Lecture retrouvée

 

    C'est grâce à Anne Savelli qui dans son Faites entrer l'écriture du dimanche 2 mars a évoqué l'auteur de son premier manuel de lecture, que je me suis mise enfin sérieusement en quête d'un livre de "Lecture suivie" qui m'avait marquée à l'école.
Ce n'était pas la première fois que j'y pensais, tant il était un souvenir ancré et fondateur dans mon expérience de lectrice.
Je crois même avoir déjà effectué quelques recherches. Seulement je manquais d'informations essentielles et je recherchais plutôt un exemplaire d'occasion de mon manuel scolaire d'autrefois.
Le souvenir le plus précis que j'en avais, fors l'histoire, était ... la nature du papier. Glacé et qui gondolait légèrement et dont j'aimais l'odeur (du papier et de l'encre mélangées).

Et puis cette fois-ci a été la bonne car j'ai retrouvé un site de maison d'édition qui s'est spécialisée dans la réédition fraîche  d'anciens manuels avec les moyens actuels. Peut-être même est-ce du print on demand.
Alors j'ai parcouru méthodiquement leurs listes et j'ai soudain retrouvé "mon" manuel inoubliable.

Of no surprise, il venait d'un auteur de qualité, et quand j'ai constaté cela je n'ai pu que penser Bon sang mais c'est bien sûr ! 
Pour qu'un bouquin scolaire m'ait tant marquée, pour que j'aie pu lire d'une seule traite toute l'histoire, ce qui m'aura valu tant d'heures d'ennuis ensuite (en plus que mes petits camarades lisaient mal, je trouvais, et je piaffais que ça soit enfin mon tour de faire une vraie lecture qui respecte l'histoire, lequel ne venait presque jamais au prétexte que je n'en avais pas besoin). Mon étonnement de constater que j'étais la seule ou l'une des deux seules à avoir tout lu, et que les autres étaient ébahis alors que ce qui me stupéfiait était qu'on puisse avoir résisté à l'envie irrépressible de lire la suite.

Il s'agissait donc de l'ouvrage "Le relais des cigales" par Paul-Jacques Bonzon (1).

Première surprise : j'étais persuadée que c'était la lecture suivie de la classe de CE1 et ... je m'aperçois que c'est un manuel de cours moyens.
Or je me souviens de l'avoir lu en partie dans une salle de classe du rez-de-chaussée de l'école. C'était les classes de CP et CE1.
Au CE2 nous étions à l'étage. Et du CM1 et CM2 j'ai de vifs souvenirs puisque j'étais alors sous l'égide d'une de ces institutrices qui marquent avec bonheur une vie. 
L'hypothèse que je fais aujourd'hui serait d'une lecture de CE2 faite dans une salle de CE1 à l'occasion d'une absence de l'institutrice titulaire et qu'on nous avait distribué dans les classes des autres, avec consigne de nous tenir sages. Que j'en ai profité pour hacker l'entièreté du manuel, me ressemblerait bien. J'étais de ces enfants qui guettaient le coucher parental pour rallumer la lumière et lire lire lire jusqu'au sommeil tombant.

Avant d'en entreprendre la relecture, je note ici ce dont je me souvenais :

Le jeune héros vivait avec ses parents dans une station service d'autoroute sur l'autoroute du soleil dans le sud de la France. Il avait un chien. Il aidait ses parents en servant à la pompe (3) sur ses heures non scolaires. 
Le chien se faisait écraser par une voiture. Le garçon était très triste.
J'avais un vague souvenir d'échanges épistolaires avec de ses amis (4). Puis sa mère mourrait, son père ne pouvait pas à la fois travailler et s'occuper de lui, et il était envoyé chez des personnes de sa famille qui vivaient à Paris. Et le livre racontait l'arrachement et ses efforts d'adaptation. Les gens n'étaient pas spécialement méchants, mais il n'était "pas d'ici", il avait l'accent et la grande ville était une géographie pleine de dangers. Il s'en sortait en buchant dur à l'école.
Je ne me souvenais pas d'une fin, mais d'une victoire de type avoir tenu bon.
Il me semblait qu'il était fils unique ou qu'il avait une petite sœur bien plus petite et qui ne pouvait être un soutien.

Relecture faite, il est amusant de constater que ma mémoire n'était pas si mauvaise, mais pas exacte non plus.
Les illustrations qui sont des fac-similés de celles de l'édition d'origine me sont revenues.

