La vie qui va

(venerdi)

 


    Il y a le plaisir (est-ce vraiment le mot ?) de retrouver des trajets en RER C calme puis B moins chargé que la ligne 4 le matin.
Il y a le boulot, vraiment intense, il faut tenir (le sous-effectif non voulu est de deux personnes, recruter est difficile).

Il y a une amie à l'hôpital je parviens à passer la voir, elle va moins mal que je ne le craignais, du moins apparemment. Nous papotons presque comme si elle était chez elle. Mais elle n'est pas chez elle. L'hôpital est calme et beau.
En revanche le quartier me fait une impression bizarre, beaucoup de gens semblent en déshérence, mais sans l'espèce d'énergie parfois presque joyeuse des quartiers populaires.

Il y a eu un arc-en-ciel à sa fenêtre de chambre d'hôpital alors que nous parlions et elle s'est levée vivement pour le regarder. 

Quand l'amie me raccompagne à l'ascenseur nous entendons d'une télé d'une chambre l'annonce du couronnement du lendemain. Ce couronnement nous fait marrer, je ne suis donc pas la seule à n'être pas capable d'y penser sérieusement (1) ; en fait comme toujours quand il y a un truc qui attire l'attention et rassemble des "grands de ce monde", je me sens vaguement inquiète car ça me semble un appeau à attentats (2).

Je crois que pour moi, de la même façon que le Pape sera toujours Jean-Paul II, la Reine d'Angleterre sera toujours la Reine d'Angleterre. Et si le Napoli a à nouveau remporté le scudetto, c'est inévitablement grâce à Maradona. 

Je rentre en ligne 13 qui fonctionne bien - je sais qu'elle va mieux que du temps où c'était mon moyen d'aller au travail, il n'empêche ça me surprend un peu à chaque fois -, et pour aller à l'hôpital j'avais fait un mixte Vélib + ligne 13.

Grand soulagement d'être à la tête d'un week-end de trois jours mais déjà tant de choses à faire - dont m'occuper de mon vélo de triathlon -, il va passer trop vite.

Il y a, oui, un week-end de trois jours qui va passer trop vite.

 

PS : Notre époque de cinglés. Certains paient pour satelliser leurs cendres. 
Et des fois, ça rate !

(1) J'ai beaucoup aimé la présentation de ses enjeux chez Hugo Décrypte

(2) J'ai ce tracas récurrent depuis 1972 et le massacre de la délégation israëlienne parce que c'était les J.O. et que l'attention était focalisée dessus et que les terroristes entendaient bien faire connaître leur action au monde entier. J'avais 9 ans et tout à fait pigé l'effet de levier visé.


Une belle petite exploration pour cause de vent (et de piscine)

(venerdi)
   

    Il ne faut jamais désespérer d'une journée, elle peut réserver de bonnes surprises sur la fin (l'inverse est vrai aussi, il me suffit de me remémorer mon mardi 11 septembre 2001 pour me le rappeler). 

Donc suivant une nuit mal débutée à cause d'un embouteillage sous nos fenêtre à 01:00 (!) et dont une amie a déniché la cause, ce dont je lui sais gré :

Capture d’écran 2023-03-31 à 23.05.27

je n'ai pas su me lever à temps pour aller à l'entraînement matinal de natation.

Alors après une journée de travail bien dense, marquée par le départ imminent d'un collègue sympathique et récent (lequel nous a régalé au midi de bonnes choses qu'il avait cuisinées) et la très mauvaise humeur d'une autre (1), j'ai pris un Vélib jusque vers Puteaux pour tenter d'aller nager à la piscine sur l'île, avant sa fermeture.

J'avais été optimiste : il m'a fallu 1h de vélo pour y aller et comme je n'étais pas partie pile à l'heure, j'étais dans l'eau peu après 20:00. Pour une fermeture à 21:00 et sortie des basins demandée à 20:40 ça faisait un peu court. Il n'empêche, nager, même peu, très lentement, m'aura fait un bien fou.

La piscine à laquelle je n'étais encore jamais allée alors qu'elle n'est pas si éloignée, est très agréable, et doit être formidable avec son bassin extérieur (je n'ai pas tenté d'y aller, j'avais à l'intérieur un couloir pour moi seule).
Il y régnait une atmosphère paisible, et à l'heure de fermer on nous le demande gentiment (une dernière longueur ?).

