubrique "Vos trajets" de G. Et que ça recoupe un des nombreux chantiers d'écriture auquel je n'ai pas le temps de me consacrer.

Que part ailleurs c'est plein d'erreurs, mais de sortes d'erreurs qui s'expliquent et sont fort intéressantes à décrypter.

Du coup j'ai réactivé l'option en tout cas pour un temps.

L'espion m'a donc appris qu'aujourd'hui j'avais effectué différents parcours, plutôt bien reconstitués,  mais dont la décomposition n'a pas été sans m'étonner : 

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La machine ne met en doute que la partie pédestre, laquelle est sans doute vraie. 

Mais je n'ai pas pris la voiture. Et si j'ai passé à l'aller de mon trajet du temps en métro c'était environ 15 minutes.

Enfin, je suis rentrée en vélib ce que l'espion du téléfonino n'a pas détecté.

Je ne vois pas vraiment à quelles activités de ma journée les différentes durées pourraient se raccrocher.

En particulier parce que j'étais à un cours de danse, le téléphone certes non loin de moi mais qui ne participait à aucun mouvement.

 

Je vais poursuivre l'expérience quelque temps, après tout en cas de problème peut-être serai-je soulagée d'être géolocalisable et si on m'accuse à tort d'un crime imparfait, qui sait si je ne serais pas très heureuse d'avoir un alibi électronique (1). Il convient juste de ne pas lui faire trop confiance sur les modes de transports.

Et puis j'aimerais en parler à mes ami-e-s auteur-e-s de polars ainsi qu'à JK Rowling pour ses Robert Galbraith. Il y a là une mine d'utilisations narratives possibles.

(à suivre)

 

PS : Cela dit si vous êtes une personne censée et que vous souhaitez désactiver cette très intrusive option, c'est expliqué par là comment procéder.

 

(1) J'écris ça pour rire mais aussi parce que plus d'une fois il m'est arrivée - entre autres en entreprise - qu'on me reproche ce que d'autres avaient fait, je suppose parce que j'ai toujours incarné celle qui osait ne pas fermer sa gueule quand quelque chose était dysfonctionnel, ce qui faisait de moi un bon usual suspect. On savait aussi que tant que le reproche porterait sur quelque chose que je jugeais ridicule, je ne dirais rien, histoire de ne pas m'abaisser à mon tour en rentrant dans un jeu mesquin. J'étais donc la bonne personne à charger pour qui souhaitait se disculper. Tant pis.


S'il pleut à la Saint Médard

    Le beau temps se tourna en pluies, de l'abondance et de la continuité desquelles personne de l'armée n'avait vu d'exemple, et qui donnèrent une grande réputation à saint Médard, dont la fête est au 8 juin. Il plut tout ce jour-là à verse, et on prétend que le temps qu'il fait ce jour-là dure quarante jours de suite.

Saint-Simon, mémoires, chapitre 1er 1692

Je connaissais le diction "S'il pleut à la Saint Médard, il pleut quarante jours plus tard", j'ignorais qu'il fut un temps où l'on entendait plutôt s'il pleut à la Saint Médard il pleuvra quarante jours de rang.