J'y comprends plein de choses qui m'ont formée et qui me convenaient, même si au moment de ma lecture cela évoquait un monde déjà différent (5). Dont une solidarité très belle entre gens de bonnes volontés, personnes qui travaillent énormément, et qui ne choisissent pas vraiment leurs lieux d'habitation : c'est au gré des emplois des pères de famille.
Parents qui tentent malgré tout de rendre heureux leurs enfants. Solidarité familiale qui va de soi.
J'ai eu les larmes aux yeux plus d'une fois.
Les péripéties et les drames ne surviennent pas par effet de nuisance de la part d'un "méchant", mais par coups du sort (perte d'un emploi, bêtise d'un enfant, accident ...) et les gens s'entraident pour s'en sortir. Ils sont toutes et tous soucieux les uns des autres. Le père de famille n'est pas autoritaire. Les adultes sont fiables.
L'histoire est plus subtile que dans mon souvenir, il y avait même une sorte d'idylle naissante entre le jeune héros Jean-Lou et une certaine Suzy. Je m'identifiais pourtant bien avec cette amitié ++.
Le fait de tenir un relais de pompes à essence était déjà consécutif à un premier déracinement, celui d'un petit village où la famille semblait établie de longue date et dont l'employeur principal, une filature, fermait.
Le chien s'appelait Piboule et effectivement il mourrait à cause d'avoir traversé la route.
Le relais initial n'était pas sur l'autoroute du soleil mais sur la nationale 7. Ensuite le père de Jean-Lou se voit proposer une promotion et le nouveau relais, du même nom, est bien sur une aire de la toute nouvelle autoroute du soleil. Mon souvenir était donc faux / pas si faux.
La mère de famille ne meurt pas mais elle est gravement brûlée en tentant d'arracher son plus jeune fils aux flammes que l'enfant avaient déclenchées en ne se méfiant pas de l'essence (et en n'étant pas assez surveillé car les deux parents travaillaient et l'aîné était absent).
Jean-Lou avait effectivement un sibling trop petit pour lui tenir réellement compagnie. Mais c'était un petit frère et non pas une petite sœur. Je crois que j'avais dû un peu trop m'identifier.
Oui l'envoi à Paris, Bobigny plus précisément.
Mais il y avait eu un épisode de vacances en Espagne. De façon amusante, je sais à présent d'où je savais à quoi ressemblait Cadaquès (quand mon ami François m'en avait dit tant de bien), c'est dans ce livre-là.
Il y avait une description parfaite de comment on se rend compte que l'on sait nager et la griserie que ça procure et ça, je m'en souvenais.
Le garçon s'en sortait à plusieurs reprises grâce à son excellence scolaire. C'est quelque chose qui me parlait.
Je n'avais aucun souvenir de l'ami algérien que Jean-Lou se faisait à Paris.
Mais je crois que ça me parlait aussi. 
À sa manière désuète, le livre était féministe  (pour son temps) et antiraciste. Ça ne m'étonne pas que je l'aie tant aimé.

Pour un manuel scolaire, c'est drôle, il se termine par la phrase Vive les vacances !

Je lis sur sa page Wikipédia qu'il fut instituteur, je comprends mieux la délicatesse et la justesse de ses attentions. J'apprends qu'il est mort en 1978 soit probablement deux ans environ après son passage à Taverny au collège en tant qu'auteur invité. Et comme c'était avant les internets et que sa renommée n'était pas si grande qu'elle lui aurait valu des articles dans les médias mainstream, je suppose que nous n'avions pas su son décès. J'apprends aussi qu'il venait de Saint-Lô. Me voilà peu surprise d'un socle commun de façons humanistes de penser.

Je pense, comme Le jardin de paradis (CP, CE1) précède de peu Le relais des cigales (CM1; CM2) que peut-être j'avais eu droit de lire le second même s'il n'était pas pour ma classe, et tout simplement parce que j'avais trop vite terminé le premier. À l'époque, en primaire, les ouvrages scolaires nous étaient prêtés par l'établissement. C'est pourquoi je n'avais plus d'informations sur celui-là. Peut-être même qu'il m'avait été prêté très temporairement car un peu en dehors des clous. 
Je sens que je vais avoir envie de lire ou relire d'autres ouvrages de l'auteur.

 

(1) Lequel fut le premier auteur vivant (2) que j'ai rencontré, lors d'un événement organisé par mon collège de banlieue quelques années plus tard. Et fut l'occasion d'un de mes premiers combats féministes. Hélas perdu. Mais ça devrait faire l'objet d'un billet en soi. 

(2) J'ai longtemps cru, à cause de grandir avant les internets, n'être pas issue d'un milieu favorisé, de l'enseignement scolaire tourné vers les classiques, que les auteurs étaient forcément de vieux messieurs morts d'un autre temps. Sauf Hergé parce que je l'avais entrevu sur un sujet d'informations à la télé (ses retrouvailles avec l'inspirateur de Tchang ?) et Agatha Christie, of course.

(3) C'était avant les pompes automatiques et l'usage des cartes bancaires, et un temps où les enfants devaient aider les parents dans leurs tâches dès qu'ils étaient en âge de le faire. Ça allait de soi.