La surprise sera venue à la sortie. Alors que je comptais emprunter la passerelle piéton, si illuminée qu'elle se voyait de loin et dont les horaires théoriques sont 6:00 à 23:00, je l'ai trouvée fermée "en raison des grands vents". Quant à l'accès côté Neuilly il est toujours fermé - un monorouleur me l'a confirmé alors que j'étais déjà bien engagée pour tenter -.

20230331_212714

 

J'ai donc dû revenir sur mes pas, trouver un pont disponible (loin de la passerelle comme sur la photo), cheminer jusqu'à La Défense, l'esplanade (la dalle, quoi), ce qui relevait un tantinet de l'exploration (pas pour me déplaire, je l'avoue) et attendre 20 mn un train qui me ramenait chez moi. Le petit bout exploratoire, notamment, dans la partie vieux village, fut un enchantement, avec des petits restaus qui donnaient envie de les tester (une autre fois, avec des commensaux et un solide prétexte de fiesta), et des rues qu'il me semblait n'avoir jamais parcourues. 

Je suis rentrée tard mais heureuse, quoique toujours triste, détendue et munie du sentiment réconfortant d'avoir sauvé ma journée. 

Capture d’écran 2023-03-31 à 23.01.21

 

(1) La mauvaise humeur est quelque chose qui m'est totalement étranger alors elle me laisse toujours prise au dépourvu (de même que la mauvaise foi). Personnellement je sais seulement être en forme / pas en forme et triste ou pas mais je suis d'humeur égale et ça ne me viendrait jamais à l'idée de faire payer aux autres le fait que je ne me sente pas dans un bon jour.


Je m'apprêtais à écrire

    

    Hier soir je m'apprêtais à écrire sur une journée particulièrement fatigante même si pas trop pénible à vivre, beaucoup de densité, un vélotaf aller qui fut une sorte de duathlon marché car un pédalier de Vélib s'est décranté (je ne sais comment dire : la chaîne n'avait pas déraillé, mais le truc tournait grosso modo à vide et ce fut soudain) sous mon avancée ; j'ai dû le poser et marcher un moment avant d'en trouver un autre puis encore un autre, près de l'Élysée entre les gendarmes qui au matin gardaient le quartier ; une journée de boulot avec pour la première fois une heure sup' officielle (qui sera sans doute plutôt rattrapée que payée, mais n'empêche émanant d'une demande officielle - et légitime car il n'y aurait plus eu personne si nous n'étions pas restés - du chef) ; le midi un au revoir à un ami dont le déménagement était déjà alors que je m'étais dit "en avril m'ont-ils dit" comme si c'était dans un moment. 
À l'opposé, j'ai découvert à la fois que la soirée du cercle de lectures auquel j'appartiens, était dans une semaine (oh il me reste du temps) et qu'il y aurait un week-end de trois jours avec rien de prévu avant un déplacement puis le stade de triathlon. Ô miracle !

Bref, ma relation avec le temps qui aura toujours été qu'il m'en manque pour faire ce que je considère comme important alors que je dois en consacrer beaucoup au travail nourricier et aux charges administratives et autres activités incontournables malgré soi, ne s'arrange pas.

Le retour vélotaf avait été intéressant, par le chemin bidir de la porte de Vanves, arrières de l'école militaire et passage devant le Théâtre du Rond Point, dans un Paris faussement calme, au sens où les rues que je parcourais l'étaient mais alors des dizaines de cars de CRS s'alignaient dans l'avenue du Théâtre moteurs allumés, les poubelles dans de nombreux quartiers dont le XVIIème, s'entassaient, et devant le tribunal de Paris de celles-ci avaient visiblement été brûlées.

Je m'étais attelée à l'écriture d'une lettre de banque dès après le tardif dîner (il était 20:30 quand je suis rentrée), et c'est vers la fin de celle-ci alors que je commençais à jeter un œil sur les réseaux sociaux que sur Mastodon par Nasiviru j'ai appris la sombre nouvelle, Xanax la guerrière, aka @kinkybambou n'était plus. L'annonce officielle avait été faite par @Celinextenso sur Twitter. J'en sais gré à mes amies qui ont su prendre leur courage à deux mains pour transmettre l'info. 
Pour la première fois, une nouvelle me sera parvenue par le fediverse en premier et Twitter ensuite. Signe des temps ?

Ensuite, je me suis sentie trop triste pour trouver les mots. Et le beau livre que j'avais reçu ce jour-même (sur les banlieues entre architecture et sociologie) et ceux sur le rythme en course à pied (dont un que j'avais récupéré à la pick-up station du RER C) ne pouvaient pas faire grand-chose pour me consoler.


Au lendemain matin, ce mercredi, ça n'allait pas bien mieux. 
Il fallait aller travailler.
Je crois m'en être bien tirée, même s'il y a eu des baisses de régime, des moments de perdre le fil, inévitablement.

Soudain le temps est devenu très doux, 19°c, on aurait presque eu envie d'y voir un signe de quelque chose (mais de quoi ?). J'ai déjeuné dans le parc de la Vache Noire, d'une gaufre salée à emporter, j'avais besoin de calme. Les amies de Twitter était en train de s'organiser pour que les chats de @kinkybambou se retrouvent chez @Celinextenso et je pigeais soudain pourquoi elle s'était refusée à adopter "pas mon chat" (d'ailleurs elle l'écrivait).

Ça allait mieux après, comme de se dire Tout n'est pas perdu.
En parler, plus tard, avec Simone, m'aura fait du bien.

Constater que j'aurai prochainement des jours de congés (récupérations et RTT) m'a aussi aidée, c'était un peu pouvoir me dire, retiens tes larmes, tu auras un moment dans peu de temps, tu pourras paisiblement pleurer.

Et puis il y eu le bonheur d'un retour vélotaf merveilleux, en pull avec seulement le gilet orange de sécurité, pile à temps pour pouvoir traverser le jardin des Tuileries (à pied en poussant le vélo, car on ne peut y circuler vraiment). Le sentiment d'un immense privilège : vivre là, même si le quotidien est fait de labeur.

Alors dans ce jour de tristesse, j'aurai été heureuse, une heure, environ.

20230329_200520









Villa Adrienne, des grilles généralement fermées, vers Denfert, et ce soir, elles étaient ouvertes, car un homme passait.

Lire la suite "Je m'apprêtais à écrire " »


Un vélotaf de retour absolument somptueux

                Un peu triste du passage à l'heure d'été, qui accroît ma fatigue, j'ai décidé de faire contre mauvaise fortune bon cœur et d'en profiter pour m'accorder, puisqu'il faisait jour, un vélotaf de retour dont les touristes rêveraient. J'en ai croisé d'ailleurs bien plus qu'en temps normal.

Pour la première fois, j'ai prêté attention aux noms des grands scientifiques d'antan qui étaient inscrits sur la Tour Eiffel vers le premier étage : Lavoisier, Chaptal, Dulong ...

Seul bémol, deux à trois passages peu fréquentables pour les vélos, du moins de façon raisonnablement sûre. Alors j'ai dû jouer les super-piétons, ce qui est le plus sûr mais coupe bien l'élan.

20230327_185919

20230327_193026

 

20230327_194600

20230327_193120

 

 

 

 

 

 

 

 

 

20230327_195825

 

20230327_201842

 

Un petit bonheur supplémentaire eut lieu alors que j'arrivais et que les lumières de l'éclairage urbain se sont enclenchées à ce moment précis. Comme un salut.

À part ça, ce que les photos n'indiquent pas, c'est qu'il faisait frisquet (un peu moins de 10°c).


Fêter Noël

 

    Pour des raisons de disponibilité des uns et des autres, grippe, et colocation où l'on évite d'encombrer les colocataires avec ses vieux parents, nous avons fêté Noël ce soir, chez le Fiston.
Et à part d'avoir à se dire qu'il ne fallait pas s'attarder car il y avait boulot le lendemain, qu'est-ce que c'était bien !

En plus que Le Fiston étant doté du même #MauvaisEsprit que moi, il a tendance à viser juste lorsqu'il me fait des cadeaux, c'est un bonheur.