(4) Là aussi, chose courante à l'époque. Et j'avais moi-même des correspondances avec cousines et amies et amis quand nous partions en vacances. Aucun souvenir de rationnement financier sur les timbres, je pense que comme pour les livres et avoir de bonnes chaussures, les parents pensaient que c'était important et à encourager.

(5) Par exemple, un garagiste pouvait n'avoir pas les moyens de se payer une voiture. Les téléphones (fixes, bien sûr) étaient rares, un message urgent passait par l'envoi d'un télégramme.


Quitter les plateformes (et nos fantômes dans tout ça ?)

 

    Bien des personnes ont désormais quitté les plateformes dont les dirigeants ont pris récemment des positions politiques qui rappellent les heures sombres du siècle dernier, et je me réjouis de les retrouver sur d'autres, pour certaines décentralisées, où j'étais déjà depuis quelques temps.
Les débats font rage, rester contribue à leur enrichissement.
Pour ma part c'est difficile de quitter totalement les unes et les autres tant que je suis salariée : pour deux au moins d'entre elles j'y suis aussi pour le boulot, suivre certains comptes liés au travail, tant qu'ils y sont et que je bosse, j'y reste. Je ferai le point une fois retraitée (cette illusion tenace).
Mon usage des réseaux n'est pas tant d'y être, que d'y lire les autres, prendre des nouvelles des personnes que je connais vraiment, et que je ne pourrais pas forcément prendre le temps de contacter directement (1), suivre les derniers développements concernant mon domaine professionnel et mes centres d'intérêt dont le sport, suivre les informations générales, apprendre des choses diverses et variées, échanger et faire un peu de mauvais esprit (2).

Les réflexions de cet article sur Le dernier des blogs sont intéressantes, qui ont au moins le mérite de nous faire nous poser de (bonnes) questions.

Lentement, je suis en train de préparer ma migration hors de ce qui n'est plus Twitter : peu à peu, je cesse d'y suivre celles et ceux que je lis désormais ailleurs, je demanderai un jour les archives de mon compte puis sans doute je partirai, où n'y conserverai qu'un compte "coquille vide" afin de pouvoir en cas de besoin consulter quelque chose.

Quelque chose toutefois me retient, dont je n'ai pas entendu parler pour l'instant : ce sont les fantômes.

J'entends par là les comptes d'amis défunts, présents sur ces réseaux de leur vivant et du temps où les patrons de ces lieux virtuels ne semblaient pas dangereux - OK on les enrichissait de façon éhontée, mais bon, on pouvait encore se permettre de penser qu'après tout tant mieux pour eux et avoir l'illusion qu'ils en feraient pas trop mauvais usage -. Leurs comptes ne sont plus alimentés, pas non plus supprimés (dans la plupart des cas). Personnellement j'aime qu'ils ne le soient pas, de loin en loin, je leur rends visite, souvent lorsque j'essaie de retrouver quelque chose qu'ils ou elles avaient dit ou écrit, ou la trace d'une de nos rigolades. C'est un peu aussi comme d'aller déposer des fleurs au cimetière, honorer leur passage en ce bas monde, une forme moderne de recueillement.
Au croisement d'être restée vieux jeux et des pratiques usuelles de la modernité, je reste avec une sensation que quitter complètement serait les abandonner ; en de mauvaises mains qui plus est.
Il est probable et c'est tant mieux, que des utilisatrices et utilisateurs plus jeunes n'éprouvent pas ce frein à partir des lieux virtuels devenus malsains.

 

(1) Ma vie actuelle, ce sont en semaine des gros blocs 08:00 => 20:15 ou 20:30 consacrés au boulot en semaine, 09:25 => 18:50 aux jours de télétravail avec une heure de pause pour le déjeuner, des entraînements sportifs dans toutes les marges et le week-end et de la récupération sinon. Et les heures de boulot sont intenses, pour les 3/4 d'entre elles au téléphone avec des clients à dépanner.

(2) Je l'avoue je suis nostalgique de l'époque où lorsqu'en lisant une info me venait à l'esprit un trait d'humour noir et grinçant, n'en rien écrire et attendre que quelqu'un d'autre balance la même chose voire pire.


Géant, vous dit-on


    It does ring a bell, ça me dit bien quelque chose, cette affaire d'iceberg géant à la dérive dont parle Matoo aujourd'hui
Je crois me souvenir que j'en avais entendu parler à l'époque. Mais qu'au fond, et comme c'était un temps où les infos passaient (1), ça avait glissé sur ma mémoire, mal enregistré comme lors de ma première impression, "iceberg géant", bah, comme celui qui a fait la peau du Titanic (2) mais en un peu pire plus grand, non ? 
Grâce à l'ami, je prends conscience 39 ans plus tard que le détachement, qu'il s'agit d'un truc vraiment gigantesque, 3 fois la taille de New-York, 33 fois Paris, 80 km de long.
Baptisé A23a, ce dont je ne me souvenais pas.
Sans doute, hélas, qu'on en reparlera.

Pendant ce temps, je passe un solide jour sans, pour retrouver un peu d'énergie vers le soir seulement, nuit de 9h17 entre vendredi et samedi, siestes. Je crains être de plus en plus sensible aux chutes de pression atmosphérique ; comme si ça entrait en phase avec ma tendance naturelle à l'hypotension. Et que ça tendait à faire de la digestion un effort physique palpable. L'inquiétude est d'être en état opérationnel pour la semaine de boulot à venir - Je sais d'expérience que le dimanche, hélas, va passer comme un souffle -, d'autant plus qu'une nouvelle tempête arrive.

 

(1) On en entendait parler à la radio, au journal télé pour qui la regardait, on lisait un article dans un quotidien ou un hebdo de papier, que l'on ne conservait pas forcément. De nos jours, en cas de doute on peut retrouver des liens, relire.
(2) Petite pensée pour celui des cousins de mon père qui épousa une des survivantes. Projet d'hypothétique retraite : écrire la biographie de ce cousin au destin fabuleux, auquel je dois probablement par ricochet, d'avoir pu jusque là me défendre dans la vie, mon père m'ayant enfant appris des rudiments de boxe qu'il tenait sans doute de lui, ou d'un engouement pour "le noble art" provoqué par le champion qu'il fut.


Malaise voyageur

(ou : quand on est soi-même épuisée, on peut difficilement aider)

 

Il se trouve qu'en allant au boulot ce matin en métro (1), j'ai assisté au malaise d'une voyageuse ... sans comprendre que c'en était un.
C'était une de ces rames où les sièges sont de part et d'autre du couloir. La personne était en face de moi mais donc pas aussi près que lorsqu'il y a des carrés perpendiculaires aux couloirs. 
Je lisais. J'ai vaguement perçu un mouvement et ce que j'ai entrevu quand ce mouvement m'a fait jeter un coup d'œil machinal, était : une jeune femme, vêtue et équipée comme quelqu'un qui va au boulot, était en train de s'assoupir en tombant légèrement sur l'épaule de sa voisine.
Rien qui me semblait extraordinaire pour un lundi matin, quand il faut reprendre le taf après un week-end où si l'on est jeune on peut avoir été tentés de profiter de la vraie vie. 
Rien qui me semblait extraordinaire pour moi qui suis parfaitement capable de faire une micro-sieste y compris debout, entre deux stations. J'ai juste trouvé un peu "sommeil profond" le fait qu'elle penche ainsi sur sa voisine.
C'est celle-ci qui a réagi, parce qu'elle avait dû j'imagine (je n'ai pas vu, je m'étais replongée dans ma lecture, car rien ne m'avait semblé inquiétant) secouer un peu la dame, Attention vous vous endormez, et constater qu'elle ne répondait pas. Et puis une autre personne qui était debout à côté et a vu que quand la voisine de la femme "endormie" s'était levée, se demandant quoi faire, celle-ci s'était affaissée. Cette deuxième personne a immédiatement appelé le poste de pilotage (2) et au même moment un homme jeune s'est présenté comme un infirmier et pouvant aider.
La personne en malaise est revenue à elle, surprise et encore sonnée. On arrivait en station. L'infirmier a proposé de descendre sur le quai. La personne malade avait suffisamment repris ses esprits pour saisir son sac ainsi qu'un livre qu'elle avait donné l'impression plus tôt de poser, et le suivre.
Le PC a posé les questions d'usage et la femme qui l'avait appelé a passé le message que le malaise était terminé et que la personne qui s'était sentie mal était descendue sur le quai accompagnée par un professionnel de santé.
Le retard ainsi, ne fut que léger.

C'était possiblement un simple malaise vagal, un symptôme d'épuisement ou de début de grossesse ; on peut espérer que rien de grave. Il n'empêche que ma totale bévue quant à la situation m'a marquée. C'est la première fois que ma fatigue forte perpétuelle me joue un tour envers autrui. Capable de tomber de sommeil, littéralement, j'ai perdu de vue que chez les personnes de pleine santé, ça n'est pas exactement un comportement normal.

Et par ailleurs je me dis que je vais devoir désormais éviter de piquer un roupillon dans une rame : au vu de la réaction rapide des personnes présentes ce matin, je pourrais inquiéter les autres et être la cause d'une perturbation alors que je ne ferais que finir ma nuit (ou au retour : l'entamer). 

Respect aux personnes qui ont réagi vite et puisse celle qui s'était sentie mal, n'avoir rien de grave.