Sérénité saturée

(mercoledi)

J'ai été saisie par une sorte de double saturation, de travail (salarié) et d'informations (la situation en Ukraine disent les médias mainstream, singeant le mot anglais emprunté au français, mais dans l'acception anglo-saxonne). Alors j'ai fini la journée dans une absolue sérénité puisque d'être certaine malgré tous les efforts que je pourrais faire de ne pouvoir assumer la charge de travail qui se présentait, et d'être lucide sur mon absolue impuissance quant aux velléités guerrières des grands de ce monde, m'a ôté toute pression. 

N'y pouvant rien, me restait pour seule option de conserver mon calme et tant que possible ma santé.

Capture d’écran 2022-02-23 à 21.48.11   Alors je suis rentrée à Vélib au gré d'une belle balade dans Paris, des rues inhabituelles, un bout de Champs (Élysées), un moment de récréation utile puisqu'au bout du compte j'étais chez moi.

En vitesse, constate mon Fiston, auquel je relatais ma séance de la veille, petits sprints en côtes, je vaux 1/30 ème d'Ingebrigtsen (Jakob). Ce fut mon sourire dans un jour si sérieux.

 

La pandémie se calme même si dans ma TL (mais plus tellement dans ma vie) je vois passer de nouveaux cas. Des enfants, en particuliers, tombent malades et certains violemment. En revanche des profs constatent, stupéfaits, qu'iels se retrouvent à nouveau avec des classes en entiers.

Je lis grâce à Erika un bon roman historique sur la nuit du 4 août. Un tantinet trop bien troussé, et benoîtement lyrique mais c'est rafraîchissant. 


S'entraîner malgré tout

(sabato e domenica)

Capture d’écran 2022-02-19 à 21.13.24 Capture d’écran 2022-02-19 à 21.13.24

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Capture d’écran 2022-02-20 à 12.55.27

Pas facile quand on n'a pas vraiment de week-end de pouvoir s'entraîner les deux jours.

D'autant plus que ma séance du jeudi soir avait été reportée pour cause de soirée à l'Attrape-Cœurs. 

Alors j'ai trouvé comme solution de rentrer du bureau samedi soir en courant, par un trajet qui voisinait les 20 km (1) en passant par l'ouest parisien.

Et de reporter la séance brève d'endurance fondamentale au dimanche. Ce qui n'était pas idéal mais la seule façon de la caser dans la semaine. 

Au bout du compte un seul jour libre mais au moins 25 km de courus sur l'ensemble du week-end, à un rythme pour moi décent (2).
Et l'impression en courant presque un semi marathon après une journée de 7h30 de travail - même s'il n'est pas physique il requiert concentration et tension -, d'avoir réalisé à mon échelle un exploit.

 

 

(1) Je me prépare à des trails d'environ 25 km
(2) Pour les coureuses et coureurs normaux, ce serait un rythme très lent.


Fascination des tutos

(venerdi)

 

 

Je m'étais promis d'utiliser cette journée de récupération du samedi précédent travaillé afin d'aller nager (il y a un entraînement possible le vendredi matin) puis de me reposer.

Le réveil fut raté, par épuisement, et au bout du compte je n'ai pas su rester sans rien faire, alors je suis allée remplacer le diable que le joueur de pétanque, impatient, avait, après des années de bons et loyaux services, dans un accès de rage de ne pas arriver à le replier ou déplier démantelé. Je me suis fait plaisir, pour une fois, d'acheter sans barguigner un modèle un peu luxueux mais pile conforme à mon usage de trimballeuse de cartons de bouquins.

Mes gestes de libraire me sont revenus en automatisme, des années des mêmes gestes ne se perdent pas si vite, c'est réconfortant. En revanche j'ai du faire un effort pour le replier, encouragée par une réponse en commentaire d'un article et que je me permets de reproduire ci-dessous parce que je sens que régulièrement je me reposerai la question.

Bonjour,

Je n’arrive pas à replier mon ts 850, bien que je fasse comme sur les vidéos

Luke B.(Auteur de l'article)

Bonjour,

Pour replier votre diable, appuyez sur le bouton vert afin d’abaisser la poignée, puis remonter d’un coup sec la barre transversale qui se situe entre les roues.