PS : On dit souvent qu'il peut se passer n'importe quoi dans les transports et que personne ne bouge, mais ça fait un paquet de fois que j'assiste au contraire - ou que j'y contribue, parmi d'autres (OK, pas ce matin) -. Les quelques fois où j'ai fait de brefs malaises (merci la thalassémie et la tension basse), des personnes se sont immédiatement portées à mon secours (je me relevais déjà, le tout est d'avoir eu le temps de se sentir partir). Peut-être que globalement les gens sont moins indifférents qu'on ne le croit. Un relatif espoir est permis. 

 

(1) Depuis la grippe et les nouvelles stations de la ligne 14, ainsi que le froid hivernal, mon courage pour le vélotaf a malheureusement bien fondu.

(2) Ligne automatique, plus de signal d'alarme mais des panic buttons, permettant un lien vocal immédiat


Courir selon la qualité (de l'air)

 

    C'était dimanche, c'était sortie longue, mais l'air était particulièrement pourri.
La séance prévue était 1h20 en endurance fondamentale, et j'ai été grippée il y a deux semaines, le souffle est encore fragile. Le choix du parcours s'est donc fait au tracé le moins pollué.

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La chance que nous avons est le réseau de transports en commun qui s'il n'est pas sans défaut, est quand même en Île de France d'une belle densité et permet d'aller à peu près où l'on veut en utilisant le Pass Navigo dont nous disposons déjà, ne serait-ce que pour aller travailler (1).

Alors aujourd'hui comme de toute la région seul l'ouest était au vert, nous sommes allés en train jusqu'à Maisons-Laffitte et de là via l'ancien chemin de halage jusqu'au Vésinet où nous avons circulé dans le quartier arboré avant de prendre le RER A pour rentrer.

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Il faisait aux alentours de 1°c et bien couverts ce fut une bonne expérience.
Je dispose désormais de deux vêtements chauffants (2) et à présent j'en maîtrise l'usage : un peu de chaud en attendant le train, un peu de chaud au début de la séance, pas de chaud en courant et du chaud à fond en attendant le transport du retour car c'est le moment où ordinairement l'on prend froid.

L'immense avantage du sport en extérieur lorsque l'on aime l'activité physique et qu'un emploi de bureau avale nos journées ordinaires, c'est une impression de redevenir vivants, de nous reconnecter à l'environnement, les lieux et les conditions météorologiques. 
Fatiguée par ma semaine bien plus que par cette séance en endurance fondamentale (3), je n'ai rien fait d'autre de mon dimanche qu'une sieste géante, agrémentée de cyclocross (4), de podcasts, ceux de Cerno et d'Anne Savelli (5). Le gros avantage étant qu'on peut écouter un podcast en étant allongée et les yeux fermés, ce qui est un excellent moyen de récupérer de la fatigue physique. 

Voilà un dimanche qui m'a permis de me remettre en état d'opérationnel pour la nouvelle semaine de travail nourricier qui m'attend, tout en n'étant pas englouti par le sommeil comme les jours ouvrés le sont de boulot salarié.

 

(1) Mon abonnement Vélib est également dessus
(2) pour permettre un change pour le lavage
(3) courir au lentement de soi. Depuis bientôt 13 ans que je pratique la course à pied, si je ne suis ni blessée ni malade, une séance en endurance fondamentale de moins de 15 km ne me fatigue pas plus qu'une promenade. C'est même plutôt tonifiant. 
(4) Les compétitions de cyclocross commentées sur l'équipe TV par le duo Claire Bricogne / Arnaud Jouffroy me rendent heureuse, tout simplement. Je n'ai que le regret d'avoir découvert cette discipline trop tard pour m'y mettre. Quoique s'il existe un jour que je serai retraitée (On peut toujours rêver) des initiations pour vieilles débutantes, j'adorerais m'y confronter.
(5) Je les suis sur Patreon tant que je peux me le permettre, car il me semble cohérent de rémunérer le travail de création de contenu. 
CERNO
Anne Savelli
mais on peut commencer par des épisodes mis en ligne gratuitement : 
par exemple pour Cerno sur radio.fr (entre autre) et pour Anne Savelli via son site
Au passage et compte tenu des incendies qui ravagent Los Angeles, je recommande particulièrement l'épisode de Faites entrer l'écriture consacré à Guy Bennett, lequel vit là-bas.

 

 


Villejuif - Gustave Roussy

 

    Des mois qu'on l'attendait et l'ouverture, enfin, aujourd'hui.

Comme je travaillais, je me suis fait un plaisir de faire le détour nécessaire, je supposais à Vélib (1) mais finalement en bus 380, pour aller jusqu'à la station.
Ensuite, le temps d'un peu lire et voilà que j'étais chez moi, à l'autre bout de Paris.

J'ai enfin l'impression d'être dans le l'an 2000 de nos imaginations d'enfants des années 70 du siècle précédent.

(1) Par manque de Vélib dispo aux deux stations proches de mon boulot.

 

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On avance (malgré tout)

 

    Alors que le monde semble foncer vers sa perte, ou du moins celle des humains, fors quelques zones tribales autarciques (1), et que la plupart des pays est dirigée par des fous furieux rétrogrades, qui parfois sont des femmes, et que ça brûle ou que ça tempête ou que ça inonde un peu partout, il reste parfois de petites bouffées d'espoir dans le sens d'avancer vers des temps moins moches.

Stade 2 ce soir, m'en a fourni une et j'en ai pleuré. 


Quand j'étais enfant, nous suivions religieusement l'émission de sport du dimanche soir, laquelle s'appelait alors Sports dimanche ; on y croisait parfois quelque débutant prometteur

À l'époque ça me semblait aller de soi, et je n'avais aucune peine pour me glisser dans l'intérêt paternel pour le sport et les pratiques sportives de ma mère (2), ça correspondait sinon à ma santé, qui était fragile, du moins à mon tempérament et goût pour les jeux de plein air. 

À l'époque, les présentateurs n'étaient que des hommes. Les femmes en tant que sportives étaient évoquées pour les sports où leur féminité était mise en avant (la gymnastique, le patinage artistique), un peu l'athlétisme et la natation (bien obligés, il y avait Kiki Caron) et le ski, à la marge.
J'étais tellement habituée à devoir m'identifier aux garçons pour tout, que je n'étais pas consciente de la discrimination géante.
Et quand j'ai voulu à l'entrée en 6ème m'inscrire au club de foot comme les copains de la bande avec laquelle j'y jouais dans la rue entre sans arrêt et tout le temps, j'étais tombée des nues : Ben tu ne peux pas, t'es une fille.
C'est un chagrin encore à vif, un immense sentiment d'injustice et de révolte face à ce qui était pour moi absurde et insensé.

Je l'ai déjà raconté maintes fois, en bataillant j'avais fini par trouver un club, et ça avait pris fin trop peu de temps après, à mon goût, faute de dirigeants (3).

Ce soir : le sport du dimanche soir était présenté par une femme jeune, et c'est de plus en plus souvent le cas, et déjà j'apprécie.
L'invitée d'honneur était une internationale de l'équipe de France de rugby.
Donc déjà : une femme, et là aussi, des femmes sont désormais invitées fréquemment, alors qu'elle ne le furent longtemps que par exception (Marie-Jo Pérec).
En plus un sport, le rugby qui était considéré comme encore plus "pas pour les filles" que le foot.
Que de bonheur, et ultra consciente du chemin parcouru, je pleurais déjà.
Et puis, comme de nos jours il faut inévitablement parler de soi, il a été fait mention de la femme de l'invitée et de leur joyeux mariage.

Dommage qu'on aille vers une fin du monde, dans certains domaines, on commençait à devenir enfin évolués, libres et équitables, du moins dans certains pays dont la France fait partie. Femmes, vie, liberté, allez, pour 2025, on y croit.



(1) Je vois vraiment les époques prochaines comme dans Enig Marcheur. Russell Hoban me semble avoir vu juste.
(2) Qui avait été parmi les premières à s'inscrire à la GV (Gymnastique Volontaire) et partant de là se mettre au tennis et à la danse.
(3) Il fallait vraiment des hommes de bonne volonté pour s'occuper de la section filles. 


La poste de quartier


    Je n'ai plus assez la foi pour exprimer des vœux comme autrefois, surtout lorsqu'un danger public a été élu pour la seconde fois à la tête de l'une des plus grandes puissances mondiales. Pour autant, je respecte celles et ceux qui le font encore et m'efforce de répondre, et d'en profiter pour échanger quelques nouvelles. Partant du principe que s'ils ont utilisé un média précis c'est qu'il leur convient, je m'efforce également de répondre de la même façon.

J'avais donc ce matin une carte de vœux classique à poster.
Puisque Chronopost a encore fait de la fantaisie lors de la distribution d'un colis, en le déposant dans un relais autre que la pick-up station demandée, j'ai voulu profiter d'aller chercher l'un pour aller à une poste différente de celle dont dépend mon domicile.

Pratique, un outil de cartographie sur le téléfonino, m'indique immédiatement la poste la plus proche de là où je me trouvais.
Arrivée sur les lieux, je constate qu'il s'agissait en fait d'un relais postal : une blanchisserie qui fait également relais colis. C'est donc là de façon archi-artisanale, que j'ai fait peser ma carte et l'ai fait affranchir. Seule la balance pour la pesée semblait un peu officielle. J'en ai profité pour acheter de beaux timbres.
Je note ici que c'est pour moi la première fois en France où je confie un courrier à un tiers, sans le déposer dans une boîte à lettres ni le remettre à quelqu'un dans un bureau de poste, qui le tamponne avant de le jeter dans un panier de collecte. La fin des services publics nécessite de la part de l'usager transformé en client, une bonne dose de confiance.
Je date quand même de l'époque de "Le cachet de la poste faisant foi". This is quite a change.