 
Je note également un point qui me sera sans doute utile quand je me (re)poserai la question de la capacité de l'appareil :
Le Wolfcraft TS 850 est un diable pliant robuste qui peut parfaitement convenir dans le cadre d’un déménagement. Par contre il est important de ne pas dépasser la charge maximale : 100 kg sur sol plat et 50 kg dans les escaliers.
 
 
Et je ris une de ces vidéos Youtube dans lesquels des êtres humains effectuent avec une aisance confondante des manipulations pour lesquelles on a soi-même peiné. Je serai capable d'en regarder pendant des heures (si je disposais d'heures libres) tant est grande ma fascination.
Celles de mécanique vélo sont particulièrement redoutables. 

Je suis revenue à pied, diable déplié, du lieu dans Paris où je l'avais acquis, constatant une fois de plus, toujours aussi espantée alors que j'en suis conscience depuis plusieurs années, d'à quel point nous avions déménagé sur place tant les environs, les proches quartiers et le nôtre ont changé. La densification est impressionnante. Le ciel s'est rétréci. 
Des installations collectives se sont améliorées. Et de vieux bâtiments ont disparu, ce qui n'est pas un mal quand ils étaient dégradés.
 
M'épate aussi le fait que durant mes jeunes années puis les années de jeunes parents, à part certains circuits habituels, nous explorions peu les environs, malgré que parfois je calais des chasses-photos et que nous aimons marcher. Je déniche encore parfois une ou deux rues jamais arpentées. Charme des grandes villes.
 
 
PS : Je ne suis pas sponsorisée pour écrire ce billet, j'ai acheté le bidule qui convenait à mon usage et qui était disponible au jour que j'avais de liberté. Et s'il est OK pour moi, il ne le sera pas forcément pour quelqu'un d'autre qui aura une autre nécessité.
 
 
 
 
 
 

Hugues et Philip, une grande amitié (imaginée)

 

    À part un vague doute en parcourant ma messagerie, un titre entrevu et compris seulement après coup, je n'ai découvert la nouvelle du décès du Prince Philip que vers la fin de Tout le sport, voire pendant la météo qui suivait, quand une annonce a été faite d'un documentaire diffusé en hommage.
C'est assez surprenant pour être noté, en 2021, ce décalage entre l'annonce à un moment dans la journée et le moment où je l'ai appris. Un délai à l'ancienne, comme du temps où l'on ne savait trop rien de ce qui se passait dans le monde avant un flash d'info à la radio ou le prochain journal télévisé, souvent celui du soir.

Sur l'élan, et parce que j'étais trop épuisée pour faire quoi que ce soit d'autre, je me suis laissée embarquer dans le documentaire, finalement pas intéressant, tant cette vie aura été traversée de près par les tournants historiques de l'Histoire récente.
Mais le sommeil est toujours le plus fort qui m'a saisie vers les 2/3 du film sans que je m'en rende compte. 
L'ordi est resté bien calé sur mes genoux.
Je me suis réveillée probablement 20 minutes plus tard, sans me rendre compte que je me réveillais - ce qui est plutôt logique puisque je n'avais pas senti le sommeil me saisir -.

Et voilà que c'était l'émission d'après, seulement je n'en savais rien. 

J'y voyais Hugues Auffray, âgé, chantant Céline avec émotion, accompagné par un pianiste bienveillant. 

Un instant j'ai vraiment cru qu'il y avait eu une amitié entre Hugues Aufray et le Prince Philip, cet homme spécialiste des sorties à l'emporte-pièce, ah la complicité prend parfois des chemins étonnants, détournés, et que Céline avait peut-être quelque chose à voir avec l'existence du Royals' Anglais.

Puis j'ai regardé l'heure et constaté qu'il y avait une fois de plus un trou dans mon tissu de temps que le sommeil avait croqué.
J'ai ri de bon cœur. 

 


C'est ma première surprise partie

(CR sportif, pour mon club à l'origine, et non relu)

Fullsizeoutput_1bd0    Le titre du billet est dû à Juke, le #JukeBoxFou de dedans ma tête, qui m'a passé cette chanson sur tout le chemin du retour. En vrai, c'était simplement ma première course connectée ; plus précisément notre puisque nous étions inscrits à deux avec Le Joueur de Pétanque, qui est aussi coureur à pied à ses heures, et bon cycliste tant qu'il ne s'agit pas de mettre des cales. Mais il refuse hélas d'apprendre vraiment à nager.