Un exploit (invisible)


    Je suis une championne des exploits invisibles (1) et commence l'année avec l'un de ceux-là. Rhume carabiné qui m'est tombé dessus la veille au fil de la journée, cadeau du Joueur de Pétanque que je ne remercie pas. Ce n'est qu'un rhume pas ou peu de fièvre (pour l'instant) et surtout du mouchage et du toussage. 
Sauf qu'au taf la période est chargée. Alors je prends une provision de masques (Je ne veux pas contaminer les collègues ni les voyageurs dans le métro) et j'y vais.

J'ai tenu la journée, aller retour en transports, repas archi-léger (j'ai tout rapporté chez moi ou presque), une 20 taine de tickets travaillés, ce qui n'est pas glorieux, mais normal mais remarquable en n'étant pas en bon état. 

Quand j'ai franchi la porte de l'appartement en rentrant, je m'attendais presque à entendre un speaker clamer Your are an iron woman ! comme lorsque l'on est finishers des triathlons les plus longs. 

Douche faite, dîner frugal aussi, une aspirine et au lit.  
Je l'avoue, je suis assez fière de m'en être sortie sans malaise. 

Programme des deux jours à venir : dodo.

 

(1) et des heures sup invisibles aussi : je reste un peu terminer un truc parce qu'on ne peut pas laisser le client en plan, mais comme personne ne me l'a demandé, et qu'effectivement je le fais de mon plein gré, ça compte pour du beurre. 
Je suis certaine que c'est comme ça dans plein de boulots où l'on ne peut pas se permettre de dire C'est l'heure, je m'en vais, et pendant ce temps les décideurs trouvent que 35 h c'est peu.  


Elle m'avait fait pleurer de beauté (Dada Masilo)

 

    Je l'avais vue danser en 2018 à La Villette, et auparavant au Palais de Chaillot, Théâtre du Rond Point me semble-t-il, la première dans le cadre d'un abonnement que je pouvais avoir  via le comité d'entreprise de mon employeur d'alors le groupe d'amies du ciné-club (1), et ensuite avec le désir de ne manquer aucun de ses passages à Paris.

Elle avait une façon unique de revisiter la danse classique et d'en faire quelque chose qui redonnait parole au corps et aux femmes une liberté. Il y avait un niveau technique époustouflant et de l'humour aussi dans ses créations. Quand je les voyais, j'étais prise aux tripes et pleurais de beauté ; ce qui est plus rare chez moi pour la danse que pour l'opéra.

Je la suivais sur Instagram, où rien de ce qu'elle avait pu poster encore récemment ne permettait de donner l'alerte, si ce n'était un When I can walk qui pouvait aussi s'entendre comme Quand tu me laisseras redescendre (elle était sur une photo perchée sur les épaules de quelqu'un).

J'étais en train de dîner en regardant quelques fils d'infos lorsque j'ai vu passer un article ou un autre (La photo étant la même qui illustre les deux articles, m'est venu un doute en l'écrivant). Nous ne nous connaissions guère, un échange de regard ou de message, tout au plus, il y a déjà si longtemps. Elle était quelqu'un de très attentif aux autres, tous les autres. Mais je suis bouleversée comme par le décès d'une personne proche, et particulièrement affligée pour la perte que son décès représente dans le domaine de la danse. Elle avait encore tant à créer, tant de rêves à explorer. 

(1) À défaut d'avoir une mémoire stable, il convient d'avoir un blog. Voici ce que j'en écrivais sur le moment ou peu après :


Trois moments de grâce absolue

Avec un groupe d'ami•e•s du ciné-club nous prenions chaque année un abonnement au théâtre du Rond-Point. C'est à l'automne 2013, je crois. Et c'est Swan Lake. Mon propre blog me confirme la période et me réapprend que j'y étais allée hors programme sur les conseils d'une amie du cours de danse (Natacha ? Martine ?). "Crucifiée par tant de grâce, de générosité, d'humour et de beauté, je suis sortie de l'heure qu'il dure (3) et des dix minutes de standing ovation (4), en larmes et les jambes en coton". C'est un des plus beaux moments de ma vie. Je me sens toujours autant éperdue de gratitude envers Dada Masilo et la troupe qui l'accompagnait. (25 décembre 2018)

Alors on danse 

(billet écrit dans l'élan, non relu (pour le moment))

 C'est une amie des cours de danse qui te sachant abonnée au Théâtre du Rond-Point t'a dit : Si tu ne l'as pas pris dans ton abonnement, vas-y vite !

Quand avec les camarades du ciné-club mais qui aiment le théâtre aussi, vous aviez sélectionné en juin vos spectacles pour l'année à venir, tu n'étais pas précisément dans ton assiette. Et puis tu avais des contraintes de travail qui rendaient difficiles un spectacle à 18h30 (1). Enfin tu as effectué des choix a minima : il fallait que le budget final reste ultra-raisonnable.

Donc "Swan Lake" n'y était pas.

Et puis ce dimanche tu t'es retrouvée seule et il ne fallait pas. Alors tu as écouté les conseils de l'amie danseuse. Un strapontin a fait l'affaire. La salle était comble. 

Tu avais bien compris qu'il s'agissait d'une adapatation débridée du "Lac des cygnes". Ça tombait bien : la danse classique, tu n'apprécies guère fort quelques exploits techniques masculins. La façon dont le corps des femmes y est standardisé, contraint, t'horripile, que tu trouves rarement gracieuse et plutôt étudiée à la base pour titiller la libido de vieux bourgeois du XIXème coincés. Tu supportes mal la vue de leurs bras maigres. Et comme tu es sensible dans certains cas à l'effet miroir (2), rien qu'à les regarder danser tu as mal aux pieds.

Tu avais plus ou moins capté qu'il s'agissait d'une troupe d'Afrique du Sud. 

Dès les premières secondes, tu as été saisie. D'essayer soi-même de danser, semaines après semaines depuis de longues années te rend capable de percevoir avec précision le niveau de difficulté de chacun des gestes, des enchaînements effectués. La chorégraphe a pris le meilleur du classique, le meilleur de danses africaines, le meilleur des grands maîtres (on croit deviner qu'elle apprécie le travail de Pina Bausch dont elle cousine par l'humour). Les danseurs sont également comédiens, avec des textes presque tous brefs fors un monologue explicatif spirituel et drôle qui résume en début de jeu tous les grands balets classiques. 

Captivée au point de ne me rendre compte que vers la fin qu'il était dit en anglais.

Tout le spectacle ainsi, d'un rythme soutenu précipitant le sourire et l'émotion avec un niveau de danse ahurissant.

C'est sans doute aussi un brin subversif - un pas de deux entre deux hommes est à tomber de beauté -, je ne m'en rends pas bien compte, tout était normal pour moi, mais sans doute était-ce très militant.

Et beau, et beau, et beau.

Crucifiée par tant de grâce, de générosité, d'humour et de beauté, je suis sortie de l'heure qu'il dure (3) et des dix minutes de standing ovation (4), en larmes et les jambes en coton. J'ai dû manger quelque chose, m'asseoir sur un banc, reprendre mes esprits avant de me sentir capable de prendre le métro pour rentrer.

Réconciliée au moins pour quelques heures (une soirée ?) avec l'humanité. Équipée à nouveau de l'espoir que tout n'est pas perdu (5).

(Et éperduement reconnaissante envers l'amie qui avait insisté afin que je fasse l'effort d'y aller).

J'aimerais savoir nommer les danseurs. Mais retenir leur noms est au dessus de mes forces pour l'instant. En revanche je n'oublierai pas : Dada Masilo, chorégraphe.

Et dèche ou pas, j'irai à chacun des spectacles qu'elle créera qui passeront à ma portée.

PS : C'est peut-être déjà tout complet mais si vous voulez tenter votre chance c'est par là. Je lis au passage dans le billet de présentation "La chorégraphe Dada Masilo n’a pas trente ans. Elle trafique toutes les armes de la danse classique, de la tradition africaine et des tendances contemporaines.". Voilà. 

(1) Entre temps la contrainte (hélas) a disparu.

(2) Par pour tout et j'ignore pourquoi. Par exemple je ne peux pas regarder de la natation synchronisée, je retiens trop mon souffle. En revanche la sexualité au cinéma me laisse impavide sauf dans de très rares cas ... ou on ne la montre en fait pas.

(3) L'intensité est telle qu'on a, à se le remémorer l'impression qu'il est beaucoup plus long. Sur le moment on est plutôt embarqués dans une faille spatio-temporel où l'horloge n'a plus de sens. Encore un coup de la mécanique quantique de l'état de grâce.

(4) Pourtant c'était le public du dimanche après-midi, plus naturellement porté à digérer le déjeuner dominical qu'à trépigner.

(5) Malgré une fin de ballet triste, mais c'est le fait même qu'il existe une chorégraphe pour l'inventer et des interprètes capables de suivre, qui était réconfortant. 

 

 

Il me semble qu'à La Villette, j'étais allée seule, ce que je fais parfois quand je souhaite me laisser entraîner par une œuvre totalement, et donc pouvoir faire abstraction des personnes qui m'entourent - éviter d'avoir le cerveau qui doit switcher entre la scène et par exemple quelques mots qu'on voudrait me glisser ; éviter d'avoir à parler en sortant -.
À me relire, je comprends mieux pourquoi je me sens triste, si profondément.