Échaudés par nos projets familiaux tombés à l'eau cette année (l'écotrail d'Oslo, dont je rêve à cause de Lucas et de ses photos d'une année passée où il l'avait couru, et le trail de La Chouffe qui est un vrai bonheur (1)), nous nous étions inscrits aux 20 km de Paris qui tentaient de sauver la mise en se la jouant connectés, ce qu'on trouvait pas bête : chacun court où il veut du moment que ça fait 20 km sans interrompre le tracker (par exemple notre montre de sport) et que ça a lieu entre deux dates précises, en l'occurrence pour cette édition entre le 8 et le 11 octobre.

Cette option nous plaisait, qui nous faisait courir moins de risques, et par ricochet à notre fille aussi. Nous estimons que nos vies quotidiennes avec la foule que nous croisons pour faire les courses et aller au travail et le risque que constitue le travail lui-même en bureaux collectifs comportent suffisamment de risques pour ne pas en rajouter en dehors de ce que nous estimons indispensable (la pétanque pour lui, les entraînements pour moi). Alors nous allons éviter les départs entassés pendant encore quelques temps.
L'inscription permettait au passage de filer quelque argent à l'Institut Pasteur, ce qui nous avait paru plutôt utile en cette période particulière.

La course connectée comporte cet avantage - inconvénient qui est que nous devons nous même trouver le lieu pour la courir. 
Des raisons pratiques (une boucle que nous connaissons bien, et sur laquelle nous pourrions nous retrouver facilement) et sentimentales (c'est le lieu où étudiants nous courions, enfin où lui et quelques camarades couraient tandis que j'essayais en vain - une boucle de 5 ou 6 km et j'étais au bout de ma vie, persuadée que la course à pied n'était pas pour moi, que je n'y arriverais jamais) et sentimentales bêtasses (c'est le lieu où nous assistâmes à un mémorable concert de Madonna le 29 août 1987) et sentimentales pas nostalgiques du tout (en septembre 1986 ce fut notre dernière balade avant le départ de monsieur en tant que coopérant au Burkina Faso, ce truc que les gars qui ne souhaitaient pas faire le troufion armé entreprenaient à la place d'un service militaire alors obligatoire ; lui flippait de ce grand inconnu vers lequel il allait, et moi contrainte de rester bosser à Paris pour cause de prêts étudiants à rembourser sans tarder, j'avais le cœur en verre fissuré) et super sentimentales (c'est aussi le lieu où j'ai ressenti le premier malaise dû aux prémisses de fabrication du Fiston, j'ignorais mon état et j'ai cru que j'étais en train de mourir d'une faiblesse cardiaque soudaine) nous ont fait choisir le Parc de Sceaux. 
Pas trop de dénivelé, non plus et moi je pouvais en empruntant le parcours sportif jouer à me faire croire que c'était un trail en fait (2).

L'enjeu était déjà de parvenir à terminer : le confinement ne nous a pas empêché de nous entraîner en course à pied mais nous a contraint aux courtes distances et de fait aux séances spécifiques. Nous n'avions pas couru plus de 14 km d'affilée depuis le Maxitrail de Bouffémont en février. 

Le premier défi était de parvenir à faire reconnaître notre outil personnel de tracking sur le site des 20 km connectés afin de pouvoir y télécharger notre course, une fois celle-ci accomplie. Pour le plaisir, je vous glisse ici le lien vers le tutoriel. Un tee-shirt Finisher aurait dû être décerné pour toute inscription réussie. En plus j'en avais deux à effectuer, jonglant entre les adresses mails et les mots de passe et Garmin qui avec une obligeance sans faille me ramenait toujours à mon compte personnel - mais non pour une fois je ne veux pas -.

Ensuite il fallait s'organiser : pas de ravito officiel, à nous de jouer. Notre équipement de trail nous a bien servi : sacs à dos léger avec boisson et gels et barres.

Le deuxième obstacle fut de trouver où garer la voiture qui nous avait permis d'aller jusqu'au parc. Notre petit parking discret sis près d'une entrée secondaire n'existait plus, sans doute depuis peu : opération immobilière avec démolition d'un immeuble bas de bureaux et construction d'un nouvel ensemble à la place de celui-ci et du parking qui le complétait.

Le troisième obstacle fut la montre du Joueur de pétanque, que j'avais pourtant réglée la veille - il courait en miles avec un programme par défaut qui s'arrêtait à chaque mile et le félicitait du mile vite galopé -, et dûment testée, se la jouait brexiteuse et refusait le système métrique, à moins que ce ne fussent des miles US et qu'elle voulût continuer à suivre le feuilleton flippant de ses élections. Bref, frozen ou peu s'en fallait. J'ai dû la réinitialiser et reparamétrer l'indispensable : cinq minutes (ou plutôt 5'16'') de perdues alors que mon propre chrono tournait que je ne n'osais interrompre sous peine de tracas ultérieur de téléchargement. 

La course elle-même ? Aucun problème. 

À peine un souci d'un peu trop de monde dans ce Parc par moment et donc être ralentis (oui, même moi je peux l'être), devoir combiner des évitements et sinon : un temps parfait, frais et ensoleillé, zéro souci physiques pour ma part, pas même une pause pipi intempestive, rien, trois petits ravitos effectués en marchant, et découvrir que c'est plus pratique comme ça que de dépendre de stations officielles, de petites accélérations de bon aloi dans les descentes, des petites foulées dans les montées, quelques instants à tenter de suivre un temps des coureurs plus rapides, quatre tours à effectuer pour le parcours que je m'étais fixée, le quatrième avec les jambes qui commençaient à protester mais vaille que vaille tranquillement continuaient. 
Ma seule halte avait été au début, afin d'enlever une veste manches longues qui s'avérait trop chaude pour passer sur mon tee-shirt un coupe vent sans manche léger, ce qui rendait l'équipement parfait pour ma petite vitesse et la petite brise qui soufflait.

Soudain, il a fallu faire gaffe à bien faire 20 km sans trop dépasser, sinon le téléchargement risquait d'être rejeté. Entre le 10ème km, auquel j'avais prêté volontairement attention, et le 17 ou 18 ème je n'avais pas vu le temps filer.

Mon co-équipier conjugal avait fini depuis un moment et qui m'attendait. Plutôt content de son temps (2h12). Le mien était comme dab un record de lenteur qui m'a un peu déçue car j'avais l'impression d'avoir mis un peu de cadence, notamment lors du 3ème tour où je m'étais sentie vraiment bien.

J'ai l'habitude de courir seule, parmi les derniers, ce qui fait que la formule "Chacun court dans son coin" ne m'a pas gênée le moins du monde. En revanche il avait trouvé difficile de courir seul, sans repère de meneur d'allure ou petit peloton constitué de gens de même niveau. 

Reste un peu étrange l'après-course : bon, voilà, c'est fait, retour maison. Personne avec qui boire un coup, personne avec qui échanger quelques impressions, pas de services particuliers (ça fait du bien quand à la fin des courses on peut bénéficier des massages de kiné, ça permet ensuite de plus vite récupérer), nous étions tous les deux et seules nos montres savaient que nous avions terminé.

Curieusement le téléchargement des courses s'est fait tout seul - via Garmin pour nous puisque nos montres en sont -, alors que je m'attendais vu la subtilité de la mise en relation, à quelques autres complications. En fait presque trop tout seul : l'impression d'avoir été pas à pas suivie.
Au classement provisoire nous étions respectivement 3305 ème et 4131 ème sur environ 5800 participants ayant téléchargé leur parcours. Je ne sais pas si la formule est satisfaisante pour les très bons, qui peuvent prétendre à un podium, un temps digne d'être homologué, un classement. 

Enfin, nous avons trouvé l'organisation vraiment top, surtout celle du jour de la course et les ravitos qui étaient parfaits ;-) . 

Si d'autres courses se présentent sous cette forme, du moins tant qu'il n'est pas tout à fait raisonnable de faire autrement, nous y repiquerons volontiers.  

 

(1) Quelque chose en moi est persuadé que les Ardennes Belges sont mon pas plat pays
(2) Je cours beaucoup plus loin et longtemps sans trop de problèmes en trail qu'en ville ; effet dopant des sentiers forestiers ?